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Rechercher : la petite lumière

  • Je suis complètement battue- Eléonore Mercier

    jesuiscompletement.gifJe suis complètement battue - Eléonore Mercier - Editions P.0.L

    Éléonore Mercier est « écoutante » dans une organisation qui se préoccupe des violences conjugales. C'est à dire qu'elle prend les communications des femmes en état de détresse qui appellent pour pouvoir parler, être écoutées. Elle fait cela depuis plus de quinze ans. Prenant en note sur des cahiers ces entretiens, elle a eu l'idée de réunir en un recueil la première, et seulement la première phrase dite, l'entrée en matière en quelques sorte, la phrase inaugurale par laquelle va commencer l’échange, celle qui dit tout, celle sur quoi va s'appuyer le reste. Cela donne un livre sidérant. Sidérant d'abord pour le témoignage brut, immédiat qu'il constitue, sans pathos, sur un pan honteux de nos sociétés. Sidérant ensuite pour sa teneur littéraire...(l’éditeur)

    1653 façons de se livrer, 1653 aveux de personnes non coupables, 1653 appels à l’aide pour soi ou pour les autres

    « Cette première phrase dit tout » dit Eléonore Mercier et elle déroule pour nous les mots de la douleurs comme une litanie incantatoire on y entend la peur, la honte, la terreur, la violence physique celle qui se voit et celle qui se cache, le silence, la solitude, le déni, l’impuissance, la douleur, l’angoisse, l’existence détruite, le corps cassé.

    J’ai choisi de vous livrer quelques unes de ces phrases illustrées par des affiches, photos, images de toute l’Europe; ce livre est français mais les femmes battues sont de tous les pays.

    Ecoutez les, entendez leurs voix derrière les mots.

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    « J'ai honte de partout ».
    « Je voudrais partir loin »
    « Je ne peux plus tenir »
    « Je lutte, je téléphone »

    France

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    « J’ai du mal à parler j’ai reçu un coup de clé sur la mâchoire »
    « j’appelle au nom de ma soeur »
    « Je subis des violences non visibles »
    « Je crains d’avoir trop attendu "

                                                                                     Espagne

     

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    « Je connais une dame traitée comme une esclave »
    « Mon mari m’a coupé les cheveux dans la nuit »
    « Je me sens traquée »
    « Je croyais qu’il allait changé »

     

    Allemagne

     

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    « Je crois que j’ai ouvert les yeux »
    « Je suis complètement battue »
    « Je suis détruite »
    « Je pense que je suis victime de violences psychologiques ».

                                                                                     Suisse

     

    Un livre recueille la paroles des femmes et la porte quand elles ne peuvent plus le faire, lisez ce petit livre de dignité offerte.

    Faites lui une place dans votre bibliothèque

  • La Conquête de Plassans - Emile Zola

    red_sony_reader.jpgLa Conquête de Plassans - Emile Zola - Ebook
    Changement de décor et de style, après s’être vautré dans  Le Ventre de Paris, avoir fait la part belle aux couleurs, aux odeurs, aux bruits des Halles, Zola fait un retour à la province.
    Plassans, en proie aux turbulences du changement de régime politique dans   est une ville assagie mais qui a mal voté aux dernières élections. L’opposition monarchiste relève la tête, elle tient ses quartiers à la villa Rastoil, des ambitions politiques renaissent, le pouvoir impérial se doit d’y mettre un terme.
    L’homme qui va mener à bien cette mise au pas est un homme d’église, un prêtre récemment nommé. Il ne prend pas le problème de front, il va utiliser toutes les ressources de l’art de la manipulation des âmes.

    C’est par les femmes qu’il commence, par Marthe Mouret née Rougon, nous voilà au coeur de sa famille, son mari François Mouret est son cousin germain, ils ont une grand-mère en commun : Adélaïde Fouque, la folle, enfermée dans un asile d’aliénés, et on voit repointer ici le nez de l’hérédité si chère à Zola.
    François Mouret jouit à Plassans d’une retraite bien méritée, négociant qui a fait fortune dans le vin il coule des jours paisibles entouré de sa femme, d’Octave et de Serge ses fils et de Désirée " une enfant de quatorze ans, forte pour son âge, et qui avait un rire de petite fille de cinq ans. "
    C’est lui qui fait entrer le loup dans la bergerie, il décide de louer quelques pièces inoccupées de sa maison " un prêtre ce n’est pas bien gênant. Il vivra chez lui, et nous chez nous" et l’abbé Faujas " un homme grand et fort" entre chez les Mouret accompagné de sa mère, puis bientôt de sa soeur.
    La vie tranquille et bien réglée de François Mouret va bientôt voler en éclats. Son jardin dont il était si fier est peu à peu investit par l’abbé qui y lit son bréviaire. Son fils Serge se plonge dans des livres prêtés par ..l’abbé Faujas, même Rose leur bonne ne jure bientôt que par la mère et le fils Faujas.
    Quant à Marthe, la plus vulnérable, elle est littéralement captive, sous prétexte de bonnes oeuvres l’abbé a obtenu sa dévotion totale au point d’oublier enfants et mari. Elle passe désormais sa vie à la Cathédrale, Faujas va ainsi assurer une emprise sur la famille avec la bénédiction de Félicité Rougon la propre mère de Marthe.
    François Mouret devient peu à peu victime.  A table Marthe sert d'abord l'abbé elle " commençait toujours par lui, fouillait le plat, tandis que Rose, penchée au dessus d’elle, lui indiquait du doigt ce qu’elle croyait le meilleur." Des oublis, des brimades on " lui passait les assiettes fêlées, lui mettait un pied de table entre les jambes (...) posait le pain, le vin, le sel, à l’autre bout de la table. "
    François Mouret dépérit pendant que Faujas assure son influence sur la ville. La conquête de Plassans est en marche.

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    Paul Cézanne - Gardanne


    Ce n’est pas le meilleur de Zola, c’est une oeuvre de transition entre ses grands romans mais il rend à merveille toute la malignité de l’abbé Faujas, ses tours, ses mesquineries, son art de la persuasion, ses manigances pour capter les fortunes.
    Il n’a pas son pareil quand il s’agit de mettre à nu les ambitions, les haines familiales, la fausse dévotion pour montrer toutes les vilenies de la vie familiale.
    Dans la préface à l’édition en Pléiade Armand Lanoux dit " Evidemment, ce thème ne raccommode pas l’auteur avec les catholiques ! Zola a le génie de se faire des ennemis."
    Deux portraits sont esquissés ici :  Serge Mouret qui sera le personnage principal du prochain tome et Octave qui va partir faire fortune à Paris dans le négoce et avec qui j’ai rendez vous " Au bonheur des dames ".

  • Traduire la poésie

    Juste après avoir lu la biographie de Shakespeare j’ai lu la nouvelle traduction des sonnets parue chez P.O.L, dans le même temps j’ai lu chez BOL un poème de Francisco de Quevedo que j’aime particulièrement mais qui dans mon exemplaire est assez différent.....alors je vous propose une petite expérience

     

                              shakespeare,quevedoshakespeare,quevedo

     

     

     

     

     

     

     

     

    Deux exemples, chaque fois après la langue originale les deux traductions avec le nom du traducteur et l’année de la traduction.

    Les choix sont différents, il y a ou non respect total de la forme.


    Je suis frappée par la différence qui se dégage dans chaque exemple, cela confirme quel art difficile est celui de la traduction et que dire de la traduction de poèmes !

    L’original en Espagnol

    "¡Ah de la vida!"... ¿Nadie me responde?
    ¡Aquí de los antaños que he vivido!
    La Fortuna mis tiempos ha mordido;
    las Horas mi locura las esconde. 

    Jacques Ancet  2011

                          "Hé là ! la vie !" ... Personne ne m´entend ?
                           À moi, les autrefois que j´ai vécus !
                           Dans mes années, la Fortune a mordu;
                           Les Heures, ma folie leur fait écran.

     Bernard Pons  2003

    « Holà, vivants ! »....Personne qui réponde ?
    A moi jadis et antans de ma vie !
    La Fortune dans mes jours a mordu ;
    Les Heures, ma folie me les dérobe


    Et pour la langue anglaise


    Un sonnet fameux qui a fait les beaux jours du cinéma

     

    les quatre premiers vers du poème et la chute en deux vers

    Let me not to the marriage of true minds
    Admit impediments, love is not love
    Which alters when it alteration finds,
    Or bends with the remover to remove.

    If this be error and upon me proved,
    I never writ, nor no man ever loved.

    Frédéric Boyer  2010

                     non pour moi un mariage d’amour
                     ne connaît pas d’obstacle amour
                     n’est pas l’amour s’il change pour changer
                     ou suit le premier à quitter la place

                     si j’ai tord et qu’on me le prouve alors
                     jamais je n’ai écrit jamais personne n’a aimé

    Henri Thomas  1994

    Non, je n’admettrai pas d’obstacle au mariage
    Des coeurs sincères. Cet amour n’est pas l’amour,
    Qui change quand il trouve ailleurs un changement,
    Ou se détourne dès que l’autre se détourne,

    Si c’est erreur, s’il est prouvé qu’elle soit mienne,
    Je n’ai jamais écrit, nul n’a jamais aimé.

    Où vont vos préférences ?

     

    Les livres :
    Sonnets de Francisco de Quevedo - Edition bilingue José Corti  2003
    Les Furies et les peines - Editions Gallimard Poésie 2011
    Sonnets de William Shakespeare - Editions Le Temps qu’il fait  1994
    Sonnets de William Shakespeare  - Editions P.O.L 2010          

  • Requiem pour un paysan espagnol et Le Gué

    Ce livre est beau, sa présentation très soignée le rend attirant, c’est ce qui m’a conduit à ce récit.

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    Le livre est composé de deux courts romans qui se situent tous les deux à l’aube du franquisme.

    Requiem pour un paysan espagnol
    le héros est déjà mort dès le début du récit, il s’appelait Paco du moulin et son histoire est contée par Mósen Millán le prêtre du village. Le curé est en train de préparer sa messe, mais pas n’importe quelle messe, non celle qu’il va célébrer pour Paco, une messe de requiem. Le temps passe et l’église reste vide, alors Mósen Millán égrène ses souvenirs.
    On voit défiler la vie du village avec ses bagarres, ses superstitions, ses mesquineries. C’est un village où les plus pauvres vivent dans des grottes sombres, où le lavoir le carasol  est le lieu de tous les échanges.
    Paco, le curé l’aime bien, il l’a vu grandir, faire sa communion, se marier. Mais pourquoi est-il allé se fourrer dans les histoires ?  Pourquoi livrer un combat  perdu d’avance contre les puissants ? C’est un peu de sa faute au curé, car c’est lui qui éveillé la conscience de Paco.

    Et quand un jour arrivent au village " Ces garçons rasés de près et élégants comme des femmes, on les appelait, au carasol, petites bites, mais la première chose qu’ils firent fut de passer une formidable raclée au cordonnier, sans que sa neutralité lui serve à quoi que ce soit. Puis ils abattirent six paysans, dont quatre de ceux qui vivaient dans les grottes, et ils laissèrent leurs corps dans les fossés de la route qui menait au carasol."  ce jour là Paco a tenté de se battre pour un idéal, il a livré un combat  perdu d’avance contre les puissants.

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    Le gué

     

    Le Gué
    Ce second récit est lui aussi centré sur un mort, mort par trahison. Trahi par la femme qui l’aime le plus mais ce n’est pas sa femme, mais sa belle-soeur.
    Il a été arrêté et exécuté, depuis Lucie garde le silence sur sa dénonciation, mais son secret l’étouffe, remonte, revient la hanter jour et nuit. Elle voudrait parler, crier que c’est elle, que c’est sa faute. Cette culpabilité enfle comme les eaux de la rivière, la nature se tourne contre elle, la rivière et le vent murmurent les mêmes mots "Moucharde tu parleras ". Elle croit voir le mort lorsqu’une chemise s’envole du pré, la folie guette, le remords la ronge, elle veut avouer....mais " laisser ce malentendu en suspens c'était peut être guérir son angoisse à jamais."

    Deux superbes récits dans lesquels reviennent avec force les thèmes de la trahison, de la culpabilité, de la violence et des choix que les hommes ont à faire devant l’injustice ou l’oppression.
    Ici pas de grandes tirades politiques, victimes et bourreaux sont parfois tout aussi malheureux et tout aussi coupables. L’âme humaine apparaît dans toute sa complexité et sa fragilité. Ce livre a été interdit en Espagne jusque dans les années 80. L'église n'en sort pas à son avantage.
    L’écriture est fine, sobre, élégante et donne une fausse sensation de simplicité. Les personnages sont de ceux qui entrent en vous et ne vous quittent plus, personnages de tragédie qui continuent de vous habiter une fois la lecture terminée.

    Le livre : Requiem pour un paysan espagnol et Le Gué - Ramon Sender - Traduit de l’espagnol par JP Cortada et JP Ressot - Editions Attila

    L’avis d’un critique
    « Peu d’écrivains ont montré avec un tel sens du récit, de l’ellipse et du déplacement imaginaire, les horreurs de la guerre et la folie de l’homme »  Philippe Françon dans Libération

    Un autre livre de l'auteur chez Cécile et chez Kathel

    un commentaire de Colo d'Espace Instants qui apporte un complément : "je pourrais ajouter que sa femme a été tuée pendant le guerre civile. Interdit en Espagne, il s'est exilé un moment en France avec ses enfants, puis au Mexique et aux Etats-Unis. Anarchiste, puis communiste, professeur de Littérature aux États-Unis...."

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    L’auteur
    1901-1982)  Journaliste anarchiste, devenu célèbre très jeune pour ses prises de position contre les injustices, il a été marqué à vie par la guerre civile espagnole, où il a perdu sa femme et son frère, abattus par les franquistes.
    Réfugié en exil au Mexique, il n’a plus cessé d’écrire, laissant plus de 60 romans, dont seulement 10 traduits en français. La plupart transposent des épisodes de la guerre civile, en décrivant l’étrangeté et la complexité des caractères humains.
    Des romans psychologiques atypiques aux thèmes universels ; les hasards et la vérité de la vie, la sincérité des êtres, la violence des sentiments, les rêves et les illusions, les contrastes sociaux...(source l'éditeur)

  • Palmarès anarchique et détournement de Tag

    Oui oui j’ai du retard et j’en demande pardon à Mango, à voir passer toutes les listes de 15 auteurs chaque fois je me sentais un peu coupable.
    Au moment de taper ma liste d’un seul coup j’ai eu l’impression de radoter un peu :  Montaigne oui toujours en premier, Proust  ben oui évidemment et puis.........Zut je vais pas vous lister tous ces écrivains que vous connaissez et que vous aimez, que vous avez mis dans vos listes et  avoir juste l’ordre qui change .....

    Alors pour parodier Robert Frost : Deux chemins s’offraient à moi et je pris le moins emprunté en décidant de vous livrer 15 auteurs mais pas forcément les incontournables non plutôt ces auteurs qui parfois nous ont plu pour un seul livre, alors on ne les cite que rarement et pourtant leurs livres ont une place privilégiée dans mon coeur de lectrice

    Dans un ordre totalement anarchique

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    Robert Nathan : non pas celui des livres scolaires, celui du Portrait de Jenny  une petite merveille de fantastique et de romantisme mêlés, et en prime une belle adaptation de cinéma

    Lucrèce  et le  Natura rerum  parce que je n’arrive pas à décider si ce que j’aime chez Lucrèce c’est le poète ou le philosophie

    Roberto Calasso et  Les noces de Cadmos et Harmonie   parce que j’aime la mythologie et que son livre revisite tous les grands mythes de la Grèce avec un art consommé qui rend la lecture aussi passionnante qu’un roman.

     

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    Marc Fumaroli  parce qu’il parle comme personne de La Fontaine dans son livre  Le Poète et le roi  et qu’ensuite vous ne pouvez plus réciter le Corbeau et le renard sans voir l’homme derrière la fable

    Jean Henri Fabre  et ses Souvenirs entomologiques parce qu’une fois enfant j’ai ouvert un livre qui parlait de scarabée et de guêpes maçonnes et que je suis restée un peu cette enfant là

    Pietro Citati me permet de ne pas totalement éliminé Proust de ma liste (oui je triche un peu) car sa Colombe poignardée est l’essai le plus passionnant qui soit sur l’oeuvre de Proust

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    Pélerinage à Tinker Creek : mais ça vous aviez deviné que je le mettrai dans cette liste car Annie Dillard est de mes amies...en littérature

    Chasses subtiles : nous revoilà chez les insectes mais en compagnie de Ernst Jünger, je n’aime pas beaucoup le romancier mais infiniment le naturaliste

    Je saute carrément d’un genre à l’autre avec Lawrence Block le maître du roman noir et son privé est un modèle qui a servi ensuite à Connelly et bien d’autre, j’aime bien de temps en temps retourner à la source et relire la meilleure enquête de Matt Scudder  Huit millions de façons de mourir

    Patrick Leigh Fermor parce que son  Temps des offrandes  est pour moi LE chef d’oeuvre des récits de voyage et que si je ne devais garder qu’un seul livre du genre ce serait celui-là

    Adalbert Stifter et son magnifique récit d’éducation  L’arrière saison  admiré par Nietzsche et Kundera aussi je me sens en bonne compagnie

    Roger Frison-Roche parce qu’avec  Le Rapt  il m’a ouvert les grands espaces du nord, vers la nuit polaire et un monde inconnu

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    Ferdinando Camon : un nom absent des blogs et pourtant sa parabole féroce sur le monde rural  Jamais vu soleil ni lune  est un livre que l’on n'oublie pas

    Sylvie Dervin  et  Les amants de la nuit   juste un livre que j’aime particulièrement, offert par un ami, c’est mon côté fleur bleue

    Une belle histoire sur l’adolescence, l’amour et la tendresse paternelle et une touche d’humour juif   L’élu de Chaïm Potok

    Enfin pour terminer un livre qui tient une place affective particulière parce que j’en ai partagé la lecture avec mes 3 filles  L’adieu à la femme sauvage  d’ Henri Coulonges


    15 auteurs qui mériteraient un billet en bonne et due forme mais ça.... c’est une autre histoire

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    Et bien sûr j'ai dépassé les 15 minutes

     

  • Le dernier bateau - Siegfried Lenz

    Un récit qui deviendra sans doute un classique de la littérature allemande

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    Un court et beau roman de Siegfried Lenz qui m’avait marqué par sa  Leçon d’allemand  ce qui m’a fait acheter ce livre là les yeux fermés.
    Arne a douze ans et il a déjà connu le pire, la perte de sa famille, un ami de son père l’accueille chez lui, il est le chef d’un chantier de démolition dans le port de Hambourg. Arne va désormais vivre avec Hans le fils aîné de dix sept ans, Lars le plus jeune et Wiebke la soeur de Hans.
    " Ce jour-là, Arne, ce jour d'hiver, nous t'avons vu pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour toi, debout dans la neige sale devant le hangar, résigné, perdu, comme si tu t'étais égaré dans notre univers"

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    "Loin sur l'Elbe, un de ces immenses cargos porte conteneurs a demandé le passage et son signal était si grave, si puissant qu'on aurait dit que toute la terre autour du fleuve tendait l'oreille"

    Une amitié se noue immédiatement avec Hans, il est en sécurité avec lui et la chambre qu’ils partagent est un territoire quasiment magique, Arne est " figé d'étonnement, en découvrant ma chambre ; elle était aménagée comme une cabine de bateau. Les étroites couchettes avec leur planche de sécurité relevée, les fauteuils capitonnés à trois pieds pour limiter l'encombrement, les tables de bois tropical et les deux cloches de laiton ballantes : tout provenait de navires dégréés, tout avait été mis à l'abri, réparé, astiqué et transporté chez nous sous la surveillance de mon père "

    Arne s’apprivoise, curieux de tout, il apprend le finnois et les noeuds marins, il a une petit bibliothèque bien à lui, il est doué pour les langues et réussit très bien à l’école. Mais si l’amitié avec Hans est facile, il a du mal à s’intégrer hors de la maison, Lars et Wiebke sont un brin hostiles. Arne est souvent auprès de Kalluk, le gardien du chantier de démolition, originaire d'Estonie, taciturne et secret. Mais c’est la bande d’adolescents du quartier qui l’attire, en faire partie devient son rêve, il va par tous les moyens tenter de se faire accepter.
    Ses efforts seront vains et vont entraîner un drame.

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    Le récit extrêmement prenant est construit sur un lent retour en arrière, les personnages sont peu à peu dévoilés, les mots de Lenz sont d’une grande sobriété et d’une totale simplicité. Un beau récit sur l’exclusion, l’amitié, la marginalité et la solitude.
    Le port de Hambourg, les brumes de l’Elbe, l’atmosphère du chantier et son attrait, tout est rendu proche par le talent de l’auteur.
    Siegfried Lenz dans ce roman comme dans  La leçon d’allemand  sait rendre les sentiments de l’adolescence et l’intimité de la vie familiale avec une immense sensibilité.
    Ce livre a obtenu le Prix Goethe, mais récompense ou pas je vais lui faire une place dans ma bibliothèque.

    Le livre : Le dernier bateau - Siegfried Lenz - Traduit de l'allemand par Odile Demange - Editions Pavillons poche Robert Laffont

    lenz.jpegL’auteur
    Auteur d’une centaine de romans, d’essais et de pièces de théâtre, traduit en trente langues, Siegfried Lenz est devenu un auteur classique. Né en 1926 à Lick, en Mazurie, région de Prusse-Orientale qui allait devenir polonaise à la fin de la guerre.
    Il vit aujourd’hui à Hambourg. Siegfried Lenz a une notoriété comparable à celle d'Heinrich Böll ou Günter Grass.