J’ai fait un petit voyage au sud des Etats-Unis il y a peu.
J’y retourne grâce à deux romans, c’est déjà l’été là-bas.
En route pour le Magnolia state
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J’ai fait un petit voyage au sud des Etats-Unis il y a peu.
J’y retourne grâce à deux romans, c’est déjà l’été là-bas.
En route pour le Magnolia state
Décidément j’apprécie ma liseuse quand je pars en vacances, en voyage.
Je me suis lancée depuis quelques mois dans Balzac et je poursuis mon chemin doucement, je dois dire que mon envie de le lire augmente à chaque fois.
Demain donc un petit tour sur ses terres.
Aujourd'hui je me suis promené avec mon camarade,
Même s'il est mort,
Je me suis promené avec mon camarade.
Qu'ils étaient beaux les arbres en fleurs,
Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort
∴ ∴ ∴ ∴
Moi, je regardais les arbres en fleurs,
La rivière passer sous le pont
Et soudain j'ai vu que j'étais seul.
Alors je suis rentré parmi les hommes.
Dans un petit bateau
Une petite dame
Un petit matelot
Tient les petites rames
∴ ∴ ∴
Ils s'en vont voyager
Sur un ruisseau tranquille
Sous un ciel passager
Et dormir dans une île
Le livre : Poésie - Robert Desnos - Gallimard
Trois petites notes de musique
Un remerciement à Bonheur du Jour qui m’a aiguillé vers ce petit livre de Pascal Quignard que je n’avais pas repéré du tout.
Je le lis depuis son premier livre sur Maurice Scève et je ne me suis jamais arrêtée. De temps en temps un livre me plait moins mais j’y trouve toujours de quoi satisfaire ma boulimie livresque.
Un livre sur la musique qui est la seconde passion de Quignard après la lecture.
Croiser ici Julien Gracq était un peu surprenant mais tout s’éclaire quand on sait que Monsieur Louis Poirier a pris de leçon de piano avec une tante de l’auteur. Une petite blessure à surgit à la suite de ces leçons, blessure pour Julien Gracq et plus encore pour Quignard « Il est des choses qui blessent l’âme quand la mémoire les fait ressurgir. » la petite madeleine est ici un peu souffrante. Son évocation de ses tantes musiciennes est magnifique.
Il défend une méthode d’apprentissage certes un peu surannée et parfois même violente mais efficace « Ce n’était que du su par cœur, comme pour les verbes grecs irréguliers, mais c’est inscrit pour la vie »
Trois petits textes de trois conférences et ces trois fragments sont passionnants. Après la mémoire vient son admiration pour Paul Celan grâce à qui il a traduit du grec et il finit avec Aristote et l’amitié.
Un tout petit livre de ceux que l’on peut relire avec un grand plaisir.
Voyez l’avis de Margotte
Le livre : Leçons de solfège et de piano - Pascal Quignard - Editions Arléa
Dernière étape du parcours dans la lecture,
j’ai voulu terminer par une femme que j’admire et dont j’aime les livres.
Mona Ozouf l’historienne, écrit depuis quarante ans sur les livres dans le Nouvel Observateur.
Ses goûts la portent vers l’histoire bien entendu mais aussi les correspondances, les journaux. Ce recueil d’articles est intitulé « La cause des livres » car elle profite de ce recueil pour se détacher de l’urgence, de l’éphémère, de l’actualité et nous inviter à piocher dans son étal de « brocanteur » littéraire et passer de la cour de Marie Antoinette ou au salon de Voltaire.
Plutôt qu’un long plaidoyer c’est une récolte qui doit tout à la liberté que procure la lecture, c’est une alerte envers un monde qui accélère sa course vers l’inconstant, mais par dessus tout une reconnaissance envers les oeuvres et leurs auteurs.
Le salon de Madame Geoffrin : un haut lieu littéraire
Les articles sont regroupés selon une thématique personnelle à Mona Ozouf qu’elle explique dans une belle préface
Dans la première partie elle a regroupé les grands noms, Mme de La Fayette et Balzac, Zola, Voltaire et aussi Saint-Simon ou Michelet sans oublier Chateaubriand. Ce sont des livres lus et relus qui appartiennent à sa « patrie littéraire » et qui s’ouvre sur Montaigne ce qui était fait pour me séduire.
" L'une de mes préférées est la correspondance de Flaubert et George Sand"
Mona Ozouf aime particulièrement les correspondances et sous le titre « une liasse de lettres » elle nous fait connaître les échanges épistolaires célèbres « L'une de mes préférées est la correspondance de Flaubert et George Sand » dit-elle dans son interview à l’Express. Mais vous y rencontrerez aussi Virginia Woolf ou Tante Simone (nom affectueux que M Ozouf donne à Simone de Beauvoir)
Les « voix d’ailleurs » permettent de retrouver Nicolas Bouvier mais surtout Henry James qui se taille une belle place avec plusieurs articles qui donnent une envie forte de lire l’essai que Mona Ozouf lui a consacré.
Mona Ozouf est féministe, j’avais lu sur les conseils de Tania : Les mots des femmes, et j’ai retrouvé ici toute l’élégance de l’écriture, toute la passion qui l’ habite dans les « portraits de femmes » de Germaine de Staël ou Mme Du Deffand et de façon amusante des filles de Marx
La Révolution : un sujet toujours d'actualité
Les deux dernières parties sont celles qui m’ont le plus intéressé car beaucoup des titres me sont inconnus, le thème « tableau de la France » est aux antipodes des élucubrations récentes sur l’identité française, le voyage en France est mis à l’honneur, le pays où l’on revient toujours dit Mona Ozouf, j’y ai croisé deux figures connues : Pierre-Jakez Helias et le « Toinou » d’Antoine Sylvestre.
Enfin dernier thème : Les lumières et la Révolution, occasion de saluer ses confrères : François Furet, Alain Corbin, Pierre Nora envers qui elle s’acquitte d’une « dette d’amitié »
J’ai de la peine à parler de « critiques » tant ces 120 articles sont élégants et rendent un hommage à la lecture, une lecture attentionnée, intelligente, valeureuse. Tous les articles sont excellents que l’on ait lu ou non le livre, on peut en faire son miel.
La mode n’intéresse pas Mona Ozouf, seule le besoin d’ouverture, d’enrichissement, de confrontation, dicte ses lectures. Laissez vous prendre par la main, vous rouvrirez souvent ce volume si vous lui faites une place dans votre bibliothèque
Un grand merci à ceux et celles qui m'ont donné les références des émissions dont Mona Ozouf était ou sera l'invitée
Femme des lumières de France 5 la vidéo est disponible jusqu'au vendredi 13
Présence à la grande librairie en octobre
Le livre : La cause des livres - Mona Ozouf - Editions Gallimard 2011
Il fit de la nuit son royaume
Que diriez-vous de passer par la Lorraine pour un voyage artistique ?
Jacques Callot est lorrain, Claude Gelée aussi d’où son nom mais surtout, surtout, Georges de La Tour est lorrain.
Le Vielleur - Musée des Beaux Arts de Belgique
A l’origine ce tableau comprenait aussi un violoniste, La Tour a traité plusieurs fois ce thème et l’on retrouve un Vielleur au ruban au musée du Prado
Question biographie c’est assez vite résumé, on ne sait pratiquement rien de lui. Enfin j’exagère un peu, on sait qu’il est né à Vic où il a passé pas mal d’années et Jacques Thuillier insiste « on ne dira jamais assez que La Tour n’est pas un artiste français » car à l’époque c’était un territoire appartenant aux Ducs de Lorraine et son destin s’en trouva marqué.
Il fit un apprentissage dont on ne sait rien. On suppose qu’il fit le voyage à Rome un incontournable pour les peintres de cette époque mais rien ne le confirme sauf qu’à Rome vivait une société importante de lorrains.
Retour en Lorraine et mariage avec Diane qui lui servira parfois de modèle.
Jacques Callot illustrera la guerre et la peste qui chassent Georges de La Tour de Vic.
Jacques Callot Les Misères de la guerre
Il s’établit à Lunéville sous la protection des Ducs de Lorraine, le duché est terre de la contre-réforme et les sujets religieux seront à l’honneur.
Peintre très réaliste à ses débuts il n’est pas un peintre de la nature et celle-ci est absente de ses tableaux.
Puis son inspiration le portera vers le travail de la lumière et les toiles nocturnes dont on pouvait croire les flamands comme seuls maîtres.
Mais il peint aussi des tableaux diurnes comme La Nativité ou l’adoration des bergers.
« Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises.Pascal Quignard »
Il meurt à Lunéville et ....sombre dans l’oubli jusqu’en 1863 où on le « redécouvre ». C’est sans doute l’exposition de 1972 qui le fit connaitre mieux de grand public.
Le livre de Jacques Thuillier est parfait pour connaitre un peu mieux le peintre et le situer dans son époque. On comprend bien son parcours et les reproductions sont de très bonne qualité. J’ai acheté ce livre d’occasion pour très peu cher et je ne regrette pas mon achat.
Saint Jacques
Mais pour entrer dans le secret des tableaux de Georges de La Tour la compagnie de Pascal Quignard est parfaite. Il nous le montre obéissant aux leçons du Caravage.
Il a une manière bien à lui de délivrer les secrets du peintre et d’interpréter ses tableaux. C’est lui qui dit « Il fit de la nuit son royaume » « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises. »
Ou encore « Georges de La Tour élut la vie quotidienne la plus simple, la plongea et la simplifia encore dans la nuit, pour la revêtir du reflet de grandeur qu’est la luisance, la couche de lumière. »
« c’est le maître des nuits. C’est le maître des regards tournés en dedans. C’est le maître des paupières baissées. »
Pour Pascal Quignard Georges de La Tour est LE baroque janséniste, ses personnages « sont immobiles, divisés entre la nuit où ils s'élèvent et la lueur qui les éclaire en partie. Surgissant dans l'ombre, touchés par un fragment de lueur, ils tiennent en suspens un geste incompréhensible »
A vous de choisir : Jacques Thuillier pour la précision et l’étude complète, Quignard pour la beauté des mots alliée à la beauté des oeuvres.
Les livres :
Georges de La Tour - Pascal Quignard - Editions Flohic 1991
Georges de La Tour - Jacques Thuillier - Editions Flammarion 2002 et 2013