Les frontières sont un vieux truc un peu disparu alors passons par dessus.
Je vous emmène demain au pays de Colo
Aller hop c'est parti
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Les frontières sont un vieux truc un peu disparu alors passons par dessus.
Je vous emmène demain au pays de Colo
Aller hop c'est parti
Les éditions José Corti recèlent des livres rares un peu confidentiels. Ce livre en fait partie.
Fredrik Sjöberg est à la fois un scientifique et un écrivain, il choisit donc dans ce livre de nous tracer la biographie d’un naturaliste Gustav Eisen.
Pas question pour lui de faire une bio classique, il choisit donc de faire une sorte de voyage avec Eisen le spécialiste des vers de terre ! (et ce n’est pas un canular)
Eisen fut un ami dévoué et le bienfaiteur de Strindberg qui comme chacun sait avait un caractère de cochon, cela démontre la mansuétude d’Eisen. Dans les années 1869 il écrit carrément une thèse sur un lieu défini et minuscule proche de chez lui, thèse qui fut en son temps admirée par Darwin.
Il travaille plusieurs années aux Etats Unis et en particulier à l'Académie des sciences de Californie.
Après l’incendie de San Francisco qui a ravagé toutes ses archives et recherches botaniques accumulées pendant des années, Eisen à court de subsides va chercher par tous les moyens à gagner de l’argent et va se tourner vers ...la viticulture !
Un précurseur et doublement parce que lors de ce séjour en Californie il défendit aussi avec beaucoup de talent et de force la création de « sanctuaire » de la nature à l’origine du parc national des séquoias. Un homme de la trempe d'un John Muir.
Sequoia National Park en 1890
Passant à un moment par New York il se promène chaque matin à Central Park et finit par y faire connaissance avec une centaine d’écureuils.
Ajoutez à cela qu’il fut un peintre accompli. Bref un touche à tout de génie que Sjöberg nous rend très vivant.
© Flickr Cesar Ojeda
L’auteur, spécialiste pour sa part des syrphes, nous distille cette bio à coup d’anecdotes très vivantes, parfois empreintes d’une douce folie. Il mêle à cela ses propres expériences de biologiste, les polémiques scientifiques qui font s’écharper les savants, bref par de courts chapitres il vous met en appétit et titille la curiosité du lecteur.
Il faut dire que les souvenirs de l’auteur sont parfois excellents. Vou apprendre comment l’entomologie lui permettait de courir les filles ou de déclencher à l’aide d’une simple cellule photoélectrique l’hystérie collective des ampoules de l’éclairage d’une petite ville.
Il a été très attiré par la personnalité de Eisen, sorte de dilettante de génie, de professeur Tournesol qui à 90 ans apprenait l’écriture cunéiforme pour passer le temps.
C’est un livre à offrir aux curieux, aux entomologistes amateurs, aux lecteurs de Jünger et des ses chasses subtiles ou aux passionnés de Fabre
Le livre : La Troisième île - Fredrik Sjöberg - traduit par Elena Balzamo - Editions José Corti
L'auteur
Né en 1958, Fredrik Sjöberg - biologiste, écrivain et critique littéraire – vit à Runmarö dans l’archipel de Stockholm. Il a été nominé pour le prestigieux Augustpriset (le Goncourt suédois) et a obtenu le Vinterpris de Samfundet De Nio (l’Académie pour la littérature, à Stockholm). Ses livres ont été traduits en allemand, en russe, en norvégien, en anglais. (source l'éditeur)
Un petit tour en Suède pour vous intéresser à la sciences mais un peu à la façon de Tintin en faisant connaissance avec un naturaliste hors normes
ce sera ici dès demain
Dans les pas de Cézanne
La montagne Ste Victoire au-dessus de la route du Tholonet,
The Cleveland Museum of Art, Cleveland.
« Un ciel immense. Quelques nuages légers blanchissent l’horizon. Une brume de lumière diffuse monte du gouffre au bord duquel roule la planète désertée. Pas un être vivant, humain ou animal. Quelques bosquets compacts ne sont que touches de matière végétale dont le vert se dégrade en gris. Seul se détache sur l’horizon un arbre que la lumière consume et dont l’ombre d’un noir épais est plus réelle que le feuillage. »
Le livre : Petite route du Tholonet - François Gantheret - Editions Gallimard
Froid moi ? Jamais !
Une enquête sur le créateur du service météorologique de l’URSS Alexeï Féodossiévitch Vangengheim voila ce que propose le journaliste Olivier Rolin.
Alexeï aime son métier et confiant dans l’avenir de l’URSS il est fier de faire que les trains arrivent à l’heure, que les moissons soient programmées au bon moment !
Il est Ukrainien d’origine noble et est victime de la terreur stalinienne en 1934. Arrêté et envoyé aux îles Solovki, le premier camp du Goulag où il sera exécuté trois ans plus tard.
Le Monastère autrefois camp d'internement
L’auteur O Rolin est aux Solovki pour réaliser un documentaire pour la chaîne Arte sur la bibliothèque du camp qui comptait 30 000 volumes. Il prend connaissance de lettres, dessins d’un détenu pour sa fille Eleonora à qui il faisait croire qu’il était en voyage d’exploration. C’est ainsi qu’il s’est intéressé à Alexeï Vangengheim.
lettres illustrées d'Alexeï Vangengheim © Editions Seuil Paulsen
Celui-ci est tout sauf un héros, c’est un homme tourné vers l’avenir. Il imagine le développement des énergies éoliennes et solaires, c’est un communiste convaincu. Pendant trois ans, croyant à une erreur, il va envoyer lettre sur lettre à Staline demandant sa libération. Dans quelle mesure il garde sa foi c’est difficile à dire, ces lettres et les portraits qu’il fait du Petit père des peuples sont peut être une façon de maintenir sa famille à l’abri.
Son travail à la bibliothèque l’aide à supporter la faim et le froid, la peur.
C’est le portrait d’un homme simple, représentatif de toutes les victimes anonymes, pris dans la tourmente de la Grande Terreur qui vit 750 000 exécutions en quelques 14 mois.
© Editions Seuil Paulsen
Olivier Rolin appuie son récit sur les quelques 160 lettres de Vangengheim envoyées à sa famille. Dans chacune d’elles il ajoute des dessins, des charades, un herbier à destination de sa fille. Réhabilité après la mort de Staline ce n’est que depuis l’éclatement de l’URSS que sa fille connait les circonstances exactes de sa mort.
C’est une enquête bien menée, fouillée, claire. Le destin de cet homme touche profondément. Remarquable.
Je vous propose de regarder le film d’Arte sur la bibliothèque des Solovki : passionnant
Le livre : Le météorologue - Olivier Rolin - Editions du Seuil- Paulsen
Comment ça va après cette balade au pays du froid ?
Je vous propos un thé bien chaud et hop on repart encore plus au nord dès demain