Tumbas ; Tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom - Traduit du néerlandais par Annie Kroon - Photographies de Simone Sassen - Editions Actes Sud
Oui je suis d’accord, c’est une drôle d’idée pour une chronique, mais cette « balade entre les tombes » pour amoureux de littérature et de poésie est magnifique et c’est là mon excuse.
Un texte d’introduction qui est un hommage, une dette que l’auteur paie à bon nombre de poètes et écrivains qui l’accompagnent depuis des années.
Cees Nooteboom a 76 ans, il fait parti des nobélisables , certains collectionnent les autographes, les premières éditions, lui ce sont les photos des tombes de ses poètes et penseurs préférés.
Il dit dans une très belle introduction “ C’était en 1977, un jour de novembre, le jour des morts, froid et hivernal. Les vivants rendaient visite aux morts et je rendais visite aux miens.” Tout à commencer avec la tombe de Proust et s’est poursuivi avec des poètes du monde entier.
Nous faisons une visite guidée des " Affinités électives " de Nooteboom, tantôt une citation, tantôt un souvenir personnel pour ceux qu’il a connu, parfois un poème, accompagnent les photos.
Le Choix de l’ordre alphabétique n’a rien d’original mais offre parfois une proximité surprenante.
Petit tour d’horizon :
Les jumelles : Goethe et Schiller dans un même mausolée sinistre à Weimar,
Keats et son ami John Severn à Rome (Photo Giovanni Dall'Orto)
La plus étonnante : Thomas Bernardt qui partage les lieux avec des inconnus
les plus évocatrices : Baudelaire écrasé par le Général Aupick jusque dans la mort, Stevenson dominant la mer aux Samoa, Châteaubriand et sa croix fièrement dressée.
Les plus émouvantes : La photo du jardin de Virginia Woolf (la tombe n’étant pas accessible) et le très beau texte qui l’accompagne, le monument hommage à Walter Benjamin à Port-Bou et la terrible citation qui y est gravée ” Il n’y a aucun témoignage de la culture qui ne soit également un témoignage de la barbarie ”
Et élue la plus monstrueuse : Sainte Beuve le mort grimaçant en haut de sa colonne au cimetière Montparnasse.
Jouant son rôle de passeur Cees Nootebom nous fait monter dans la barque de Charron pour approcher quelques " voleurs de feu " moins connus : Elsschot, Lucebert, Roland Holst, Slauerhoff.
Les photos valent par leur sujet et la variété des prises de vues, certaines tombes ont été difficiles à trouver, d’autres sont prises de très loin ou sous des angles un peu improbables.
Vous aimerez cette promenade littéraire et géographique qui nous promène de Sète aux îles Samoa, de Weimar à Rome, de Paris au Japon ou à New-York
L'auteur
Ecrivain voyageur, Cees Nooteboom s'est imposé depuis les années 1980 comme une des plumes néerlandaises les plus importantes sur la scène internationale. Suite à une enfance difficile marquée par la guerre, la mort de son père et les sévères pensionnats religieux, le Hollandais choisit de quitter son pays pour découvrir l'Europe, le Surinam ou encore le Japon. Ses nombreuses expéditions vont fournir la matière de ses romans, poésies et autres essais. Journaliste pour Volkskrant et le magazine Avenue, Nooteboom accède à la notoriété en tant qu'écrivain avec 'Rituels', paru en 1980.L'oeuvre inclassable de Cees Nooteboom évoque les thèmes de la mort et du souvenir, ainsi que les questions de l'identité et du destin, de la relativité du temps et de l'espace, de la frontière entre réalité et fiction. (Source Evene)