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Poésie - Page 22

  • Malgré les ruines et la mort - Sophia de Mello Breyner

    Malgré les ruines et la mort - Sophia de Mello Breyner - Traduit du portugais par Joaquim Vital - Editions de la Différence
    malgré les ruines et la mort.gifVoilà une anthologie magnifique de la poésie de Sophia de Mello Breyner. Son nom est peu connu en France où pourtant elle a obtenu le prestigieux prix "Max Jacob"
    L’antiquité parcours son oeuvre, son amour pour le Portugal, pour la Grèce dont elle chante la lumière et les îles. Elle dit avoir une relation privilégiée à "la mer, à la vague, à la roche, au vent, au soleil, à la lumière, au sable, à la terre, aux arbres "
    C’est une oeuvre pleine de lumière et de chaleur, d’un poète qui se met sous la protection d’Homère et de la Bible " Le plus beau poème est dans la Bible, c'est le Magnificat, parce que c'est un poème d'exultation et d'humilité et puis il marque l'alliance de l'homme avec l'Eternel"
    Certains des poèmes évoquent l’exil, le temps qui passe et la mort, le poète Pessoa " Ton chant si juste qui dédaigne les ombres" mais Sophie de Mello souhaite aussi une poésie heureuse " Je demande à la poésie aussi de la joie, elle aime les fleurs, la nuit, le rêve."


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    Poème d’amour d’Antoine et de Cléopâtre
    Par tes mains je mesurai le monde
    Et sur la balance pure de tes épaules
    Je pesai l’or du soleil et la pâleur de la lune

     

     

     

    Alors surgirent les îles lumineuses
    d’un bleu si pur et si violent
    Qu’il dépasse l’éclat du firmament
    Et en nous s’effacèrent la mémoire et le temps

     

    Santorin2.jpg

     


    Lusitanie
    Ceux qui tout droit avancent vers la mer
    Et - tel un couteau - aiguisé - en elle plongent
    La proue très noire de leurs bateaux
    Vivent de peu de pain et de clair de lune

     

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    Tableau de Mario Eloy ( Du bleu dans mes nuages)


    L’auteur
    SophiadeMelloBreynerpoetisaPortuguesa.jpgSophia de Mello Breyner est née en 1919 à Porto, dans une famille aristocratique.
    Elle a reçu le prestigieux prix Camões en 1999. Ses livres ont été traduits dans de nombreuses langues. Elle même avait traduit de nombreux auteurs en portugais, notamment Shakespeare, Dante et Paul Claudel.
    En France elle a reçu le prix Max Jacob de la poésie, prix rarement décerné à un poète de langue étrangère
    Engagée politiquement Sophia de Mello Breyner fut de tous les combats qui ont porté la démocratie au Portugal

    Lali est une passionnée de ce poète, vous trouverez chez elle les Vers de Sophia

    Un billet sur l'auteur chez Armando

  • La présence - Kathleen Raine

    La Présence - Kathleen Raine - Traduit de l’Anglais par Philippe Giraudon - Edition Verdier (édition bilingue)
    lapresence.gifUne poésie toute de spiritualité et de sagesse, Kathleen Raine a puisé largement dans les images de son enfance pour voir la beauté en toute chose.
    La plupart de ses oeuvres sont aujourd’hui indisponibles en français et c’est pourquoi ce recueil m’est particulièrement cher



    Dis que tout est illusionmerle.jpg
    Néanmoins ce néant est tout
    Cet inépuisable
    Trésor d’apparences,
    Le merle qui chante,
    La pluie qui commence à tomber,
    Les feuilles qui verdoient
    L’arc en ciel qui se montre,
    Réalité ou rêve
    Quelle différence ? J’ai vu




    Ancolies.JPGAncolies Bleues
    Brûlant d’un sombre
    Feu, mystère
    Allumé de graine en graine,
    De jardins en jardins, de printemps en printemps
    Indigo
    Ombre illuminée
    S’enflammant à midi, couleur de ciel nocturne
    Des sept rayons le plus intense
    Solennité de la cathédrale bleue splendeur
    D’entrailles, secrets ombrage,
    Embrasées dans mon dernier jardin, profonde
    Rumeur du lointain, de l’au-delà.

     

     

    Joie
    Ce matin sur le ciel clair
    Les brindilles du sycomore sans feuilles
    s’agitent doucement
    Dans l’air glacé

     

    L’auteur
    raine.jpgKathleen Raine est née en 1908 à Londres. Son autobiographie Adieu prairies heureuses, Le Royaume inconnu, La Gueule du Lion et ses poèmes (Isis errante, Sur un rivage désert, Le Premier Jour) lui ont valu, en France et à travers le monde, l’attention d’un vaste public. Son œuvre s’inscrit dans l’héritage spirituel de Blake et de Yeats, auxquels elle a consacré de nombreux essais, elle porte aussi l’empreinte de sa longue fréquentation des sages de l’Inde, Kathleen Raine donne avec La Présence une magistrale synthèse de son expérience poétique. Ce livre paru en Angleterre en 1987 est, à ce jour, son avant-dernier recueil de poèmes. (source l’éditeur)

    photos L'ancolie de chez Ballades photographiques et le merle est prêté par un ornithologue

  • J'ai un arbre dans ma pirogue - Rodney Saint-Eloi

    J’ai un arbre dans ma pirogue - Rodney Saint-Eloi - Editions Mémoire d’encrier
    Ce recueil de poèmes m’attendait sur le stand du Canada au salon du livre de Paris. La rencontre avec l’auteur fut un moment de plaisir partagé autour de la poésie.
    Ces textes et poèmes disent la souffrance de l’exil, l’amour d’une terre perdue mais célèbrent aussi la vie et l’amour.

    haiti 1.jpgPourquoi écrire ce poème, ce dit testamentaire ? Peut-être pour revisiter les bris-îles, célébrer la vie, ses excès, sa musique, marquer les périmètres de sang et de deuil,
    interpeller les dieux, les rues de l’enfance, traverser les clôtures du village.

    Peinture Mabel Alvarez

     

     

     

    Les mots disent toute la souffrance d’un peuple « nous avons compté un à un les fusils » «  la guerre a chassé le printemps » pourtant reste les couleurs de la vie et de l’amour

    haiti 3.jpg

    Légende et fleurs de l’enfance
    Jardin et sentiers ombrageux
    Coquelicot, oeillet, lys pivoine, marguerite
    recensement des leçons de choses
    tu contais les secrets de l’amaryllis aux trois trompettes
    qui balayaient les aurores
    les couleurs avaient la complicité du ciel

     

    Tableau de Vicsama

     

    haiti 2.jpg

    Nous avons gardé intacte
    la clarté des chemins fleuris
    la chaleur des manguiers
    comme le premier été du prisonnier
    Nos baisers ont effacé les étangs de sang
    ô sang qui baigne les rues de l’enfance

    Tableau de Vicsama

     

    L'auteur
    SaintEloi_3.jpg

    Né à Haïti Rodney Saint-Eloi est écrivain et éditeur.

    Il a fondé "Maison d'encrier" et habite Montréal, partage son temps entre écriture, édition et voyages.

  • Uruguay - Jules Supervielle

    Uruguay - Jules Supervielle - Editions des Equateurs
    uruguay.gifUn petit livre qui nous raconte les souvenirs d’enfance du poète et son amour pour son pays d’origine.
    J’ignorais avant cette lecture que Jules Supervielle était né en Amérique du Sud et que sa vie durant il fit l’aller retour entre la France et l’Uruguay. Son premier séjour en France est marqué par la mort de ses deux parents, il a quelques mois et sera élevé par un oncle fondateur d’une banque en Uruguay. Il fera ses études en France mais se mariera en Uruguay et y passera le temps de la guerre ne revenant en France qu’en 1946.

    Ces souvenirs sont chargés d’émotion et de poésie « Une phrase, une journée, toute la vie, n’est-ce pas la même chose pour qui est né sous les signes jumeaux du voyage et de la mort »
    Il évoque la douceur du climat « Le ciel pur ! Sentez-vous cette caresse sans vent sur vos visages ? Ce doit être l’automne uruguayen » le Montevideo de son enfance « Montevideo est belle et luisante. Les maisons peintes de couleurs claires, rose tendre, bleu tendre, vert tendre. Et le soleil monte sur les trottoirs  » il n’a pas oublié la mer si présente «  Dès qu’on lève la tête, elle vous entre dans les yeux »

     

    montevideo.JPG

    Montevideo

    La vie dans l’estancia, les chevauchées sur les pistes de la pampa « C’est dans la campagne Uruguayenne que j’eus pour la première fois l’impression de toucher les choses du monde, et de courir derrière elles ! »

     

    le rio de la plata.jpg
    Le Rio de la Plata
     

    Ils se souvient de tous les animaux qui peuplaient la campagnes, ibis, tatou, iguane « Les bêtes vivaient et mouraient devant nous » Il se souvient d’une nuée de sauterelle une année de sécheresse, des gauchos farouches et rudes au travail.
    Mais « Uruguay, je sais bien que tu n’es pas seulement ce que je viens de dire, et toujours cum grano amoris »

    La préface de Marie Laure de Folin, sa petite fille trace un portrait touchant du poète devenu grand-père que ses petits enfants appellent Julio


    En savoir plus sur le site de Jean Michel Maulpoix

  • Les coqs et les vautours - Albert-Paul Granier

    Les coqs et les vautours - Albert-Paul Granier - Editions des Equateurs
    les coqs .gifC’est après une émission de radio que j’ai eu envie de lire les poèmes d’Albert-Paul Granier, Claude Duneton a lu plusieurs des poèmes et je suis restée abasourdie que l’on ignore ce poète jusqu’à aujourd’hui.

    L’histoire que raconte Duneton est trop jolie pour ne pas vous la livrer : un petit opuscule de poésie très vieux, dont les pages ne sont pas coupées, est trouvé par un de ses amis dans un vide-grenier....Bien sûr l’ami en question l’offre sans l’avoir lu à Claude Duneton...lecture et aussitôt recherche d’un éditeur qu’il trouve aux éditions des Equateurs

    Les poèmes ont été écrits pendant la 1ère guerre mondiale par un sous-lieutenant qui ne verra jamais la publication de ses poèmes car volontaire pour l’observation aérienne des lignes ennemies, son avion est touché par un obus en 1917.
    Cet opuscule a été envoyé juste avant à l'Académie Française pour un concours, l’ Académie Française le récompensa en 1918.

    Ce petit livre est d’une modernité étonnante et d’une émotion puissante, la folie meurtrière, la souffrance, le froid, la peur, le bruit de la mitraille, tout est là dans ces quelques pages d’une beauté sombre.


    « Et puis, voici pour ceux des guerres,
    les coqs cambrés et claironnants et les vautours,
    de haine lourds, avec leurs serres
    teintes du sang des souvenirs.... »


    Tout fait poème : l’exode des populations,  les villages pilonnés, les nuits d’attente et de peur, la mort omniprésente.


    Par les chemins gluants qui viennent
    du fond des plaines,
    les gens s’en vont, comme des fous,
    comme des fous qui seraient sages
    les gens s’en vont vers n’importe où...

     

    guerre-14-18-tranchees-photos-anciennes_197631.jpg

    Par les ravins crépus, d’horreur échevelés,
    où les obus aigus mordent à crocs avides,
    des cadavres blêmis crispent leurs poings rigides
    sur le Néant obscur près d’eux agenouillé.

     

    Marne143BataillePhotoShatXL.jpg

    La mort, soûle et joyeuse, danse,
    et gambille et se déhanche,
    la mort muette se trémousse,
    et joue et jongle avec des crânes,
    Comme avec des osselets



    Rien n’est épargné, le symbole même de la paix la cathédrale agonise

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    Vengez les saints des hauts vitraux
    dont les doux gestes de lumière
    absolvaient depuis des siècles
    vengez les anges qui n’ont plus d’ailes
    et les gargouilles de plomb gris
    dissoutes parmi l’incendie.

     

    Faite une place à ce livre dans votre bibliothèque

  • Voyage poétique en chine

    Poèmes chan - Traduits du chinois par Jacques Pimpaneau - Editions Philippe Picquier

    étang 3 Céanothe.jpg

    Un petit étang - Yongjue Yuanxian ( 1578-1657) Photo Céanothe

    Par delà ma fenêtre, une moitié d’are en friche,
    J’y ai creusé la terre pou en faire un étang,
    Traversé par les nuages, il retient leur image,
    Quand la lune survient, il commence à briller,
    J’en arrose les fleurs que le printemps nous prête,
    J’y lave ma pierre à encre et un parfum se répand,
    Oui, ce n’est que de l’eau au milieu d’un étang
    Mais s’en d’égage un calme qui fait tout oublier

     

     

    amandiers-Van-Gogh.jpg
    Monüni nonne (date inconnue)
    Van Gogh amandier
     
    Tout le jour j’ai cherché le printemps sans le voir,
    J’ai chaussé mes sandales et couru la région,
    Au retour j’ai souri en sentant un prunus,
    le printemps sur la branche s’y trouvait au complet

     

     

    printemps à giverny monet.jpg
    Baofen Weizhao (1084-1128)
    Le printemps à Giverny - Monet (Merci Servanne)

     

    La pluie a lavé les pétales roses des pêchers,
    Le vent a épousseté les branches vertes des saules,
    De la blancheur des nuages sort un rocher étrange,
    De l’émeraude des eaux, la droiture de vieux arbres.

     

     


    Pour poursuivre

    vous pouvez retrouver Jacques Pimpaneau et la poésie chinoise chez Tania
    La Chine et Yang Wan Li chez Aifelle
    Van Gogh à Berne chez Souvenires et impressions