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Petits noirs - Page 15

  • La mort, entre autres - Philip Kerr

    La mort entre autres - Philip Kerr - Traduit par JF Hel Guedj - Editions du Masque
    la mort entre autres.gifUn avertissement tout d’abord, si vous ouvrez ce livre prévoyez de disposer d’un peu de temps car vous ne le poserez pas !
    Ce polar vient de recevoir le PRIX DU POLAR EUROPEEN 2009 décerné par Le Point et le Festival Quai du Polar, un prix très mérité qui récompense un auteur qui a réussi le tour de force d’écrire un roman passionnant sur une époque et un sujet oh combien dérangeants.

    Munich 1949, Bernie Gunther détective privé, berlinois d’origine échoue à Munich après la mort de sa femme. Quand on est comme lui porteur de la marque des SS sous le bras, même si elle est en partie effacée, on ne peut pas faire la fine bouche lorsqu’un travail se présente, surtout quand il se présente sous la forme d’une attirante créature qui souhaite que vous lui confirmiez que son mari criminel de guerre est bien mort et qu’elle peut à nouveau convoler en justes noces.
    Bien sûr tout ne va pas être simple, dans un Munich où les chantiers et les grues poussent comme des champignons, où se terrent d’anciens nazis, où les occupants russes et américains ne s’embarrassent guère de justice et de légalité.
    L’enquête de Bernie va se révéler plus ardue que prévu, le conduire de Munich à Vienne avec un petit tour dans les alpes.
    Il va lui être très difficile  de faire le tri entre amis et ennemis, entre bourreau et victime, entre le bien et le mal.

    De bout en bout passionnant, avec une intrigue parfois dérangeante, ce polar est une réussite.Philip Kerr est magistral dans la peinture de la ville en reconstruction, dans sa façon de s’interroger sur la responsabilité et la culpabilité allemande. Il sait parfaitement recréer l’atmosphère de l’époque, faire preuve d’humour là où on ne l’attendrait pas, mener l’intrigue à son terme sans que l’on ne décroche une seule minute. Une réussite.



    L’auteur
    Né en 1956 à Edimbourg,il est l’auteur d’une douzaine de romans et de nombreux scénarios dont « Trilogie Berlinoise ».

    philip kerr.jpg

    © A. Mouthan/Hollandse Hoogte

  • 186 marches vers les nuages - Joseph Bialot

    186 marches vers les nuages - Joseph Bialot - Editions Métailié

    186.gifBerlin 1945, la ville est dévastée, les alliés se sont partagés la capitale du Reich, les ruines fument encore et la chasse au nazis est ouverte. Chacun tente de survivre.
    Bert Waldeck lui n’est pas le berlinois type, il a passé depuis 1934 plus d’années dans les geôles et les camps de concentration que n’importe qui. Il était juste un flic qui pensait appliquer la loi, mais « loi » est un mot qui n’était pas dans le vocabulaire nazi.
    Il accepte à la demande des américains de rechercher Hans Steiner, un copain d’école à lui mais aussi son tortionnaire. Rapidement il a des doutes sur les intentions des américains, Hans Steiner est un nazi soit mais ce n’est pas Himmler, alors pourquoi le rechercher avec autant de zèle ?
    En déportation il a développé un sixième sens et là il se sent utilisé, piégé et ça ne lui plaît pas, alors il va faire sa propre enquête qui va lui faire toucher du doigt que les intérêts des puissances alliées ne sont pas toujours compatibles avec la simple justice.

    Ce roman vaut plus pour l’atmosphère, l’écriture sobre et la sensibilité que pour l’intrigue elle-même.
    Les souvenirs de Bert Waldeck sont poignants, Joseph Bialot est venu à l’écriture sur le tard, et dans ce roman il utilise avec beaucoup de talent et d’humanité sa propre expérience de déporté. Il permet de ne pas oublier que dans les camps les plus anciens déportés étaient parfois des allemands.


    Outre les polars qu'il écrit, il a relaté dans « C’est en hiver que les jours rallongent » son expérience concentrationnaire.



    Devoir de mémoire

    Il y a quelques années j’ai visité (je n’aime pas ce mot ici mais je n’en trouve pas d’autre) Mathausen. C'était en août, j'étais en bonne santé, personne ne me menaçait, personne ne me frappait, il faisait très chaud, j’ai descendu et remonté ces 186 marches de la carrière de granite, c'est un souvenir fort.
    Il y a eu des morts dans cet escalier, il y en a eu beaucoup et encore davantage, des suites de l'avoir trop monté, du dernier effort qu'il leur a fallu faire après une journée de bagne et qui a fait que le lendemain ils n'ont pas pu repartir, ils n'ont pas pu continuer. De ceux-là, aucun témoin ne peut vous dire le nombre, mais ce dont nous pouvons vous assurer, ce que je peux vous dire, c'est que sur chaque marche, je dis bien chaque marche de cet escalier, il est tombé du sang... Jean Lafitte (interné à Mathausen)

  • Noirs hivers

    L’hiver de Franckie Machine - Don Winslow - Traduit par Franck Reichert - Editions du Masque

    frankie.gifJe vous présente Frankie Machianno, l’homme aux boulots multiples qui demandent une organisation digne du manager du mois, une ex-femme, une maîtresse, une fille prunelle de ses yeux, le voisin qu’on voudrait avoir, bref un gars bien.
    Surfeur moins fringant que par le passé mais qui chevauche la vague chaque matin à Ocean Beach....
    Un détail tout petit mais qui va mettre en péril le bel édifice patiemment construit, pendant quelques années le surnom de Frankie Machine lui a été donné par la Mafia, c’était y a longtemps quand il mettait la même méticulosité et la même organisation dans son boulot de tueur....
    Et là aujourd’hui c’est lui la cible, il a voulu rendre service et ses anciens amis veulent sa peau. Fini la vie tranquille, Frankie va devoir retrouver ses vieux réflexes, ses armes, ses planques, mettre à l’abri la fille, l’ex-femme et la maîtresse, mettre en sommeil ses petites entreprises.

    J’ai passé un bon hiver, le dosage de moments chauds est juste bon, Frankie est toujours en mouvement et pas seulement sur sa planche de surf ... Efficacité et action, un brin d’humour, un polar comme je les aime.

    L'avis de Bernard Poirette sur RTL
    podcast

    Actu du Noir et Moisson noir nous informent que De Niro a acheté les droits de ce polar, attendons....




    Hiver arctique - Arnaldur Indridason - Traduit par Eric Boury - Editions Métailié

    hiverarctique.gifL’Islande en hiver c’est comme on l’imagine : froid, gris, neigeux, hostile, chacun s’enferme bien à l’abri. Pas tout le monde car on retrouve le corps d’Elias 12 ans poignardé au pied de son immeuble, personne n’a rien vu mais le frère a disparu, la mère semble couvrir sa fuite, l’origine thaïlandaise de l’enfant a-t-elle une importance ? crime raciste ?
    Erlendur est de nouveau à pied d’oeuvre avec son équipe,  il mène en parallèle une enquête sur la disparition d’une femme à la vie sentimentale peu simple.
    Je ne suis pas très loquace car pour le première fois je me suis un peu ennuyée, la lenteur de mise en place de l’intrigue a eu raison de moi, à la moitié du livre on a pas avancé d’un iota, je suis allée au terme de l’histoire mais sauf effort d’Indridason pour dynamiser Erlendur, je crois que ce sera ma dernière balade islandaise

    Tout le monde n’est pas du même avis Télérama est même carrément enthousiaste

  • Les quais de la blanche

    Les quais de la blanche - Graham Hurley - Editions Folio policier

    quais de la blanche.gifDans ce 5ème épisode des enquêtes de Joe Faraday l'héroïne (pardon pour le mauvais jeu de mots) c'est la blanche, la poudre, la drogue, elle a pris possession de Portsmouth dite Pompey. Elle étend son pouvoir et avec elle telle la mort dans l’apocalypse, elle est suivie par la violence, la guerre des gangs, la corruption, le crime organisé.

    Cette sorte de gangrène porte un nom à Portsmouth : Bazza Mackenzie petit truand devenu grand grâce à la fée blanche. Comme tout gangster qui a réussi il se verrait bien devenir honnête....en façade du moins.
    Dans ce contexte les policiers sont découragés ou en colère, l’un deux, Nick Hayder, enquêtant sur une affaire dont il ne parle à personne subit une agression, après être passé plusieurs fois sous les roues d’un véhicule non identifié, il se retrouve en réanimation bien amoché.

    C’est là que nous retrouvons Faraday, toujours amateur d’ornithologie ce qui nous change des flics amoureux de la bouteille, Faraday va se voir confier la mission secrète de Nick, son ami, celle ci va le conduire dans là où circule l’argent de la drogue, là où on le blanchit,  pour traquer Bazza Mackenzie.

    Pièges et traquenards en tout genre attendent notre inspecteur vedette et parfois jusque dans sa famille. Son fils sourd muet participe avec la compagne de Faraday à la réalisation d’un film témoignage sur la drogue mais le junkie interviewer meurt d’overdose. Pourquoi se demande Faraday chercher des ennemis autour de soi quand on les a dans sa propre famille !!

    Sur fond de guerre d’Irak,  Graham Hurley nous offre un roman sombre et désespéré. La mécanique du récit est impeccable et la présence du fils apporte une touche d’humanité bienvenue dans cet enfer.

    Le billet d’ Actu du noir , pour ma part j’ai retrouvé Faraday avec grand plaisir.


    l’auteur

    HURLEY.jpg

     

    Graham Hurley, né en 1946 à Clacton-on-Sea, Essex, a vécu plus de vingt ans à Portsmouth, ancien arsenal de la Marine britannique.
    Auteur de plusieurs thrillers et réalisateur de documentaires pour la télévision anglaise, il se consacre désormais à la série de romans policiers "Joe Faraday".
    Graham Hurley  vit aujourd’hui dans le Devon. Il parle très bien français.

  • Chapeau bas Mr Lehane

    pays a l'aube.gifUn pays à l’aube - Dennis Lehane - Editions Rivages

    C’est toujours un grand plaisir de voir un écrivain changer de catégorie, c’est ce qui arrive à Dennis Lehane, auteur de polars à succès toujours passionnants, il gagne avec ce livre ses galons d’écrivain. Il livre ici un roman ambitieux qui balaye une période sombre de l’Amérique.

    Dennis Lehane a placé son roman dans les années 1918 et 1919, à Boston, Massachusetts. La fin de la 1ère guerre mondiale s’accompagne de l’épidémie de grippe espagnole qui va particulièrement toucher les forces de police, le chômage et l'inflation prennent des allures de catastrophe, le retour à la vie civile des soldats rentrés d’Europe va aggraver la situation en accroissant le chômage.
    C’est l’époque où un peu partout les luttes syndicales se radicalisent, les mouvements anarchistes éclosent et la grande peur du bolchevisme s’empare de l’Amérique pour longtemps. Les manifestations et les tentatives de grève doivent être réprimées, pour cela il faut infiltrer les organisations syndicales, politiques, il faut créer la peur dans la population, il faut monter les unes contre les autres les communautés d’immigrés : les irlandais, les italiens. c’est une recette connue et d’une redoutable efficacité. Tout contestataire devient un terroriste en puissance et doit être pourchassé.

    Le décor est campé, maintenant les personnages :
    Danny Conghlin, jeune flic prometteur, courageux vient d’être blessé lors d’un attentat anarchiste et tout naturellement accepte d’infiltrer ces milieux ce qui lui permettrait de prendre du galon, son père est un des chefs les plus respectés du département de la police de Boston. Son frère Connor est adjoint du procureur et doit bientôt épouser Nora dont Danny est lui aussi amoureux.
    Petit à petit Danny va devenir sensible aux difficultés de ses collègues, les semaines de 70 heures et le salaire de misère. Contre sa famille il va s’engager dans le combat syndical et mettre son idéal et son sens du devoir à leur service.

    Luther Lawrence est le deuxième héros de cette épopée, jeune noir contraint après avoir commis un meurtre de quitter sa femme et sa ville, il trouve refuge à Boston et est engagé par les Conghlin comme domestique. Passionné de base-ball, victime de la brutalité, de l’injustice, du racisme, il parvient dans le chaos a gardé courage, humanité et droiture. Il va contre son gré se trouver mêlé à tous les événements. Très habilement

    Dennis Lehane va tisser sa toile, faisant s’entrecroiser les destinées, mêlant les héros de fiction aux personnages historiques, ainsi croise-t-on John Hoover futur patron du FBI, Coolidge gouverneur de l’état, mêlant destins individuels et histoire collective. Lehane est tout aussi efficace dans les scènes de rue que dans les moments intimistes, il nous donne un beau portrait de femme et l’on sent tout son attachement pour les personnes faibles et vulnérables.
    Certaines scènes sont bouleversantes sans jamais tomber dans le mélodrame. Ses héros sont vrais et terriblement humains jusque dans leurs faiblesses. Un seul bémol, les passages sur le base-ball et son joueur vedette Babe Ruth n’ajoutent rien au récit et parfois même rompent la tension de celui-ci.

    C’est un roman puissant, ample, plein d’émotions, le lecteur est happé jusqu’aux scènes finales. Une belle évocation d’une Amérique en train d’écrire son histoire.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque

     

    Une autre critique chez Actu du Noir j’avais peur d’être déçue par ce livre et son billet m’a convaincue de le lire qu’il en soit remercié !

    L’auteur

    Dennis-Lehane.jpgDennis Lehane est né en 1966 à Dorchester (Massachusetts) et vit dans la région de Boston.
    Il exerce d'abord de petits jobs et de multiples métiers. Puis il se consacre à l'écriture et devient l'un des auteurs de polars les plus connus des États-Unis. Il a publié une cinquantaine d'ouvrages, notamment les best-sellers Un Dernier Verre avant la Guerre, Gone, Baby, Gone, Mystic River (dont Clint Eastwood fera un film), Shutter Island.
    Il a obtenu de nombreux prix.

     

    Pour poursuivre votre lecture
    histoirepopulaire.gifIl y a quelques années est paru un livre d’histoire excellent « Une histoire populaire des Etats Unis » par Howard Zinn, je me souviens de ma surprise en découvrant ces années d’émeutes, de grèves, de bras de fer entre les ouvriers et le pouvoir en place dans son chapitre intitulé « De l’entraide par gros temps »

    Voici ce que dit l’éditeur « Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle. »

    Toujours passionnant ce livre a donné lieu à des empoignades sévères entre historiens, il manque parfois d’objectivité mais nous fait découvrir des pans de l’histoire américaine très peu connus des non spécialistes.

     

     

  • La main droite du diable

    la main droite.gifLa Main Droite du Diable - Ken Bruen - Série Noire Gallimard

    Connaissez vous Jack Taylor ? Le privé irlandais le plus désespéré qui soit, son alcoolisme suicidaire l’a conduit en enfer, enfermé en hôpital psychiatrique depuis des semaines, anéanti par la mort accidentelle d’une enfant dont ses amis lui avaient confié la garde.

    A sa sortie de l’hôpital il n’a plus « qu’un pantalon, une chemise et un rosaire » la trousse de survie Irlandaise selon lui et puis sortir c’est bien mais cela n'apporte aucune solution aux problèmes de Jack Taylor.

    Tous ses amis sont morts ou lui ont tourné le dos, il n’a plus de toit, plus d’argent, il envisage de passer l’annonce suivante « ivrogne, petite cinquantaine, récemment libéré de l’asile psychiatrique, cherche emploi bien rémunéré ».
    Le ton est donné.

    Les nuits sans sommeil, l’envie de boire et les accès de violence sont toujours son quotidien. Pourtant de petites lueurs apparaissent dans son univers sombre et désespéré : un nouvel associé, improbable mais persévérant, une solution inattendue à son problème de logement, l’aide d’une ancienne collègue de la police de Galway qui a elle même quelques difficultés dans l’existence.

    C’est un fait divers qui va lui donner la possibilité de remettre en selle.

    Un prêtre a été assassiné, la victime, le Père Joyce, a été rattrapée par un passé de pédophile notoire, trouvé décapité dans son confessionnal. Voilà qui indispose l’Eglise et la police. Les soupçons se portent sur ses anciennes victimes mais toutes ne sont peut être pas identifiées.

    Plus proche de l’assassin que de la victime, Jack Taylor va pourtant s’acharner à découvrir la vérité même si pour cela il doit se frotter à son ennemi intime, le Père Malachy.

    La langue de Ken Bruen est dure, coupante, les dialogues sont survoltés, son héros est attachant et s’inscrit dans la lignée des Matt Scudder et Harry Bosch, le catholicisme en prime..

    C’est la cinquième enquête de Jack Taylor et pour moi la meilleure. Le rythme du récit est haletant, l’humour toujours présent malgré la dureté du sujet, et puis j’aime que l’histoire soit ponctuée de références musicales, philosophiques (Pascal, Merton) poétiques.

    Grâce à Ken Bruen j’ai découvert Johnny Duhan et pour cela j’ai une dette que je paie ici.

     

    L’auteur :

    Né à Galway en 1951,et après une carrière d'enseignant d'anglais qui le mène en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud, il décide de se consacrer à l'écriture. Auteur de polars, Ken Bruen crée le personnage de Jack Taylor

    Les quatre autres titres de la série Delirium Tremens Toxic Blues Le martyre des magdalènes et Le Dramaturge delirium.giftoxic blueS.gif

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