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Rechercher : la petite lumière

  • Le Rouge et le Noir - Stendhal

    « Je l'ai fait en un quart d'heure, avec l'expérience de toute ma vie » *

     

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    Une jolie édition reliée contre mes vieux poches, c'était la bonne occasion pour relire ce roman qui m'a enthousiasmé à l'adolescence, relu lorsque j'en avais proposé la lecture à mes filles, alors aujourd'hui mon goût a-t-il changé ?

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    Un vieux poche

    Oui assurément car si mon penchant pour ce roman reste intact je m'aperçois que ce qui me plait le plus dans ce roman n'est pas du tout ce qui me plaisait il y a des lustres.

    Bon ne comptez pas sur moi pour un résumé, pas un mot, par contre je ne résiste pas à l'envie de parler des quelques passages qui m'ont surpris, ou qui ont pris une tonalité nouvelle.

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    On peut se passer de l'adaptation 

    A l'occasion de cette relecture j'ai rouvert des essais sur Stendhal et je vais m'en servir largement pour ce billet.

    Tout d'abord la surprise  d'avoir eu envie de rire, je ne ne souviens pas d'avoir ri adolescente tellement prise par la passion de Julien.
    La critique féroce de la société est jubilatoire, mêlée à un anticléricalisme forcené cela donne lieu à des scènes très très croquignolettes, l'Evêque d'Agde s'entrainant à bénir la foule est tout à fait hilarant. Il faut dire que contre le clergé Stendhal ne fait pas dans la demi-mesure.

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    Mais je n'ai pas toujours ri, car par exemple les pages sur le passage au séminaire de Julien Sorel sont parfois sordides , Alain dit « Les pages du séminaire, dans le Rouge et le Noir, sont atroces » 

    Rappelons nous que Stendhal est celui qui a écrit « La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas », une phrase à rendre vert de jalousie Nietzsche ou Michel Onfray. 

    Bien entendu les pages superbes sur la naissance de l'amour entre Mme de Rênal et Julien je les avais bien en tête, les mains qui se frôlent, le parfum des tilleuls, la douceur de la nuit, le jeu des échelles posées, cachées, déplacées. 

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    Mme de Rênal et Julien Sorel

    Di Lampedusa dit  « A travers son Julien Sorel, Stendhal s'est exprimé lui-même, tel qu'il était réellement, avec ses ambitieux désirs. » Stendhal l'amoureux parfois éconduit a su transmettre ses désirs en effet.

    Adolescente j'ai eu l'impression de céder au romantisme alors que Jean Prévost est d'un avis contraire « Cette fête de l'intelligence, servie par une technique si nouvelle, était profondément contraire à la tradition, à la mode romantique »  

    Parce que ce roman n'est pas bien évidement qu'une histoire d'amour fou, Di Lampedusa nous dit :

    « Le Rouge et le noir est, principalement, une effusion lyrique et un roman d'analyse psychologique, mais c'est aussi la peinture d'une époque et un livre où les faits se succèdent rapidement »

    J'ai été très sensible à cette troisième lecture à la peinture d'une société où l'hypocrisie est reine, le conformisme total, où il y a collusion entre la religion et la morale bourgeoise, où l'envie de puissance, l'ambition, le culte de la réussite régnent en maître.

    Enfin comme le dit Italo Calvino, l'âge mûr porte à être attentif aux détails. J'ai été très sensible au style. 

    Voici ce que dit Alain du style de Stendhal

    « Les traits fulgurants que vous trouverez partout dans notre auteur, et qui font comme ces nettoyages de tableaux, les couleurs soudainement sont fraîches, les gens vivent, sans qu'on voie par quels ressorts, car le récit va courant. On commence peut être à comprendre le miracle de ce style dépouillé, si émouvant »

    Vous remarquerez que les  dialogues 

    « relèvent d'une technique si raffinée qu'à première vue elle passe inaperçue.(…) le caractère des gens, nous le comprenons généralement à travers leurs actions, leurs regards, leurs balbutiements, la crispation de leurs doigts, leur silence ou leur éloquence soudaine, la couleur de leurs joues, le rythme de leurs pas, presque jamais à travers leurs propos, qui sont toujours des masques pudiques ou insolents de leur intériorité » nous dit l'essayiste italien.

     

    Une dernière remarque : Stendhal ne décrit pas les lieux, et pourtant on y est, comment fait-il ?

    «  Les lieux qui doivent servir de décor aux épisodes cruciaux ne sont absolument pas décrits, mais suggérés par une simple présentation préalable : ensuite quand la scène s'y déroulera, le lecteur pourra utiliser l'image mentale qui s'est formée en lui avant », dixit Lampedusa, j'ai feuilleté certaines pages et on ne peut qu'être d'accord.

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    Voilà comme promis je n'ai pas dis un mot de l'intrigue, j'espère néanmoins vous avoir donné l'envie de relire le roman comme Luocine l'a fait il y a peu.

    C'est un roman inépuisable, la marque du classique absolu, Albert Thibaudet avait raison lorsqu'il écrivait :

    « Les contemporains n'ont à peu près rien compris au Rouge et noir, et Stendhal ne s'en est guère soucié résigné à l'inévitable, et confiant dans le billet de loterie dont le gros lot était : être lu cent ans après » 

    Songez que Le Rouge et le Noir en est à dix versions en chinois !  

     

    Si vous cherchez une biographie de Stendhal c'est là 

     

    * la phrase est de Whistler mais Jean Prévost qui la note dans son essai, la trouve totalement adapté à Stendhal.

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    Petite bibliothèque Stendhalienne

     

    Les livres

    Le Rouge et le Noir - Stendhal
    La création chez Stendhal - Jean Prévost - Folio
    Stendhal - Alain - PUF
    Stendhal - Albert Thibaudet - Hachette (uniquement à chercher d'occasion)
    Stendhal - Giuseppe Tomasi Di Lampedusa - Allia

  • Là-bas août est un mois d'automne - Bruno Pellegrino

    Pourquoi vous proposer un livre dont peut-être vous n’avez pas entendu parler ?
    Et bien d’abord parce que mars est le mois de la poésie, le mois du Printemps des poètes.
    Ensuite parce que j’aime Gustave Roud et sa poésie, une raison quasi suffisante non ?
    Enfin parce que c’est l’occasion de parler ici de poésie ce que je ne fais pas suffisamment souvent.

    Un billet pour deux livres : l’un est un portrait sensible, l’autre un recueil de poésie pour faire connaissance avec le poète.

     

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    Gustave Roud j’ai fait connaissance avec lui grâce à Philippe Jaccottet qui m’a incité à le lire.
    Lorsque j’ai vu paraitre le roman de Bruno Pellegrino j’ai été ravie et je l’ai lu avec émotion. Il trace le quotidien de Gustave et Madeleine, le frère et la soeur qui ont toujours vécu sous le même toit. 

    Il nous livre dix années de vie, de 1962 à 1972

    Il fait leur portrait, il décrit leur quotidien dans la maison de famille à Carrouge, une « maison massive , d’un seul bloc, en équilibre entre la cour, à l’est, et le verger à l’ouest » dans un village vaudois.

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    Maison de Carrouge

    Derrière Bruno Pellegrino on accède au jardin qui a parfois des « allures de jungle ».

    L’une, Madeleine, est une passionnée par l’espace, l’autre est un fou de photos et de poésie. 

    Ils ne sont mariés ni l’un ni l’autre. « Leur tâche, pour les années à venir, est de perpétuer ce qui peut l’être ».

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    On les connait bien dans le village « le frère et la soeur, enfin on la connaît surtout elle, qu’on voit à l’église, parce que lui c’est un peu un drôle d’oiseau. »

    La ferme est témoin du temps qui passe, «  Les hivers, après coup, sonnent comme un conte : de la neige à outrance et pour la déblayer, des traîneaux tirés par des chevaux. »

    L’été est court dans ces contrées « Les matins sont frais, le soir on ne s’attarde plus sans châle ou couverture sur le banc devant la maison ; au verger, certains arbres tirent déjà sur le jaune… »

    Des passions exigeantes, parfois dérangeantes comme celle de Gustave qui photographie inlassablement « des hommes presque nus », une époque où il était très difficile de s’assumer homosexuel.

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    Pour elle une bibliothèque riche et surprenante «  Madeleine suit du doigts le dos des livres, en arrive aux traités de mathématiques et de vulgarisation. Une biographie de Copernic aux pages cornées. Un atlas céleste »

     

    Mais il y a aussi la vie simple, humble : l’une fait des confitures, l’autre est « un monsieur qui a fait des études et passe à la radio » 

    Bruno Pellegrino sait mettre en avant ce déroulement lent du temps qui permet au poète « d’éprouver l’épaisseur des jours… »

    Curieusement on pourrait les croire hors du temps mais de fait c’est le contraire, ils sont tous deux les deux pieds dans la terre, vivant au rythme des saisons.

    D’un côté un homme simple, un homme de la terre, de l’autre un poète reconnu qui pour ses soixante ans déambule en Italie à l’invitation de son éditeur.
    Ce roman est une belle et pudique façon de faire connaissance avec Gustave Roud.

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    Après la lecture de ce livre sensible j’ai eu envie de retrouver la poésie de Gustave Roud, le recueil Les Fleurs et les saisons est parfait pour faire connaissance.

    C’est un petit recueil  qui rassemble des textes épars de l’écrivain-poète écrits entre 1935 et 1942, ce livre a vu le jour sous l’impulsion de Philippe Jaccottet et il est illustré par des photographies en noir et blanc prises par l’auteur.

    C’est un joli manifeste du poète, les fleurs ont un langage, les saisons se déroulent « des labours à la défaite de l’hiver » la poésie est là pour nous délivrer leur message. 

    Les saisons s’égrènent dans un paysage de collines mais «  ne se succèdent pas selon le simple appel du calendrier. Elles s’accompagnent et se quittent au gré de leurs caprices.»  que le poète découvre lors de ses balades sur le plateau du Jorat, son pays. 

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    Plateau du Jorat pays de transhumance

    Les Saisons

    « Toute arrivée humaine dans un jardin d’aube, par exemple, ne peut être qu’une intrusion et rompt aussitôt mille colloques de fleurs »

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    « L’été glisse parfois de longues journées chaleureuses, et l’hiver dont on voudrait peindre ici la défaite abrite, dès de début de l’an nouveau, un printemps secret qui s’amuse à donner au regards anxieux des hommes, las de la cruelle blancheur du paysage, milles signes furtifs de sa présence. »

    Les Fleurs et les fruits

     

    « La rose ronde et nue, la rose rose, la rose de toujours. L’antique rosier des jardins paysans qui buissonne, renaît sans relâche au long des siècles »

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    « J’ai choisi l’appel de cette campanule solitaire comme un cheminement vers quelque chose de plus mystérieux encore. »                                               

    « C’est une très haute campanule des bois couverte de cloches et de feuilles à demi flétries, la suppliante au nom de cette forêt qui halète de soif, tout près de périr elle-même, guetteur d’un impossible orage, véhément porte-parole au seuil du bois torturé. »

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    « Capucine, soeur du feu, mais qui se défend en magicienne généreuse contre l’eau même, pluie ou rosée. »

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    « Ce nom, ce « ne m’oubliez pas », c’est lui qui l’a dicté aux hommes, depuis des siècles, depuis qu’on a pu lire confusément sa prière à chaque printemps recommencé. 

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    Les livres

    Là-bas août est un mois d’automne - Bruno Pellegrino - Editions ZOE
    Les Fleurs et les saisons - Gustave Roud - Editions La Dogana

  • Retour à Lemberg - Philippe Sands

    Ceci n'est pas un roman pas plus qu'un livre facile à lire. Si comme moi vous n'avez qu'un vernis de connaissances juridiques vous aurez un petit effort à faire mais vous en serez récompensé.

    Voilà un récit fascinant et surprenant. 

    Philippe Sands est juriste international spécialiste des Droits de l'homme et c'est dans le cadre de son travail qu'il assiste à une conférence à Lviv en Ukraine.

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    Lviv aujourd'hui

    Lviv ou Lwów  ou Lemberg, selon les différentes dénominations, dans la province de Galicie. Une de ces villes qui ont été successivement polonaises, russes, allemandes et retour dans l'autre sens. Une de ces Terres de sang dont parle Timothy Snyder. Dans cette ville une seule chose sera intangible : la ségrégation, la spoliation et le massacre des juifs.

      "un lieu de mythologies, un endroit aux racines intellectuelles profondes où les communautés de culture, de langue et de religion s'entrechoquaient au sein de la grande maison que fut l'Empire austro-hongrois.

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    Lwow d'avant guerre

    Il découvre surtout que dans cette ville sont nés ou ont vécu, dans les années 1920/1930 son grand-père Leon Buchholz seul survivant de sa famille, Hersh Lauterpacht et Raphael Lemkin deux brillants penseurs du droit international

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    Hersh Lauterpacht et Raphael Lemkin

    Trois hommes, trois juifs qui ont été mêlé chacun à leur manière à la réflexion, la rédaction et l'application de deux concepts de droit en vigueur aujourd'hui et que tout le monde connait : le Crime contre l'humanité et le Génocide. 

     

    Le livre se centre sur trois pôles : 

    le premier c'est une enquête familiale autour de Leon Buchholz et son épouse Rita, qui connurent les déplacements entre la pologne, l'Empire Austro-hongrois, la France, au gré des guerres et conflits, en fonction des menaces qui pesèrent sur eux et qui terminèrent leur vie à Londres.

    Plusieurs mystères intriguent Philippe Sand, sa mère Ruth fut effectivement confiée à quelqu'un qui la rapatria en Angleterre alors que Rita sa mère restait à Vienne ! Son grand-père avait seul quitté Vienne y laissant femme et enfant ce qui parait pour le moins curieux.
    Sa quête est parfois aidée par le hasard, mais le plus souvent c'est l'acharnement pour donner du sens à des indices minuscules qui finit par payer et lui donner quelques clés de son histoire familiale

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    Lemberg en 1915

     Une photo, une adresse, un nom de rue, un bulletin scolaire, les horaires des chemins de fer : tout est bon pour creuser le passé mais en bon avocat P Sands cherche des preuves.
    On retrouve ici l'émotion ressentie à la lecture des Disparus de Daniel Mendelhson. 

    Le second pôle est une enquête sur les deux juristes juifs d'origine qui vécurent à Lemberg et chacun de leur côté tentèrent de développer le droit international en matière de droits de l'homme : l'un milita pour la reconnaissance du concept de Crime contre l'humanité, l'autre pour la notion de Génocide
    Nous voyons poindre leur vocation, leur parcours intellectuel et personnel. Raphael Lemkin et Hersch Lauterpacht, ont vécu et étudié dans la ville de Lviv et assisté à des conférences du même professeur de droit, Juliusz Makarewicz

    Deux hommes très différents, dont l'apport fut déterminant.

    Philippe Sands clarifie les deux concepts du droit qui s'appuient l'un sur les droits individuels des personnes et l'autre sur le droit des communautés et des groupes. Ces notions dont aujourd'hui on admet qu'elles dépassent celle de souveraineté d'un état mais qui mirent du temps à s'imposer et qui aujourd'hui encore donnent lieu à bien des débats.

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    Au procès de Nuremberg américains et anglais étaient opposés à introduire la notion de génocide, peut-être en partie par crainte de se voir mis en cause dans sa politique coloniale pour la Grande Bretagne et pour son aptitude à fermer les yeux sur les pratiques du Klu Klux Klan pour l'autre.

     Enfin Philippe Sands oriente son travail vers Hans Frank, le Gouverneur général de la Pologne occupée.

    Hans Frank, l'amateur d'art, l'homme qui adorait la musique mais qui dit à Curzio Malaparte avec qui il s'apprête à boire un verre de vin de Bohème 

    « Tu peux boire sans crainte, mon cher Malaparte; Ce n'est pas du sang juif. »

    Les pages sur Hans Frank sont difficiles, son fils Niklas est devenu un ami de l'auteur et est d'une sévérité absolue envers son père et sa mère qui elle aussi joua un rôle fort dans la dérive nazie de son mari.

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    Hans Frank le bourreau de la Pologne

    Juriste de formation il fut à l'origine des lois  qui ont institutionnalisé l'antisémitisme en Allemagne et il fut un des premiers à subir la justice pénale internationale en matière de Crime contre l'humanité.
    Son procès est le point culminant du livre puisqu'il rassemble tous les protagonistes du livre. 

     

    Un livre qui m'a passionné même si il est parfois exigeant. 

    Sands est un important avocat des droits de l'homme, il a été impliqué dans le procès de l'extradition du dictateur chilien Augusto Pinochet par exemple. Il parvient à rendre sa recherche et son enquête très vivantes, sa verve narratrice tient le lecteur en attente d'une façon qui s'apparente à une quête policière.

    A travers sa famille, Sands fait un tableau des familles juives qui à l'époque vécurent dans des pays où le danger les guettait, qui vécurent la fuite et l'expatriation forcée, les recommencements dans un nouveau pays.
    Il met aussi l'accent sur ces héros anonymes, modestes, oubliés, comme Mrs Tilney qui permit à la mère de l'auteur de faire le voyage entre Vienne et Paris.

    J'ai aimé le portrait de ces trois hommes (excluons Franck évidement) par forcément très sympathiques mais qui furent portés par une foi inébranlable en une certaine idée de la justice alors même qu'ils étaient  dans l'ignorance de ce qui était advenu à leur famille. 

    Ils ont marqué de leur empreinte la législation et surtout éveillé la conscience des peuples et des dirigeants.

    Un livre qui demande un peu de temps que vous ne regretterez pas. 

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    Le livre : Retour à Lemberg - Philippe Sands - Traduit par Astrid von Busekist - Editions Albin Michel 2017

  • Cahiers de la Kolyma - Varlam Chalamov

    « Ce que j'ai connu, un homme ne devrait pas le connaître, ni même savoir que cela existe. »

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    Varlam Chalamov lors de son arrestation par le Guépéou 

    Varlam Chalamov c’est l’homme des Récits de la Kolyma, l’homme qui a résisté à deux condamnations, à la déportation et qui a passé 17 ans de sa vie au Goulag.

    Un livre de poésie par un rescapé des camps du Goulag c’est à peine imaginable, comme peut l’être une poésie sur les camps de concentration. Pourtant Varlam Chalamov, après avoir vécu des horreurs, avait déjà dit toute sa passion pour les livres et  la lecture, dans un livre qui m’avait profondément touchée.
    « les livres, c’est un monde qui ne nous trahit jamais »

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    Infirmerie d'un camp du Goulag 

    Ici c’est le versant poésie qu’offre l’éditeur Maurice Nadeau dans une présentation parfaite et un livre d’une très belle qualité. 
    « Nous lisons des milliers de pages imprimées qui ne méritent pas tout ce temps perdu » c'est une peu ce que dit Montaigne. Mais il y a les autres pages, ces milliers de pages indispensables. J’ai juste ouvert son Cahier de la Kolyma et son recueil de poèmes.

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    Vers Magadan 

    C’est un recueil magnifique qui, je n’ai pas honte de le dire, m’a fait monter les larmes aux yeux à plusieurs reprises. Mon rayon russe vient de s’agrandir d'un livre précieux. 

    Immédiatement on sent poindre une foi dans les poèmes, Chalamov est fils de prêtre orthodoxe, il ne croit pas en Dieu mais fait preuve d’une foi totale dans la vie alors qu’il travaille par des températures de moins cinquante dans une région où il y a « douze mois d'hiver, le reste, c'est l'été. »
    A cela il faut ajouter la faim, l’épuisement, la peur de la délation, la dureté du travail et la mort qui rôde en permanence.

    chalamov

    Pêche sur la glace de la Vologda

    La poésie est un recours  mais  « Les conditions du grand Nord excluent la possibilité d'écrire et de conserver des récits et des poèmes - à supposer qu'on veuille le faire. » Ce n’est que tardivement qu’il parvient à écrire ses poèmes « sur les revers et les pages de garde de pharmacopées, sur des feuilles de papier d'emballage, sur des sachets. » 

    chalamov

    Son écriture dans les récits de la Kolyma était dépouillée, sobre, précise et l’on retrouve ces qualités dans ses poèmes avec « une inclination pour le naturel et le concret » dit son traducteur.

    Il est une voix de la souffrance des hommes 

     

    « Et je gémissais sous les tenailles du froid
    Qui m'avaient arraché ongles et chair
    Je brisais mes larmes avec la main
    Non, ce n'était pas un rêve. » 

    « Je suis un petit jalon de la vie,
    Un bâton enfoncé dans la neige,
    Une voix que l'écho a égarée
    Dans les glaces de ce siècle. » 

    Chalamov évoque les hommes de la Vieille Foi, ceux qui s'opposaient aux réformes religieuses ceux que Peskov rend si vivants dans  Ermite dans la Taïga.

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    Vieux Croyants 

    « Chaque soir dans la surprise
    de me savoir vivant,
    Je me disais des poèmes »

    Il vénère la poésie  « Tu conduis mon âme »

    « C'est ma force contre l'indifférence
    C'est, dans l'hiver
    ma forteresse bâtie. » 

     

    Il vit dans un monde de glace et dans un lieu de mort, mail il parvient à s’émerveiller devant la nature.

     

    « C'est que j'aime toujours à l'aube 
    Plus pure qu'une aquarelle,
    le reflet laiton de la lune 
    Et le trille des alouettes. » 

     

    Des poèmes de résistance avec une volonté absolue de remercier la vie.
    Il y a là la même force que dans Les Récits de la Kolyma mais avec sans doute un peu plus de douceur et d’espoir. 
    Il se raccroche à des riens au plaisir si fugace de l’instant.

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    Monument à la mémoire de Chalamov à Moscou 

    La poésie l’a sans doute aidé à supporté la venue probable de la mort « Je vais sans peur dans les ténèbres »  et quand la vie devient trop dure il nous dit malgré tout « Il me fallait choisir entre la vie et la poésie et me prononcer (toujours !) pour la vie ». 

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    Philippe Jaccottet disait de lui qu’il était celui qui était revenu « du dernier cercle de l’enfer »

    Chalamov est mort seul abandonné mais ses poèmes ont résisté au temps. 
    Sa voix se fera toujours entendre comme celle de Mandelstam, de Soljenitsyne,  parce ces voix sont la voix de la Russie, de la poésie et de l’amour de la liberté .

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    Le livre : Cahiers de la Kolyma et autres poèmes - Varlam Chalamov - Traduit par Christian Mouze - Editions Maurice Nadeau 

  • A tout seigneur .......

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    Depuis la création de ce blog Montaigne a été présent de nombreuses fois, à travers des livres, par des références et des échanges avec vous lectrices et lecteurs. 

    Il est temps de faire un tour sur les rayons de ma bibliothèque et de voir un peu ce qu’elle contient sur cet homme si singulier. 

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    Il y a bien entendu un certain nombre de livres qui sont sur mes étagères et que j’aime feuilleter à nouveau mais qui ne sont pas parmi les livres majeurs autour de Montaigne

    Allez je vous les montre et cite en vrac, comme ils se présentent.

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    Il y a là Pierre Villey longtemps la référence de publication des Essais, Marcel Conche adepte de Montaigne, André Comte-Sponville qui fut un des premiers à me prendre la main pour cette lecture foisonnante, Pierre Leschemelle un homme qui a écrit trois livres que j’aime mais qui n’est en rien un universitaire, les biographies bien entendu, et Antoine Compagnon un des derniers avec son été si plaisant, d’autres auteurs moins connus mais que j’aime.

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    Ensuit il y eu ma première lecture complète grâce à l’édition d’Arléa, elle reste mon édition de référence et je l’ai fait relié pour lui éviter les abus du temps.

    Elle est marquée, crayonné, pleine de citations autour des Essais, de références de lecture, bref comme un bréviaire auquel autrefois, les moines dans la solitude de leur cellule, revenaient à l’infini.

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    Aujourd’hui s’y ajoute l’éditions chez Robert Laffont sous la direction de Bernard Combeau, c’est une belle et excellent édition avec une belle langue et des traductions des citations parfaites, peu de notes mais suffisamment pour nous éclairer. 

     

    Je sais pour l’avoir lu sur certains blogs, que bien des lecteurs pensent que l’essentiel est la lecture de l’oeuvre et non les livres autour de cette oeuvre, c’est d’ailleurs un peu la position de Montaigne. 

    Mais si il y a une chose que cet homme m’a appris c’est bien à ne jamais être dogmatique, alors je revendique le droit d’aimer les livres autour des oeuvres ou les biographies de cet homme ah mais !!

     

    Je fais en passant un petit clin d’oeil à Bonheur du Jour qui lit en ce moment Homère mais aussi des livres autour du vieil aveugle et de son monde.

     

    Après les livres appréciés mais non indispensables il y a ceux qui m’ont accompagné dans le maquis des Essais, parce que ne jouons pas les spécialistes, c’est parfois difficile d’accès, surprenant, bizarre, contradictoire, paradoxale et il est bon d’avoir un compagnon de route qui vous ouvre des barrières, vous évite de vous prendre les pieds dans ronces, et vous remet parfois sur le bon chemin. 

     

    Voilà donc ma bibliothèque privilégiée 

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    Plusieurs volumes d’un spécialiste de Montaigne, Géralde Nakam, j’ai les principaux livres de lui et ils m’ont vraiment éclairé non seulement sur l’oeuvre mais aussi sur cet homme qui pour Nakam est le « Miroir de son temps » 

    Mon préféré reste Le dernier Montaigne empreint de gravité et de mélancolie, celui qui me touche le plus.

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    Il y a bien entendu le livre qui a remporté un succès certain : Sarah Bakwell dont vous pouvez retrouver la chronique sur ce blog. 

    Montaigne et les livres de Floyd Gray qui permet d'errer dans la bibliothèque de l'essayiste.

    Et un classique de la biographie, celle de Donal Fram qui fut longtemps ma référence.

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    Il y a une collection dans laquelle j’ai pioché allègrement ce sont les Classiques Garnier, souvent érudits, certains sont à la portée du lecteur assidu des Essais.

    Cet été il y en a deux à mon programme de lecture , La culture de l’âme de Daniel Ménager, et Montaigne et la philosophie du  plaisir de Rafal Krasek, une lecture réjouissante pour ces temps de morosité. 

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    Enfin il y a des monstres sacrés, références indépassables :

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    Philippe Desan et sa biographie d’un Montaigne politique mais plus encore son dictionnaire Montaigne chez Honoré Champion une source intarissable pour la connaissance et la compréhension. Pour les curieux il y a une édition à un tarif accessible en Classiques Garnier 

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    Jean Starobinski et son Montaigne en mouvement qui aide à saisir et comprendre l’homme au delà de l’oeuvre, écoutez l’interview et vous saurez pourquoi j’aime ce livre.

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    Enfin il y a Hugo Friedrich, ne cherchez pas, ce n’est pas un auteur récent son Montaigne date de 1949 mais il n’a pas vieilli, il est riche et passionnant et c’est celui qui m’accompagne depuis des années.  Celui là aussi a été relié pour le garder en l’état, vous vous pouvez le trouver chez Gallimard sans problème.

     

    J’arrête là mon bavardage et je vous laisse en compagnie de Montaigne 

     

    Tous les livres de ma bibliothèque Montaignienne 

    Un été avec Montaigne - Antoine Compagnon - Editions des Equateurs

    Je ne suis pas philosophe - André Comte-Sponville - Editions Honoré Champion

    Montaigne et la philosophie - Marcel Conche - Editions PUF

    Montaigne notre nouveau philosophe - Joseph Macé-Scaron - Editions Plon

    Les Essais - Pierre Villey - Editions Nizet 

    Le Mal à l’âme  - La mort Paradoxe -Le badin de la farce - Montaigne tout entier et tout nu 

    - Editions Imago 

    Montaigne en Mouvement - Jean Starobinski - Editions Folio essais

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    Montaigne une vie une oeuvre - Donald Fram - Classique Garnier 

    Montaigne et les livres - Floyd Gray - Editions Classiques Garnier

  • En dormant sur un cheval - John E. Jackson

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    © Le Temps 

    John E Jackson est un poète qui a passé les meilleures années de sa vie à traduire et faire connaitre des poètes.

    Je dois dire que je lui envie sa connaissance des langues qui lui permet non seulement de traduire mais surtout de vivre avec des poètes allemands, anglais, italiens, ou français, quelle richesse et quelle chance.

    Ce livre m’a transporté, je crois que je ne peux pas trouver de meilleur mot, bon certes j’aime la poésie mais il m’est arrivé de lire des préfaces, des postfaces qui m’ont, allez disons le, ennuyé au possible, m’ont fait douter de mon penchant pour la poésie.
    Ici c’est tout l’inverse, rien que pour le premier chapitre je vous invite à lire ce livre. 

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    Je l’ai lu pendant le confinement, dieu sait que la période ne prêtait pas vraiment à l’euphorie et pourtant je suis sortie de ce livre, enthousiaste, heureuse, plus riche d’un livre qui a su pour moi « faire résonner le sens de l’existence »

    Je vais vous livrer un peu du secret de l’auteur. A quinze ans il a été saisi, transporté, marqué par un sonnet de Baudelaire.
    Pas n’importe quel sonnet, un de mes préférés, Recueillement
    Son avenir s’est dessiné ce jour là.

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    Edouard Munch  Amour et douleur

     

    Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
    Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
    Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
    Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

    Pendant que des mortels la multitude vile,
    Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
    Va cueillir des remords dans la fête servile,
    Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

    Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
    Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
    Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

    Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
    Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
    Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

     

    Rien que pour le premier et le dernier vers je donnerai le soleil la lune et les étoiles.

    Les chapitres suivants s’ils n’ont pas la même force, ont par contre l’avantage de vous introduire auprès de poètes dont vous connaissez le nom mais que peut-être vous n’avez jamais lu

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    Paul Celan

    Je vais vous parler de mes préférés
    En langue allemande j’ai beaucoup aimé le chapitre sur Paul Celan, un poète que j’aime depuis que j’ai lu Personne, un poème qui évoque les camps et les morts, et ce Personne devient nous dit John E Jackson, un accusé, « il est le « nous » des morts d’Auschwitz ou de Treblinka.»

    J’ai aimé le poème de John McCrae qui évoque les morts de la Première Guerre, dans les champs de Flandre. 

    De nos mais défaillantes nous vous passons
    Le flambeau, tenez le haut,
    Si vous manquez de foi 
    Nous qui sommes en train de mourir,
    Nous ne pourrons dormir, malgré les coquelicots
    Dans les champs de Flandre.

    Ce poète m’a vraiment ému et j’ai repensé à un poète que j’ai chroniqué dans ce blog Albert Paul Granier 

    Il vous fait vous interroger sur ce qu’est la poésie et vous propose de demander aux poètes de vous aider à mieux saisir les faits les plus simples de la vie, qui sont aussi les plus fondamentaux : l’amour, l’amitié, la tristesse, le sentiment du vide ou de l’absence comme aussi celui de la joie.

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    John E Jackson nous propose de faire mieux connaissance avec T.S Eliot car dit-il «  Je sus tout de suite, dès la première fois où j’ouvris la petite anthologie des Selected poèmes de T.S Eliot, aux alentours de ma vingtième année, que ces vers et d’autres semblables disaient une vérité qui non seulement m’importait, mais qui était aussi mienne » 

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    Shakespeare le poète, car de lui « chaque poème adresse en silence une sorte d’offrande au lecteur ».
    Shakespeare « qui en savait sans doute plus long sur la poésie qu’aucun autre écrivain des Temps modernes » le suggère admirablement dans ses 154 sonnets.

    Mais aussi : Goethe, Hölderlin, Nerval et Rimbaud bien sur, mais aussi l’Enéide de Virgile qui « a été ma mère et ma nourrice en poésie » ou la Divine comédie de Dante

    Le pouvoir et la puissance des mots des poèmes sont là 
    « les mots agissaient en lui par leur musique et donnaient à sa vie une profondeur nouvelle, celle des émotions et de la beauté. »

    Si vous aimez la poésie, que vous êtes prêts à élargir votre champ d’investigation ce livre est fait pour vous.

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    Et si vous vous interrogez sur le titre du livre sachez qu'il vient d'un poème de Guillaume d'Aquitaine 

    Ferai un vers de pur néant :
    Non point sur moi ni d’autres gens,
    Non plus d’amour, ni de serment,
    Ni dicts féaux ;
    je l’ai composé en dormant
    Sur un cheval.

    Sous quelle étoile suis-je né :
    Je ne suis gai ni attristé
    Ni revêche ni familier,
    je n’en puis au ;
    Une fée de nuit m’a doué,
    Sur un puy haut.

    Ne sais si je suis endormi
    Ou si je veille et où je suis.
    Peu s’en faut mon cœur soit parti :
    Dolent étau,
    Ne le prise plus que souris
    Par Saint-Marceau.

    Malade suis et crois mourir,
    Mais ne puis que le pressentir :
    Un médecin j’irai quérir,
    Par monts et vaux ;
    Bon certes s’il me peut guérir,
    Mauvais s’il fault.

    J’ai une amie qui je ne sais
    Car ne la vis ma foi jamais ;
    D’elle je n’eus bien ni méfait,
    Il ne m’en chaut ;
    Oncques n’eus normand ou français
    Dans mon ostau.

    Jamais ne la vis, l’aime fort,
    Jamais ne m’a fait droit ni tort ;
    Quand ne la vois, bien m’en déport,
    Ne vaut moineau.
    Je sais minois bien plus accor,
    Et qui mieux vaut.

    Mon vers est fait de tout ceci ;
    Je vais le donner à celui
    Qui le transmettra par autrui
    Là vers l’Anjou,
    Et m’enverra de son étui
    La Contraclau.

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    Le livre : En dormant sur un cheval - John E Jackson - Editions Les Belles Lettres