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Rechercher : la petite lumière

  • Séquence nostalgie

    Etes-vous fétichiste avec les livres ? Ce que je veux dire c’est : êtes vous de ceux et celles qui conservent le viel  exemplaire d’un livre, tout desséché, tout désossé, dont les pages s’envolent et dont la couverture craque, juste ..juste parce que la première fois où vous avez lu ce livre c’était celui là !
    Depuis vous l’avez lu et relu, l’avez prêté, l’avez fait lire et certainement l'avez racheté mais ...cet exemplaire là vous ne le jetterez jamais.
    Oui ? alors nous sommes de la même race, la race des fétichistes, un peu ridicules mais qu’importe.

    journalannefranck.jpgPetit retour en arrière, 1964 j’ai 14 ans et mon argent de poche passe intégralement à l’achat de livres, je dévore à la bibliothèque du lycée, « le livre de poche » fut une aubaine pour moi, comme pour des milliers de gens. Je surveille toutes les parutions, note les n° qui me manquent, je veux tout lire.Voilà deux des livres que je me suis acheté cette année là, attention ne les brusquez pas ils s’envoleraient
    Le Journal d’Anne Franck, sa lecture m’a entrainé ensuite vers des chemins abrupts de l’histoire de la seconde guerre mondiale, vers les textes évoquant les camps de concentration, c’est ce livre qui fait qu’aujourd’hui « La Rafle du Vel d’hiv » ou « L’excursion des jeunes filles qui ne sont plus », font partie de mes lectures

    equipage.jpgL’équipage de Joseph Kessel, un roman sur la guerre, la mort et l’amour qui m’a enthousiasmé à la première lecture, je l’ai fait lire à mes filles, peut être le ferais je lire à mes petits enfants. Kessel était un nom qu’à l’époque on entendait à la radio, à la télévision et j’avais l’impression en lisant ce livre d’entrer dans le  monde des adultes.
    Aujourd’hui les éditions Gallimard Quarto ont eu la bonne idée de rééditer les romans de Kessel en les mettant en parallèle avec ses reportages, j’ai acheté ce livre et en le feuilletant j’ai retrouvé « Les mains du miracle » qui font aussi partie de mes souvenirs de cette même époque, celui là n'était pas à moi hélas, je l'ai lu un peu en cachette, invitée chez une amie, on m'avait fait coucher dans le bureau du père de famille et j'ai lu ce livre à toute allure le soir en espérant l'avoir terminé à la fin du séjour. Je vais le relire maintenant plus calmement avec une petite larme à l'oeil.

    Si vous dites "Le Grand Meaulnes" ou "Vipère au poing" c'est automatiquement leurs couvertures du "Livre de poche" que je vois,  j'entends craquer le papier et l'odeur du livre est à nouveau ennivrante.

    Oui oui je sais tout ça ne me rajeunit pas, mais c’était mas séquence « Nostalgie de l’été »

    Et vous c’est quoi votre séquence nostalgie ?

  • Vous n'en avez pas fini avec la lecture

    Un livre pour bien démarrer l'année

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    J’avoue j’aime ce genre de livre, j’aime confronter mes impressions et mes agacements. J’aime par quelques mots me souvenir d’un livre lu avec bonheur, éprouver l’envie irrépressible de le rouvrir. Quelques mots qui à eux seuls me font revoir une scène, un paysage, et à nouveau savourer le livre en question.
    Michel Crépu fait partie des accompagnateurs de ce genre de promenades littéraires, comme Maxime Cohen, comme Charles Dantzig quand il ne bâcle pas ou comme Angelo Rinaldi.

    Chez Crépu j’aime l’éclectisme des chroniques, le parti pris et surtout la formidable diversité qui va de Soljenitsyne à Jaccottet, de Plotin à Pline le Jeune, de Roth à Dumas.
    J’ai aimé les petits à côtés : musique, métro, campagne, qui parsèment le journal, ils rendent le ton moins cérémonieux, moins sérieux et témoignent de la formidable liberté de Michel Crépu.
    J’aime aussi cette honnêteté qui lui fait dire qu’il n’aime pas vraiment Stendhal et parlant de L’homme sans qualité de Musil " Je n’ai jamais eu la patience — je veux dire le désir — de le lire jusqu’au bout " ou encore en réaction à une certaine intelligentsia parisienne qu’il aime Le Clézio.

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    Un chemin vers les livres


    J’aime ses petites phrases qui font mouche et qui me plaisent même quand elles visent des auteurs que j’aime "l'abbé Onfray" et dont il se moque et plus encore quand elles m’invitent à lire ceux qui font partie de ses amis de toujours : Pline le Jeune, Voltaire, Bossuet.
    J’ai partagé son admiration quand il propose " Ecoutons avec l’auteur de Walden ou la Vie dans les bois un arbre s’effondrer " ou quand il parle de " La colossale traduction du Zibaldone de Léopardi " qui fait partie des livres que j’ouvre souvent. Et il m’a amusé quand il décide de faire un jour une "Orgie soudaine de Dumas ".
    Cet homme lit toujours et partout : dans les trains, les avions, en Bourgogne ou à Istanbul. Il emprunte les voies du moment  : Littell, Houellebecq, Roth, mais aussi des chemins de traverse vers les auteurs qu’il aime, qu’il lit et relit au fil des années : Chateaubriand, Sainte Beuve, ou Proust.

    Ce journal littéraire publié dans la Revue des deux mondes au fil des mois et rassemblé ici nécessite en même temps l’achat d’un petit carnet pour noter toutes les références accumulées au fil des pages ( pour moi ce n’est pas moins de 20 titres notés) et rassemblées sur onze pages de bibliographie.
    C’est dire qu’avec ce livre vous n’en avez pas fini avec la lecture

    Le livre : Lecture Journal littéraire 2002-2009 - Michel Crépu - Editions Gallimard - 2009

    crepu.jpgL'auteur : Critique littéraire et directeur de la Revue des deux Mondes, Michel Crépu est aussi écrivain, à la fois romancier et essayiste. Il a notamment publié Le Tombeau de Bossuet qui a reçu le Prix Fémina de l'essai et le Grand Prix de l'Académie Française.
    Il participe au Masque et la Plume.

  • Le Fils de Bakounine - Sergio Atzeni

    La Sardaigne au temps du fascisme

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    Lors d’un petit passage à ma librairie favorite j’ai reçu un conseil de lecture, je l’ai suivi et banco c’était du tout bon

    Quand votre père a juré d’inviter Bakounine à incendier l’église du village avec lui, il ne faut pas s’étonner après d’être surnommé « le fils de Bakounine » par tout Guspini, en Sardaigne on ne plaisante pas avec la politique.

    Son vrai nom est Tullio Saba et je vous propose de découvrir « Ce qui reste d’un homme, après sa mort, dans la mémoire et les paroles d’autrui. »
    C’est compliqué de faire le portrait de Tullio Saba car il est devenu une quasi légende.
    Est-il uniquement ce bel homme qui aime paradé devant les dames, est-il un meneur de grèves communiste toujours près à bouffer du curé, est-il celui qui a gravé « Vive Staline » sur un madrier au fond de la mine , est-il ce fils de cordonnier toujours prêt à défendre les humbles.

    Parce qu’il est un peu tout ça Tullio Saba. Il est beau oui c’est certain « Le plus beau du pays, les yeux noirs et rusés, aux mouvements vifs comme ceux du renard  » et plus d’une femme de Guspini lui doit son bonheur !
    Un des meilleurs mineurs et qui « savait beaucoup de choses qui n'étaient pas écrites dans les journaux et que la radio ne disait pas sur la guerre d'Espagne, sur le communisme russe ; il savait et il parlait, il racontait » mais aussi « arrogant et mal élevé »  donc le premier licencié quand il s’agit de remettre de l’ordre.

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    Le portrait du héros apparaît petit à petit à travers les récits de ses amis, de ses voisins. Enjolivé, déformé, par ceux qui ont peu ou prou partagé sa vie.
    Un portrait  tout en contradictions, démon athée pour les uns, saint laïque pour les autres. Où se situe la vérité, que reste-t-il d’un homme dans les souvenirs de ceux qui l’ont connu ?


    Ce court roman est très réussi, même si le procédé narratif n’est pas original, il est mené très habilement. Apparaît une Sardaigne, pauvre et fière, au temps du fascisme, ce temps qui autorise les hommes vêtus de chemises noires à terroriser mineurs et paysans et à leurs faire avaler « l’huile de ricin » pour les mettre au pas.
    Cette alliance entre le destin individuel de Tullio Saba et celui de la Sardaigne, est un des plaisirs de ce livre.
     
    atzeni.jpgLe livre : Le Fils de Bakounine - Sergio Atzeni - Traduit de l’italien par Marc Forcu - Editions Phébus libretto 2011
    première publication en 2000 Editions la Fosse aux ours

    L’auteur : Sergio Atzeni est mort prématurément en 1995, à l’âge de quarante-trois ans, emporté par une vague, alors qu’il contemplait une tempête. La critique avait salué dès la publication du Fils de Bakounine un écrivain de talent, au seuil d’une oeuvre majeure.



  • Exoplanète - Martial Caroff

    9782843623929FS.gifExoplanète - Martial Caroff - Editions Terre de Brume (2009)
    C’est à cause d’une erreur que j’ai lu ce livre mais je ne le regrette pas une seconde.
    Sur un présentoir j’aperçois « Antarctique » croyant à de la littérature de voyage j’ai feuilleté ce livre de science fiction qui m’a attiré et je me suis mis en chasse du tome 1 Exoplanète (seul défaut du livre : le titre, mais que font les éditeurs?)
    La préface du DG de l’Association d’Astronomie en impose et on se dit que c’est du sérieux.

    2030, une nouvelle étoile est apparue dans la constellation d’Orion (Bételgeuse, Rigel ...) les astronomes l’ont appelé Alpha 2 Orionis et elle est visible à l’oeil nu.

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    Constellation d'Orion

    Voyez comme le hasard fait bien les choses, Marc Chouviac un libraire spécialiste du XVI ème siècle  est le petit ami d’Astrée Lahille astronome sexy qui fait partie de l’équipe de l’Observatoire de Meudon qui a « découvert » cette étoile.
    Petit clin d’oeil de l’auteur, le patron de l’équipe c’est Célestin Morgenstern (étoile du matin en allemand).
    Surprise de taille, l’étoile s’éteint après quelques jours, puis réapparait pour disparaître à nouveau , la communauté scientifique est en effervescence, étoile ? planète ? personne n’est plus sûr de rien.
    Les explications viendront de personnages inattendus : un ex otage des intégristes musulmans, un breton spécialiste de latin médiéval, un espagnol qui connaît tout sur l’Utopie de Thomas More, invités dans le laboratoire, ils vont participer chacun à sa façon à la résolution de l’énigme

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    Gravure d'Hambrosius Holbein, pour une édition de Utopia de 1518

    Je n’ai pas lâché ce livre, nul besoin de connaissances en astronomie, Martial Caroff vous prend par main et vous avez immédiatement la tête dans les étoiles (oui c’est facile je vous l’accorde).
    Son roman est parfaitement rythmé, on progresse dans plusieurs directions : le ciel, les manuscrits et les recoupements que font les personnages entre les deux.
    Ses héros sont sympathiques même si certains ont mauvais caractère, en plus ils apprécient presque tous le bon vin et vous avez en prime un petit cours d’oenologie.
    C’est malin,  le scénario est très astucieux et ..crédible. Les personnages sont très vivants et leur enthousiasme pour décrypter l’énigme est communicatif. Pour un peu on n’irait s’acheter un téléscope !

    Martial Caroff qui est géologue et universitaire de son état est aussi un poète quand il parle du ciel et des étoiles. Antarctique m’attend et je sais déjà que je vais aimer s’il est aussi bon qu’Exoplanète.

    Un livre à ajouter dans votre liste de lectures de vacances

  • Jeune femme au luth - Katharine Weber

    Jeune femme au luth - Katharine Weber - Traduit par Moea Durieux - Les Editions du sonneur
    jeune femme .gifDans un cottage d’Irlande une femme, la quarantaine, vit seule et tient son journal. Patricia Dolan travaille à New York à la Frick Collection, elle est passionnée d’art depuis l’adolescence, on devine dans les pages du journal la perte d’un homme et peut être d’un enfant. On sent une femme fragile, vulnérable et désenchantée.
    Petit à petit elle livre des bribes d’information, d’origine irlandaise son père vit à Boston et bien sûr est un policier à la retraite. Elle a une passion pour la peinture hollandaise et pour Vermeer. Elle vient de faire la connaissance d’un de ses cousins éloigné et est en train d’en tomber amoureuse.
    Que fait-elle dans ce cottage isolé, vivant dans un confort très précaire, faisant de longues promenades, se liant peu avec les habitants,  mais passant de longues heures à contempler un tableau. Pas n’importe quel tableau, un Vermeer, la Jeune femme au luth Le tableau est enfermé dans une pièce sans fenêtre, à l’abri des regards.

    Je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi cette femme est en possession d’un Vermeer, le plaisir de découvrir les paysages d’Irlande que Katharine Weber décrit très joliment.
    Le suspens psychologique est très prenant et l’intrigue extrêmement intelligente est brodée aux petits points, les faits sont délivrés au compte-gouttes, l’écriture est limpide et d’une réelle finesse.
    Les passages consacrés à la peinture sont d’une grande sensualité. Il y a une émotion très justement rendue et on se laisse emporter par un récit diablement efficace.

    Extraits

    « Il y a dans tout l’art hollandais un amour pour le réel, une affection pour le vrai. L’intérieur d’une église et sa paix. Une main et son geste. Un paysage et sa profondeur. Un nuage et son mouvement. Des gens qui sont des gens. Des chiens qui sont des chiens. Des fromages qui sont des fromages. Et le ciel, le ciel qui donne à toute chose son échelle et son contexte. Mais cet art garde toujours quelque chose d’intime, l’intimité sans prétention de ce qui a été ressenti.
    Il existe pour moi un lien étroit entre la passion irlandaise et la réserve hollandaise, que je ressens ici dans ce cottage, au bord de la mer, seule avec elle, dans l’éclat lumineux de sa sérénité. »



    L’auteur
    katharineweber.jpgNée en 1955, Katharine Weber a commencé par écrire des nouvelles,  Objets dans le miroir, son premier roman, a été édité en français chez Belfond.
    Son deuxième roman, The Music Lesson titre original de la jeune fille au luth, a été traduit dans douze langues et a reçu de nombreuses distinctions. Katharine Weber est par ailleurs journaliste littéraire.

  • La Mal-née - Christine Lavant

    La Mal-née - Christine Lavant - Traduit de l’Allemand par François Mathieu - Editions Lignes
    malné.gifVous voilà en Carinthie, au pays de Thomas Bernhard et de Joseph Winkler. L’auteur est pratiquement inconnue en France, son oeuvre poétique et romanesque est aujourd’hui traduite et publiée.
    Les personnages de ce roman sont peu nombreux et vous ne les oublierez pas.
    Wrga, la mère, elle représente la cohorte des enfants maltraités, des femmes violentées et ensuite montrées du doigt, elle a fauté : elle doit être punie. L’enfant du pêché porte un nom qui la désigne comme bâtarde, Zitha, et parce le Dieu de cette communauté est un Dieu de vengeance l’enfant est mal-née, petit être sans défense, innocente et sans voix.
    Comment prendre soin de cette enfant ? Wrga aime sa fille mais elle est parfois prête à écouter les conseils pleins de haine de Lenz son prétendant.
    Dans ce monde fruste, Lenz c’est celui qui croit aux mauvais esprits, aux légendes carinthiennes où le diable vient prendre une enfant saine et pose "un petit changeon" à la place.

    Zitha a une vie merveilleuse nous dit Christine Lavant car  "Il n’y avait personne pour la battre (...) non personne ne la battait, personne ne lui donnait de coup de pied et elle pouvait tournailler toute la journée où bon lui semblait sans que personne remarquât son absence" Elle vit, sous la table de la cuisine, dans l’étable où elle cache son trésor "une vieille petite boite à poivre". Elle se mêle aux enfants du village, elle est leur jouet car les enfants sont cruels. Ils la protègent néanmoins et l’appellent « la mouflette ». Eux seuls savent que la mal-née parle, qu’elle prononce quelques mots

    blogGomenasai .jpgLenz est ambitieux, il ne veut pas rester un valet toute sa vie, il veut s’élever dans la société, Il pousse Wrga à se débarrasser de Zitha, il lui assure que le diable peut venir la reprendre"Cogner neuf fois dessus, neuf fois et rudement pour qu’elle hurle à faire pitié (...) Alors il te rendra ton enfant et emportera le sien" ainsi la malédiction sera levée.
    Lenz est le maître et Wrga devenue sa compagne subie à nouveau la violence de l’homme  "Est-ce que tu mets ton  changeon à la porte ou est-ce que tu veux encore une rossée ?" Le malheur va s’abattre sur eux tous.

    C’est sur le blog De bloomsbury en passant par Court Green que j’ai découvert Christine Lavant.
    J’ai été happée par ce récit d’une douleur extrême, c’est à la fois d’une grande émotion et d’une dureté féroce. Le portrait de cette enfant, la peinture d’une société rurale en proie aux superstitions, à la haine, au poids de la religion, sont magnifiques.
    Dans la préface, François Mathieu le traducteur qui donne ici une très belle traduction, dit de Christine Lavant qu’elle est la « Pionnière du roman autrichien moderne ». Il semble que la vie décrite dans ce roman ne soit pas très éloignée de l’enfance de Christine Lavant, cela rend le roman encore plus prégnant.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    L’auteur
    Vous pouvez retrouver Christine Lavant et son oeuvre sur Esprit Nomades