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Rechercher : la petite lumière

  • Le Coiffeur de Chateaubriand - Adrien Goetz

    Un deuxième conte drôlatique où il est question de cheveux ...

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    Une petite avancée dans le temps, après le siècle des lumières voici les débuts du romantisme.

    Vous avez tous admiré ce portrait de Chateaubriand par Girodet, c’est le tout début du siècle, Chateaubriand connaît la gloire littéraire.

     

     

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                                           Chateaubriand méditant sur les ruines de Rome - A L Girod

     

    C’est un homme magnifique et ce qu’on l’on sait moins c’est qu’il a en la personne d’Adolphe Pâques, un coiffeur à sa dévotion « Pendant les huit ans où j’ai été « Adolphe Pâque coiffeur de Chateaubriand » je n’ai pas jeté un seul de ses cheveux »


    Le Vicomte avait le cheveu hirsute ? il lui fait une coiffure romantique « Je laissais après moins d’une heure, un génie à l’oeil vif, au teint frais, coiffé à la diable, les mèches souples (...) Avec moi François-René renaissait  » 
     

    Ce n’est pas un coiffeur comme les autres, instruit, élégant et épris de littérature il accompagne ses coups de ciseaux de la lecture des oeuvres du grand écrivain et il arrive même l’impensable : le génie teste sur lui les premières phrases des Mémoires d’Outre-Tombe. Il n’est pas un simple barbier il se sent pousser des ailes il se sent aussi « celui qui lisait à haute voix les pages de M. de Chateaubriand. Celui qui aurait voulu aller aux Amériques, à Jérusalem et aux Indes, celui qui aurait aimé écrire. »

     

    Mais à trop fréquenter les grands de ce monde, il arrive que l’on se brûle les ailes. Lorsque François-René fait venir auprès de lui Sophie une jeune fille originaire des îles lointaines, Adolphe qui n’avait pas jusqu’ici la fibre libertine, tombe irrémédiablement amoureux.

    Deux hommes pour une seule femme, Adolphe part perdant, il se croyait l’ami de l’écrivain, il l’admirait et le voilà floué, mais pas totalement car il tient sa revanche.Je suis certaine que pas plus que moi vous ne saviez que les Mémoires d’Outre-tombe ont failli de jamais voir le jour à cause d’un coiffeur ! et pourtant ............

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    chez le barbier

    Je ne trahirai pas Adolphe Pâques en vous révélant le fin mot de l’histoire. Je vous dirais simplement que je me suis amusée à cette historiette (au sens de Tallemant des Réaux). Elle est contée avec finesse et spiritualité par Adrien Goetz qui fait oeuvre de fiction mais sans jamais trahir la vérité, car croyez le ou non mais Adolphe Pâques a bel et bien existé, il a pendant 5 ans collecté les cheveux de Chateaubriand et si vous regardez bien, la prochaine fois que vous admirerez la chambre du grand homme au musée Carnavalet, vous apercevrez un tableau fait avec ces cheveux là !!

     

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     lithographie de  Mantoux et Cheyère,

    1825 (Musée Carnavalet, Paris). 

    L’auteur s’amuse et nous amuse, c’est très réussi, un mixte savant entre l’érudition et fantaisie . Il fait au passage un joli tableau des moeurs du temps de ce début de siècle. 

     

    Le livre : Le Coiffeur de Chateaubriand - Adrien Goetz - Editions Le livre de poche 

  • Maison des autres - Silvio d'Arzo

    maisonautres.gifMaison des autres - Silvio d’Arzo - Traduit de l’italien par Bernard Simeone - Editions Verdier (1980)
    Montelice, un village perdu des apennins, tout juste un village d’ailleurs «sept maisons adossées et rien d'autre» le curé est là depuis trente ans, c’est lui qui raconte.
    Il raconte la vie du village, des gens qui sont là depuis toujours, qui vivent au rythme des saisons, accomplissant des tâches dures avec des gestes vieux de mille ans. Les hommes rentrent des pâturages à la lumière des lanternes le soir, le climat est rude et le curé a déjà vu trente noëls ici, sous la neige. La misère est le lot commun, le prêtre s’inquiète  « j'ai vraiment peur de ne plus pouvoir être utile à grand-chose dans un cas de ce genre. Tout cela est pour moi une autre langue...Fêtes, saintes huiles, un mariage sans façon, voilà désormais mon lot.»
    Le curé s’interroge car une femme, nouvelle dans ce village, l’intrigue, elle semble toujours sur le point de lui parler mais au dernier moment renonce. C’est Zelinda, pauvre entre les pauvres, elle lave le linge des villageois, se nourrit d’un croûton de pain et du lait de ses chèvres. Elle vit hors du village « plus loin que le sentier des ormes, juste à la limite de la paroisse, et après ce ne sont que ravins, toubières ou pire encore».

     

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    village des Apennins

    Jour après jour il la voit laver le linge,  un jour elle vient au presbytère l’interroger, mais c’est une ruse, sa question est sans objet, du moins elle n’a pas posé la question qui la tourmente, elle a feinté. Quand va-t-elle se décider ? Enfin un jour elle dépose une lettre à son intention.
    J’arrête là car il y a un suspense dans ce récit, comme le vieux curé, on attend, on essaye de comprendre cette femme. Silvio d’Arzo dont c’est la nouvelle la plus connue, nous arrache à notre petite vie pour nous faire vivre au rythme de sa prose, sèche, dure, les couleurs sont sombres dans ce pays de désolation « Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d'une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue »

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    J"e sentais dans mes os l'hiver proche"

    Dans une seconde nouvelle "Un moment comme ça" autour de la disparition d'un soldat son récit est sobre et tragique.
    J’ai beaucoup aimé ces deux récits, graves, cruels, qui laissent le lecteur  avec des questions qui n’ont peut être pas de réponse. On peut rapprocher ce livre des récits de Ferdinando Camon (jamais vu soleil ni lune)  mais plus encore des hommes et femmes décrits par Carlo Levi dans « Le Christ s’est arrêté à Eboli ».


    Une oeuvre à découvrir Le billet de Theoma pour qui ce fut "un coup de poing"

    L’auteur
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    Silvio d'Arzo de son vrai nom Ezio Comparoni est né en 1920 et mort à 32 ans. Il est des figures les plus mystérieuses de la littérature italienne (Source l’éditeur)

  • La Berge des rennes déchus - Jovnna-Ánde Vest

    Voyage au pays Same

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    Les lectures faites dans l’enfance sont de celles que l’on oublie pas, Frison-Roche m’avait emporté chez les sames il y a bien longtemps et j’ai fait avec lui un voyage au pays des lapons (Le rapt et La Dernière migration) romans sans doute un peu folkloriques mais que je n’ai jamais oublié.
    Me revoilà  aujourd’hui en Laponie Finlandaise avec un auteur né dans le petit village de Roavesavvon.
    Jovnna-Ande Vest nous fait franchir d’un bond le temps et l’espace, il nous introduit dans une société de l’immédiate après-guerre loin au nord du nord.
    C’est son père le héros de ce récit largement autobiographique, un père pour le moins extraordinaire, aimé et honni à la fois par son fils.
    Loin de l’attachement permanent aux traditions, ce père est un précurseur, lui le lapon qui vit et fait vivre sa famille de la pêche au saumon, de l’élevage des rennes est en même temps un passionné fou de technique et de modernité « Il était porté par la fascination fantasque du progrès technique. »

    La fascination du père s’exerce d’abord sur une moto, mais la fièvre le tient et il passe ensuite à des voitures pour lesquelles il lui faut tenter cinq fois le permis car « Il réussissait chaque fois l’épreuve écrite, mais quand on abordait la conduite les choses se gâtaient. »
    Bien sûr il a le premier magnétophone à cassettes, il apprend le suédois à distance, fait l’acquisition d’une machine à écrire. Mais la modernité a un prix : l’incendie de la maison « En somme, nous avions gagné la lumière, mais le feu détruisit nos habitations. »
    Même dans les activités traditionnelles, comme la cueillette des mûres arctiques, le père est un incorrigible rebelle :

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    « Papa était un cueilleur de moréales hors pair, mais je ne me rappelle pas qu’il ait une seule fois rempli un seau d’airelles ou de myrtilles au point d’en recouvrir le fond.(...) On connaissait bien sûr des marais dans lesquels il poussait toujours des moréales, pour peu que ce fût une bonne année à moréales. Mais ces marais-là n’intéressaient guère mon père. Il voulait chercher et découvrir lui-même ses coins à moréales. Du fait de son obstination, plus d’une moréale a échappé à notre cueillette. »

    D’essai en fiasco total, le père curieux impénitent entraîne sa famille dans ses tribulations. Se dessine une vie marquée par la fracture entre traditions et vie nouvelle, entre regrets et espoir.

    J’ai beaucoup aimé ce récit-témoignage, entre conte drôlatique et souvenirs émouvants, entre histoires truculentes et péripéties pitoyables. La langue dont la traduction est assurée par l’épouse de l’auteur, spécialiste des langues nordiques, est riche, inventive et reflète la truculence du personnage.
    Souhaitons que l'éditeur publie la trilogie du même auteur.

    Le livre : La berge des rennes déchus - Jovnna-Ande Vest - Traduit par Jocelyne Fernandez-Vest - Editions Cénomane

    Vest-Jovnna-Ande.jpgL’auteur : Né en 1948, en Laponie finlandaise, Jovnna-Ánde Vest est écrivain et traducteur. Son premier roman, La berge des rennes déchus (1988), est aussi le premier traduit en français. Sa trilogie Les héritiers (Árbbolaččat, 1997-2006), a été nommée en 2006 pour le Prix de Littérature du Conseil Nordique. Vest a traduit en same plusieurs romans d’écrivains finnois et scandinaves, dont ceux de Timo K. Mukka.(source l’éditeur)



  • La Pluie jaune - Julio Llamazares

    La fin d'un monde

     

    Peut-être est-il à l’agonie l’homme qui prend la parole. Il est le dernier à vivre dans ce hameau d’Aragon, près de Huesca. Ainielle est un  village où déjà en 1950 il ne restait plus que trois habitants.

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     "Les maisons commencèrent à montrer leurs mutilations, leurs moignons et leurs os."

     

    Le narrateur vit là seul depuis près de dix ans, son épouse est est morte depuis longtemps et il est « habitués depuis toujours à la tristesse et à la solitude de ces montagnes ».

    Sa famille a disparu graduellement, Camilo mort on ne sait trop comment, Sara emportée par la maladie à l’âge de 4 ans, il reste bien un fils, Andrès, mais où est-il ?

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    "La vieille école gisait au sol, complètement effondrée, les murs écroulés et les meubles ensevelis sous un tas de décombres et de lichen."

    Le village s’est vidé doucement, la végétation a tout envahi, la nature a repris ses droits sur la terre et les maisons, l’humidité à rongé murs et fenêtres, le vent à décoiffé les toits, la mousse s’infiltre partout. Jusqu’aux animaux qui sont venus s’installer sans demander la permission.

    Le vieux il ne lui reste qu’à tenir, à résister au froid, à la neige, à la solitude. Tenir jusqu’au printemps suivant, alors il tente de redonner vie au village : il restaure, il nettoie, répare les clôtures, ajoute des lauzes sur les toits. 

    Mais jusqu’à quand ? La folie guette.

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    "Vue du côteau, Ainielle est suspendue au-dessus du ravin, telle une avalanche de lauzes et d’ardoises torturées."

    C’est un texte magnifique, l’attachement de l’homme à sa terre transpire par tous les mots. La lutte permanente, l’acharnement contre le temps est à la fois grandiose et ridiculement inutile.

    J’ai lu ce roman d’une traite malgré un sujet dur, on pense à Regain bien sûr mais la note est plus âpre, plus féroce ici. C’est très réussi.

    J’avais beaucoup aimé un roman précédent et très différent : Lune de loups.

    Celui-là je vais le ranger avec  La petite lumière et Maison des autres, il est de la même famille.

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    Le livre : La pluie jaune - Julio Llamazares - Traduit par Michèle Planel - Editions Verdier 1988 et version verdier Poche 

     

  • Tour d'horizon - Kathleen Jamie

    Depuis la lecture de ses premiers écrits j'ai mis une veille sur l’auteur et toc voilà un recueil de textes brefs dans la même veine que son premier livre.

    Kathleen Jamie nous entraine à sa suite d’île en île, dans des lieux où je n’avais même jamais rêvé d’aller mais j’ai suivi cette écossaise bon teint, cette poétesse des choses de la nature avec un grand plaisir.

    Jumelles en main Kathleen tient là son rôle d’observatrice : depuis les aurores boréales, les ruines de villages à l’abandon, d’éclipse de lune jusqu’à une colonie de Fous de Bassan.

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    « D’un vert lumineux de la couleur du plumage d’une sarcelle, l’aurore boréale scintille presque immédiatement au dessus de nos têtes. Elle se développe dans la nuit étoilée comme l’haleine projetée contre un miroir (…)D’abord c’est un voile émeraude puis cela prend la forme d’un cocktail à la menthe. »

    Elle sait regarder y compris ce qui ne devrait pas être dans le paysage, comme cet aileron qu’elle ne cherchait pas mais qui est bien là.
    Sa pensée vagabonde au gré de la lumière du jour, de l’infiniment petit à l’infiniment dangereux.

    jamie

    Cette  auteure est une éveilleuse qui sait nous faire admirer le monde dans toute sa diversité, ses mystères. Elle sait le faire avec légèreté, allègrement, sans fioritures aucunes.
    « Continuez à regarder, même quand il n’y a pas grand-chose à voir. Ainsi votre œil apprend ce qui est normal, et quand quelque chose d’anormal apparaîtra, votre œil le repérera. » 

    J’aime les îles et en particulier celles du nord de l’Europe, alors là c’est un festival  Saint Kilda, Rona, North Mains, je vous laisse chercher où tout ça prend forme au milieu des eaux agitées de l’Atlantique ou dans les eaux fraîche de l’Arctique

    jamie

    « Les falaises biscornues de Saint Kilda sont à nouveau apparues à l’horizon »

    J’ai aimé ces textes simples, dépouillés même et à hauteur de …femme. Elle ne se paie pas de mots mais elle parvient à faire vibrer ses textes.

    jamie


    « Il se dégage des montagnes, de la glace et du ciel, un silence minéral qui exerce une puissante pression sur nos corps. C’est un silence ­venu de très loin, effrayant, qui fait ressembler le bruit sous mon crâne au cri d’une oie criarde. J’aimerais réduire mon esprit au silence, mais je pense que cela prendrait des années »

    jamie

    Musée de Bergen

    Il y a un rien de magie dans ses écrits, elle est habitée par les légendes celtiques, alors suivez là faites vous ornithologue, ou archéologue et parcourez avec elle le Groenland, les Féroé, les Hébrides ou un musée un rien poussiéreux, tout est bon pour célébrer la terre, le « paysage de mer grise et de ciel blanc rincé de pluie et hanté d’oiseaux » ou bien les pluviers, les fulmars et autres oiseaux des mers. 

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    Le livre : Tour d’horizon - Kathleen Jamie - Traduit par Ghislain Bareau - Editions La Baconnière

     

  • Vivre en Provence - Jean-Paul Clébert

    Provence de lumière 

     

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    La Provence des années cinquante, avant que le tout Paris ne découvre le Lubéron, la Provence avant l’invasion des sauterelles parisiennes, des soixante-huitards amateurs de bastides. 

    Je vous parle d’un temps où les Baux de Provence n’était pas un rendez-vous touristique, la Provence de mes années d’enfance.

    Quand j’ai lu le livre de Jean-Paul Clément je me suis retrouvé au pied du château en ruines de Boulbon, je me suis retrouvée dans les bois entourant Saint Michel de Frigolet, j’ai retrouvé ces heures chaudes et ensoleillées de mon enfance.

     

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                                    La Montagnette     © ivredelivres

     

    En une douzaine de chapitres l’auteur vous propose d’habiter, d’explorer, de coloniser, de résider, d’hiverner dans cette Provence bénie des dieux.

    Vous pourrez de villages en villages voir s’installer puis partir les artisans, les artistes, les écrivains.

    Vous suivrez l’éclosion des résidences secondaires qui ne sont vivantes que de mai à septembre, des commerces qui s’étiolent l’hiver venu, des marchés qui font la joie des photographes et qui dépérissent une fois la folie passée après « le départ des envahisseurs ». Les petits cafés où prendre le pastis de midi, les « maisons de parisiens aux champs », les antiquaires filous

    « revendeurs d’objets du culte domestique, chapardant les bougeoirs et les miroirs, les casseroles en cuivre et les meubles de chevet. »

     

    Rassasiez-vous des villages perchés, des bories et des champs de lavande, des marchés odorants et des oliviers centenaires.

     

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                  Oppède le vieux © Emile Taillefer

     

    Jean-Paul Clébert n’a pas son pareil pour vous embarquer à Bonnieux, Oppède, Roussillon, Sivergues, Ménerbe, Lourmarin, Gordes et Sénanque...

     

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    Le guide littéraire d’une Provence d’hier mais que vous pouvez encore découvrir aujourd’hui si vous cherchez bien.

     

    Un livre à emporter avec soi pour découvrir ce Lubéron « territoire habité, vécu, travaillé par ceux qui l’ont façonné et qui nous invitent à habiter, à vivre et travailler avec eux. A nous de ne pas prétendre le façonner à l’image à l’image du monde dont nous venons. »

     

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    « les amandiers sont en fleurs et les lys jaunes sortent de terre, les poireaux sauvages sentent fort (…) Une rose éclôt lentement devant la fenêtre, ouverte sur la terrasse où cacabe une perdrix rouge qui depuis quelques jours a élu domicile, se nourrissant des graines que je donne à mes poules. »

     

    Ce livre est à trouver d’occasion ou dans votre bibliothèque préférée.

     

    Le livre : Vivre en Provence - Jean-Paul Clébert - Editions de l’Aube 1993