A la rentrée je me suis régalée avec le roman d’Andreï Makine, c’était malgré de dures péripéties, un roman chaleureux avec un arrière fond d’espérance. Avec Remizov vous pouvez ranger toute espérance au placard.
Cabanes dans l'immensité Russe
La nature sauvage des fins fonds de la Russie est la toile de fond de ce récit, la taïga, la forêt habitée par les ours, elle est habitée cette nature par des hommes et des femmes qui lui sont pour certains viscéralement attachés. Bon on est pas dans la nature genre petits oiseaux et petites fleurs, non là c’est la pêche au saumon pour les oeufs, c’est la chasse à la zibeline seul moyen de gagner décemment sa vie, ajouter par là-dessus des litres et des litres de vodka et vous aurez l’ambiance.
« Dans la taïga court la libre zibeline. On la chasse, pour sa fourrure, pour l’argent qu’on en retire. On lui tend des pièges. Et tandis qu'il en suit la trace à travers la sauvage taïga, le fusil à l'épaule, l’homme ne cesse de crier sa puissance et sa liberté »
Pour gagner péniblement sa vie tout le monde se livre au marché noir, le trafic organisé avec la complaisance des autorités. Qui rêve d’une datcha au bord de la mer noire, qui espère remplir son congélateur d’oeufs précieux. Et il y a de quoi trafiquer car le terrain est vaste, chacun a sa cabane de chasse où il oublie les contraintes, les règles et se gave de solitude.
L'ïle de Rybatchi
Oui mais voilà un jour un accident, trois fois rien, va mettre le feu aux poudres à cette presqu’île de Rybatchi. La police locale va se mettre à jouer sérieusement, les petits dicateurs locaux se prennent au jeu et d’un seul coup s’organise une chasse à l’homme.
Stepane Kobiakov, chasseur redouté ridiculise la milice locale qui va alors se déchainer, on fait appel à un corps d’élite et les choses se gâtent. En arrière fond sonore si vous tendez l’oreille vous entendrez le chant des partisans : Volia Volnaïa.
Un roman où le dépaysement est garanti, où vous vous direz « ben elle est vraiment pourrie la Russie de Poutine », lâcheté et courage mais aussi corruption et brigandage sont au programme.
J’ai aimé les personnages : Oncle Sacha, Stepane mais surtout Balabane capable de fredonner le Requiem de Mozart lui dont la « voix s’épanouissait, l’immensité de la vie se déployait devant ses auditeurs »
« Sa force et sa magie ne tiennent pas à la présence d'arbres gigantesques ni à la profondeur de son silence sépulcral, mais au fait que seuls les oiseaux migrateurs en connaissent les limites. » Anton Tchekhov
Le livre : Volia Volnaïa - Victor Remizov - Traduit par Luba Jurgenson - Editions Belfond