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Rechercher : la petite lumière

  • Horace à la campagne - Xavier Patier

    Horace à la campagne - Xavier Patier - Editions les Belles Lettres

    horace campagne.gifHistoire et poésie au programme aujourd’hui Le siècle d’Auguste ....vous y êtes ? L ’assassinat de César par Brutus et ses acolytes ..et bien Horace ou en latin Quintus Horatius Flaccus était leur ami.
    Horace vous connaissez bien sûr  si je vous dis «  Carpe diem  »  ou encore « Pour vivre heureux vivons cachés » ou bien « Chassez le naturel il revient au galop  » et encore « La montagne accouche d’une souris » 
    Là vous y êtes ! c’est de lui que je veux parler aujourd’hui à travers un livre qui est une petite biographie et un exercice d’admiration.

    Notre héros est né à Venouse bourgade des Pouilles, il parlera peu de son enfance sauf brièvement dans le livre III des Odes :
    « J'étais encore enfant; jouant sur le Vultur, ce mont apulien, j'avais passé les limites de ma terre nourricière, l'Apulie, et de fatigue j'avais cédé au sommeil. Vinrent des oiseaux merveilleux, des colombes, qui me couvrirent de frais feuillage. On s'en étonna chez tous les habitants du nid d'Acherontie, des bois de Bantia, des plaines fertiles où est l'humble Forente : on admira que j'eusse pu dormir sans crainte et sans danger parmi les noires vipères et les ours ; que le saint laurier, que le myrte se fussent amoncelés sur moi, enfant hardi, et protégé des dieux. »

    Des commencements difficiles, son père est un esclave affranchi et l’esclavage à Rome (et partout d’ailleurs) est un enfer, le père sacrifie tout à l’éducation de son fils, et il ne lésine pas : études à Rome avec les meilleurs précepteurs, séjour à Athènes capitale intellectuelle de l’époque.

    Né pauvre Horace ne cachera jamais ses origines et aura toujours pour son père des mots de tendresse filiale.
    «  Dès mon enfance, mon père ne craignit pas de me transporter à Rome pour m’y faire donner l’instruction que ferait donner à ses enfants un chevalier, un sénateur. (..) Mon père lui-même gardien vigilant m’accompagnait partout chez les maîtres. (...) Il n’en mérite aujourd’hui que plus de louange et, de ma part, que plus de reconnaissance. Je ne saurais, si je ne perds le sens, rougir d’un tel père. »

    C’est à Athènes qu’Horace fait connaissance avec Brutus et ses amis et l’amitié va l’amener à la cause républicaine. Mais l’affaire tourne court, pour les fans d’histoire c’est la bataille de Philippes qui décide du sort de Brutus, et voilà notre Horace en grande difficulté :
    « Puis quand Philippes m'eut donné mon congé, que je me trouvai dépouillé de mon orgueilleux plumage, sans pénates, sans patrimoine, la misère m’enhardit, je me fis poète. » Brutus a perdu un fidèle, nous avons gagné un poète.

    Il croise le chemin de Virgile et devient son ami, Xavier Patier nous les présente bras dessus, bras dessous échangeant leurs vers.
    Devenu l’intime de Mécène homme riche et influent,  celui-ci lui procure les moyens d’écrire en lui offrant une villa et des terres : le domaine de Sabine. Mécène demeurera son protecteur toute sa vie. Une amitié qui a enrichi notre dictionnaire pour exprimer cette aide offerte à l’artiste.

    Horace publie ses premières oeuvres les « Satires » il a trente ans. Il devient célèbre, admiré, courtisé par Auguste qui voudrait en faire son secrétaire particulier, il garde sa liberté de ton, son indépendance et refusera l’offre d’Auguste. Retiré dans son domaine qu’il aime, il écrit.
    Son oeuvre se construit, après les Satires viennent les "Odes" et les "Epodes" puis les "Epîtres".

    horace.jpgDans toute son oeuvre Horace n’a cessé de chanter la campagne, le vin, l’amour de la vie et le fameux Carpe diem, les femmes. Il n’était pas beau , on le décrit petit gros et chauve, il eut pourtant un amour fou chanté dans son oeuvre : Lydie....qui le trahit... (Ode XXV).
    Horace reste un grand mélancolique comme tout épicurien qui se respecte en proie aux angoisses métaphysiques, la mort est très présente dans ses écrits.
    Il meurt à 57 ans et Auguste lui organisa des funérailles grandioses.

    Le style d’Horace, Xavier Patier le dit sobre, fonctionnel et magnifique : « Des mots courts plutôt que longs (..) et surtout un rythme. Non pas un halètement mais un écoulement, un choral de Bach. »


    Xavier Patier garde un souvenir ému de sa classe de latin et de son professeur, il en a conservé un goût pour les textes antiques et une prédilection pour Horace. Il sait nous la faire partager et nous rendre vivant ce poète mort depuis 2000 ans.
    L’essai est enlevé et même si je ne partage pas toujours les points de vue exprimés (en particulier le développement sur Horace et Jésus, très tiré par les cheveux) c’est une façon attrayante d’aborder le poète admiré de La Fontaine, de Nietsche et de beaucoup d’autres.

    J’avais lu un peu Horace il y a très longtemps et le livre de Xavier Patier m’a incité à y revenir et ce fut pour mon plus grand plaisir.......

  • La Corde - Stefan aus dem Siepen


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    Je n’ai pas lu de littérature allemande depuis quelques temps. Aujourd’hui je vous propose un roman qui a connu un vrai succès en Allemagne.

    Un roman qui m’a totalement envoûté et que j’ai lu d’une traite, il faut dire qu’il est court (150 pages).

     

    Dans un village en bordure d’une forêt profonde, à la veille des moissons, la découverte par Bernhardt d’une corde dont il n’a jamais vu la pareille. Le lendemain soumis à la curiosité du village il tente de voir d’où vient la corde mais sans succès .

    « La corde est longue ! croyez-moi ! j’ai fait un bon bout de chemin, mais je n’ai pas trouvé l’autre extrémité ».

     

    L’envie de savoir gagne peu à peu le village, oubliant les moissons les hommes décident de pénétrer dans la forêt pour en avoir le coeur net. 

    « Plus d’une douzaine d’hommes, sac plein de provisions sur l’épaule, couteau de chasse et outre d’eau en cuir à la taille,étaient rassemblés, impatients, prêts au départ, étreignant leurs femmes d’un geste distrait. »

     

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    La durée de cette incursion dans la forêt prévue pour la journée, passe à deux puis trois journées.

    Les femmes inquiètent guettent le retour des hommes à l’orée de la forêt

    « Une lune gris pâle se leva au-dessus des arbres, indifférente. Sachant pourtant que leurs maris ne reviendraient plus ce soir-là, les femmes trouvèrent réconfortant de patienter encore un petit moment ».

     

    Une communauté villageoise en proie à l’obsession, à une curiosité irrépressible qui lui fait tout oublier. Un groupe sensible à une parole habile, séductrice, véhiculée par l’instituteur Rauk qui a trouvé là le plaisir de prendre une revanche sur des paysans plus ou moins incultes. C’est un peu le joueur de flûte du conte.

    Le groupe doit trouver assez vite de quoi se nourrir et est en proie aux tentations communes à tous les hommes : rancune, colère, envie. La violence n’est pas loin. Certains vont choisir de faire demi-tour.

     

     

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    « Rauk se leva de sa place et, ce qui le fit paraitre plus chétif encore, se plaça devant le tronc épais du tilleul afin de pouvoir embrasser du regard ses compagnons assis.»

     

    Un roman très habile qui porte sur les obsessions humaines, sur « l’avidité et la folie des hommes »

    Impossible de fermer le livre, on est comme le groupe obsédé par cette corde, curieux nous aussi de la suite et inquiet que le retour à la normalité soit impossible.

    Interroger sur un parallèle avec la montée du nazisme l’auteur dit non ce n’est pas ce qu’il a voulu même si certains mécanismes à l’oeuvre dans le roman aient pu être ceux utilisés par les nazis.

    La traduction est parfaite et fait ressortir une belle langue, riche, fine, expressive, recherchée.

     

    Une belle parabole que je vous invite à découvrir.

     

     

    Le Livre : La Corde - Stefan aus dem spielen - Traduit par Jean Marie Argelès - Editions Ecriture

     

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    Stefan de la Siepen | © DTV / Bernd Schumacher

     

    L'auteur : Travaille au ministère des Affaires Etrangères. Il a été en poste à Moscou, à Shanghai. 

  • L'Enquête prussienne - Michael Gregorio

    Après la poésie un enquêteur féru de philosophie ça vous tente ? 

     

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                              Sous les auspices d'Emmanuel Kant

    Un polar original c'est bon à prendre. Parce que non content d’en référer fréquemment à Kant notre héros Hanno Stiffeniis est un magistrat qui vit en Prusse Orientale alors que celle-ci est sous la botte de la France.

    Petit cours de rattrapage, après la bataille d’Iéna le pays est occupé par les français, inutile de dire qu’ils ne sont pas les bienvenus, l’occupation s’accompagnant nécessairement d’exactions, de misère, de peur et de haine « Bonaparte avait apporté un souffle nouveau à la Prusse mais ce n’était autre que celui de la terreur » 

     

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                 Le soir d'Iéna (1806) par Jean-Baptiste-Edouard Detaille 

     

    Nous sommes à Lottingen, un crime ignoble y est commis, le massacre des trois jeunes enfants Gottewald, Hanno Stiffeniis va participer à l’enquête aux côtés d’un français, sans doute le premier criminologue de l’histoire, Serge Lavedrine.

    On est rapidement au coeur de l’action dans ce pays de forêts sombres, où il fait un froid de loup et où les chemins sont très peu sûrs.

    Vous allez me dire et Kant là-dedans ? Lavedrine et Stiffeniis sont des adeptes du philosophe grognon et ils vont mettre au service de l’enquête toute la rigueur nécessaire.

     

    L’enquête va conduire le prussien auprès des siens, en effet le père des enfants est en garnison dans la forteresse de Kamenetz « d’une laideur rebutante » occupée par des fanatiques qui veulent une revanche sur les français et qui sont prêts à tout pour y parvenir. 

    Hanno fait chou blanc, l’homme est mort avant le crime, et il découvre en rentrant que la mère des enfants a été assassinée également. Tout une famille tragiquement effacée. L’enquête s’annonce difficile d’autant plus qu’il s’avère que sa propre épouse, Helena est la dernière personne à avoir vu les victimes vivantes, elle lui avoue « je me promenais non loin des bois quand le massacre a eu lieu »

    La ville se terre, les langues vont bon train et un rituel juif est évoqué par les habitants. L’antisémitisme renait dès que l’on apprend que c’est un juif qui était propriétaire de la cabane des Gottewald.

     

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                   Un pays ou il fait un froid de loup

     

    Un livre tout à fait passionnant, nous vivons les débuts de la police scientifique,  un tant soit peu logique, raisonnée. Les deux enquêteurs en appellent à la médecine, à la tout neuve psychiatrie, consultent des archives pour comprendre les motifs de ce meurtre. 

    Bon ce ne sont pas les Experts mais pas loin ...

    J’ai aimé ce polar historique qui avance lentement et méthodiquement (merci M Kant), j’ai aimé l’atmosphère, les notables du cru étant partagés entre une collaboration de bon aloi avec l’occupant ou une réserve qui pourrait leur attirer bien des ennuis. J’ai aimé le portrait de cette ville sous la botte de l’occupant.

     

    Bref je vous recommande ce livre et je vais m’empresser de lire la première enquête d’Hanno Stiffeniis.

     

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    Le livre : L’enquête Prussienne - Michael Gregorio - Traduit par Marie Boudewyn - Editions JCLattès

  • Les douze enfants de Paris - Tim Willocks


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    Autant le dire j’attendais avec impatience de lire ce nouveau roman de Tim Willocks car je gardais un souvenir très vif de son précédent : La Religion

    Diable d’auteur qui sait choisir les périodes d’ l’histoire ! Après le siège de Malte, le voilà arrivant à Paris en pleine Saint-Barthélemy, avouez qu’il y a des périodes plus calmes que celles-là. Tout le roman se déroule sur 36 heures et les narrateurs se succèdent au gré des péripéties.

     

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      « C'est la folie qui gouverne cette ville. Une fièvre sanglante dans tous les sens du terme : née dans le sang, vécue dans le sang, pour la joie de répandre le sang. »

    La date ? 23 Août 1572, Mattias Tannhauser toujours chevalier de Malte mais maintenant homme marié avec sa bien aimée Carla de La Pénautier, vient chercher sa dulcinée à Paris où invitée pour ses talents musicaux, elle a assisté au mariage de la reine Margot et du futur Henri IV alors qu’elle est enceinte et pas loin d’accoucher.

    Autant dire qu’il arrive dans une pétaudière plus que dangereuse. 

    Soit je rentre dans les détails de l’intrigue et là on en a pour un moment, soit je choisis de garder le silence, c’est dit même sous la torture je ne parlerai pas !! 

     

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    Tim Willocks a un talent de conteur indéniable même, même quand il en fait un poil trop. C’est assez époustouflant mais parfois un peu intolérable question violence. Cet écrivain fut médecin et sa connaissance de l’anatomie rend certaines scènes plus que réalistes, il sait où planter un poignard pour faire un maximum  de dégâts. Allez si je veux être un peu critique je dirais que le livre aurait gagné à être un peu moins long de quelques dizaines de pages mais c’est une critique douce parce que globalement je me suis laissée prendre au jeu de l’intrigue et des personnages et je suis sortie de là un peu échevelée.

    Massacres, combats, chausse-trappe, embuscades, un récit où on décapite, on éventre, on empale, on a droit à toute la panoplie et....on y prend du plaisir !

    Willocks a eu la bonne idée d’ajouter des personnages secondaires qui sont parfaits, ah cette fille aux rats, ce roi des voleurs.... le petit peuple de Paris est présent et bien vivace.

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    Le décor c’est la violence et la sauvagerie des guerres de religion en France, si vous avez vu le film de Tavernier : Mademoiselle de Montpensier, vous en avez eu un bref aperçu.

    Willocks en bon psychiatre explore la folie humaine, ses ressorts, ses manifestations, l’honneur n’est plus qu’un mot creux, tout est bon pour se débarrasser d’un ennemi, d’un « hérétique » tout est permis.

    La documentation sur cette nuit de la Saint Barthélemy est impeccable car elle fait ressortir  les dernières avancées historiques sur le sujet. On voit les répercussions de l’attentat contre l’amiral de Coligny, les tergiversations du roi, le rôle de la populace.

     

     

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    Le Louvre en ce temps là

     

    On est dans un Paris qu’avait su peindre Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les descriptions des ruelles, véritables égouts à ciel ouvert, des bouges et de la crasse qui est présente jusque dans les salles du Louvre, sont saisissantes.

     

    C’est un Dumas qui a pris des leçons dans un atelier d’écriture, la Reine Margot en comparaison est un livre pour enfants.

     

     

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    Le Livre : Les douze enfants de Paris - Tim Willocks - Traduit par Benjamin Legrand - Editions Sonatine

     

  • Madame Zola - Evelyne Bloch-Dano

    C’est après une visite de la maison de Zola qu’Evelyne Bloch-Dano décida d’écrire une biographie de Madame Zola afin de nous dire comment la petite lingère devint la femme d’un des hommes les plus célèbres, les plus honnis, les plus admirés.

     

    La vie des grands hommes est rarement un long fleuve tranquille et parfois les compagnes en paient le prix, je vous laisse relire comment Sofia Tolstoï fut traitée en son temps.

     

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    Portrait de Madame Zola par Manet - Musée d'Orsay

    C’est l’histoire d’une femme qui longtemps souffrit de sa non reconnaissance. Gabrielle fut tout d’abord une grisette qui pose pour les Impressionnistes, qui fait du canotage sur les bords de Seine. 

    Sa rencontre avec Emile va totalement changer sa vie, il fut l’unique passion pour cette jeune femme peu éduquée que les Goncourt jamais en reste d’une amabilité qualifiaient de « poissarde ». 

    Elle est la muse fidèle, l’organisatrice des dîners amicaux ou mondains qui « sont 1'œuvre commune de Gabrielle et d'Émile, une sorte de fête de famille élargie, un rituel amical, même s'ils ont dès le début une portée artistique non négligeable »

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    Alexandrine 

    Elle est aux côtés de Zola quand la presse le cloue au pilori après la publication de Thérèse Raquin « longue série d'articles injurieux qui dénoncent avec une violence inouïe l'immoralité de Zola. »

    C’est un couple qui vit dans le pêché ! le mariage n’interviendra que des années plus tard, elle en profitera à ce moment là pour changer de prénom comme pour effacer une ardoise un peu lourde à porter.

    Gabrielle est devenu Alexandrine, elle est une femme respectable, « elle s'offre plus qu'une virginité : un baptême » et le mariage semble leur avoir ouvert les portes de la réussite car cette année là parait le premier roman des Rougon.

    Toute dévouée « Elle veille sur son mari comme sur un grand naïf prompt à se décourager ou à se laisser berner. »

    Ce sont les années d’intense création entre « 1871 et 1877, il publie La Fortune des Rougon, La Curée, Le Ventre de Paris, La Conquête de Plassans, La Faute de l'abbé Mouret, Son Excellence Eugène Rougon et L'Assommoir. »

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    Maison de Zola à Médan

    Le cercle des amis s’agrandit « Il se lie aussi avec Gustave Flaubert, Alphonse Daudet et Ivan Tourgueniev, et des dîners littéraires les réunissent régulièrement »

    Emile est devenu célèbre, Alexandrine participe à l’animation des soirées de Médan où se croisent Monet, Cézanne, Manet

     

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    Henri Fantin-Latour Un atelier aux Batignolles
    Paris, musée d'Orsay© photo RMN, Hervé Lewandowski

     

    Mais Alexandrine n’a pas réussi à lui donner un enfant. Le couple va connaitre une crise très violent lorsque Zola tombe amoureux de Jeanne Rouzerot et lui fait 2 enfants : Denise et Jacques

     

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    Zola, Jeanne et leurs deux enfants

     

    « voici donc Alexandrine dans le rôle ingrat de l'épouse vieillissante, frigide et trompée. »

    Cette femme bafouée ne va pourtant pas baisser les bras et « Tout au long de l'Affaire, Alexandrine sera l'alter ego de Zola, sa correspondante de guerre, son témoin numéro 1. »

     

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    Elle est là dans l’exil « le rôle de Madame Zola est tracé : elle est « la gardienne et la dévouée », chargée de représenter et défendre l'écrivain. Elle va s'y consacrer à plein temps, y puiser des forces neuves - et surtout y gagner une stature que sans l'exil, elle n'aurait jamais acquis »

     

    Une belle biographie tracée par Evelyne Bloch-Dano dont j’avais déjà apprécié le portrait de Madame Proust. Elle nous fait aimé cette femme qui eu à la fin de sa vie un geste beau et magnanime en oeuvrant pour qu’ « un décret officiel accorde à Denise et Jacques le droit de porter le nom de leur père : Émile-Zola. »

     

    Pour retrouver tous mes billets sur Zola c'est ici

     

     

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    Le livre : Madame Zola - Evelyne Bloch-Dano - Editions Grasset numérique

  • Trajectoire d'une comète : Marina Tsvetaeva

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    Il ne m’a pas fallu moins de trois livres pour rendre compte de cette femme hors du commun.
    Elle est comme bien des poètes de son temps, fille de la Révolution et fille de la répression qui s’abattit sur nombre d’entre eux.
    Insurgée dit Troyat, c’est certain, une femme, un poète qui toute sa vie refusa de se plier aux règles communes, règles politiques, règles familiales. Elle refusa le rôle de la bonne épouse, de la bonne mère.

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    Marina en 1916



    Née avant la Révolution dans un famille aisée, son parcours l’emporte vite par provocation, par choix vers l’opposition.
    Elle vit l’intolérable pauvreté au moment de la guerre de 14, une des ses filles paiera cela de sa vie. Une fois les bolcheviques au pouvoir elle refuse les diktats et ses poèmes sont refusés, censurés,  elle ne trouve aucun travail digne, obligée de mendier la nourriture, de mendier un abri à ses amis. Elle devient nomade entre Moscou et la Crimée.

     

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                                 Marina avec son mari sa fille Ariadna et son fils Mour

    Les fléaux qui s’abattent sur elle comme sur son mari, ne l’anéantissent pas, elle résiste, elle écrit, elle a la plume en main tout au long des jours. Son soutien principal pendant des années seront la poésie et les poètes, Mandelstam dont elle tombe amoureuse, Pasternak avec qui elle entretien une correspondance littéraire et amoureuse, Rilke qui forme avec Pasternak et Marina un triangle amoureux, ces lettres sont souvent évoquées dans sa poésie « lambeau de chiffon » mais surtout bonheur fou.

    Contrainte de quitter la Russie, elle prend le chemin de l’exil, l’Allemagne, Prague puis Paris. En France elle ne trouve pas auprès des immigrés le soutien qu’elle pourrait attendre, trop révolutionnaire pour eux, trop contestataire pour le régime soviétique ! Elle dit avec un humour noir « En Russie, je suis un poète sans livres, ici un poète sans lecteurs. »

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                                Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva  © Lena Levin


    La mort de Rilke, le quasi reniement de Pasternak lui seront une douleur vive dont elle ne se remettra pas. Elle est à bout et sous la pression elle fera le choix du retour en URSS, son mari a été fusillé, elle s’enfonce en Russie fuyant l’avancée des allemands pour faire finalement le choix du suicide. On trouvera près d'elle des carnets de poèmes et « pardon de n'avoir pas supporté ».

    Toute sa vie elle a été « contre », toute sa vie elle a scandalisé par ses amours tumultueuses, ses coups de foudre,  ses amours scandaleuses avec une femme, elle qui choisit d’épouser un juif !! Une vie toute de passion, toute de tension, bercée par les soubresauts de l’Histoire.

    Pour faire votre choix entre ces trois livres : le petit livre de Linda Lê est celui qui rend le mieux compte de la poésie de Marina Tsvetaeva, Celui d’Henri Troyat est une belle biographie qui rend bien le parcours familial, personnel mais où je n’ai pas perçu la passion pour la femme.
    Mon préféré et de loin est celui de Rauda Jamis conseillé par Nadejda,  que j’ai trouvé d’occasion sans difficulté. L’auteur parvient totalement à faire aimer la femme, à nous donner l’envie de lire sa poésie. Elle fait revivre à merveille cette femme exceptionnelle.

    Mandelstam disait que les oeuvres se partagent en deux groupes « celles qui sont permises et celles qui sont écrites sans permission comme on dérobe un peu d’air » c’est le cas de toutes l’oeuvre de Marina Tsvetaeva.


    Quelques vers de Marina

    Si vous saviez, passants, attirés par d’autres regards charmants que le mien
    que de feu j’ai brûlé, que de vie j’ai vécu pour rien.

             *************

    Et je dirai - console-moi,
    Mon coeur blessé se tord,
    Et je dirai - le vent est frais,
    Le ciel brûle d’étoiles.
     

            *************


    L’un est fait de pierre, l’autre d’argile,
    Et moi je m’argente, je brasille,
    Varier est mon affaire, Marina mon nom,
    Moi périssable écume de mer.

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    Les livres
    Comment ça va la vie - Linda Lê - editions Jean Michel Place 2002
    L’espérance est violente - Rauda Jamis - Nil Editions
    Marine Tsvetaeva l’éternelle insurgée - Henri Troyat - Editions Grasset