Pour votre cousine qui a tant aimé Le Lys de Brooklyn et pour tous les amateurs de bons romans
Ce roman se passe dans les années 1900 et les premières pages ne sont pas franchement drôles.
Brooklyn vers les années 1900
Annie enceinte de son premier enfant se retrouve veuve et à la rue quand Jim son mari décide de se suicider par le gaz et provoque explosion et incendie.
Prise en charge par soeur Saint-Sauveur, Annie tente de faire enterrer religieusement Jim mais la presse veille au grain et puis comme dit soeur Lucy « Dieu ne se laisse pas duper » il faut dire que si soeur Saint-Sauveur est la crème des Petites Soeurs soignantes des Pauvres Malades, pour soeur Lucy « Toute joie n’était qu’une fine couche de glace »
Pourtant le couvent se mobilise pour Annie, elle travaille à la blanchisserie du couvent dirigée par soeur Illuminata d’une main de fer et lorsque quelques mois plus tard Sally voit le jour c’est tout naturellement qu’elle grandit sous l’oeil attentif et bienveillant de la communauté.
Leen/The LIFE Picture Collection/Getty Images
Si vous pensez : voilà un gentil et mièvre roman, vous êtes à côté de la plaque, non, c’est toute la vie du quartier qui passe par la blanchisserie, les religieuses sont animées d’une foi qui peut leur faire commettre quelques entorses aux bonnes moeurs communément tolérées en ce temps là.
On sent la tendresse d’Alice McDermott pour ces femmes dures au premier contact mais dévouées et portant en elles leurs propre blessures.
C’est une belle galerie de femmes que ce roman, pas question pour l’auteur de les idéaliser car rancune, mesquinerie ou jalousie sont aussi présentes.
Brooklyn Bridge
Le roman, très vivant, est plein d’humour, de chaleur, de réalisme aussi car la vie au couvent si elle protège, ne prépare pas beaucoup à la vie et Sally après une enfance heureuse, va le découvrir parfois durement.
Alice McDermott n’est pas dans une admiration béate, elle a aussi la dent dure pour l’Eglise qu’elle n’hésite pas à moquer et critiquer.
J’ai aimé son Brooklyn miséreux, les portraits de femmes de ce roman et la touchante lumière que l’auteur projette sur ce petit peuple des oubliés. Un livre parfait pour une amoureuse de romans touchants.
Le livre : La neuvième heure - Alice McDermott - traduit par Cécile Arnaud - Editions Quai Voltaire