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  • Journal de l'année du désastre - Kressmann Taylor

    Mon dernier rattrapage au un parfum d'Italie

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    Un dernier rattrapage, celui-là appartient au genre  jamais traduit.
    Dieu sait que l’auteur est aujourd’hui célèbre après la publication de Inconnu à cette adresse, mais saviez-vous que Kressman Taylor a vécu à Florence et qu’elle y était présente la première semaine de novembre 1966, l’année du désastre ?

    Selon votre âge c’est un événement dont vous avez vaguement entendu parlé ou alors comme moi, vous gardez un souvenir précis des images de Florence sous les eaux dans la presse et à la télévision.
    En novembre 1966 l’Arno sortit de son lit et plus encore ! Florence fut submergée en quelques heures, des habitants perdirent la vie, bon nombre de florentins perdirent tout leurs biens, musées, églises, palais, bibliothèques, tout se retrouva sous les eaux.
    C’est cet épisode que retrace le livre de K Taylor. Elle le fait avec un luxe de précisions que lui permet sa situation privilégiée, hôte de la pensione Consigli et elle a une chambre avec vue sur l’Arno.

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    Le 3 novembre au soir rien ne laisse présager du désastre imminent
    « Six heures du soir à Florence. Une foule d’imperméables regagne ses pénates par les ruelles étroites du centre ville. »
    Mais le lendemain matin la chanson a changé de registre :
    « Ma première vision est un ciel noir de suie et toujours ces trombes d’eau. L’instant d’après je contemple la rivière bouche bée »
    Et oui l’Arno est devenu un fleuve furieux, un torrent qui crache des flots de boue, de déchets, de mazout, d’objets
    « Un fauteuil voguant paisiblement, calme et droit  » et le flot s’accentue toujours plus au cours des heures «  Dans un enchevêtrement de branches vertes passe une vache rouge et blanc »
    C’est l’horreur pour cette ville qui est un joyau, la ville « la plus rare, la plus intime »  l’eau déferle à 60 km/heure , les habitants sauvent ce qu’ils peuvent, à la pensione Consigli tout le monde monte d’un étage et K Taylor s’endort écoutant « dans un demi-sommeil le grondement de l’Arno »

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    Le lendemain c’est un sentiment de désolation qui l’emporte, les ponts endommagés ou emportés, les boutiques dévastées « Le coeur de la belle Florence n’est plus qu’une morne décharge. »
    K Taylor, amoureuse de l’Italie, de Florence va faire le récit des jours suivants, ceux du bilan terrible pour la ville et toute la région, des jours où la ville est coupée du monde, ceux ou les florentins vont devoir avec dignité et courage, faire face au désastre :  6 000 familles sans abri, 6 000 boutiques balayées, 1 300 oeuvres abîmées ou perdues.
    Elle va assister à des scènes de désespoir mais aussi de solidarité, voir la vie reprendre le dessus envers et contre tout.

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    Paru quelques mois après l’inondation en anglais, c’est une excellent chose que les éditions autrement choisissent de traduire et éditer ce livre car le récit est très vivant, toujours plein d’empathie pour la population et son courage extraordinaire. Les anecdotes sont parfois drôles, parfois émouvantes et l’on est aux premières loges. Amoureux de l’Italie ajoutez ce livre à votre bibliothèque.

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    Le livre : Journal de l’année du désastre -Kathrine Kressmann Taylor - Traduit par Olivier Philipponnat- Editions Autrement 2012

  • Monteriano - E.M. Forster

    Rattrapage aux couleurs de la Toscane

     

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    Si je vous dis Chambre avec vue ou bien La Route des Indes ou encore Retour à Howards End, vous me direz E.M Forster mais si je vous dis Monteriano là je vous sens hésiter. Pas étonnant le livre n’était plus disponible depuis longtemps. 

    C’est donc bien à un rattrapage que je vous convie et un rattrapage que vous ne regretterez pas.

     

    Au gré des trains, des télégrammes, des lettres, nous allons faire quelques allers retours entre la verte Angleterre et la Toscane toute brûlée de soleil.

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          Des bagages et encore des bagages

     

    Le départ 

    Lilia Herriton est une charmante veuve un peu inconséquente un peu tête folle, un rien vulgaire, sa belle famille ne la tient pas du tout en haute estime. Aussi quelle joie quand elle saute sur la proposition de Philippe, son beau-frère, de partir en voyage avec comme il se doit un chaperon en la personne de Miss Abott.

    Il lui vante les merveilles qu’elle va admirer « Le campanile d’Airolo qui bondirait vers elle au débouché du Saint-Gothard », il est fier de lui le beau-frère car  « Le plus étrange, c’est qu’elle a saisi mon idée au vol » dit-il. La famille chante victoire.

    Lilia est sous la garde attentive de Caroline Abott, jeune femme réservée et raisonnable, aussi Philippe peut faire des recommandations à Lilia

    « Et surtout, je vous en supplie, laissez aux touristes cet affreux préjugé que l'Italie est un musée d'antiquités et d'œuvres d'art. Aimez les Italiens, comprenez-les : car les gens, là-bas, sont plus merveilleux que leur terre. » et il lui vante en particulier Monteriano dont il garde un souvenir enchanteur.

     

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    San Geminiano ou Monteriano c'est tout un

     

    L’Italie

     Lilia a pris les paroles de Philippe au mot, et bientôt par un télégramme, Caroline Abott annonce le prochain mariage de Lilia avec Gino un bel et jeune (trop jeune)  italien, mais un italien totalement désargenté.

    Scandale, cris d’horreur de Mme Herriton qui va immédiatement envoyer Philippe Herriton en ambassade pour ramener Lilia à la raison et lui faire retrouver le droit chemin.

    Trop tard quand Philippe arrive le pire est arrivé, Lilia est mariée. 

     

    J’arrête là car je vous laisse découvrir la suite du récit qui va aller de rebondissement en rebondissement et prendre des allures de tragédie grecque. 

    D’ailleurs à ce propos attention, certains critiques révèlent tout de façon totalement méprisante pour le lecteur qui est privé ainsi de la joie de la découverte et la préface elle-même en dit trop.

     

    Je vais donc choisir mes mots pour vous donner l’envie de découvrir ce roman. Tout d’abord c’est une écriture totalement au service des idées de E.M Forster, il rend parfaitement le côté guindé, prisonnier des convenances de Philippe Herriton par exemple. Il sait à la perfection lui opposer la couleur, la chaleur et la beauté de la Toscane ( derrière Monteriano vous reconnaitrez San Geminiano). 

     

     

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    N'oubliez pas votre Baedeker

     

    Il défend avec conviction l’idée que hommes et femmes ont le droit et le devoir d’échapper au poids de la société, aux préjugés mesquins et ridicules.

    Par petites touches il brosse un tableau très fin et parfois très noir, de deux cultures qui ici s’opposent, un peu comme Henry James le fait dans son roman Les Ambassadeurs. La froide Angleterre face à la somptueuse Toscane !

    Amoureux de l’Italie ce roman est pour vous, faites lui une place dans votre bibliothèque

     

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    Le Livre : Monteriano - E.M. Forster - Traduit par Charles Mauron - Editions le Bruit du Temps

  • La Grande course de Flanagan - Tom McNab

    Session de rattrapage : A vos marques .....

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    Dans les années vingt la crise économique jeta sur les routes des milliers de personnes, route de l’émigration pour certains, route de la misère pour d’autres. 

    Certains pour survivre choisir de courir, courir pendant 3000 miles !!! de Los Angeles à New-York. Ils furent 2000 à se précipiter sur la ligne départ. Cette course appelée le Bunion Derby eu lieu en 1928. 

    Tom McNab la rebaptisa la Trans-América et en fit un roman passionnant, publié en France en 1982, introuvable depuis longtemps,  mais miracle des rééditions il est de nouveau disponible, alors je vous offre une session de rattrapage.

     

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    Courir pour survivre © Walt Disney pictures 

     

    Le 21 mars 1931 Douglas Fairbanks posa donc son arc et ses flèches de Robin des bois et donna le départ de la course. Les coureurs allaient devoir courir 80 km par jour et ça pendant 3 mois. 

    Charles C Flanagan a tout prévu, les étapes sponsorisées, un règlement draconien : Chaque étape doit se faire dans un temps maximum, interdit d’aider un concurrent en le portant par exemple, mais chaque étape donne lieu à des primes (on se coirait sur le Tour de France). Des tentes sont montées pour abriter les coureurs à l’étape, et Flanagan fournit même des chaperons pour les dames engagées dans la course.

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                                 Le Bunion Derby en 1928

     

    Il est temps de faire connaissance avec quelques coureurs :

    Doc Cole, marathonien averti, le seul professionnel de la course à pieds, le chéri du public qui le connaît bien, un écossais Hugh McPhail, un coureur aussi mais de sprint et cette Tans-América ne ressemble pas aux courses dont il a l’habitude, Mike Morgan plus habitué à faire le coup de poing comme gréviste et à combattre à mains nues pour gagner sa vie.

    Il nous fallait un anglais c’est Peter Turleigh un tout petit peu snob il est suivi par son valet, Juan Martinez lui court pour faire vivre son village là-bas au Mexique et enfin la reine de la course Kate Shéridan qui s’est alignée car elle était persuadée que ça ne pouvait pas être plus dur que de danser 3 fois par jour dans un club de danse. Il y a même une équipe allemande composée de petits jeunes qui se font appeler Jeunesses Hitlériennes.

     

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    Courir dans le désert

     

    Voilà le départ a été donné et McNab nous convie à être des supporters attentifs, des soigneurs zélés car il va falloir traverser le désert Mojave, franchir les Rocheuses , passer des fleuves en crue. Mais ce n’est pas tout car des péripéties multiples attendent les coureurs au long du parcours : mineurs en grève qui refusent le passage, sabotage de la

    mafia. 

     

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    Faire face à une grève

    Alors des liens se créent entre les coureurs, des équipes se constituent. 

    Pour gagné ce pari fou il ne suffit pas de faire preuve de courage, d’endurance, de se dépasser, il faut aussi accepter de l’aide, faire preuve de solidarité et surtout écouter les conseils bienveillants de Doc Cole le vétéran, avoir la hargne de gagner de Mike Morgan le syndicaliste et la capacité à prendre des coups d’Hugh l’écossais.

     

    Je vous avertis McNab est redoutable dans l’art du récit, ses personnages sont superbes, bien campés, il en fait des héros inoubliables. Il parsème le récit de temps forts et parfois très drôles : les jeux highlandais ou le relais hommes contre cheval sont des très bons moments du roman.

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                                         Franchir les Rocheuses

     

    Tout était bon pour survivre, aux Etats-Unis c’était le temps des marathons de la danse, Horace McCoy en a fait un livre fort et Sidney Pollack le transforma en un magnifique film. C’était le temps des luttes pour la dignité incarnées dans Les Raisins de la colère. 

    La Grande course de Flanagan c’est la version optimiste des Raisins de la colère, le versant heureux d’ On achève bien les chevaux , n’hésitez pas faites lui une place dans votre sac des vacances.

     

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    Un billet sur le chef d'oeuvre d'Horace McCoy chez In Cold Blog

     

    Le livre : La grande course de Flanagan - Tom McNab - Editions Autrement 2012

  • Le Vent dans les saules - Kenneth Grahame

    Session de rattrapage, retour en enfance

     

     

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    Lectrice assidue d’Alberto Manguel qui le vante avec une belle énergie, j’avais depuis longtemps envie de lire Le vent dans les saules.
    Ce classique d’outre-manche de Kenneth Grahame nécessitait bien une petite session de rattrapage.

    Quatre amis et un coin de campagne anglaise où court une rivière il n’en faut pas plus pour se retrouver précipité dans un monde délicieux

    « Mr Taupe avait travaillé très dur toute la matinée pour le grand nettoyage de printemps de son petit logis. » 

    Il décide de partir à la découverte, c’était magnifique il « déambulait dans les prés, le long des haies, à travers les bosquets, découvrait partout des oiseaux nichant, des fleurs à peine écloses. »

     

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                                      Aujourd'hui encore c'est tentant la Tamise 

     

    Et c’est ainsi qu’il fait la connaissance de Mr Rat qui est l’heureux possesseur d’un bateau, et qui va lui faire découvrir la rivière. 

    Regardant une traînée de bulles d’air sur l’eau, il fait connaissance avec Loutre. Et c’est le temps de l’amitié, des pique-niques au bord de l’eau, des balades dans le mystérieux Bois sauvage. 

    Une équipée hivernale lui permettra de connaître Blaireau.

     

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    Mais l’amitié pousse parfois à la prise de risques. Crapaud leur propose de se  joindre à lui dans sa roulotte aménagée pour parcourir le monde  à eux « La grand route, la chaussée poudreuse, la lande, les haies, les prés communaux, les collines onduleuses, les campements, les villages, les villes, les cités !  »

    Oui mais voilà Crapaud n’est pas un ami très fiable, c’est un être fantasque, égoïste, pris de lubies soudaines et disons le, c’est un vantard et un paresseux. 

     

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    Brrrr nos amis aiment mieux une vie plus rangée car ils sont « Quatre Mousquetaires pantouflards lancés bien imprudemment sur les routes du vaste monde » nous dit Alberto Manguel. Mais c’est sans compter sur la folie des grandeurs de Crapaud qui un jour achète une automobile...............

     

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    Je vous laisse découvrir la suite des aventures de nos quatre amis. Lire ces péripéties pleines de fantaisie, loufoques et elles nous mettent de bonne humeur.

    Certes tout cela est empreint d’une morale très sage mais après tout, de temps à autre, les bons sentiments sont un charmant dérivatif.

    Un livre pour tous, grands et petits, il suffit d’accepter de repartir au pays de l’enfance.

    Le Vent dans les saules est une lecture succulente,  récit anglais jusqu’au bout des ongles et pourtant parfaitement universel et intemporel comme Alice, Peter Pan ou les contes de Grimm , un classique tel que l’entendait Italo Calvino ou plus simplement un « livre magique » comme l’affirme Alberto Manguel dans sa préface.

     

    Le Livre : le vent dans les saules - Kenneth Grahame - Traduit par Gérard Joulié - Editions Phébus

     

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    Vous pouvez préférer la version BD de Michel Plessix en 4 tomes chez Delcourt très réussie à mon goût 

  • La Princesse de Montpensier - Madame de Lafayette

     Session de rattrapage : un classique jamais lu

     

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       Pour moi elle a désormais ce visage

     

    Elle l’aime, on la marie à un autre qu’elle n’aime pas, elle le revoit, elle tombe dans ses bras, son mari l’apprend. 

    Dit comme ça c’est une intrigue bien banale oui mais........

    Je vous la refait en y mettant un peu plus de forme : Mlle de Mezières est amoureuse du duc de Guise mais sa famille la marie contre son gré au jeune prince de Montpensier.

    Les guerres de religion battent leur plein et son époux est reparti, elle n’a plus que le comte de Chabanne pour toute compagnie. Il parfait son éducation, elle devient son amie, il tombe amoureux et devient son confident. 

     

    Elle va revoir le duc de Guise, faire la conquête du duc d’Anjou le futur roi et s’initier aux plaisirs de la cour.

    Tout y est : la jalousie féroce, les affres de la passion, la trahison,  l’inconstance de l’amour, avec en filigrane le sang et la fureur des combats.

    Une histoire courte car Mme de Lafayette a le verbe retenu, l’art de l’ellipse et est capable de faire tenir une passion en quelques mots.  C’est un récit très très agréable à écouter et la voix de Noëlle Rech est parfaite.

    J'ai beaucoup aimé le film de Tavernier mais je n'avais jamais lu cette longue nouvelle et donc une session de rattrapage s'imposait.

    J'avais le choix, lire ce récit  dans la version livre de poche ou choisir la version audio.  

     

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    Le livre audio : La Princesse de Montpensier - Madame de Lafayette - Editions Brumes de Mars