Aux amateurs de nature, de désert et de poésie
Un mot de l’auteur Mary Austin d’abord car son nom n’est pas connu en France, auteur prolixe, théâtre, nouvelles, c’est ce récit publié en 1903 qui l’a fait connaître et en a fait le chantre de la nature à l’égal de John Muir ou Thoreau, elle fut amie avec Willa Cather et Jack London.
C’est le désert qui est ici au coeur du livre, Mary Austin aime le désert car dit-elle « Pour tout ce que le désert prend à l’homme il donne une contrepartie, des respirations profondes, un sommeil profond et la communion des étoiles. Il nous vient à l’esprit avec une force renouvelée, dans les silences de la nuit »
14 courts chapitres initialement écrits pour les journaux qui vont vous faire parcourir le désert des chercheurs d’or, celui où des fables nourrissent l’imaginaire, vous pourrez répérer les sentiers qui mènent aux sources, admirer « cinquante sept busards, un sur chacun des cinquante sept poteaux de clôture du ranch El Tejon, par un matin de septembre favorable au mirage »
Vous enfoncer sur les terres des indiens shoshone « Le pays du mouflon, du wapiti et du loup. »
Tout est prétexte à émerveillement pour Mary Austin, tenez par exemple, le pré de son voisin, convoité, échangé, acheté, revendu, traversé d’un ruisseau, il finit un peu abandonné, la nature reprend ses droits « il est intéressant de voir cette reconquête d’un ancien territoire par les plantes sauvages que l’homme a bannies ». Le pré change de couleur au gré des saisons « Depuis le coeur de l’été jusqu’aux gelées la note dominante du pré est l’or clair, tournant à la teinte rouille de la bigelovie sur le déclin, une succession de couleurs plus admirablement réglées qu’un changement de décor au théâtre ».
Canyons, sierras, mesa, sentiers sont son domaine mais les histoires des hommes aussi tels ses gardiens d’écluse en un pays où l’eau est un trésor. Attentive à la beauté, l'auteur observe et note avec précision en naturaliste passionnée. Ses récits dégagent une grande poésie, un certain lyrisme et un immense amour pour ce pays « de rivières perdues, où il n’y a pas grand-chose à aimer ; et pourtant un pays vers lequel on ne peut que revenir une fois qu’on l’a jamais visité. »
Ecoutez son appel : « Venez donc vous qui êtes obsédés par votre importance dans l’ordre des choses, et qui ne possédez rien qui n’ayez obtenu sans peiner, venez par les sombres vallées et les collines charnues, jusqu’au pays des jours paisibles, et faites vôtres la générosité, la simplicité et la sereine liberté. »
François Specq traducteur et préfacier dit du livre « magnifique célébration de la beauté sauvage », si vous aimez Edward Abbey ou John Muir, si Walden est un livre important pour vous, si vous avez aimé Elisée Reclus et son Histoire d’un ruisseau, alors Le pays des petites pluies ne vous décevra pas.
Le livre : Le Pays des petites pluies - Mary Austin - Traduit de l’américain par François Specq - Editions Le Mot et le Reste 2011.
Commentaires
Je l'ai eu en main, grrr !:)Mais comme j'avais perdu le références, je te remercie!:)
@ Cathulu : je ris cette mésaventure m'arrive tout le temps !
J'ai déjà lu un billet sur Abbey ce matin, et je suis perso en ce moment dans le Grand Canyon avec Hillerman, un polar avec de la nature et des Indiens dedans... Et même si "la beauté sauvage" n'est pas vraiment mon truc, je note, rien que parce que le livre est édité par "Le mot et le reste" (me plait bien cette maison-là) et pour tous les auteurs que tu cites en référence.
@ Ys : cette maison d'éditions est en train de prendre sa place et c'est très intéressant de suivre un peu leurs projets
Hillerman c'est du bon polar bien sympathique, j'aime l'atmosphère sauf lorsqu'elle devient un peu trop ésotérique
Un pré "d'or clair"... Les extraits que tu as choisis sont une immersion immédiate dans cette nature sauvage.
@ Tania : c'est un bain de jouvence ce texte
J'avais beaucoup aimé Souvenirs d'enfance et de jeunesse de John Muir.
Je note car je pense c'est le genre de livre qui fait du bien entre certaines lectures.
Cela permet de souffler un peu,de prendre une bouffé d'oxygène et d'aborder d'autres lectures avec un oeil neuf
Bonne journée
@ autourdupuits : ce sont les livres vers lesquels je reviens facilement pour prendre des petites bouffées de plaisir
J'ai commencé à lire ton billet, lu Muir et Thoreau, donc noté les infos, puis ensuite lu le billet... M'enfin, je suis ravie ravie, les livres de ce genre, je les adore, ils me tombent dessus sans chercher... Tu éclaires mon lundi...
@ Keisha : j'ai pensé à toi en le lisant car il est fait pour toi !
Le titre donne déjà très envie de lire à lui tout seul .. et un de plus sur la LAL dès le lundi matin.
@ Aifelle : c''est un vrai bonheur ce livre qui n'a pas pris une ride et qui démontre que les femmes ont une vrai place dans ce type de récits où on attend les hommes le plus souvent
Le titre, et les extraits me donnent très envie d'en savoir plus.
Un livre à retenir.
Les photos ont superbes.
@ Dimitri : ce doit être un pays magnifique à photographier
Je ne connaissais pas, merci pour cette découverte!
@ Sabbio : si c'est une première pour ce genre de livre : vas y c'est très bon
Je ne connais pas le désert mais "pour elle tout est prétexte à l'émerveillement" + les extraits + la nature que j'adore...bref, tu as compris. Mille mercis Dominique, je me sens revivre...déjà!
@ Colo : c'est le genre de livre qui a le même effet sur moi, pfffftttt les soucis
Je suis en effet friande de ces récits (Abbey décrit aussi magnifiquement le désert), découvre Muir actuellement, et ai déjà lu Walden (mais des essais de Thoreau suivront.)
Je ne connaissais pas l'éditeur (mais Ys, si, c'est plus normal)
@ Keisha : je ne dirais jamais assez que j'ai un libraire extra qui toute en étant une libraire de taille modeste met en avant ce qui parait d'intéressant et pas seulement ce "qui marche'
j'ai découvert l'éditeur avec la retraduction de Walden et j'ai gardé un oeil dessus !
Ys travaille dans l'édition ?
Non, elle travaille en bibli (dans un coin paumé de la campagne, je le sais, j'ai travaillé à quelques km, mais à l'époque je ne connaissais pas les blogs donc pas Ys), mais je suppose qu'elle a formations et tout ça?
@ Keisha : merci de l'info
Ça a l'air très beau! Malheureusement, je ne suis vraiment pas très "désert"... Moi c'est plus les forêts, les étendues glaciales... Enfin, je garde dans un coin de ma tête, au cas où...
@ Allie : j'aime comme toi les étendues froides et blanches, dans ce cas je te suggère Barry Lopez et ses Rêves arctiques
Je suis assez tentée de le lire, mais en vo! Merci pour l'idée!
Bisous
@ Veronique : je suppose que c'est la meilleure manière
@ veronique : sans doute la meilleure manière
J'ai aimé Muir, j'espère aimer cet autre livre aussi. Je l'ai noté!.
@ Mango : j'ai lu ton billet sur "un été dans la Sierra" tu devrais apprécier celui là
Juste pour te livrer cette phrase lue aujourd'hui:
"J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence..."
St Exupéry.
@ Colo : il avait peut être lu Mary Austin !
Je note évidemment ce titre, qui me donnera envie de repartir dans un désert du globe ... J'admire ces femmes "pionnières" de la découverte des milieux durs. Merci, Dominique.
@ Florence : la personnalité de mary Austin est mise en valeur dans la préface et c'est une bonne façon de faire connaissance avec elle
Super bouquin, en plus la façon dont tu le récite fait vraiment rêver:)
Un ouvrage qui me tente. Occasion de me ressouvenir de ce désert mojave où j'ai voyagé il y a longtemps. Je me souviens d'un extraordinaire village indien troglodyte perdu au milieu de nulle part et d'une cactée venimeuses aux défenses acérées. Merci, Dominique.
@ Catheau : si tu connais la région je suis certaine que tu vas aimer ce livre, cette femme fait corps avec sa terre, c'est superbe sans jamais être dans l'exagération