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  • Les mystères du rectangle


     J’ai acheté il y a peu un livre pas trop gros et pas trop cher, ce qui est rare en matière de livre d’art.
    Ce livre m’a attiré par la façon dont l’auteur parle des tableaux qu’elle a sélectionné et le fait qu’elle ne soit pas une spécialiste, ni une critique d’art m’a attiré.

    Siri Hustvedt est écrivain les textes qu’elle a écrit pour ce livre sont simples, chargés d’émotion, bien documentés sans être pédants et il éclairent très intelligemment les oeuvres.
    Elle ne nous fait pas un cours d’histoire de l’art mais laisse parler ses sens, ses émotions, ses propos sont matière à contestation peut être mais pourquoi pas ?

    La plupart de ces tableaux décrits sont connus voire très célèbres mais son propos est de gommer cet habit de notoriété, de célébrité pour se centrer sur les émotions ressenties, l’éclairage du tableau, les détails qui apparaissent parfois après plusieurs heures de contemplation.

    La tempête de Giorgione qu’elle a découvert non à Venise mais sur une simple reproduction qui a suffit à la subjuguer; à la faire tomber amoureuse du tableau.
    Personne aujourd’hui n’est d’accord sur l’interprétation de ce tableau mais elle dit elle même que « je crois qu’elle (la Tempête) échappera toujours à ma compréhension et c’est pour cela que je ne cesserai pas de retourner la voir »

    La dame au collier de perles de Johannes Vermeer qu’elle rapproche de façon peut être audacieuse des « annonciations » de la Renaissance

    Nature morte de Jean Baptiste Chardin et de Cézanne
    Un très beau chapitre sur la splendeur des toiles de Chardin qui pour l’auteur « évoque une présence humaine intense », Siri Hustvedt nous restitue bien toute la tendresse qu’elle éprouve pour ce peintre

    Les caprices de Goya oeuvres nettement moins connues du grand public, série d’Eaux Fortes inquiétantes, parfois grotesques, irrationnelles, oeuvres parfois teintées de sadisme et de cruauté. Une découverte pour moi mêmes si ce n’est pas la partie du livre qui m’a le plus séduite.

    Il y a quelques semaine je suis allée voir l’exposition Mantegna au Louvre, c’est toujours un bonheur les expositions et lorsque l’on vit en province chaque fois on essaie de s’en mettre plein les yeux mais les moments de grâce sont vite passés.
    Un livre comme  Le mystère du rectangle  permet de se remémorer des tableaux admirés ou de se préparer à une visite.

    Faites un place à ce livre dans votre bibliothèque



    Extrait :
    Quand je lis un livre, quand j'écoute de la musique ou quand je vais au cinéma, c'est avec le temps que je découvre l'œuvre. Un roman, une symphonie, un film ne prennent leur sens que par la succession des mots, des notes et des images. Les heures peuvent passer, un tableau ne gagnera ni ne perdra la moindre parcelle de lui-même. Il n'a ni commencement, ni milieu, ni fin. J'aime la peinture parce que dans son inaltérable immobilité elle paraît exister en dehors du temps d'une manière impossible à toute autre forme d'expression artistique.
    Plus j'avance dans mon existence, plus je voudrais mettre le monde en suspens et saisir le présent avant que, dévoré par la seconde suivante, il ne devienne le passé. Un tableau crée l'illusion d'un présent éternel, d'un lieu où mes yeux peuvent se reposer comme si le tic-tac de la pendule avait cessé par magie.

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    Le livre : Le Mystère du rectangle - Siri Hustvedt - Editions Actes Sud

  • Vous avez dit bibliothèques

    d'une biblio l'autre.gifEnis Batur, D’une bibliothèque l’autre - Traduit du turc par François Skvor - Edition Bleu autour.

    Jacques Bonnet - Des bibliothèques pleines de fantômes - Denoël

    Deux livres de plus sur vos étagères me direz-vous, oui mais deux petits formats, minces et légers.

    Pour savoir si ces livres sont faits pour vous répondez au questionnaire qui suit :

    Chez vous les livres ont-il pris d’assaut toutes les pièces mêmes les plus « petits coins » ?
    Vous arrive-t-il de racheter un titre déjà en votre possession parce que la traduction est meilleure ?
    Préférez vous offrir un livre plutôt que de prêter votre exemplaire ?
    des biblio pleines de fantômes.gif Vous arrive t-il de ne pas retrouver un livre parce que le classement de votre bibliothèque change au gré de votre humeur et de vos curiosités ?
    Avez-vous peur de mourir dans votre sommeil, enseveli sous votre bibliothèque ?

    Gardez vous les éditions de vos premières lectures même lorsque l’exemplaire est hors d’usage ?

    je ne répondrais qu’à la dernière question sous peine de de voir ce billet atteindre une longueur insupportable.
    Je garde de vieux livres de poches craquants de vieillesse, dont il faut tourner les pages avec une prudence inouïe sous peine de les voir partir en poussière, mais c’est là que j’ai pour la première fois découvert Anne Franck et son Journal, le Silence de la mer ou entendu rugir le Lion de Kessel, impossible de m’en séparer le temps du maigre argent de poche étant passé mon vieux Lion voisine dorénavant avec l’édition brochée mais garde sa place dans mon panthéon de lectrice.

    Si faites vous partie de la confrérie des fous de livres, des malades de lecture, des lecteurs impénitents, ces deux livres sont pour vous.

    Ces deux auteurs chacun à leur manière nous offre un précis qui pourrait s’intituler «  vivre avec les livres » à travers des textes courts et rassemblés pour l’occasion, vous y serez immédiatement en pays de connaissance.

    Enis Batur nous invite dans des bibliothèques célèbres mais aussi dans celles disparues aujourd’hui, brûlées, pillées et à jamais détruites.
    Alberto Manguel qui signe la préface « d’une bibliothèque l’autre » reconnait en Enis Batur un « alter ego » en lecture.

    Jacques Bonnet vous dira tout sa façon de classer les livres ou ....d’y renoncer parfois, de sa crainte de mourir enseveli sous les livres, de sa manie d’écrire dans les marges avec des crayons différents à chaque lecture.

    Un même thème se retrouve dans les deux livres : celui de la perte d’une bibliothèque, perte accidentelle ou volontaire, lors d’un incendie ou tout simplement parce que le possesseur décide de la vendre ( pour la racheter à prix d’or aussitôt après ...on ne se refait pas)

    Je pratique la lecture par ricochets ou comme le dit Jacques Bonnet, « par cercles concentriques de plus en plus larges » celle qui vous entraîne à noter tous les titres rencontrés chez un auteur apprécié et je suis sortie de là avec une liste de livres à lire ABSOLUMENT. Comment ne pas se sentir en pays ami ?

    Ce sont deux livres joyeux, vivants, vous y reviendrez régulièrement, rencontrer plus fou que soi a un côté très rassurant, faites leur une place dans votre bibliothèque.



    Extrait « Des bibliothèques sont pleines de fantômes »
    « Dans chaque livre ouvert pour la première fois, il y a un aspect « coffre-fort forcé ». Oui c’est exactement cela, le liseur frénétique est comme un casseur ayant passé des heures et des heures à creuser un souterrain pour parvenir à la salle des coffres d’une banque ».

    Extrait« D’une bibliothèque l’autre »
    Cette bibliothèque est un gigantesque sablier; voilà un certain temps que cette conviction s’est ancrée en moi. Lentement depuis ses plus hauts rayonnages, s’écoule un sable fin qui me remplit peu à peu. Les yeux posés sur ces étagères qu’un incessant flux de nouveaux livres vient nourrir, je prends conscience qu’il ne me restera plus assez de temps à leur consacrer.


    Les auteurs

    Jacques Bonnet
    Editeur et traducteur a publié un magnifique ouvrage sur « Lorenzo Lotto » chez Adam Biro et un polar se déroulant à la Renaissance et mettant en scène un libraire et Giordano Bruno «  A l’enseigne de l’amitié » chez Liana Levi.

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    Enis Batur est né en 1952 en Turquie. Poète, essayiste et romancier, il est une figure centrale de la littérature et de la vie culturelle turques.
    Son œuvre se réfère autant à la mythologie islamique, aux soufis anatoliens qu’à la littérature occidentale.

  • Le miel d'Harar

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    Le miel d'Harar - Camilla Gibb - Editions Actes Sud

    Dépaysement garanti aujourd’hui , un voyage de couleurs, d’odeurs et de saveurs dans un pays soumis aux tourments des révolutions, des guerres, des famines.

    Le roman alterne entre deux époques et deux lieux : 1974 en Ethiopie dans les mois de chaos politique qui précèdent la chute d’Hailé Sélassié, et 1990 à Londres au sein de la communauté éthiopienne en exil.

    L’héroïne se nomme Lilly , fille d’un père britannique et d’une mère irlandaise, parents excentriques et irresponsables qui disparaissant au Maroc la laisse à la garde d’un maître Soufi.

    Le Grand Abdal, élève l’enfant et l’instruit dans le respect des textes et des lois de l’islam.

    La vie de l’héroïne prend un nouveau tournant lorsqu'elle fait un pèlerinage à Harar, en Éthiopie, un des lieux saints du soufisme, quatrième ville de l’Islam.

    Contrainte de rester à Harar, Lilly va devoir lutter pour trouver sa place dans une société qui la rejette parce qu’étrangère, parce que blanche et parce que femme. Elle mesure le gouffre existant entre un texte d’amour ce que le Coran a toujours été pour elle et la possible « fureur de l’islam ».

    Les difficultés sont immenses, elle partage la pauvreté, et la misère des harari. Pour gagner sa vie elle enseigne le Coran aux enfants pauvres du quartier, cueille le khat, coud des coquillages sur des paniers, donne des leçons d’anglais.

    Elle tente de s’intégrer à la vie de la communauté mais la situation politique du pays va l’obliger à s’enfuir à l’heure où le destin des éthiopiens bascule pour longtemps dans le sang et l’horreur.

    Réfugiée en Angleterre auprès d’émigrés éthiopiens Lilly va tenter de reconstruire sa vie, de faire le deuil d’un pays et d’un amour.

    Camilla Gibb qui a vécue en Ethiopie, campe une Lilly toute à la fois forte et fragile, sensible, et qui laisse voir une facette de l’Islam très différente des violences de l’intégrisme.
    Le roman est peuplé de personnages hauts en couleurs, les odeurs et les couleurs de l’Ethiopie sont rendues avec bonheur; la communauté londonienne exilée est très heureusement peinte.

    Roman de l’exil, de la tolérance mais aussi de la force de la vie spirituelle et de sa beauté, ce roman mérite une place dans votre bibliothèque



    L’auteur :
    Camilla Gibb est née en Angleterre et a grandi à Toronto. Elle a fait des études universitaires en anthropologie sociale, avec un intérêt particulier pour le Moyen- Orient. Ses deux romans précédents, Détails insignifiants d’une vie sans éclat (Plon, 2004) et La Bouche pleine de mots (10/18, 2004), ont été traduits en une douzaine de langues. Camilla Gibb est la vice-présidente du PEN-Club canadien, et a reçu de nombreux prix pour son oeuvre.


  • Smokey Dalton - Kris Nelscott

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    Un livre c’est parfois trop peu, c’est toute une série que je vous propose, j’aime beaucoup les séries policières avec un héros récurrent, j’aime retrouver de livre en livre les manies, les tics, les travers de Matt Scudder, Harry Bosch.

    Si vous ne connaissez pas encore Smokey Dalton allez y, embarquez vous dans L’Amérique des années 70, les émeutes raciales, l’assassinat de Martin Luther King,
    L’Amérique où il était interdit à un noir d’aimer une blanche, où les logements étaient réservés à une communauté sans partage possible.

    C’est cette période, que Kris Nelscott nous propose à travers 5 romans traduits aux éditions de l’Aube Noire

    Laissez moi vous présenter Smokey , il est noir, il est bel homme et fait tourner les têtes, il est détective privé et il vit à blanc sur noir.gifMenphis du moins au début de ses aventures, ensuite cela se gâte car quand on a comme lui un fils adoptif de 10 ans qui a été témoin du meurtre de Luther King le climat de Menphis devient malsain et il est préférable de mettre de la distance entre le FBI et lui.

    Pour ne rien arranger il est amoureux de laura Hathaway qui n’a qu’un défaut celui d’être blanche.
    Protéger Jimmy est sa tâche principale mais il est lié à sa communauté et est partie prenante dans ses problèmes.

    D’aventure en aventure l’auteur explore la vie de la communauté noire de l’époque, Kris Nelscott dresse un tableau sans   complaisance de la société, du racisme des provocations organisées par la police. de la contestation envers la guerre du Vietnam Les débuts d’un terrorisme qui va toucher l’Amérique.

    les faiseurs d'anges.gif Dans chaque livre un thème est abordé : les gangs noirs ou blancs, la mafia de l’immobilier pour empêcher les familles noires   d’investir les quartiers blancs, les milieux politiques, le drame de l’avortement.

    Vous allez vous attacher à Smokey, Jimmy et Laura et vous ne les lâcherez plus

    Tous les livres de Kris Nelscott sont aux éditions de l'Aube Noire