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Rechercher : philippe Berthier

  • L'Eglantine aux poings

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    pour répondre à l'invitation de Claudialucia et Aifelle je vous propose Anna Akhmatova qui pratiqua l'insurrection poétique et un brin de Luc Bérimont puisque c'est son anniversaire

     

    A présent j'ai compris. Inutiles, les mots,

    Les branches sous la neige, si légères...

    L'oiseleur à déployé ses filets
    Sur les rives du fleuves

     

     

                        &&&&&&&&&&&&

     

     

        Tessons

     

    Comme une bête morte;

    Vous me hisserez sur un crochet sanglant,

    Pour que riant, incrédules,

    Les étrangers fassent cercle

    Puis écrivent dans leurs dignes gazettes

    Que s’est éteint mon grand talent, 

    Que d’un poète entre tous les poètes

     

    La treizième heure vient de sonner.

                         Anna Akhmatova

     

     

     

     

    La nuit d’aube

    Une rose a percé la pierre de la neige

    Une rose a percé la pierre de l’hiver

    Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges

    Une rose a percé la pierre de la neige

    Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge

    L’ange au gantelet noir roule sous les sapins

    Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge

    La neige lacérait le ciel ultramontain.

    Édifice du temps un enfant vous renverse

    Une rose, une lampe une larme au matin.

    Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige

    Et notre rose à nous brûle déjà ta main.

                    Luc Bérimont

     
     

     

    Les livres :

    D'autres astres, plus loin, épars - Poètes européens choisis par Philippe Jaccottet - Editions La Dogana

    C'était hier et c'est demain - Luc Bérimont - Editions Seghers

     

  • Le rapport de Brodeck - Manu Larcenet

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    Cette BD fut un cadeau et un beau cadeau. J’avais lu le roman de Philippe Claudel en son temps et je l’avais aimé. 

    Les BD j’en lis de temps à autre mais j’ai un problème, soit je m’attache aux dessins, le graphisme, la couleur et je passe un peu à côté du texte, soit je lis la BD comme un livre et je vais de bulle en bulle sans remarquer vraiment les dessins.

    Là je dois dire que j’ai été séduite par l’ensemble, les dessins sont d’une telle force qu’immédiatement ils frappent l’oeil, la pensée et le coeur. Ils sont restés sur ma rétine tout au long de la journée qui a suivi ma lecture.

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    Pour ceux qui n’aurait jamais lu le roman voici en quelques mots la trame du récit. 

    Dans un village enneigé, un village qui sort juste de la guerre, un homme est chargé, on devrait dire contraint, de raconter ce qui s’est passé dans le village qui a entrainé la disparition d’un homme, un étranger de passage : l’Anderer.

    Brodeck transformé en scribe dit  « Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien » 
    Il est revenu des camps où sa capacité à supporter la violence lui a permis de se maintenir en vie.

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    Il écrit Brodeck, il cherche, interroge la peur au ventre car les villageois ne semblent pas prêts à accepter qu’il se défile.

    Je dois dire que l’adaptation est magistrale, le dessin en noir et blanc sert cette histoire de façon fulgurante, les visages noirs de haine, le paysage de tempête, tout respire la violence, le secret, l’hostilité. 

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    « On ne refuse rien à ces gens-là quand ils ont le sang au cerveau. »

    L’adaptation du roman est magnifiquement rendue, on y sent la tension qui s’installe, la peur, le remord, la lâcheté des hommes, la folie de la guerre, la violence collective si facile, la haine de l’autre. La seule BD aussi forte pour moi est Maus.

    C’est une BD pour notre temps lisez la, offrez là 

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    La BD : Le Rapport de Brodeck Tome 1 et 2 - Manu Larcenet - Editions Dargaud

  • Promenades d'Hermann Hesse

    Si vous voulez connaitre un peu mieux Hermann Hesse sans pour autant vous lancer dans une biographie voilà le livre qui convient.
    La vie de l’auteur est au centre mais à travers les lieux qu’il a habité, qu’il a aimé et surtout qu’il a arpenté.

    Montagnola, le lieu où il écrivit ses grands romans, c’est dans le Tessin à la limite de l’Italie 

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    Montagnola lui consacre un musée

    « Je n'ai jamais vécu dans un plus beau cadre qu'au Tessin et ne suis jamais resté autant d'années fidèle à un lieu de résidence qu'à celui où je me trouve aujourd'hui. [...] Le paysage tessinois, avec lequel j'ai véritablement fait connaissance en 1907, m'a toujours attiré à la fois comme une patrie prédestinée et comme un lieu d'asile ardemment désiré.»

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    Casa Camuzzi

    La Casa Camuzzi à Montagnola, c’est une belle maison romantique dont il fait sa terre d’élection après une grave crise familiale, le lieu qui va lui apporter en partie la paix de l’âme à permettre à son génie littéraire de voir le jour. C’est là qu’il va écrire Narcisse et Golmund, Le loup des steppes, le Jeu des perles de verre.

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    Il va aussi s’adonner à la peinture se sentant inspiré par ces paysages méditerranéens.

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    Plus tard il habitera la Casa Rossa, dans cette maison il abritera au moment de la guerre, Thomas Mann, Bertolt Brecht.

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    Il repose dans le cimetière de San Abbondio

     

    Le livre est superbement illustré avec en particulier des photos d’archives de la famille Hesse, des toiles de l’écrivain aux couleurs puissantes qui m’ont beaucoup plu.Le livre offre beaucoup d’extraits des oeuvres de HH qui viennent opportunément illustrer les photos, il a beaucoup marché dans les environs du lac du Lugano, dans le vallon de Pambio qui aujourd’hui n’a plus rien de rural, dans les ruelles de Morcote ou sur les pentes du Monte Arborea.

    Cette balade sur ses traces est un enchantement aux couleurs de l’Italie, celle des lacs, des madones et des villas splendides.

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    Le livre : Les promenades d’Hermann Hesse - Jean-Philippe de Tonnac - Editions du Chêne  Facile à trouver d’occasion

  • Je reste ici - Marco Balzano

    C’est avec plaisir que j’ai retrouvé le Haut-Adige et son histoire déjà rencontrée dans le roman de Francesca Mélandri.

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    Trina est l’héroïne de ce roman, c’est elle qui parle et raconte les années noires de Curon, un village de montagne. Trina termine ses études mais ses rêves vont voler en éclats car en 1923 c’est l’annexion du territoire par Mussolini, la mise au ban des personnes de langue allemande.

    Le nouveau régime italianise les noms, interdit le costume traditionnel ou les chants folkloriques. 
    Trina épouse Erich et a deux enfants : Michael et Marica
    Ils sont tous les deux hostiles au régime fasciste italien, Trina enseigne l’allemand en cachette au risque d'être condamnée à l'exil. 

    Erich lui devient un opposant prêt à en découdre lorsqu’un projet de barrage qui noierait la vallée voit le jour.

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    Le barrage de Resia et le clocher du village englouti 

    Le village s’appauvrit, il devient difficile de vivre dans la région, c’est le moment que choisit le régime nazi pour proposer aux habitants un avenir doré en Allemagne ! 
    Pour Erich et Trina c’est un peu choisir entre la peste et le choléra. Doivent-ils rester, doivent-ils partir ? C’est le moment que choisit Marica pour suivre une tante en Allemagne et couper les ponts avec sa famille.

     

    C’est un livre d’une grande dignité, le pathos est loin, le style est à l’image des personnages, simple et dépouillé.
    On retrouve aussi dans ce roman la fracture que représente l’arrivée du fascisme et la possible perte d’un village.
    La forme du récit qui ressemble à la lettre que Trina n’a jamais envoyé à sa fille, convient parfaitement à ce récit

    L’auteur traduit parfaitement la douleur de cette mère, la blessure qu’a représenté cette fuite de son enfant et cette longue absence.
    Même si ce roman n’a pas l’épaisseur de Eva dort, j’ai pris du plaisir à cette lecture.

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    L'auteur

    Marco Balzano a connu un joli succès en Italie avec ce livre dans lequel il s’est inspiré de faits  et d’événements historiques bien réels jusqu’à ce barrage dans lequel on peut reconnaitre sans doute celui de Resia

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    Le livre : Je reste ici - Marco Balzano - Traduit par Nathalie Bauer - Editions Philippe Rey

  • Le Poète est sous l'escalier Jacques Lèbre

    J’ai lu deux fois ce livre à environ un an d’intervalle. Parfois je m’assure ainsi que mon impression première était bien la bonne. 

    L’image du poète caché sous l’escalier, poète que tout le monde oublie est de Hugo Hofmannsthal et Jacques Lèbre l’adopte.

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    Hugo Hofmannsthal

    En exergue le vers de Baudelaire dit déjà presque tout de la teneur de ce livre. « Comme de longs échos qui de loin se confondent »

    « Une lecture me faisait souvenir d’une autre, réveillant un écho, dévoilant une correspondance. » Nous dit l’auteur à la première page.

    Les vers de Roberto Juarroz vont répondre à ceux de Philippe Jaccottet, puis ce sont les mots de David Gascoyne qui viennent se mêler à la danse.

    Comment l’amoureux de poésie passe de l’un à l’autre ? C’est ce que Jacques Lèbre dévoile dans ce petit livre, comment l’on saute de Rilke à Ludwig Hohl, comment il s’interroge sur une rencontre avortée entre Claudel et Kafka.

    C’est simple d’après lui : 

    « La poésie est comme cette eau qui s’infiltre dans les failles calcaires des causses arides pour cheminer souterrainement avant de resurgir plus loin »

    Et Ossip Mandelstam d’ajouter 

    « Ainsi en poésie les frontières nationales tombent »

     

    Ainsi Jacques Lèbre ne vous lâchera plus, vous irez d’Henri Thomas à Max Picard, de W G Sebald à Elias Canetti car « une lecture en réveille une autre. »

    Le réveil se fait par un mot, un thème, la vie, la mort, la solitude, une concordance «  C’est alors une conversation qui s’engage » avec le poète.

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    L’auteur élargit un peu son propos et vous pourrez ainsi par ricochet vous intéresser à la prose de romanciers, d’essayistes.

    Un petit livre riche, quasi miraculeux pour vous faire découvrir des richesses inconnues « Lire c’est s’avancer dans des contrées inconnues. »des auteurs méconnus, et rappeler à vos souvenirs des vers oubliés. 

    Un petit livre indispensable aux amateurs de poésie.

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    Le Livre : Le poète est sous l’escalier - Jacques Lèbre - Editions José Corti 

  • La fureur de la rue - Thomas H Cook

    La lutte pour les droits civiques vue du nord des États-Unis | Slate.fr

    J’ai lu largement sur la période de lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.

    Alabama 1963---Little Rock, 1957---Magic Time

    J’ai relu récemment ce polar, oui oui je suis capable de relire un polar ! car c’est un des meilleurs sur le sujet et le traitement par Thomas Cook est vraiment très réussi.

    Attention un livre a été réédité en 2019 mais …sous un titre différent les Rues de feu sont devenues La fureur de la rue !

    A black and white photograph of a black male teenager being held by his sweater by a Birmingham policeman and being charged by the officer's leashed German Shepherd while another police officer with a dog and a crowd of black bystanders in the background look on

    Birmingham Alabama en mai 1963

    
La chaleur est étouffante, la haine palpable partout dans les rues, la ville est en état de siège car Martin Luther King tient meeting sur meeting, la répression est violente, l’encadrement des manifestations est plus que musclé, les autorités ne rêvant que de « massacrer les négros » et d’en débarrasser la ville !!

    Ben Wellman, flic blanc enquête sur le meurtre et le viol d’une fillette noire, ce n’est pas un grand flic, il fait honnêtement sont boulot d’enquêteur. La façon dont ses coéquipiers traitent ce meurtre le révulse : une enfant noire n’est « rien » il est donc inutile de perdre son temps pour « ça ». 

    Martin Luther King — Wikipédia

    Contre vents et marées Ben Wellman têtu s’obstine à vouloir résoudre ce meurtre. Pour le détourner de son enquête on le contraint à surveiller les manifestations et à prendre en notes les discours de Luther King. Son enquête l’emmène dans le quartier noir que les voitures de police ne font que traverser en temps normal.
    Le héros n’est pas un homme d’exception mais sa prise de conscience progressive du problème racial le pousse en avant.On ne peut s’empêcher en lisant ce roman de penser au héros de Mississippi Burning interprété par Willem Dafoe.

    Photo de Willem Dafoe - Mississippi Burning : Photo Willem Dafoe - AlloCiné

     La fin est superbe et je vous la laisse découvrir.

    Le livre : La Fureur de la rue  - Thomas H Cook - Traduction Philippe Loubat Delranc - Editions du Seuil
    Ancienne édition : Les rues de feu - Thomas H Cook - Editions Folio Gallimard à chercher d’occasion