Nicole Lombard est un passeur formidable pour découvrir les romans de Giono. J'avais encore quelques belles découvertes à faire. En voici une.
Est ce bien cela que l'Iris de Suze ?
Une histoire simple, celle de Tringlot un nom curieux ! mais qui porte d’autres patronymes.
Il revient de loin Tringlot, des larcins peut être des crimes, l’amour de l’or l’a conduit a faire sept ans de Biribi, de travaux forcés si vous préférez on est en 1904 et la justice ne rigole pas.
Il parait assagi mais allez y voir...
Il se fait discret et Louiset le berger lui accorde sa confiance pour mener la transhumance avec lui, mais le soir Tringlot revoit le passé et surveille ses arrières car manifestement on le poursuit. Ils sont deux à lui donner la chasse, l’un promène une odeur de réglisse, l’autre fait entendre un bruit de clés.
Quand Louiset lui propose de faire la saison là-haut dans la montagne, Tringlot accepte et petit à petit un monde vaste s’ouvre à lui.
Le voilà à Quelte, un château habité par une baronne qui fraye avec Murataure le forgeron du village. Il passe des heures avec Casagrande, un drôle de bougre, un peu médecin, un peu diable qui occupe son temps à nettoyer des squelettes d’oiseaux.
Drôle d’endroit mais peu à peu Tringlot s’y sent chez lui surtout après sa rencontre avec l’Absente, c’est la femme du forgeron, une femme belle mais mutique.
C’est le romanesque porté à son sommet, le récit s’enfonce dans l’extraordinaire, le merveilleux mais aussi le diabolique. Giono n’explique rien, il nous laisse nous faire notre propre idée, chaque personnage est multiple et tour à tour nous effraye, nous emporte dans un tumulte d’impressions. Les plus noirs sont aussi parfois les plus touchants. La folie guette mais aussi l’amour, celui qui rend fou et pourtant mène aussi sur les chemins de la rédemption.
J’ai vraiment tout aimé dans ce roman, les personnages jamais totalement dévoilés, l’amour qui fait fi des conventions, la chronique de la transhumance si pleine de poésie, le conte flamboyant qui se cache derrière le récit.
La langue de Giono est inventive, riche et participe au bonheur de lecture.
Quant à savoir ce qu’est l’Iris de Suze je vous laisse le découvrir en lisant ce roman.
Le livre : L’Iris de Suze - Chroniques romanesques - Jean Giono - Gallimard Quarto