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littérature anglaise - Page 13

  • Au phare - Virginia Woolf

    Au phare - Virginia Woolf - Traduit de l’Anglais par Anne Wicke - Editons Stock
    au phare.gifEntre Virginia Woolf et moi c’est une longue histoire de passion, la lecture faite il y a bien des années de ses romans et d’extraits de son journal m’avait enchanté, les essais ont suivis au fur et à mesure de leurs parutions,  je l’ai traqué à coup de biographies petites et grandes.
    Alors me direz vous pourquoi un billet aujourd’hui ? Et bien parce que l’envie de faire partager ma passion est toujours forte (demandez à Cuné ce qu’elle pense de Dickens..et vous aurez une petite idée de la passion littéraire) et puis... et puis il y a les nouvelles traductions qui ouvrent la perspective d’une lecture différente de la précédente.
    Après La Chambre de Jacob, voici Le Phare, c’est par ce roman que j’ai commencé la lecture de Virginia Woolf en 19.. et il reste mon préféré, V W le considérait comme son meilleur roman.

    Une famille, presque une tribu, Mr et Mrs Ramsay, leur nombreuse progéniture, quelques invités poètes ou peintres,  les vacances en Ecosse un peu avant la Première guerre mondiale dans une vieille maison avec  jardin. Dans le lointain le phare objet des rêves et des désirs de la famille.
    La promenade au phare espérée par Mrs Ramsay et son plus jeune fils n’aura lieu que des années plus tard, entre les deux : une guerre, des mariages, des disparus et le temps inexorable qui coupe le roman en deux.

    Mrs Ramsay l’âme de la maison et de la famille est celle qui console et comprends, elle porte sur chacun son regard plein d’amour. Tous les personnages sont magnifiés par ce regard.
    Son mari « fin comme la lame d’un couteau » un peu faible, très égocentrique, pourtant « il n’existait personne qu’elle révérât autant que lui » Elle l’excuse et le comprends tant son besoin est grand de maintenir la famille dans une douce harmonie, Carmichaël le poète oublié, Lily Briscoe vieille fille un peu délaissée qui « avec ses petits yeux chinois et son visage tout pincé, ne trouverait jamais à se marier » et qui ne parvient pas à mettre Mrs Ramsay sur sa toile.

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    Le phare de Godrevy Island : celui de l'enfance de Virginia Woolf


    Tout l’art de VW est de nous baigner dans les pensées et les émotions, les perceptions des personnages « emmêlées dans un filet aux mailles d’or »
    Les événements du quotidien, parfois insignifiants, viennent interrompre le flot des pensées, chacun est seul au milieu des autres.
    Les sensations, les choses emplissent les jours « on ressentait ainsi envers elles une tendresse irrationnelle » le couvert mis, la lumière de la lampe, un gant oublié et en même temps savoir « que la vie était difficile; les faits inaltérables ; et que le passage vers ce pays fabuleux où s’anéantissent nos plus grands espoirs, où nos frêles esquifs s’abîment dans les ténèbres »
    Comme toujours avec Virginia Wolf le temps s’étire indéfiniment pour tout à coup se contracter jusqu’à la rupture. On passe du bonheur familial à une maison « abandonnée comme un coquillage sur une dune, qui va s’emplir de grains de sable sec maintenant que la vie l’avait quittée »

    woolf.JPG« Roman de la fragilité de la vie, de l’absurdité des destinées humaines » * des espoirs déçus, de la perte de l’innocence et des émotions de l’enfance. Un chef d’oeuvre à mettre sur les rayons de votre bibliothèque


    * V.W de G Brisac et A Desarthe - Editions de l’Olivier

  • Un arrangement tranquille - Benjamin Markovits

    Un arrangement tranquille - Benjamin Markovits - Traduit de l’Anglais par Catherine Richard - Editions Christian Bourgois
    un arrangement.gifAu mois de mai, je vous proposais de lire le premier tome d’une trilogie, Imposture, L’auteur nous contait  l’aventure de John Polidori, médecin de Lord Byron, qui le suivi dans son voyage et son séjour en Suisse alors que Byron fuyait l’Angleterre atteint par le scandale de ses rapports trop tendres avec sa demi-soeur.

    Benjamin Markovits est un fieffé malin, pas question pour lui de poursuivre la saga du héros de la poésie Européenne dans un ordre chronologique, ni de faire le portrait du poète, c’est de biais qu’il se propose de nous le dévoiler.
    Avec  Un arrangement tranquille nous remontons le temps, le temps où il fit sa cour à Annabella et obtint gain de cause.
    Le roman commence comme un pièce de Marivaux mais se poursuit sur un mode nettement plus acide.

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    Lady Byron


    Annabella la future Lady Byron a dix-neuf ans, il lui faudra trois ans pour faire tomber Byron dans ses filets, en tout cas c’est ce qu’elle imagine. Le mari dont elle rêve n’a pas les traits de Byron mais elle aspire à la célébrité  et est suffisamment ambitieuse pour accepter de l’atteindre par procuration. C’est aussi une joueuse d’échec et elle va manipuler habilement ses pions.
    Les rencontres avec Lord Byron se succèdent, enfin vient la première demande en mariage par l’entremise de Lady Melbourne, demande qui est repoussée " Je serais résolument indigne de l’estime de Lord Byron si je devais m’abstenir de dire la vérité sans ambiguïté. Croyant qu’il ne sera jamais l’objet de la profonde affection qui ferait mon bonheur dans la vie domestique... "
    Qu’en terme délicat ces choses-là sont dites mais est-elle réellement amoureuse ? Pas vraiment nous laisse entendre l’auteur, il entre plus de calculs que de sentiments dans ce marivaudage.

    augusta.JPG

    Augusta Leigh sa rivale

    Pourtant le mariage se conclu quelques mois après, cérémonie étrange, parodie de mariage, Annabella est punie de sa coupable naïveté et sa cage se referme avec un bruit sec. Sur les premières semaines de vie commune plane l’ombre d’ Augusta la demi-soeur de Byron, son époux se dévoile plus retord qu’elle même, souvent indifférent, cruel parfois, mais amoureux jamais ! Elle aurait du se rappeler sa première rencontre avec Lord Byron et sa soeur " Lord Byron contribuait indéniablement à attirer sur Mrs Leigh les regards de l’assemblée (...) le célèbre poète au pied infirme, s’efforçait de guider sa soeur au gré des pas de la toute dernière danse en vogue, tandis que la musique accompagnait à contretemps leur étreinte affectueuse et titubante."

    C’est un trio qui se constitue, le mari, la femme et la soeur, un subtil jeu de pouvoir se développe entre eux et Annabella y prend sa part. C’est un combat qui va s’engager et le scandale est inévitable.

    J’ai retrouvé avec un grand plaisir la plume de Benjamin Markovits, la construction est élégante et l’écriture raffinée, Le poète n’est pas épargné par Markovits qui fait un portrait sombre de cet homme en proie à des sentiments que la morale réprouve, manipulateur, sans scrupules, et d’une Annabella plus blessée dans sa vanité que dans son affection.
    J’attends avec impatience le dernier volet de cette trilogie

  • La chambre de Jacob - Virginia Woolf

    la chambre de jacob.gifLa chambre de Jacob - Virginia Woolf - Traduit de l’anglais par Agnès Desarthe - Editions Stock

    « Lire Virginia Woolf prend du temps. Son oeuvre est longue, variée, touffue, et sa manière d’écrire si peu conventionnelle que l’on doit faire attention, être vigilant, avancer à petits pas pour ne rien perdre et pour ne pas s’y perdre »

    Voilà vous être prévenu, ce point du vue extrait de la biographie signée Agnès Desarthe et Geneviève Brisac, vous introduit dans l’univers littéraire de Virginia Woolf, je n’ai pas résisté à la curiosité quand est paru La chambre de Jacob dans une nouvelle traduction d’ Agnès Desarthe.

    Un roman mosaïque sans intrigue dont le personnage principal, Jacob Flanders, apparaît dans une série de scènes retraçant sa vie de son enfance à sa disparition. Ces scènes sont brèves, et la personnalité de Jacob se dessine peu à peu à travers les récits, les observations ou les critiques de ses amis, les réactions des jeunes femmes qui l’aiment, les apparitions de sa mère.
    Nous le suivons ainsi sur la plage de son enfance, au collège à Rugby, à Cambridge dans sa chambre d’étudiant, à la bibliothèque... Nous croisons les jeunes filles qu’il séduit, ses conquêtes inavouables, celles qui l’aiment ou qui le trompent.
    Nous le suivons dans son grand tour de Paris à la Grèce en passant par l’Italie.

    st ives.jpg

    Au fil des pages des petits cailloux sont semés qui annoncent la mort et la guerre : cimetière, cloche funèbre, détonations qui évoquent le futur bruit du canon jusqu’au choix du nom de Flanders. Le temps est l’acteur principal du roman, l’on passe sans que rien ne soit précisé, de l’enfance à l’adolescence à la vie adulte
    Les sentiments, les détails matériels de la vie de jacob ne sont jamais donnés, seules subsistent des images furtives et colorées
    Le lecteur est toujours à l’extérieur, les choses sont effleurées, suggérées, Virginia Woolf tisse une toile aérienne et les motifs n’apparaissent que petit à petit, les images sont fugaces , la vie est passée aussitôt qu’esquissée

    virginia_woolf.jpgA travers ce roman on retrouve des thèmes chers à Virginia Woolf : le temps béni de l’enfance et des vacances à St Ives, le traitement inégal des filles à qui l’on interdit les études et l’université, « le chaos faussement ordonné de nos jours »
    Virginia Woolf capte pour nous l’insaisissable, le temps qui passe furtivement, l’inconstance des sentiments.
    Je laisse pour finir la parole aux deux biographes de Virginia Woolf

    « La chambre de Jacob, récit autour de l’absent, à l’écriture presque dérangeante, marque une volonté de s’affranchir d’une tradition lénifiante, et une capacité hors du commun à traduire en mots les maux d’une époque. L’écrivain est comme traversée par son temps. »


    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

  • Imposture - Benjamin Markovits

    imposture.gifImposture -  Benjamin Markovits - Traduit de l'anglais par Catherine Richard - Editions Christian Bourgois
    J’ai suivi par la pensée Byron dans un voyage pédestre en Suisse, ce roman me proposant de le retrouver, je n’ai pas résisté.
    En prologue l’auteur raconte avoir reçu un manuscrit d’un de ses anciens collègues dont la personnalité l’a longtemps fasciné, cet enseignant spécialiste des romantiques anglais l’a fait son héritier. Le personnage était ambigu puisqu’il avait reconnu être l’auteur d’un faux. Que raconte ce manuscrit ?
    En 1819 parait dans une revue un texte  le vampire , l’éditeur laisse croire que ce texte anonyme est de Lord Byron. Succès garanti, le public se jette sur le texte qui sent le souffre, Lord Byron est en butte à l’opprobre publique en raison de son divorce houleux. Chacun sait que le parfum de scandale fait vendre...
    L’auteur réel du "vampire" est John Polidori un jeune médecin sans patients, sa soeur Frances, dont il est amoureux, a épousé un monsieur Rossetti qui sera le père du poète et peintre Dante Gabriel Rossetti. Trois ans plus tôt il a accepté contre l’avis de son père, d’être le médecin et le compagnon de voyage de Byron.
    Après la France et une randonnée dans les Alpes Suisses, Byron se fixe à Cologny au bord du Léman dans une magnifique villa qui restera célèbre : la villa Diodati. Là il retrouve le poète Shelley et son épouse Mary.

    Diodati.jpg

    Le séjour a été un calvaire pour Polidori, il a des velléités d’écriture, il est copieusement moqué pour cela. Lord Byron en a fait son souffre-douleur et Shelley ne l’a pas épargné.
    Lors d’une après-midi pluvieuse ils décident tous les quatre d’écrire chacun une nouvelle fantastique, la postérité retiendra celle de Mary  Frankenstein et celle de Polidori Le vampire. Le séjour prend fin amèrement pour Polidori puisqu’il est remercié par Byron.
    Lorsque Polidori voit son oeuvre publiée anonymement il est amer et se sent trompé et il développe une telle rancoeur que lorsque Eliza, jeune femme romantique et à l’imagination fertile, le prend pour Lord Byron, il ne la détrompe pas. L’imposture lui semble normale, n’a-il pas lui aussi du talent ? et puis Byron n’essaie-t-il pas de s’approprier « le vampire » ?

     

    Tout est permis au romancier, y compris de détourné l’histoire à son profit, B Markovits ne s’en prive pas. L’intrigue est riche et somptueuse mais la construction est complexe, les retours en arrière sont nombreux et parfois Markovits s’amuse à nous perdre dans ses digressions. 
    Le thème de l’imposture se prête bien en effet aux ambiguïtés, au jeu de miroirs, la réalité est pliée à la convenance de l’auteur, vrai et faux s’entremêlent et la composition du récit est à facettes multiples. La lecture demande une attention soutenue, le plaisir est à la hauteur de l’effort.
    Ceci est le premier tome d’une future trilogie sur Byron dont Benjamin Markovits est spécialiste, je serai au rendez-vous.


    Pour prolonger votre lecture

    Lord_Byron_coloured_drawing.png

     

    La vie de Byron d’André Maurois - Grasset
    Byron portrait d’un homme libre de Leslie Marchand - Autrement

  • La Reine des lectrices - Alan Bennett

    La reine des lectrices - Alan Bennett - Traduit par Pierre Ménard - Editions Denoël

    la reine.gifUn roman où il s’agit de la Reine avec un R majuscule, celle d’Angleterre, qui au grand dam de son entourage et de son premier ministre, se met à oublier les devoirs de sa charge au profit de quoi je vous le demande ? au profit des livres. Mais comment une telle chose a-t-elle pu arriver ?

    Comme chaque semaine le bibliobus vient apporter la culture aux sujets et serviteurs de sa Majesté, pénétrant pour la première fois dans cette bibliothèque ambulante à la poursuite de ses chiens, la Reine se fait un devoir d’emprunter un livre (elle a décorer l’auteur alors..) puis de le rendre et ....d’en emprunter un second, cela doit vous rappeler quelque chose....de fil en aiguille et de livre en livre voilà sa Majesté complètement accro.

    Elle qui n'a jamais lu que des discours et autres textes obligatoires est parfois en état de manque quand elle oublie son livre sur la banquette du carosse.......Sa vie est totalement bouleversée, elle découvre le bonheur de lire et regrette le temps perdu.

    Elle dévore, prend des notes, et non contente de se faire plaisir, elle impose à son entourage des interrogatoires sur leurs lectures.
    Le protocole est chamboulé, la Reine en oublie ses royales obligations, la monarchie est en danger...

    Si vous voulez savoir comment la lecture change la vie de son Auguste Majesté et la nôtre pauvres lecteurs, si vous voulez vous interroger sur l’aspect subversif et libérateur de la lecture d’une façon légère et très « british » allez y lisez ce bouquin.
    C'est drôle, enlevé, impertinent, léger, une petite gâterie à se faire avec une cup of tea of course .....Je n’ai pas boudé mon plaisir

    La blogosphère littéraire partage cet avis : Cuné, Lou Book , les pros de la critique apprécient aussi

     

    L'Auteur

    Acteur, scénariste et réalisateur de télévision, Alan Bennett est né en 1934 au Royaume Uni

  • Classe à part

    classe à part.gifClasse à part - Joanne Harris - Editions Points Seuil

    Les plaisirs de lecture sont parfois là où on ne les attend pas. Hier contrainte à une attente très longue et particulièrement peu rigolote (genre dentiste vous voyez) je me suis aperçue horreur que j’étais partie sans livre sous le bras, petit détour et me voilà avec un poche qui m’a inspiré, c’est le même auteur que « Chocolat » le film avec Juliette Binoche et Johnny Deep, je n’avais rien lu de l’auteur donc pas d’a priori.
    Et là l’heureuse surprise. Un régal ce bouquin, régal de férocité, de manipulation, d’ humour corrosif. Un suspens jusqu’aux dernières pages ...

    Un rapide résumé qui ne dévoile que l’essentiel pour n’enlever à personne le plaisir de la découverte.
    Saint Oswald un collège pour ados privilégiés «so british » , un concierge qui a un penchant pour la dive bouteille, un enfant fils du dit concierge mort d’envie de faire partie de cette élite scolaire mais qui lui est condamné au collège public du quartier où il est le souffre douleur de ses petits copains. Petit à petit il va s’introduire dans Saint Oswald grâce aux clés de son père, il va se donner l’impression d’appartenir aux groupes d’adolescents, aux riches, réussissant même à tisser une amitié avec un des élèves. Bref il devient un imposteur.
    L’envie, la colère, devant l’injustice de sa situation hantent le gamin, la soif de vengeance l’habite.

    15 ans plus tard , l’enfant est devenu prof, il entre à Saint Oswald par la grande porte. il va se venger de toutes ses frustrations enfantines d’une façon diabolique. Rien d’autre sur l’intrigue ce serait dommage.
    Les portraits sont au vitriol, la salles des profs, les travers des uns et des autres, les petites mesquineries, les bagarres absurdes pour l’occupation d’une salle de cours ....un pur délice de férocité et si parmi vous certains fréquentent les salles de professeurs ils s’en donneront à coeur joie de jouer au portrait. Mon préféré est le prof de latin..

    Le suspens psychologique est magistralement mené, les événements vont se succéder d’abord lentement puis avec une accélération jubilatoire et un final épatant.N'hésitez pas offrez vous ce bouquin.

     

    l’auteur
    Joanne Harris est née à Barnsley en 1964, d’un père anglais et d’une mère française, ce qui explique son rôle de “passeur” entre les deux cultures. Son troisième roman, “Chocolat” (1999) a fait l’objet d’un film avec Juliette Binoche et Johnny Depp et ses romans sont désormais publiés dans 40 pays. Elle aime sonder les faces obscures des hommes, le sordide des situations, la révolte sous toutes ses formes et notamment adolescente

    Le site de l’auteur (en anglais of course)