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Rechercher : la petite lumière

  • Légende d'un dormeur éveillé Gaëlle Nohant

    « La liberté, la seule patrie qui mérite qu'on meure pour elle »

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    L'ami Eluard illustré par Fernand Léger

    Si je vous dis : années folles, entre-deux guerres, surréalisme, résistance , ça vous évoque quoi ou qui ?

    André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, Antonin Artaud le suicidé... 

    Oui bien sûr mais aussi : Federico Garcia Lorca, Pablo Neruda, Alejo Carpentier...
    Mais aussi la peinture de Foujita, de Picasso, d’Yves Tanguy...
    Et le théâtre de Jean-Louis Barrault ...

    Pourtant là il y a un nom qui manque à cette liste, celui de Robert Desnos, le poète, pas toujours surréaliste, mais toujours opposé au fascisme, Desnos le crève la faim, le journaleux, l’amant malheureux, l’ami de plus grand nombre, l’opposant à tous les extrémismes, le résistant, le déporté. 

    C'est une biographie romancée très réussie, lumineuse, passionnante que celle de Gaëlle Nohant. On y croise tout ce qui a compté à l’époque, les artistes, les penseurs, les militants, les amis du poète, toujours courant après la liberté, toujours en quête d’amour.
    Un splendide tableau de cette période si riche mais qui court à grand pas vers le désastre.

     

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    Max Morise, Max Ernst, Simone Breton, Paul Eluard, Joseph Delteil, Gala Eluard,

    Robert Desnos et André Breton 1923

     

    J’ai vraiment aimé cette biographie, Robert Desnos l’amoureux absolu, le guetteur éveillé, celui qui donnerait jusqu’à sa dernière chemise, le faussaire magnifique qui loin des lumières fabrique les faux papiers nécessaires à ses amis juifs.

    Robert Desnos qui peut faire le coup de poing pour des idées, pour défendre un ami mais qui refuse l’encartement au Parti Communiste et qui affirme « Que chaque jour t'apporte sa joie. Au besoin, provoque-la, prémédite-la. »
    Robert Desnos farouche opposant à tous ce qui limite la liberté

    Robert Desnos l’homme de radio que j’ignorais totalement et qui donne envie d’avoir accès à ces archives radiophoniques. Ah écouter la complainte de Fantômas !!!

    Le conteur pour enfant, si bien sûr je suis certaine que vous savez qu’une « fourmi de dix-huit mètre ça n’existe pas »

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    Robert Desnos l’amoureux qui croyait avoir « une étoile pour veiller sur moi et une sirène à retrouver. » l’amoureux d’Yvonne que la tuberculose guette, de Youki hélas mariée au peintre Foujita…

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    Foujita autoportrait

    Parfois ce Paris de l’entre-deux guerres est un rien trop foisonnant, l’avalanche de noms peu donner le tournis mais tant pis car je pourrais y revenir le jour où je le voudrais et cette vie intellectuelle était tellement effervescente qu’il est certainement difficile d’en rendre compte simplement.

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    Robert Desnos au camp de Terezin

    La mort de Desnos, elle, je la connaissais, elle termine de façon abrupte,douloureuse et poignante cette biographie 

    Un livre au souffle certain, à la dimension historique réussie, à l’évocation talentueuse d’un homme dont on souhaiterait avoir été l’ami.

    Ne vous laissez pas impressionner par la taille du livre, il vaut absolument l’effort de lecture

     A lire pour tous les amoureux de poésie, de peinture, de théâtre ou d’histoire.

    L’avis de Lecturissime 

     

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    Le livre : Légende d’un dormeur éveillé - Gaëlle Nohant - Editions Eloïse d’Ormesson 

     

  • L'Odeur de la forêt - Hélène Gestern

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    Parce qu'elle a lié amitié avec Mme de Chalendar, Elisabeth Bathori, historienne à L'Institut pour la mémoire photographique du siècle, se voit confier la correspondance d'Alban de Willecot un jeune homme mort au front en 1917.

    Particularité : l'essentiel de la correspondance est adressé à un grand poète de l'époque : Anatole Massis dont malheureusement les réponses aux lettres d'Alban ont disparu.

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    Apollinaire : un poète à la guerre

    Elisabeth est aussitôt passionnée par ce travail, les documents viendront enrichir le fond de l'Institut mais au-delà, ce travail lui permet de sortir peu à peu d'une sévère dépression suite à la mort de son conjoint.

     

    Elisabeth s'attache à Alban de Willcot. Quelques mois plus tard à sa grande surprise elle hérite une maison de Mme de Chalendar, charge pour elle de poursuivre les recherches sur la famille, d'explorer les zones d'ombre de l'histoire familiale, de rechercher les documents manquants. 

    Elisabeth s'installe dans cette maison où tout lui plait. Grâce à son obstination et à ses méthodes de recherche, peu à peu l'histoire prend forme, un personnage nouveau apparait : Diane, jeune fille passionnée de mathématiques mais que les moeurs de l'époque empêchent de faire des études, elle a, elle aussi, correspondu avec Alban, elle a tenu un journal qui conduira Elisabeth à élargir ses recherches loin de la France et au-delà de la Première Guerre. 

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    Ces cartes qui maintenaient le lien

     

    C'est une traversée du siècle que propose Hélène Gestern. A travers les traces laissées : photos, lettres, journaux, la reconstitution du passé devient possible et fait oublier à l'héroïne sont douloureux présent 

    « J’empruntais la vie d’une autre, je mettais mes pas dans les siens, j’adoptais son histoire. Était-ce malsain, morbide, immoral ? Je ne le savais pas et je n’avais pas voulu me poser la question, me laissant guider par une mémoire qui ne m’appartenait pas, mais dont j’épousais sans discuter les méandres. Parce que, à la faveur de cette enquête sur les lettres centenaires d’un soldat dont j’ignorais l’existence quelques mois plus tôt, quelque chose d’infiniment lent avait commencé à remuer à l’intérieur de moi, quelque chose qui n’avait pas encore ni forme ni nom, mais qui poussait obscurément les parois du chagrin pour réclamer l’énoncé de la lumière. »

     

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    Lettres des poilus

    C'est une belle façon de mettre en avant ces disparus « avalés par la guerre, le temps, le silence »; de mettre à l'honneur le travail parfois fastidieux des historiens, archivistes, tous ceux qui permettent que l'histoire ne soit plus seulement celle des événements mais aussi celles d'hommes et de femmes.

    J'ai beaucoup aimé ce roman, très dense. Grâce à l'habileté d'Hélène Gestern on suit les traces, on déroule le fil de l'histoire. J'ai été prise par la richesse du récit, par la complexité de ses personnages, par les problèmes évoqués au fil des pages : la place des femmes qui change avec la guerre, les secrets familiaux qui empoisonnent parfois plusieurs générations, les vérités pas toujours bonnes à dire sur les faits historiques.

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    Ces hommes longtemps niés, cachés

    J'avais lu avec plaisir son roman précédent : Eux sur la photo, mais j'ai vraiment aimé celui-là et je vous le recommande comme une lecture d'été tout à fait passionnante

     

    Le livre : L’Odeur de la forêt - Hélène Western - Editions Arléa

  • Un livre friandise

    Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows- Traduit par Aline Azoulay-Pacvon - Nil Editions
    le cercle.jpgIl y a les livres chef-d’oeuvres, les livres marquants, les livres érudits, les livres phares et puis il y a les livres friandises.
    Des livres qui donnent le sourire, que l’on a envie d’offrir, si vous êtes amateur de ce genre de livre alors n’hésitez pas celui-ci est fait pour vous.

    L’Angleterre en 1946, les traces des bombardements sont bien visibles, le rationnement est encore d’actualité.
    L’héroïne Juliet Ashton à traversé la guerre en écrivant des chroniques pour les journaux, sa bibliothèque est perdue sous les décombres de sa maison, sa plus fidèle amie est mariée en Ecosse, et son éditeur voit d’un mauvais oeil son flirt avec un éditeur américain qui fait la une des journaux people de l’époque.
    La réception d’une lettre va tout changer, elle va petit à petit, lettre après lettre, faire la connaissance des membres de l’improbable et pourtant bien réel Cercle littéraire des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey.
    Créé pendant la guerre pour déjouer les lois allemandes contraignantes, le cercle a rapproché les habitants de Guernesey, a ouvert à la lecture des hommes et femmes qui n’avait plus ouvert un livre depuis l’école. La correspondance entre Juliette et les iliens se fait confidence pour certains et  potins malveillants pour d’autres. Les lettres ravivent les souvenirs de la guerre, mettent au jour la solidarité et l’affection qui lient les membres du cercle,  les actes de lâcheté et ceux d’héroïsme, les moments difficiles comme les joies simples.
    C’est tout un petit monde qui apparaît, attachant, drôle et émouvant.

    Le roman épistolaire est un classique et il est ici parfaitement accordé au sujet, l’auteure est américaine mais je ne peux m’empêcher de trouver son humour très anglais, les constantes références littéraires sont excellentes et je vous laisse le plaisir de découvrir comment la littérature aide à conquérir le coeur d’une femme et adoucir la vie. Un roman frais, joyeux, tendre et drôle

    Lisez et offrez ce livre il donne le sourire pour preuve les sourires de  Keisha Lilly Fashion ou Emjy

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    Guernesey aujourd'hui

     

  • Une année dans la vie de Tolstoï - Jay Parini

    Une année dans la vie de Tolstoï - Jay Parini - Traduit par François René Daillie - Editions des Deux Terres

    une année dans la vie.gifCe roman déjà édité en 1990, se présente comme un roman biographique, Jay Parini centre le roman sur la dernière année de la vie de Léon Tolstoï.
    En 1910 en Russie le servage est aboli depuis 50 ans, mais la misère règne en particulier dans le monde paysan, Tolstoï , qui depuis plusieurs années prend fait et cause pour le peuple, souffre de ne pas appliquer dans sa vie familiale les préceptes qu’il défend dans ses écrits et auprès de ses «disciples ».
    Il vit et écrit à Isnaïa Poliana, presque tous ces enfants sont partis et la vie se partage entre le groupe de fidèles tolstoïens, sa fille Macha qui l’aide en s’occupant de son courrier, son médecin (Tolstoï a 82 ans)  et bien sûr Sofia Andreïevna son épouse et mère de ses 13 enfants.
    Jay Parini, fait parler à tour de rôle les protagonistes qui ont chacun un point de vue, des sentiments. Petit à petit on entre dans l’intimité de la famille, on suit les crises qui naissent entre les époux et entre Sofia Andreïevna et l’entourage de son mari.


    Ce tableau aux mille facettes s’enrichit au fur et à mesure et le portrait de l’écrivain se dessine. Comme souvent le portrait oscille entre un homme qui correspond avec Gandhi mais peut se montrer violent et irascible avec son épouse, un génie littéraire qui se laisse manipuler par son entourage, un adepte du dépouillement mais qui ne voit rien à redire au culte dont il est l’objet dans la presse Russe. La crise va croissant jusqu’aux derniers jours de l’écrivain

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    Le roman composé à partir des lettres et journaux des Tolstoï et de leur entourage est rigoureusement exact quant aux paroles, écrits ou événements. Les éléments historiques sont très habilement insérés dans le récit et l’on a une impression d’authenticité et jamais de pesanteur savante.

    Pour compléter ce roman on peut l’éclairer par le petit récit de Tatiana Tolstoï : Sur mon père. et sur la biographie consacrée aux derniers jours de Tolstoi par Alberto Cavallari : La fuite de Tolstoï dont vous trouverez une critique ici
    Un film a été réalisé Last station avec Helen Mirren et Christopher Plummer , le film n’est pas disponible en DVD pour le moment.

    L’auteur
    jay_parini_big.jpgProfesseur de littérature américain, Jay Parini, enseigne à l’université de Middlebury, dans le Vermont.
    Il a publié de nombreux essais critiques, biographies (Robert Frost, W Faulkner, J Steinbeck) pour la plupart consacrés à la littérature américaine.

  • Uruguay - Jules Supervielle

    Uruguay - Jules Supervielle - Editions des Equateurs
    uruguay.gifUn petit livre qui nous raconte les souvenirs d’enfance du poète et son amour pour son pays d’origine.
    J’ignorais avant cette lecture que Jules Supervielle était né en Amérique du Sud et que sa vie durant il fit l’aller retour entre la France et l’Uruguay. Son premier séjour en France est marqué par la mort de ses deux parents, il a quelques mois et sera élevé par un oncle fondateur d’une banque en Uruguay. Il fera ses études en France mais se mariera en Uruguay et y passera le temps de la guerre ne revenant en France qu’en 1946.

    Ces souvenirs sont chargés d’émotion et de poésie « Une phrase, une journée, toute la vie, n’est-ce pas la même chose pour qui est né sous les signes jumeaux du voyage et de la mort »
    Il évoque la douceur du climat « Le ciel pur ! Sentez-vous cette caresse sans vent sur vos visages ? Ce doit être l’automne uruguayen » le Montevideo de son enfance « Montevideo est belle et luisante. Les maisons peintes de couleurs claires, rose tendre, bleu tendre, vert tendre. Et le soleil monte sur les trottoirs  » il n’a pas oublié la mer si présente «  Dès qu’on lève la tête, elle vous entre dans les yeux »

     

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    Montevideo

    La vie dans l’estancia, les chevauchées sur les pistes de la pampa « C’est dans la campagne Uruguayenne que j’eus pour la première fois l’impression de toucher les choses du monde, et de courir derrière elles ! »

     

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    Le Rio de la Plata
     

    Ils se souvient de tous les animaux qui peuplaient la campagnes, ibis, tatou, iguane « Les bêtes vivaient et mouraient devant nous » Il se souvient d’une nuée de sauterelle une année de sécheresse, des gauchos farouches et rudes au travail.
    Mais « Uruguay, je sais bien que tu n’es pas seulement ce que je viens de dire, et toujours cum grano amoris »

    La préface de Marie Laure de Folin, sa petite fille trace un portrait touchant du poète devenu grand-père que ses petits enfants appellent Julio


    En savoir plus sur le site de Jean Michel Maulpoix

  • Les Contes - Jacob et Wilhelm Grimm


    Noël : des cadeaux pour grands et à lire aux petits

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    contes de grimm.jpgLes Contes  - Jacob et Wilhelm Grimm - Traduction de l’Allemand par Natacha Rimasson-Fertin - Editions José Corti
    Vous voilà en terre connue, que vous soyez ou non lecteur de contes vous connaissez une bonne partie des contes de Grimm. On vous les a racontés, lus, ils font partie de notre imaginaire.
    Rappellez vous : Blanche Neige, Hänsel et Gretel, le malin petit tailleur, Raiponce, La Belle au bois dormant et Cendrillon (non ce n’est pas de Walt Disney !) mais aussi une multitude de contes oubliés ou moins connus.
    Il n’existait pas à ce jour d’édition complète, avec notes et commentaires. Aujourd’hui les éditions José Corti sortent ce magnifique coffret en deux tomes. Tout est là, sans exception. Les illustrations sont celles des éditions d’origine et la traduction est irréprochable.

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    Les illustrations d'époque

    La présentation nous donne la clé de ce travail de fourmis, car les frères Grimm ne sont pas à proprement parler les auteurs des contes, ils sont les collecteurs, les traducteurs en langue allemande courante,  ils ont parfois réécrit les textes mais toujours dans un souci de clarté et d’exactitude.
    Voilà une belle idée de cadeau pour amateur éclairé et pour le plaisir de se replonger dans ces récits d’enfance.

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    biogrimm.gifJacob et Wilhelm Grimm Il était une fois - François Mathieu - Editions du Jasmin
    Jacob et Wilhelm, deux frères,  deux écrivains et érudits qui toute leur vie ont travaillé ensemble au point que nous ne les désignons pas autrement que par un même nom de famille.
    Philologues, linguistes, leurs divers emplois les conduisent de Kassel à Göttingen puis Berlin où ils sont professeurs à l’université.
    On sait moins que outre les fameux Contes de Grimm qui ont fait l’objet de 7 éditions du vivant des deux frères. Ils sont aussi à l’origine d’une Grammaire Allemande, d’ouvrages sur la mythologie allemande et la langue allemande. Leur travail est comparable à celui de Littré en France.
    Traducteur germaniste des plus grands auteurs de langue allemande : Kafka, Hesse, Lenz ou Christine Lavant,  François Mathieu dans ce petit livre met à la fois son érudition et sa passion au service de cette biographie. Très complète sans être pesante, elle peut accompagner très heureusement l’édition des contes.

    Pour compléter lisez l’interview de la traductrice des Contes et l’interview de François Mathieu

    Pour les germanophones (j'en connnais) le site du Musée Grimm à Kassel

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