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Rechercher : la petite lumière

  • L'hiver au siècle d'or hollandais - Alexis Metzger

    L'hiver est là 

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    Jan Van Goyen paysage d'hiver avec patineurs

    Aimez-vous en peinture les paysages d’hiver ? Pour ma part je les adore, patineurs, chasseurs dans la neige, canaux gelés, nativité sous la neige.

    Mais l’apparition de ces peintures ne date guère que du XVI ème et XVII ème siècle, mis à part les oeuvres des fameux frères Limbourg et de leurs Riches heures du Duc de Berry.

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    Qu’est-ce qui a motivé les peintres et presque exclusivement les peintres flamands pour nous faire glisser sur les canaux gelés, nous faire braver les tempêtes de neige.? Pourquoi en Flandre et au Pays Bas et pourquoi à ce moment là ?

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    Lucas Van Valckenborch 

    Alexis Metzger s’interroge, ethnologue et géographe il tente de faire le lien entre la naissance de ces paysages d’hiver et le climat local de l’époque.

    La Flandre et les nouveaux Pays Bas sortent d’une période de guerre, ils s’écartent de l’influence espagnole.
    Les peintres vont se tourner vers des sujets quotidiens, locaux. C’est le moment de ce que l’on nomme « le petit âge glaciaire » particulièrement net l’hiver 1608.

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    Esaias Van de Velde Plaisirs de glace   Pinacothèque de Munich

    Tous les hivers n’ont pas été très froid mais les peintres ont continué à en faire le sujet de leurs tableaux. 
    L’hiver devient une composante des tableaux qui représentent surtout la campagne.

    Comment les hollandais s’adaptèrent-ils au froid ? Les tableaux montrent des vêtements à fourrure, des loisirs sur les lacs et canaux gelés.. 
    Une époque où les commerçants hollandais échangeaient avec la Russie et même les Mohicans !

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    Hendrick Avercamp,« le Rembrandt de la neige »

    On allume un bon feu, on transporte des fagots, on glisse sur les canaux gelés pour le travail ou pour le plaisir. 
    C’est plutôt joyeux mais en arrière fond il y a un peu de crainte du froid, les denrées se font rares on pêche par un trou dans la glace.
    On peut aussi se servir du froid pour empêcher les ennemis d’escalader une forteresse, un peu d’eau jetée et l’ennemi reste cloué au sol.

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    Adam Van Breen  Paysage d'hiver

    Alexis Metzger nous offre ce qui se fait de mieux en matière de paysage hivernal. J’ai ainsi découvert des peintres nettement plus discrets que Ruysdaël ou Avercamp. J’ai aimé les illustrations de très belle qualité.

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    Jacob Van Ruysdaël

    Un livre qui trouvera sa place chez le lecteur curieux, passionné de climat ou météophile pour reprendre l’expression de Martin de la Soudière, ou tout simplement comme moi curieux de l’art, amoureux de la peinture flamande..

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    Le Livre : L’hiver au siècle d’or hollandais - Alexis Metzger - Editions Sorbonne Université Presses

     

  • Le Berger de l'Avent - Gunnar Gunnarsson

    Voilà je commence l’année en me laissant aller à mes penchants favoris : paresse et procrastination. 
    J’ai commencé ce billet il y a plusieurs jours et depuis il est en stand by ouhhhh.

    Pendant les fêtes on s’active, il y a un peu de charivari et cela n’est guère propice à la lecture mais parfois un livre passe le barrage.

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    Celui que je vous propose est un intemporel absolu, donc surtout ne vous fier pas à son titre en pensant lire un lénifiant récit de noël.
    Non Le Berger de l’Avent est une petite merveille dont le seul défaut est son caractère lilliputien. 
    Le genre de récit que l’on a envie d’offrir dès la dernière page refermée.

    gunnarsson

    Début décembre en Islande «  le premier dimanche de l’ Avent marquait le début des préparatifs pour les fêtes de Noël. Chacun s’y préparait à sa manière, mais celle de Benedikt n’appartenant qu’à lui »

    Bennedikt le berger affronte l’hiver hostile et ses tourments pour ramener à l’étable les moutons perdus sur les landes, égarés dans le brouillard au fil des mois.
    Des moutons qui ne sont pas les siens mais dont il prend soin d’année en année, chaque mois de décembre.

     « – l’Avent, l’Avent ! Benedikt prononça le mot avec précaution. C’était un mot paisible, familier et pourtant étrange. Il n’en connaissait pas la signification exacte mais, pour lui, ça voulait dire à la fois l’attente, l’espérance, la préparation. Au fil des années, c’était le mot qui avait guidé son existence. »

    gunnarsson

    « La tempête et le blizzard, en hurlant, s’attaquaient aux toits gelés. On aurait dit une armée de monstres jaillis du plus noir de la nuit. »

    Il ne part pas seul, un bélier et un chien l’accompagnent, Roc et Leo, un trio soudé où chacun accompli sa tâche avec courage et ténacité. Ce n’est pas rien de rassembler les moutons, de la conduire vers un abri. 

    La magie de Gunnar Gunnarsson opère avec des descriptions magnifiques de tempêtes dans ce royaume du froid pendant lesquelles l’homme peut à peine respirer. 
    Des images douces de repos auprès du feu dans la chaleur des moutons.
    Roc et Leo sont aussi les héros du récit, fidèles à la mission que leur confie Bennedickt.

    Dieu est là mais un peu en filigrane, Bennedikt est le porteur d’une mission qu’il se donne chaque année sous la protection de son Dieu.

    Il y a de la poésie, de la chaleur, de la bonté, de la vie dans ce récit. Le lecteur regarde ce paysage grandiose à travers le regard du berger et des mots de l’auteur. Le texte respire la générosité à chaque page. 

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    Jòn Kalman Stefànsson a écrit une belle postface pour cet écrivain très peu connu aujourd’hui en France qui fut plusieurs fois pressenti pour le Nobel.
    C’est mon libraire favori qui m’a proposé ce livre, qu’il en soit remercié. Aifelle et Hélène ont été sensible  à ce récit.

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    Le livre : le Berger de l’avent - Gunnar Gunnarsson - Editions Zulma

  • Chambre avec vue sur l'éternité - Claire Malroux

    La Dame blanche

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    Claire Malroux est pour moi avant tout LA traductrice d’Emily Dickinson chez José Corti.
    La publication il y a plus de dix ans de ce livre m’avait à la fois surpris et enchanté. C’est un livre que j’ouvre souvent, que j’ai lu et relu, il était temps de vous en parler et de vous faire partager mon plaisir.

    Ni livre de poésie, ni biographie, ce livre est une étrangeté mais de celle qui enchante.
    C’est un livre sur Emily Dickinson mais avant tout c’est la rencontre que Claire Malroux a fait avec cette femme singulière et talentueuse,

     

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    Claire Malroux ne nous renseigne que très peu sur la vie d’Emily, ce qu’elle nous donne à voir c’est une vue décalée. J’en veux pour preuve que Claire Malroux renonce à visiter la chambre d’Emily Dickinson, haut lieu des amateurs de la poétesse, non elle préfère garder sa propre vision de la demeure d’Amherst, un lieu qu’il lui semble impossible de visiter brièvement.

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    La maison aujourd'hui transformée en musée

    Claire Malroux ne fait pas non plus de portraits détaillés de l’entourage d’Emily, les personnages sont suggérés, dessinés par petites touches et elle nous les présente à travers des pages de journal, des lettres, ou bien entendu des poèmes.
    Il est bon que ce soit une femme qui se soit attaquée à ce récit, la condition féminine étant une pierre importante de l’édifice Dickinsonnien.

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    entourage imaginaire

    La connaissance intime de Claire Malroux pour l’oeuvre rend ce livre tout à fait magique et singulier. En lieu et place d’une analyse très didactique des poèmes, des thèmes récurrents, des périodes créatives dans la vie d’Emily, Claire Malroux dialogue avec elle et du coup avec le lecteur, entrant dans l’intimité d’Emily, donnant du sens à ce qui peut paraitre obscure dans son oeuvre.

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    On découvre Emily, ses craintes, ses désirs, ses doutes même si l’auteur parfois doit avouer l’impossibilité où nous sommes d’entrer plus avant dans l’âme et l’esprit de cette femme complexe, elle qui ne publia qu’une poignée de poèmes de son vivant mais qui nous en laissa plus de huit cent, aujourd’hui connus et traduits. Je ne vous promet pas que vous saurez tout sur cette femme qui ne vécut que pour l’écriture mais le mirage aura  pris un peu plus forme humaine.

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    Je n’oublie pas le livre de Christian Bobin sur la Dame blanche et plus récemment le film de Terence Davies que j’ai aimé

    C’est un livre que je vous recommande si vous êtes amateur de poésie, des poèmes de cette femme si audacieuse grande lectrice de la Bible, de Shakespeare, des soeurs Brontë et de George Eliot qu’elle admire.

    Le livre : Chambre avec vue sur l’éternité Emily Dickinson - Claire Malroux - Gallimard 2005

  • Virgile notre vigie - Xavier Darcos

     

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    Pour votre oncle latiniste 

     

    Le Doux Virgile, l’expression est de Victor Hugo, Xavier Darcos le surnomme notre vigie car il voit en lui un poète qui peut encore aujourd’hui parler à tous les hommes.

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    « Virgile est étudiant quand César, en janvier 49, revenant de Gaule, franchit le Rubicon à la tête de ses légions » 
    Une période troublée par des guerres civiles d’une violence inouïe. Une période où « Les artistes et les intellectuels, excédés par tant d’exactions, ont commencé à redécouvrir les idées épicuriennes de retraite » 

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    Enluminures - César franchit le Rubicon

    Virgile issu sans doute d’une famille de propriétaires terriens de la région de Mantoue est d’abord un poète proche de la nature 

    Dans ses poèmes « Il célèbre le retour à la nature, la douceur de vivre dans un territoire apaisé, au plus près des saisons et des jours »

    « La vraie leçon des Géorgiques, c’est bien cette adhésion au monde, quand la vie est là simple et tranquille. »

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    Nicolas Poussin - Musée du Louvre - L'inspiration du poète

    Les Bucoliques « restent, parmi tous les textes latins, le recueil le plus abondamment lu, appris par coeur, commenté et cité. »

    Les temps sont troublés et comme Properce ou Tibulle il voit ses biens confisqués au profit des vétérans de l’armée. 
    Il voit la naissance de l’Empire d’Auguste qu’il va accepté et même le célébrer. 
    Il va pour Auguste écrire « le roman national romain » non par servilité mais par reconnaissance envers celui qui a rétablit la paix.

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    Didon et Enée

    L’Énéide dans lequel Virgile dit « Je chante les armes et leur héros » . Xavier Darcos conteste que ce soit un hymne guerrier « L’Énéide est plutôt un merveilleux récit poétique, une épopée pleine de rebondissements et une méditation sur la destinée humaine. »

    Imaginez un peu, l’oeuvre connue une nouvelle traduction tous les sept ans depuis sa parution en 17 av. JC, qui dit mieux ?

    Virgile a exercé une véritable fascination sur notre culture, dit Xavier Darcos, Dante évidement, mais aussi Pétrarque, Ronsard ou Victor Hugo s’en sont inspirés , peintres et musiciens aussi :  Nicolas Poussin, Berlioz ou Purcell

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    Montaigne, Montesquieu, Rousseau, et Jean Giono furent les grands lecteurs de Virgile.

    Excellent connaisseur du monde antique (je vous recommande son dictionnaire de la Rome antique) Xavier Darcos fait ici preuve bien sûr d’érudition mais surtout d’admiration et d’amour de la poésie

    Virgile est un poète pour tous les temps

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    ma petite bibliothèque Virgilienne

     

    Le livre : Virgile notre vigie - Xavier Darcos - Editions Fayard

     

  • Plus haut que la mer - Francesca Melandri

    Un premier roman de Francesca Melandri m’avait comblé et donc naturellement la parution de celui-ci m’a attiré.

     

    On retrouve le goût de l'auteur pour l'histoire de son pays, mais autant le premier s’enfonçait dans les méandres de l’histoire d’une région, autant celui-ci est concis et court.

    Un roman à quatre personnages, Paolo et Luisa, Pierfrancesco et l’île-prison dans laquelle on reconnait Asinara.

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    « L’île les saisit de plein fouet par son arôme.(...) Elle sentait le sel de mer, le figuier, l’hélichryse. »

    Paolo et Luisa rendent visite l’un à son fils, l’autre à son mari, deux détenus dépendant d’un régime spécial de détention.

    Ils font ensemble la traversée en ferry. Tout les opposent, elle la paysanne inculte se débattant pour élever seule ses cinq enfants mais presque heureuse d’avoir échappé à un mari violent, lui le professeur de philosophie rongé de remords d’avoir peut être contribué à transformer son fils en terroriste. 

     

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    On pénètre dans la prison et on y subit nous aussi la bureaucratie carcérale, la fouille corporelle à chaque visite, la rétention des douceurs apportées aux prisonniers.

    Les hasards du destin et une belle tempête vont obliger Paolo et Luisa à passer la nuit sur l’île sous la garde de Pierfrancesco le gardien.

     

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    Une île où pousse l'immortelle ou hélichryse

    Cette île est le symbole des années de plomb en Italie. Francesca Melandri en y situant son roman met en scène le drame collectif qui endeuilla le pays pour longtemps.

    Elle parvient d’une façon tout à fait magistrale à donner à la fois la parole aux victimes grâce à une photo que vous n’oublierez pas,  aux familles et aux prisonniers. 

    La rencontre de Paolo et Luisa est un fragment de vie, ils sont otages d’une histoire, d’une violence, d’une douleur qui par bien des côtés ont des allures de drame antique. 

    L’amour filial est présent tout au long du roman, la rencontre sur l’île est une petite éclaircie hors du temps.

     

    C’est un très beau et fort roman qui parvient, sans excuser personne, à ne rien laisser dans l’ombre, ni les victimes, ni les coupables, et pas plus les prisonniers que les familles.

    La sanction est tombée et dans sa dureté elle touche tout le monde. 

    Une belle façon de nous rappeler cette période de l'histoire.

     

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    Le livre : Plus haut que la mer - Francesca Melandri - Traduit par Danièle Vallin - Editions Gallimard 2015

     

     

  • Bibliothèque idéale du naufragé

    Difficile de reprendre le cours d'un blog après des événements aussi terribles. Ayant participé samedi à un club de lecture j'ai ressenti que partager autour des livres a été salutaire pour tout le groupe alors je vous propose de continuer ici.

     

    Un grand classique « quels sont les trois livres que vous emporteriez sur une île déserte ? »

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    Voilà à force de pagayer avec Françoise Xenakis c’est le naufrage et vous voilà seul au monde. 
    Prévoyant vous avez emporté quelques provisions et je ne parle pas là de nourriture terrestre ! 
    Mais peut être n’avez-vous pas encore mis les pieds sur le bateau et le choix est alors grand : qu’allez-vous emporter ?

     

    François Armanet au fil des années a posé la question à 200 écrivains de tous horizons, il en profite évidement pour nous dresser une liste idéale ou presque.

    Certains choix sont parfaitement attendus, d’autres sont ....bizarres bizarres, et puis il y a l’inévitable Houellebecq qui se refuse à l’exercice sans doute trop simpliste pour ce grand penseur .......

    Vous allez croiser sur votre île des noms attendus « dans l’archipel des recommandations, les maîtres se font la courte échelle : de Shakespeare à Stendhal, de Cervantès à Flaubert, de stendhal à Nietzsche »

     

    Il y ceux qui m’ont donné des idées :  Ludmila Oulitskaïa emporte trois livres dans trois langues qu’elle ne connait pas, bien sûr elle ajoute les dicos ! Ce serait parfait pour moi qui rêve d’apprendre ...euh le russe, le latin, et l’hébreu

    Il y a ceux qui se focalisent sur un auteur : Henry James pour Colm Toibin, remarquez il sait de quoi il parle il a écrit une bio de James 

    Il y a ceux qui choisissent une langue : le chinois et hop emportent Zuang Zi , Lao Tseu et autres taoïstes

    Il y a ceux qui sont d’une belle fidélité : Robert Littell emporterait ...le livre de son fiston 

    Il y a ceux qui vont relire et ceux qui veulent en profiter pour découvrir

    Il y a les fous de pêche qui se tourne vers Moby Dick, les amoureux de Londres qui lorgnent vers Dickens.

    Il y a les malades de théâtre et du grand Will et les fous de religion qui emportent la Bible 

    J’ai un faible pour tous ceux qui ont ajouté de la poésie mais quel dilemme pour faire un choix, ou alors il faut que j’imprime mon anthologie personnelle qui est sur mon ordi : des pages et des pages.

     

    Bref un petit livre délicieux, amusant, inspirant. 

    Pour les très très curieux j’ai fait le classement des cinq livres les plus souvent cités mais je ne livre rien ici, non n’insistez pas même sous la torture je ne parlerai pas mais si vous m’envoyez un mail là je ferai un effort.

    Mais vous pouvez poser vos propositions ici, je les attends 

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    Le livre : Bibliothèque idéale du naufragé - François Armanet - Editions Flammarion