Un livre minuscule et en le lisant je me disais : du Quignard tout pur avec un titre pareil !
Après la lecture de la biographie de Pascal ce petit livre s’imposait. Port Royal fascine P Quigard depuis longtemps, déjà dans les Petits traités les noms de certains solitaires apparaissent.
« Le propre de Port Royal pour moi, c’est l’invention passionnante – même si elle est difficilement concevable pour l’esprit – d’une communauté de solitaires. »
Les ruines de Port Royal parlent à P Quignard lui qui est né au Havre dans une ville bombardée et qui était un champ de ruines.
Le jansénisme l’a toujours attiré, il y revient souvent dans ses différents livres. C’est aussi l’occasion pour lui de rendre justice à Sainte Beuve qui par son Port Royal fit connaitre ces hommes qui choisirent le retirement, la solitude, l’austérité.
Pour ceux et celles qui redoutent un certain hermétisme de l’auteur, il n’est pas présent ici.
Port Royal est un fil rouge et le livre est constitué de plusieurs conférences le plus souvent musicales et littéraires données à plusieurs occasions, mais le lecteur attentif ne se perd jamais et on ressent une belle unité à la lecture des textes.
La musique baroque est omniprésente, Couperin ou Purcell ou l’inconnu Froberger ce fut l’occasion pour moi de découvrir certaines oeuvres. Il laisse voir de belles figures du jansénisme : Sacy, Jacqueline Pascal et le peintre George de la Tour sont au rendez-vous
Claude Pujade-Renaud a écrit un roman très prenant sur la période difficile qui suivit la destruction de Port Royal et qu’évoque très bien P Quignard :
« En 1711 Port Royal fut rasée sur l’ordre du roi Louis XIV en sorte qu’il « n’y restât pas pierre sur pierre ». Puis, à la fin de l’automne, alors que le froid était très vif, que la terre était couverte de neige, les tombes furent ouvertes. Les chiens affamés, les corbeaux, les corneilles, les souriceaux des champs dévoraient ce qui restait de chair sur les os des saints qui étaient morts. Ils dévorèrent Racine. Ils dévorèrent Monsieur Hamon qui avait été son maître. »
Enfin j’ai trouvé dans ce livre une citation que j’avais déjà croisée mais sans la noter hélas de Thomas a Kempis et aujourd’hui je vais la faire mienne :
« Quaesivi in omnibus requiem, et nusquam inveni nisi in angulo cum libro »
J’ai cherché partout dans ce monde le repos, un abandon, une halte, et je ne l’ai nulle part trouvée que dans un coin avec un livre ».
Un tout petit livre pour amateurs de P Quignard et de ses thèmes de prédilection.
Le livre : Sur l’idée d’une communauté de solitaires - Pascal Quignard - Editions Arléa