Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Roger est en Italie - Frédéric Vitoux

    Il me semble désormais que Roger est en Italie - Frédéric Vitoux - Editions Actes Sud
    rogerenitalie.gifCinéphiles passionnés du 7 ème art sans doute connaissez vous Roger Tailleur, critique dans les années 50/60 qui brutalement cessa d’occuper le devant de la scène, cessa d’écrire dans « Positif », vendit sa bibliothèque consacrée au cinéma et ...partit pour l’Italie.
    Une passion quasi obsessionnelle le tient, il veut tout voir de l’Italie « Il entreprit de l’explorer région par région, province par province. Il mettait des mois à préparer ses itinéraires. Il détestait l’imprévu… Il mit à découvrir l’Italie le même acharnement, la même inépuisable érudition, le même souci du détail, le même bonheur enfin qu’il éprouvait, critique de cinéma, à tout savoir et tout retenir de la filmographie d’Henry King ou d’Humphrey Bogart. » dit Frédéric Vitoux.
    Roger voyage exclusivement en train et en bus il « embarquait le vendredi soir, gare de Lyon par le Simplon ou le Palatino, et reprenait son travail le lundi matin après deux nuits blanches en chemin de fer »
    Une passion pour les cartes postale le prend et partout où il passe il achète des cartes qu’il commente à ses amis une fois rentré.
    En Italie Roger était un autre homme « Il cessait d’être pessimiste, imprécateur, souriant, collectionneur, maniaque, rieur, érudit ou sceptique. »

    arezzo.jpg
    une carte postale de Roger depuis Arezzo

    Ce petit livre est un exercice d’admiration, un témoignage d’amitié de Frédéric Vitoux pour son ami mort brusquement en 1985 d’une leucémie aiguë. Voilà pourquoi il parle de Roger « Parce que Roger était mon ami et que l’on a si peu d’amis dans la vie et si peu de complices ! ». Vitoux mêle ses souvenirs des années cinéma à « la silencieuse intimité trouée parfois de plaisanteries » et trace un émouvant portrait de son ami.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

    L’auteur
    Frédéric Vitoux, né le 19 août 1944 à Vitry-aux-Loges (Loiret), est un écrivain français s'étant notamment illustré dans les domaines du roman, de la biographie, et la critique littéraire et cinématographique.Il est le fils de Pierre Vitoux journaliste à Je suis partout condamné à la Libération pour intelligence avec l'ennemi Il a été élu à l'Académie française le 13 décembre 2001, au fauteuil 15, succédant à Jacques Laurent. Il est reçu le 27 mars 2003 par Michel Déon.(Wikipédia)

    Pour aller plus loin
    vivre le cinéma.gif

    Les articles de Roger Tailleur dans « Positif  » sont considéré comme des modèles du genre

    Michel Ciment a en publié un recueil chez Actes Sud

  • Marcher une phisosophie - Frédéric Gros

    Marcher, une philosophie - Frédéric Gros - Editions Carnets Nord
    marcher.jpgDes « Balades » de Thoreau, à « L’éloge de la marche » de David Le Breton en passant par « Bâton de randonnée » d’Yves Leclair, ma bibliothèque de «marche » est déjà bien étoffée, mais je n’ai pas hésité longtemps avant d’ajouter le livre de Frédéric Gros sur mes étagères.
    Ici pas de récit personnel, pas de conseils aux marcheurs, pas d’itinéraires secrets, mais plutôt une réflexion, une méditation sur l’art de la marche. Frédéric Gros interroge les marcheurs invétérés, ceux dont l’oeuvre ou l’action porte le sceau du marcheur. De Rimbaud à Nietzsche en passant par Ghandi, sans oublier Kant ou Thoreau.

    Se balader, marcher, flâner, des activités qui prédisposent à penser et méditer au coeur de la nature, loin des soucis quotidiens.
    Nietzsche est le premier accompagnateur de cette marche, chez lui pas de mièvrerie, on va d’un bon pas de Sils-Maria à Rapallo, hiver ou été, mer ou montagne "Nietzsche marche, il marche comme on travaille, il travaille en marchant" les livres de Nietzsche portent la marque de ce grand dehors que l’auteur nous décrit avec infiniment de poésie  "le charme d'un lacet de chemin au milieu des collines, la beauté des champs de vigne en automne, comme des écharpes de pourpre et d'or, l'éclat argenté des feuilles d'olivier sur un ciel définitif l'été, l'immensité de glaciers parfaitement découpés".

     

    near_sils_maria_8718.jpg

    Aux environ de Sils Maria

    Pas question ici de records, de vitesse car « les journées à marcher lentement sont très longues : elles font vivre plus longtemps, parce qu’on a laissé respirer, s’approfondir chaque heure, chaque minute, chaque seconde, au lieu de les remplir en forçant les jointures »

    Mais la marche peut être fuite comme celle de " L’homme aux semelles de vent" qui de Charleville à Aden arpente le monde, chez Rimbaud la marche est l’expression de la colère, l’envie d’ailleurs, qui fait dire à Frédéric Gros " Cette joie profonde, toujours, qu’on a en marchant, de laisser derrière soir. Pas question de revenir quand on marche.(...) On sait toujours pourquoi on marche. Pour avancer, partir, rejoindre, repartir"
    Et pour le dire comme Rimbaud  "Allons, la route !"

    Marchons aussi avec Rousseau qui, comme Nietzsche, dit ne pouvoir penser qu’en marchant et en éprouver une grande joie "Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose dire ainsi, que dans les voyages que j’ai faits seul et à pied "
    Se promener est-ce marcher ? bien sûr nous dit l’auteur pour qui "Le secret de la promenade, c’est bien cette disponibilité d’esprit, si rare dans nos existences affairées" et nous engage à relire les pages où Proust évoque ses promenades " Du côté de Guermantes ou de Méséglise "
    Nous croisons au détour d’un chemins, Wordsworth, poète  de la nature, car "marcher fait venir naturellement aux lèvres une poésie répétitive, spontanée , des mots simples comme le bruit des pas sur le chemin"

     

    lake-district.jpg

    Paysage cher à Wordsworth

    la liste des marcheurs mais vous laisse au plaisir de faire un bout de chemin avec eux, en attendant je fais mon sac, prends mon bâton

    Ce livre plein de poésie et de grand vent, donne envie de boucler son sac. Je ne peux en épuiser ici tout le charme ni la liste d'autres marcheurs mais je vous laisse le plaisir de faire un bout de chemin avec eux.

    L'auteur

    frederic-gros.jpgFrédéric Gros est professeur de philosophie à l’université Paris-XII. Il a travaillé sur l’histoire de la psychiatrie (Création et folie, P.U.F.), la philosophie de la peine (Et ce sera justice, Odile Jacob) et la pensée occidentale de la guerre (Etats de violence, Gallimard). Il a édité les derniers cours de Foucault au Collège de France.(Source l'éditeur)

     

  • Une vie - Guy de Maupassant

    une vie.jpgUne vie - Guy de Maupassant - lu par Anny Duperey - Editions Naïve
    Un rapide résumé du roman de Maupassant : Jeanne, jeune fille issue de la petite aristocratie normande, ses années de couvent l’ont préparé à son rôle mais certainement pas à la « vie »
    Son mariage très rapide avec Julien aristocrate désargenté et très peu fidèle, va la mener par étapes de désillusions en désillusions.
    La condition féminine de l’époque, avec ses préjugés et ses contraintes, est particulièrement bien rendue et Anny Duperey sert parfaitement cette peinture noire et lucide.

    Ce roman de Guy de Maupassant a été publié en feuilleton en 1883, pourquoi ne pas retrouver le côté feuilletonesque en écoutant ce roman par chapitres.
    J’ai pris un grand plaisir à cette écoute et si vous partez en vacances en Normandie pourquoi ne pas l’écouter sur les lieux même ?

    fecamp.jpg

    Les environs de Fécamp ( photo Aifelle)

    Vous pouvez gratuitement écouter l'oeuvre de Maupassant sur votre ordinateur sur le site  Guy de Maupassant

    Pour les amateurs de Maupassant rendez vous sur le site Maupassantiana

  • Printemps éternel - Yvan Bounine

    Printemps éternel - Yvan Bounine - Traduit par Claire Hauchard - Edition bilingue - Editions du Rocher
    printemps éternel.gifYvan Bounine exilé en France en 1920, écrit ce petit récit en 1923. c’est une nouvelle un peu longue emplie de nostalgie, d’amour pour la Russie de son enfance, la Russie qui n’existe plus au moment où Bounine écrit.

    Le domaine de sa famille à Voronej était sans doute assez proche de la description qu’il fait dans ce livre.
    Le narrateur quitte Moscou car la ville s’enlaidit « que de maisons démolies, de chaussées défoncées », il prend le train pour aller voir un ami à la campagne, contraint de passer une nuit à la belle étoile

    « au loin dans le ciel, le croissant voilé de la lune. commençait à descendre derrière les contours noirs de la forêt. Il finit par disparaître, et à l’endroit qu’il venait de quitter tressaillit la fulgurance d’un éclair chaleur. ».

    Le domaine de son ami est magnifique et le narrateur retrouve le plaisir de vivre au plus près de la nature

    « les forêts de conifères dominent, sombres et sonores.(..) les aiguilles chauffées à blanc durant le jour mêlent leurs essences balsamiques aux moiteurs épicées qui montent des bas-fonds marécageux et de la rivière encaissée dont les méandres secrets se recouvrent le soir de vapeur froide. »

    levitan01x.jpg
    Paysage de la campagne russe - Isaac Levitan

    Le domaine a échappé au pillage et le narrateur le parcours à son gré, la demeure tient du palais italien « je regardais les plafonds rutilants de dorures et de blason » il admire les objets, les tableaux et les livres dans une bibliothèque où « scintillent les tranches vieil or de livres innombrables ». Une visite à l’église vient renforcer la nostalgie « j’avais l’impression d’être orphelin d’un monde perdu »


    J’ai aimé ce petit texte empreint de poésie, d’une grande mélancolie mais aussi de colère, le narrateur qui là n’est autre que Bounine dit « je suis évidemment un miraculé, un condamné jeté comme des milliers d’autres dans la fosse puante de l’Histoire ».


    Ce récit n’a pas la force de La vie dArseniev mais la prose, admirée par Nabokov, est de la même qualité.


    L'auteur

    180px-Bunin.jpgYvan Bounine né en Russie en 1870, exilé en France dès 1920 il obtient Le prix Nobel de littérature en 1933,

    il est mort en France en 1953