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Rechercher : la petite lumière

  • Bribes et Brindilles

    Après un peu plus d'un an de fonctionnement de ce blog, j'ai eu envie de lui apporter un peu de diversité

    Vous pourrez retrouver ici régulièrement des Bribes et brindilles de poésie empruntés à des auteurs très connus ou non, des citations et des extraits d'oeuvre que j'ai engrangés au fil des lectures et des années.

    J'en profiterai pour les illustrer avec des photos ou dessins issus de blogs amis où j'aime aller me promener et prendre l'air

     

    Je vous invite à "pousser la porte étroite qui chancelle "

     
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    Brindille de Poésie L'autre vie - Friedrich Hölderlin

     

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    Jusqu'au beau ruisseau toutefois,
    Je cherche un gai chemin
    Qui, nonchalant sur la rive,
    Creux, sauvage, serpente.
    Il passe sous le petit pont,

    qui mène au joli bois,
    Où les vents battent le sentier
    Et la vue comble de joie.

     
  • La librairie des écrivains - Mikhaïl Ossorguine

    Gardiens des livres - Mikhaïl Ossorguine - Traduit par Sophie Benech - Editions Interférences

    gardiens.gifParfois quelques minutes volées au temps vous rendent très heureux.
    Lors de la journée passée au salon du livre, en fin d’après midi quand tout le monde se presse pour faire des photos, pour apercevoir tel auteur à succès, j’ai flâné chez les petits éditeurs, ceux où il n’y a pas foule, pas de grand nom qui dédicace.
    Attirée par les couvertures magnifiques des éditions Interférences, j’ai feuilleté et emporté 3 petits livres, celui-ci est le premier lu et je souhaite vous faire partager mon plaisir et mon émotion.

    Tout d’abord il ne s’agit pas d’un livre à la mode, ni de ces livres distribués largement à tous les chroniqueurs de blogs et de Navarre pour qu’ils en fassent un compte rendu dithyrambique...non c’est un petit volume datant de 1994, qui dit en quelques pages comment dans la tourmente de la révolution russe, quelques écrivains ont tenu ouverte une librairie, se sont organiser pour venir en aide à des écrivains démunis, ont permis à des propriétaires de bibliothèques de vendre leurs livres et ainsi d’échapper pour un temps à la famine.

    Mickaïl Ossorguine raconte comment un petit groupe va faire vivre cette « Librairie des écrivains »

     

     

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    Mikhaïl Ossorguine (à gauche) en exil à Paris

    Il le raconte avec une simplicité pudique, à ceux qui s’étonneraient de la tolérance des autorités, Ossorguine répond

    « pourquoi nous tolérait-on ? Sans doute parce qu’au début, nous étions passés inaperçus, ensuite, on ne comprit pas très bien quelle sorte d’institution nous étions, ou peut-être estima-t-on malséant de s’en prendre à des écrivains travaillant sur les bases d’une coopérative sans employer de salariés. Une fois que la librairie eut acquis sa popularité, on la toléra par inertie, tout simplement. »

    L’inflation les obligeait à changer le prix de livre chaque jour aussi l’inscrivaient-ils au crayon et convertissaient-ils les prix devenus fous en denrée alimentaire, le livre valait une livre de farine, un litre d’huile.
    L’argent étant uniquement consacré à acheter des livres, l’aménagement de la librairie recourait au système D.


    « Un menuisier fabriqua d’après nos plans des bibliothèques pour lesquelles nous extorquâmes des planches à une coopérative. Sur les rayonnages s’alignèrent des livres transportés à dos d’homme, certains venant de maisons d’édition survivant encore, d’autres de chez nous – de nos réserves, dont nous étions contraints de nous séparer – d’autres enfin de chez des amis. En guise de caisse, une boîte en carton, en guise de vitrine, une planche inclinée devant une fenêtre qui se couvrait de givre le soir et se réchauffait vaguement au matin. »
    Mais qu’on ne s’y trompe pas c’était une vraie librairie :  « Les classiques, russes et étrangers, occupaient à eux seuls une pièce entière. »

    marina.jpgOssorguine agrémente son histoire d’anecdotes parfois cocasses ou émouvantes et dresse en annexe la liste des livres publiés par la libraire en effet lorsque papier et la possibilité d’imprimer ont disparus, les écrivains vont vendre leurs livres sous forme de manuscrits, formidables défis et volonté hors du commun.

    vous trouverez en fin de volume des reproductions d’illustrations et des fac-similés en particulier des poèmes de Marina Tsvétaïeva ainsi publiés.

     

    Faites une place à ce livre, hommage magnifique aux écrivains, aux libraires et à tous les amoureux des livres, de la poésie et de la littérature.

    Une pièce de théâtre à vue le jour inspirée par le livre

     

  • Une vie - Guy de Maupassant

    une vie.jpgUne vie - Guy de Maupassant - lu par Anny Duperey - Editions Naïve
    Un rapide résumé du roman de Maupassant : Jeanne, jeune fille issue de la petite aristocratie normande, ses années de couvent l’ont préparé à son rôle mais certainement pas à la « vie »
    Son mariage très rapide avec Julien aristocrate désargenté et très peu fidèle, va la mener par étapes de désillusions en désillusions.
    La condition féminine de l’époque, avec ses préjugés et ses contraintes, est particulièrement bien rendue et Anny Duperey sert parfaitement cette peinture noire et lucide.

    Ce roman de Guy de Maupassant a été publié en feuilleton en 1883, pourquoi ne pas retrouver le côté feuilletonesque en écoutant ce roman par chapitres.
    J’ai pris un grand plaisir à cette écoute et si vous partez en vacances en Normandie pourquoi ne pas l’écouter sur les lieux même ?

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    Les environs de Fécamp ( photo Aifelle)

    Vous pouvez gratuitement écouter l'oeuvre de Maupassant sur votre ordinateur sur le site  Guy de Maupassant

    Pour les amateurs de Maupassant rendez vous sur le site Maupassantiana

  • Les nuits mouvementées de l'escargot sauvage - Elisabeth Tova Bailey

    Compagnons de captivité

     

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    Un jeune femme clouée au lit par un virus agressif et inconnu, seule la position allongée lui convient, pas question de mettre un pied par terre, pas question de rester assise.

    Fini les balades avec le chien, fini de voir changer la forêt au gré des saisons, seuls restent le rêve, l’imagination, les souvenirs et les visites des amis. 

    « J’avais toutes les peines du monde à vivre le moindre instant, et le moindre instant était pour moi une heure interminable »

     

    Elisabeth Tova Bailey aurait pu intituler son livre : à l’ami qui m’a sauvé la vie, cette amie qui un jour cueille pour elle une pousse de violette et y ajoute un petit escargot qui aussitôt part en exploration.

    « A mon réveil le lendemain matin, l’escargot était de retour dans le pot, blotti dans sa coquille, endormi sous une feuille de violette »

     

    Cet escargot, confiné dans sa coquille comme elle dans son lit, va devenir son horizon, son point fixe, sa passion secrète. Elle va remarquer les trous qu’il fait dans le papier pour se nourrir, les petites traces brillantes qu’il laisse 

    « Sa curiosité et sa grâce m’entraînaient insensiblement, dans un monde paisible et solitaire »

     

    Après l’avoir nourri de fleurs de violette fanées et de champignon la vie de l’escargot va s’organiser dans un terrarium où il trouve l’humidité et les végétaux qui lui conviennent. Il lui tient compagnie silencieusement, enfin presque, parce que le bruit des dents de l’escargot croquant la nourriture c’est proprement sauvage.

    C’est  microcosmos  chez les gastéropodes.

     

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                           Le terrarium d'Elisabeth T Bailey

     

    Empruntant comme elle le peut de la documentation elle va finir par tout savoir sur ces bestioles qui vont exercer sur elle une étrange séduction. 

    Un peu d’anthropomorphisme ne nuit pas et l’auteur s’amuse de comparaisons entre sa vie étiolée et celle du petit-gris sous estimé. Saviez-vous que l’escargot possède un pouvoir extraordinaire pour réparer sa coquille, trous et déchirures colmatées il reprend sa vie une sorte de résilience à hauteur de gastéropode.

    Mais attention si vous voulez l'imiter; sachez que d’un seul escargot peuvent naître au bout d’un certain temps des couvées importantes

    « je devais admettre que c’était moi qui était un peu dépassée » l’expérience se termine avec 118 petites coquilles !

    L’aventure va se terminer :

    « J’arrivais désormais à parcourir de temps à autre la courte distance jusqu’à l’orée du bois. Un soir après qu’une légère pluie s’était changée en bruine, je suis allée placer mon jeune escargot dans un endroit abrité par de grands arbres feuillus »

    Un récit lumineux, fait de simplicité, de détachement et d’amour de la vie, entremêlant les apports scientifiques très sérieux et la poésie à hauteur d’herbes. 

    Une réussite. 

     

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     Le livre  : Les nuits mouvementées de l’escargot sauvage - Elisabeth Tova Bailey - Editions Autrement

  • Toujours Dostoïevski

    Un auteur et un traducteur 

     

    Pour ceux et celles qui sont intéressés par la collection Thésaurus

     

     

    dostoïevski

     

     

    le premier tome date de 1998 ( et moi qui croyais que cela datait de 5 ans !!) avec Crime et châtiment, le joueur et l’Idiot

     

    le second tome est de 2014 et regroupe les oeuvres écrites entre 1875 et 1880  l’adolescent, la Douce, le rêve d’un homme ridicule, les Frères Karamzov et des nouvelles Le moujik Mareï, le garçon à la menotte, le Triton et la Centenaire

     

    Troisième tome en 2015 avec les oeuvres de 1846 à 1849  : beaucoup de textes courts mais aussi Les pauvres gens, le Double, Nétotchka Nezvanova, le Petit héros, Les Nuits blanches et neuf autres nouvelles

     

    dostoïevski

    André Markowicz traducteur de l'oeuvre chez Actes Sud

     

    Il reste encore à paraître : Souvenirs de la maison morte, Humiliés et offensés, l’Eternel mari, Carnet du sous-sol, et bien sûr Les Démons plus sans doute quelques nouvelles 

    J'espère qu'Actes sud n'attendra pas éternellement pour nous les proposer 

  • Emma - Jane Austen

    Après un essai de lecture désastreux j’ai retrouvé dans cette version le plaisir de la lecture, celle que l’on savoure doucement en prenant son temps. 
    L’appareil critique est parfait comme toujours en Pléiade

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    L’histoire m’était connue, un rien parasitée par les adaptations de la BBC, c’est une petite frustration mais aussi l’occasion de se centrer sur l’écriture, les ressorts du récit sans s’inquiéter des péripéties ou du dénouement, finalement j’ai apprécié cette liberté totale.
    Je dois dire que la richesse du roman est sans commune mesure avec les adaptations aussi soignées soient-elles. 

    1815 dans la petite ville anglaise d’Highbury, Emma Woodhouse jeune, riche et belle jeune fille occupe son temps à jouer les entremetteuses entre ses amis et relations.
    Elle estime avoir habilement manoeuvré pour faire épouser sa gouvernante par un très bon parti alors pourquoi ne pas tenter d’autres mélanges ? 
    C’est un peu mince pour un roman et pourtant Jane Austen sous une apparente légèreté livre un roman subtil et riche. 

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    Dès le début du roman les pointes acerbes ou moqueuses fusent, le père d’Emma Mr Woodhouse est présenté comme « très porté sur les remarques banales et les bavardages inoffensifs ».

    L’auteur nous parle t-elle de l’éducation des jeunes filles qu’elle s'empresse d' ajouter :
    « L’on prétend en longues phrases ronflantes et creuses combiner une éducation libérale et une morale de bon ton » Dieu que ces choses là sont dites avec aisance et ironie.

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    Collection Getty -  Dans le ton de l'époque

    Emma évolue dans un microcosme composé de deux catégories de personnes, les petits nobliaux et les autres, convenables certes mais ne faisant pas partie de la gentry.

    Prenez Miss Smith qu’Emma a pris sous son aile pour la marier et bien
    « elle montre une déférence si convenable, si seyante et une reconnaissance si agréable » que c’est un plaisir de la manipuler.

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    Le Pique nique

    L’histoire est racontée en grande partie par Emma, elle mène la danse avec parfois des maladresses évidentes dont elle s’excuse à peine tant est grande son assurance, Mr Knightley l’ami de toujours dit d’elle avec une certaine sévérité
    « Elle ne s’imposera jamais rien qui exige du travail et de la patience et qui soumette l’imagination à la règle du jugement » autant dire qu’elle est un brin écervelée, égoïste et vaniteuse. 

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    Prenez son attitude avec Jane Fairfax qui va être contrainte faute de fortune de se faire gouvernante, voyez ses paroles vexantes avec la pauvre Mme Bates dont le bavardage incessant l’insupporte.

    Ses manigances ne vont pas avoir les résultats escomptés avec Mr Elton le pasteur, Miss Smith ou le fringant Frank Churchill, qui vont tour à tour lui causer bien des tourments.
    Le lecteur est mis dans la confidence des erreurs d’Emma, il peut choisir de s’en agacer, de s’en attrister ou tout simplement en rire comme je l’ai fait. 

      

    Quel tableau superbe de cette micro société, Jane Austen alterne entre ironie, humour, analyse sévère, ses remarques sont parfois le reflet de sa pensée et à d’autres moments des coups d’épingle comme par exemple cette description d’un dîner

    « Il se tint quelques propos intelligents, d’autres tout à fait stupides, la plupart n’étant ni l’un ni l’autre. Au pire des remarques banales, des répétitions fastidieuses, des nouvelles rebattues et de lourdes plaisanteries » et toc ...

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    Cueillette des fraises

    C’est un roman brillant avec un petit vernis moralisateur. Le récit avance lentement puis s’accélère par à coups. 

    Les portraits multiples tiennent de l’art de la miniature, tous les personnages et tous les paysages passent par le filtre d’Emma, elle qui ne connait ni Londres ni Bath et qui n’a même jamais vu la mer. 

    C’est une jolie comédie des erreurs, un marivaudage involontaire parfois, et l’auteur se fait tout à tour grinçante ou moqueuse, sage ou clairvoyante par la bouche de Mr Knightley. 

    J’ai des passages préférés : la cueillette des fraises par exemple ou le pique nique à Box Hill.

    J’ai vraiment pris un grand plaisir à cette lecture et sa notoriété n'est pas surfaite.

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    Le livre : Emma - Jane Austen - Traduit par - Editions Gallimard Pléiade