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  • Wilderness - Lance Weller

    Le pays et le temps de Lincoln

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    Bien loin d’Autant en emporte le vent, ce roman nous plonge dans la guerre de Sécession. Une lecture récente, celle de la biographie de Lincoln, m’avait donné envie de lire quelque chose d’un peu documenté sur cette guerre. En fait c’est un roman que j’ai choisi et quel roman !!

     

    1864 en Virginie, la guerre bat son plein et même si les armées confédérées donnent de vrais signes de fatigue, les combats sont encore très très violents.

    Abel Truman est un des ces soldats, de ceux qui chantent Dixie, il s’est laissé enrôlé non par conviction mais parce qu’il pense mériter cette punition.

    Une grande bataille se prépare dans la forêt de Wilderness près de Spotsylvania. 

     

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                         la bataille de Wilderness - Bibliothèque du Congrès

     

    Et pourtant la nature est magnique et rien ne prédispose les lieux a être champs de bataille

     

     

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    « Ce matin-là était rempli de chants d’oiseau et les branches étaient traversées de rayons de soleil pâles et obliques, si bien que la lumière éclatante s’étalait sur les feuilles et qu’une légère vapeur s’élevait de la mousse sur le sol de la forêt. Ce matin-là le soleil faisait briller la rosée comme des perles minuscules enfilées sur la résille délicate et précise des toiles d’araignées. Ce matin-là il flottait dans l’air une odeur de soleil, de chaleur et de toutes les bonnes choses en train de pousser. »

     

    1899 Un vieil homme qui vit en compagnie d’un vieux chien quitte sa cabane en bois flotté au bord du Pacifique, quelque part dans l’état de Washington. Il est vieux, malade, il a le corps et le coeur couturé de cicatrices, il prend la route de l’est, la route du retour vers le passé.

    Trente ans plus tard de nouveau confronté à la violence lorsque deux hommes s’en prennent à son chien, il va retrouver de vieux réflexes oubliés mais aussi trouvé sur son chemin des hommes et des femmes capables de bienveillance.

     

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    « Le vent faisait doucement grincer la cabane tandis que les vagues sifflaient le long du rivage sombre et rocheux. »

     

    Un récit somptueux et sombre et des personnages « humains, trop humains ». Pas de recherche particulière dans la forme du récit, un classique aller retour entre hier et aujourd’hui. Mais quelle écriture ! Une langue imagée, lyrique, riche, qui restitue parfaitement cette guerre, frère contre frère, cette tuerie ignoble dont les scènes semblent sortir tout droit de l’enfer.

    L’auteur possède une aptitude rare pour nous faire entendre les plaintes des hommes, le rugissement de la bataille et nous faire entrevoir Abel l’homme hanté par son passé qui gravit son Golgotha.

     

    L’auteur fait un récit presque halluciné des scènes de batailles, je n’ai pu m’empêcher de penser à Andersonville le film de Frankenheimer; mais l’auteur est également parfait dans les scènes plus intimistes, très visuelles, en total opposition à la férocité des combats. Les héros secondaires sont également magnifiques et je gage que vous n’oublierez ni Ned, ni David ni Helen et encore moins Hypatie l’esclave en fuite qui va tenter de ramener Abel à la vie.

     

    La traduction est mieux que bonne, elle est excellente et participe grandement au plaisir de lecture.

    La très grande et magnifique tradition du roman américain, dans la lignée des Raisins de la colère ou de la Route du retour. 

     

    Le livre : Wilderness - Lance Weller - Traduit par François Happe - Editions Gallmeister

  • Home - Toni Morrison

    Au pays de Lincoln

     

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    Si quelqu’un fait bien partie du pays de Lincoln c’est Toni Morrison. Je crois avoir aimé à peu près tous ses romans, certains plus que d’autres mais j’y ai toujours pris un grand plaisir.

    Home est un roman court, fort, implacable qui nous offre une traversée de l’Amérique des années cinquante, une traversée difficile, bourrée d’obstacles.

    C’est pour retrouver sa soeur que Frank entame un voyage vers la Géorgie avec pour seul bien la médaille gagnée aux combats. Nous sommes dans les années cinquante, Frank est revenu de Corée détruit, brisé, en proie à des hallucinations, à des cauchemars. La ségrégation qu’il a pu croire adoucie à l’armée, la ségrégation ne s’est pas évanouie et son voyage est balisé par des lieux sûrs où les noirs peuvent manger, trouver asile, trouver de l’aide dans une Amérique où le blanc peut emprisonner ou tuer impunément.

     

     

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    Si Frank entame cette route du retour c’est pour venir en aide à sa soeur, Cee, qui est malade et dont la vie a été un calvaire, il sait qu’il fait surtout retour vers « Le pire endroit du monde » un lieu plus terrible peut être que les champs de bataille de Corée.

    Il est cabossé lui aussi et ses rapports avec Lilly son amie sont difficiles, conflictuels et il sait qu’il retourne vers un passé douloureux.

    Le frère et la soeur seront-ils capables de se dessiner un avenir et d’accepter les chemins de la rédemption ? 

     

     

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    Pas de grande thèse chez Toni Morrison mais ses mots portent toute la violence vécue par les noirs, toutes les injustices, toutes les horreurs et dès la scène d’ouverture l’auteur nous fait plonger dans ce monde implacable et effrayant.

    En quelques mots on est plongé dans un monde de folie où l’on a été contraint de créer un guide le Green Book pour que les noirs puissent voyager en sécurité dans des hôtels, des restaurants autorisés.

     

     

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    Lorsque le récit est trop dur Toni Morrison le transforme en histoire fantastique pour conjurer le mauvais sort.

    Une très bonne traduction pour ce livre court, resserré et magnifique où éclate tout le talent de cette grande dame des lettres américaines.

     

    Le livre a été largement chroniqué sur les blogs 

    l'avis de Christw ou de  Lecturissime 

     

    Le livre - Home - Toni Morrison - Traduit par Christine Laferrière - Editions Christian Bourgois 2012

  • Prairie - James Galvin

    La patrie de Lincoln

     

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    Il est loin d’être l’écrivain des grands espaces le plus connu mais il mérite une place aux côtés d’Harrison, de Rick Bass ou de O’Brien

    Je vous engage à travers ce récit à faire connaissance avec lui, si vous êtes séduit vous pourrez ensuite lire Clôturer le ciel un roman que j’aime beaucoup également.

    Ce n’est pas l’histoire d’une personne mais celle d’un lieu : la Prairie, une terre perdue aux confins du Wyoming, du Nebraska et du Colorado. 

    A travers « une litanie d’épisodes météorologiques » l’auteur nous fait vivre dans cette nature magnifique et plus que rude.

     

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    Une galerie de personnages qui ont vécu, travaillé et qui sont morts sur cette terre mais dont ils ne furent jamais réellement propriétaires, la nature rappelant ses droits à chaque saison.

    Deux ou trois personnages émergent, Lyle qui est né « dans une maison faite de terre. On dirait une tombe avec un toit dessus ». Sa famille vit là comme dans des « terriers chauds et sombres ».

    Lyle qui a tenu bon, il a racheté sa terre à Appleton Worster, pour ce dernier l’expérience a mal tourné, et il a finit par se construire une maison.

     

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    « On dit que la prairie est dans les nuages alors qu’en réalité les nuages sont dans la prairie. On dit qu’une vapeur monte de la rivière comme si la rivière exhalait son âme en se mettant à l’envers et c’est bien ce qui se passe. »

     

    Lyle c’est un sacré bonhomme, il a des mains énormes mais peut faire preuve d’une grande douceur et avec le dessus de son énorme index « caresser doucement l’hirondelle sous la gorge ». 

    « Bientôt quarante ans que j’ai les yeux fixés sur cette foutue prairie » mais pas question de la quitter.

    C’est un drôle de personnage ce Lyle, il écume les bibliothèques et après avoir épuisé celle de Laramie il se fait envoyer des livres depuis Denver car « Il aimait Homère, Tolstoï, Dickens, des histoires qui racontent ce que font les gens. Il n'aimait ni Dostoïevski ni Faulkner.  »

     

    Venez vous perdre dans cette prairie, voir ce pays  où les castors sont de très bons ingénieurs en hydraulique et où Ray doit s’efforcer d’être meilleur qu’eux, faire connaissance avec Frank qui boit trop, avec App inconsolable, Clara qui tient son journal.

    Ces hommes tellement durs à la tâche qu’en cas de maladie ou de blessure le médecin doit multiplier par dix l’importance des symptômes pour être près de la réalité.

    Vous allez tomber amoureux de cette prairie qui l’hiver est engoncée dans son manteau de neige où les vies sont parfois éclatées par le froid, interrompues par la nature qui se fait démon et où l’homme livre un combat perdu d’avance.

     

     

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                      La North Platte river

     

    Et puis quand on lit : Laramie, North Platte river, on est immédiatement transporté au pays des westerns et on rêve de rencontrer Jéremiah Johnson !

     

    Le livre : Prairie - James Galvin - Traduit par Michel Gresset - Editions Albin Michel 2001

  • Le chant des cigales

    La Provence des cigales

     

    Je vous invite à écouter la Provence à travers les comédiens qui ont donnés leur voix, leur souffle aux récits de Giono et de Zola.

     

    livre-audio-colline-de-jean-giono-lu-par-jacques-bonaffe.jpg"Quatre maisons fleuries d'orchis jusque sous les tuiles émergent de blés drus et hauts. C'est entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras. Le sainfoin fleuri saigne dessous les oliviers. Les avettes dansent autour des bouleaux gluants de sève douce. Le surplus d'une fontaine chante en deux sources. Elles tombent du roc et le vent les éparpille. Elles pantèlent sous l'herbe, puis s'unissent et coulent sur un lit de jonc. Le vent bourdonne dans les platanes. Ce sont les Bastides Blanches. Un débris de hameau, à mi-chemin entre la plaine où ronfle la vie tumultueuse des batteuses à vapeur et le grand désert lavandier, le pays du vent, à l'ombre froide des monts de Lure. La terre du vent."

     

     

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    Tandis que je lisais au jardin, ce que ma grand'tante n'aurait pas compris que je fisse en dehors du dimanche, jour où il est défendu de s'occuper à rien de sérieux et où elle ne cousait pas. Un jour de semaine, elle m'aurait dit : « Comment tu t'amuses encore à lire, ce n'est pourtant pas dimanche. »

     

     

     

     

     

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    "Il s'arrêta net d'étonnement. Il ne reconnaissait pas la longue fille mince et déhanchée qu'il avait vue, l'autre saison, à la Blancarde. Naïs était superbe, avec sa tête brune, sous le casque sombre de ses épais cheveux noirs; et elle avait les épaules fortes, une taille ronde, des bras magnifiques dont elle montrait les poignets nus. En une année, elle venait de pousser comme un jeune arbre." 

     

     

     

     Je ne pouvais pas faire un thème sur la Provence sans vous  proposer ces textes même si j'en ai déjà parlé ici. 

     

    Je télécharge ces livres audio, le plus souvent sur  Le livre qui parle  mais aussi chez  Thélème  et autre  audiolib 

     

    Trois textes pleins de soleil, de chaleur, d’odeur de thym et de romarin.  A lire sans aucune modération

     
  • Balades littéraires à la rencontre de Jean Giono - Jean Louis Carribou

    La provence de Giono

     

    Jean Giono fut un grand arpenteur, les collines, les chemins autour de Manosque, n’avaient aucun secrets pour lui. 

    Aujourd’hui vous pouvez faire grâce à un accompagnateur des balades sur les traces de l’écrivain livres en main.

     

    Que vous faut-il :  Quelques jours de vacances peut être à la fin de l’hiver quand les amandiers sont en fleurs, où au printemps quand les coquelicots rougissent les champs.

     

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                            « La colline des amandiers  »

                                       Le Hussard sur le toit

     

    Il vous faut un gîte du côté de Banon ou de la montagne de Lure, et bien entendu les livres de Giono ou alors …

    Ces deux guides qui vous permettront de partir sur les traces du Hussard, de battre la campagne en compagnie de Jean le bleu de retrouver les pierres du village de Regain, et peut être de croiser Ennemonde dans les collines ou de rencontrer enfin Elzéard Bouffier l’homme qui plantait des arbres.

     

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    « Chaque fois qu’il faisait beau, je m’en allais l’après-midi surveiller ma récolte » Noé

     

     

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    «  Aubignane est collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpes ; et c'est vrai, c'est là qu'ils ne sont plus que trois. » Regain

     

     

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    «  Les collines, avec leurs landes à genièvre, les petits champs labourés, les bosquets et les forêts d’yeuses, ressemblaient à des tapis de laine bourrue et mordorée, comme on en fait pendant les soirées d’hiver » Collines

     

     

    C’est une sorte de revue géographique qui est proposée depuis Collines jusqu’à lIris de Suze le dernier roman de Giono. Ce sont malgré tout deux livres pratiques: tout est noté, la référence de la carte IGN, le parcours, les points de vue, la durée, les difficultés  etc...

    Ce sont aussi deux livres avec de belles photos et surtout des extraits des oeuvres correspondant avec chaque lieu traversé

     

     

    Un site très recommandable La libraire de Banon Le Bleuet     

     

     

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    Les livres : Dix balades littéraires et Quinze balades littéraires  à la rencontre de Jean Giono, de Jean-Louis Carribou - Photographies François-Xavier Emery - Editions Le Bec en l'air

     

     

     

  • Le Mas Théotime - Henri Bosco

    Un auteur oublié au parfum de lavande

     

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                        Paul Cézanne - Maison en Provence

     

     « Depuis dix ans j'habite le mas Théotime. Je le tiens d'un grand-oncle qui portait ce nom. Comme il est situé en pleine campagne, la chaleur l'enveloppe et, du moment que juillet monte, on n'y peut respirer avec plaisir qu'aux premières heures du jour ou bien la nuit. Encore faut-il qu'il passe un peu de brise. Alors on peut se tenir près de la source, sous le buis, car c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille. » 

     

    C’est bon vous êtes dans l’ambiance ? 

    La Provence âpre, celle du travail laborieux, des paysans animés par l’amour de leur terre, des jalousies, des rancunes venues du fond du temps, des querelles de bornages. 

    C’est là que Pascal Dérivat vit, seul au milieu de ses terres cultivées par la famille Alibert, des simples, des taiseux « modelés aux exigences de la terre. »

    Lui il herborise, il a « le goût des plantes et des herbes » d’ailleurs il s’est réservé le grenier « le coeur de la maison  » là il écrit, dessine, fait sécher arnica ou pariétaire et de là il regarde « filer les saisons ». 

    Il a été accepté par les gens du pays mais pas par Clodius, son cousin et voisin, un teigneux, un violent, un mauvais pour qui tous les prétextes sont bons pour déclencher une querelle. 

     

     

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                     La Provence de Georges de Pogedaieff

     

    C’est l’arrivée de Geneviève qui va mette fin à cette vie calme, Geneviève la cousine de Pascal, son amour d’enfance, celle qui a fait le choix d’une vie de tumulte et qui va faire flamber les hommes et jeter une étincelle sur ce pays où « l'air flambait en colonnes de feu et, du côté de l'aire, entre les meules, montait une odeur de blé et de fournaise »

    Lorsque l’on retrouve Clodius assassiné c’est la fin de la tranquillité pour Pascal Dérivat.

     

    Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas d’un polar, Henri Bosco est le peintre d’une Provence oubliée où les hommes font un travail harassant, luttant contre la nature 

    « En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs. Il n'y a rien de mieux à faire que de rester chez soi, au fond de la pénombre, en attendant l'heure du dîner. Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, ont été bâties en refuges et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons. »

     

     

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                       Oliveraie - Van Gogh 

     

    Son écriture est belle, ses mots sont magnifiques, j’aime sa façon de parler des gens de la terre qui ont eu « du blé et de l’huile, des fils, des filles et des maisons » sa prose mi-ombre mi-soleil à un petit parfum d’autrefois qui me le rend cher. 

    J’ai trouvé d’occasion un livre regroupant 5 des romans d’Henri Bosco ce qui tombait bien car mes livres de poche tombaient un peu en poussière, j’aurai donc l’occasion de vous reparler de lui 

     

    Le Livre : Le Mas Théotime - Henri Bosco - Gallimard Folio 

     

    bosco.jpgL’auteur : Henri Bosco est né en 1888 à Avignon. Il enseigne en Algérie, en Afrique, en Italie. Il a obtenu le Prix Renaudot en 1945 pour « Le mas Théotime »  

    Il a reçu le Grand Prix national des lettres en 1953

    Il est aussi écrivain pour la jeunesse : L'enfant et la rivière ou le Renard dans l'île.