Dernière étape du parcours dans la lecture,
j’ai voulu terminer par une femme que j’admire et dont j’aime les livres.
Mona Ozouf l’historienne, écrit depuis quarante ans sur les livres dans le Nouvel Observateur.
Ses goûts la portent vers l’histoire bien entendu mais aussi les correspondances, les journaux. Ce recueil d’articles est intitulé « La cause des livres » car elle profite de ce recueil pour se détacher de l’urgence, de l’éphémère, de l’actualité et nous inviter à piocher dans son étal de « brocanteur » littéraire et passer de la cour de Marie Antoinette ou au salon de Voltaire.
Plutôt qu’un long plaidoyer c’est une récolte qui doit tout à la liberté que procure la lecture, c’est une alerte envers un monde qui accélère sa course vers l’inconstant, mais par dessus tout une reconnaissance envers les oeuvres et leurs auteurs.
Le salon de Madame Geoffrin : un haut lieu littéraire
Les articles sont regroupés selon une thématique personnelle à Mona Ozouf qu’elle explique dans une belle préface
Dans la première partie elle a regroupé les grands noms, Mme de La Fayette et Balzac, Zola, Voltaire et aussi Saint-Simon ou Michelet sans oublier Chateaubriand. Ce sont des livres lus et relus qui appartiennent à sa « patrie littéraire » et qui s’ouvre sur Montaigne ce qui était fait pour me séduire.
" L'une de mes préférées est la correspondance de Flaubert et George Sand"
Mona Ozouf aime particulièrement les correspondances et sous le titre « une liasse de lettres » elle nous fait connaître les échanges épistolaires célèbres « L'une de mes préférées est la correspondance de Flaubert et George Sand » dit-elle dans son interview à l’Express. Mais vous y rencontrerez aussi Virginia Woolf ou Tante Simone (nom affectueux que M Ozouf donne à Simone de Beauvoir)
Les « voix d’ailleurs » permettent de retrouver Nicolas Bouvier mais surtout Henry James qui se taille une belle place avec plusieurs articles qui donnent une envie forte de lire l’essai que Mona Ozouf lui a consacré.
Mona Ozouf est féministe, j’avais lu sur les conseils de Tania : Les mots des femmes, et j’ai retrouvé ici toute l’élégance de l’écriture, toute la passion qui l’ habite dans les « portraits de femmes » de Germaine de Staël ou Mme Du Deffand et de façon amusante des filles de Marx
La Révolution : un sujet toujours d'actualité
Les deux dernières parties sont celles qui m’ont le plus intéressé car beaucoup des titres me sont inconnus, le thème « tableau de la France » est aux antipodes des élucubrations récentes sur l’identité française, le voyage en France est mis à l’honneur, le pays où l’on revient toujours dit Mona Ozouf, j’y ai croisé deux figures connues : Pierre-Jakez Helias et le « Toinou » d’Antoine Sylvestre.
Enfin dernier thème : Les lumières et la Révolution, occasion de saluer ses confrères : François Furet, Alain Corbin, Pierre Nora envers qui elle s’acquitte d’une « dette d’amitié »
J’ai de la peine à parler de « critiques » tant ces 120 articles sont élégants et rendent un hommage à la lecture, une lecture attentionnée, intelligente, valeureuse. Tous les articles sont excellents que l’on ait lu ou non le livre, on peut en faire son miel.
La mode n’intéresse pas Mona Ozouf, seule le besoin d’ouverture, d’enrichissement, de confrontation, dicte ses lectures. Laissez vous prendre par la main, vous rouvrirez souvent ce volume si vous lui faites une place dans votre bibliothèque
Un grand merci à ceux et celles qui m'ont donné les références des émissions dont Mona Ozouf était ou sera l'invitée
Femme des lumières de France 5 la vidéo est disponible jusqu'au vendredi 13
Présence à la grande librairie en octobre
Le livre : La cause des livres - Mona Ozouf - Editions Gallimard 2011