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Rechercher : il pleuvait des oiseaux

  • Le jardin de Virginia Woolf

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    J’ai annoncé en début d’année des chroniques sur les jardins d’écrivains, après Cézanne je vous propose celui de Virginia Woolf.
    Je vous ai parlé de ce livre il y a quelques mois et du coup son sujet revient au premier plan, alors en route pour l’Angleterre.

    Caroline Zoob fut en charge avec son mari de Monk’s House au nom du National Trust qui possède et gère le domaine.

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    En quelques pages de présentation on comprend que le jardin actuel de Monk’s House n’est pas tout à fait celui de Virginia et Léonard mais peu sans faut, lesprit de ce jardin est bien le même.

    A travers les lettres et le journal de Virginia on sait beaucoup de choses de ce jardin, vous entendrez d’ailleurs sa voix au travers des commentaires de telle ou telle transformation, de telle ou telle plantation, de tel ou tel agrandissement.

     

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    © John Pilmmer


    Mais ce jardin est aussi et surtout celui de Léonard qui en fut le maitre d’œuvre. 

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    «  Dans le jardin où les arbres serrés dominaient les massifs floraux, les pièces d’eau et les serres, les oiseaux chantaient sous le soleil éclatant, comme s’ils étaient seuls au monde. »

    L'auteur nous fait revivre l’achat de la maison, les premiers temps difficiles sans eau courante, sans électricité, sans sanitaires. Virginia et Léonard ont acheté la maison sur un coup de tête, surtout pour le jardin et son verger extraordinaire.

    Au gré des saisons le jardin se transforme, des allées sont tracées, des coins créés. Léonard surveille le potager, les Woolf vendent et offrent les fruits du verger, se font apiculteurs.

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    La cabane de travail de VW

    Les amis viennent en séjour et petit à petit la maison prend forme, les pièces changent de destination, Virginia repeint le salon en rouge et les toilettes rudimentaires en jaune !

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    « Nous avons eu également un hiver sérieux, ici, bien froid et neigeux... »

    Au fur et à mesure des rentrées d’argent lié à ses droits d’auteur, Virginia investit dans la maison et Léonard dans le jardin.
    Un nouveau bassin, un petit étang où l’on pourra patiner l’hiver, une gloriette, une pergola, une folie, une serre ....
    Les différentes parties du jardin reçoivent des apellations : la terrasse aux meules, le jardin aux poissons rouges, le jardin italien, l’allée des fleurs.

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    «  Une jolie petite pièce...juste ce dont j’ai toujours rêvé »

     Les cendres de Virginia furent répandues dans le jardin et Léonard ajouta une plaque gravée des derniers mots du roman Les Vagues.

    Caroline Zoob fut un temps agacée par l’idolâtrie dont jouissait Virginia, puis au fil du temps elle appris à aimer ces hommes et ces femmes qui font un long chemin juste pour venir s’asseoir sur un banc de ce jardin, pour entrer en communion avec leur écrivain préféré et qu’elle trouvait encore assis à la fermeture le soir attendant la maîtresse de maison.

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    C’est un livre que j'ai ajouté à mon rayon Virginia Woolf, il est magnifiquement illustré, intelligemment commenté et il accompagne parfaitement les pages du journal de Virginia Woolf.

     

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    Le livre : Le jardin de Virginia Woolf Histoire du jardin de Monk’s House - Caroline Zoob  - Photographies Caroline Arber - Éditions Massin

  • Célébrations de la nature - John Muir

    L'équipée sauvage de John Muir

     

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    Son biographe dit de lui « il allie la sûreté scientifique du jugement à une expression poétique qui donne à ses écrits un charme singulier. »

     

    John Muir car c’est de lui qu’il s’agit, est un des pères de l’écologie et de la protection de l’environnement, mais avant tout un amoureux de la nature, un observateur hors pair et un homme de plume qui sait communiquer son admiration, son émotion devant la nature avec un grand N.

    John Muir n’a publié que très peu de livres de son vivant, la plupart des éditions datent d’après sa mort.

    Si il a écrit très peu de livres, il a publié beaucoup d’articles qui représentent l’essentiel de son oeuvre.

     

    Ce recueil est une sorte d’inventaire savoureux et magnifique, ses randonnées en montagne, les paysages, la faune et la flore, tout est objet d’admiration. Il faut dire qu’il a échappé à la mort lors d’un accident et son regard change de ce jour là son admiration devient de la dévotion car dit-il « Avec l’âge, les sources de plaisir se ferment l’une après l’autre, mais celles de la Nature ne se tarissent jamais. » 

     

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    C’est l’ouest américain qui est son terrain de jeux et en particulier les Rocheuses. La plupart du temps ses randonnées sont solitaires, parfois dangereuses car la nature n’épargne personne et un orage peut se transformer en catastrophe 

    C’est un homme qui marche léger, peu pou pas de vivres, les nuits à la belle étoile enroulé dans une couverture, pas de tente, pas ou peu de cartes.

    On le suit dans ses promenades de géologue, dans la découverte du Yellowstone où « Mille merveilles proclament  : regarde en haut, en bas et tout autour de toi », on le suit lors de ses vagabondages dans ce « cher vieux pays des merveilles ».

    Lisez son article sur l’écureuil de Douglas et sa « force de caractère » le mouton sauvage ou le cincle « petit bonhomme singulièrement allègre » qui donne des leçons de courage car il « vocalise en toute saison, même dans la tempête  »

     

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                   « Sauvez ce qui reste encore des forêts » John Muir 1897 NPS photo

     

    Bref de séisme en orage, d’avalanches en tempêtes de neige, du Yosemite au Grand Canyon du Colorado,  John Muir célèbre les beautés de la nature sans mots inutiles, simplement, sobrement mais avec une belle intensité car pour lui c’est oeuvre divine.

    Lisez les 17 textes, odes à la nature ou textes engagés de ce militant de la préservation des forêts, des rivières qui  fut à l’origine de la création des premiers parcs naturels et en particulier le Yosemite et le Sequoia park

     

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    Yosemite National park   © Mary Lundin photographe

    « Quelqu’un a dit un jour que  le Grand Canyon pourrait glisser douze Yosemite dans sa poche de gilet » 

     

    Ses randonnées étaient quête spirituelle et pour nous elles sont une leçon de nature car il avait fait de ses régions « son domicile, son quartier général. Il passait l’été et l’automne à explorer les montagnes ; l’hiver à reprendre ses notes, à étudier tempêtes et avalanches ainsi que les mœurs des oiseaux et d’autres animaux. Durant ses plus longues randonnées, quand les dernières miettes de pain étaient épuisées, il redescendait jusqu’au point le plus rapproché de la zone de possible ravitaillement et remplissait son sac, avant de se volatiliser à nouveau dans la nature  » (John Swett biographe de J Muir)

     

    John Muir chez " en lisant en voyageant "  ou chez Mango

     

    Le livre : célébrations de la nature - John Muir - Traduit par André Fayot - Editions José Corti

  • Le Vent dans les saules - Kenneth Grahame

    Session de rattrapage, retour en enfance

     

     

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    Lectrice assidue d’Alberto Manguel qui le vante avec une belle énergie, j’avais depuis longtemps envie de lire Le vent dans les saules.
    Ce classique d’outre-manche de Kenneth Grahame nécessitait bien une petite session de rattrapage.

    Quatre amis et un coin de campagne anglaise où court une rivière il n’en faut pas plus pour se retrouver précipité dans un monde délicieux

    « Mr Taupe avait travaillé très dur toute la matinée pour le grand nettoyage de printemps de son petit logis. » 

    Il décide de partir à la découverte, c’était magnifique il « déambulait dans les prés, le long des haies, à travers les bosquets, découvrait partout des oiseaux nichant, des fleurs à peine écloses. »

     

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                                      Aujourd'hui encore c'est tentant la Tamise 

     

    Et c’est ainsi qu’il fait la connaissance de Mr Rat qui est l’heureux possesseur d’un bateau, et qui va lui faire découvrir la rivière. 

    Regardant une traînée de bulles d’air sur l’eau, il fait connaissance avec Loutre. Et c’est le temps de l’amitié, des pique-niques au bord de l’eau, des balades dans le mystérieux Bois sauvage. 

    Une équipée hivernale lui permettra de connaître Blaireau.

     

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    Mais l’amitié pousse parfois à la prise de risques. Crapaud leur propose de se  joindre à lui dans sa roulotte aménagée pour parcourir le monde  à eux « La grand route, la chaussée poudreuse, la lande, les haies, les prés communaux, les collines onduleuses, les campements, les villages, les villes, les cités !  »

    Oui mais voilà Crapaud n’est pas un ami très fiable, c’est un être fantasque, égoïste, pris de lubies soudaines et disons le, c’est un vantard et un paresseux. 

     

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    Brrrr nos amis aiment mieux une vie plus rangée car ils sont « Quatre Mousquetaires pantouflards lancés bien imprudemment sur les routes du vaste monde » nous dit Alberto Manguel. Mais c’est sans compter sur la folie des grandeurs de Crapaud qui un jour achète une automobile...............

     

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    Je vous laisse découvrir la suite des aventures de nos quatre amis. Lire ces péripéties pleines de fantaisie, loufoques et elles nous mettent de bonne humeur.

    Certes tout cela est empreint d’une morale très sage mais après tout, de temps à autre, les bons sentiments sont un charmant dérivatif.

    Un livre pour tous, grands et petits, il suffit d’accepter de repartir au pays de l’enfance.

    Le Vent dans les saules est une lecture succulente,  récit anglais jusqu’au bout des ongles et pourtant parfaitement universel et intemporel comme Alice, Peter Pan ou les contes de Grimm , un classique tel que l’entendait Italo Calvino ou plus simplement un « livre magique » comme l’affirme Alberto Manguel dans sa préface.

     

    Le Livre : le vent dans les saules - Kenneth Grahame - Traduit par Gérard Joulié - Editions Phébus

     

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    Vous pouvez préférer la version BD de Michel Plessix en 4 tomes chez Delcourt très réussie à mon goût 

  • Carnets d'un jardin - Anne Marie Koenig

    Et la nature est là qui t'invite   Episode 2

     

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    Après les discours avec les oiseaux, les trilles et les modulations du rossignol j’ai décidé de descendre dans mon jardin, enfin quand je dis mon jardin... il s’agit plutôt de celui d’Anne-Marie Koenig.
    Ce livre est dans ma bibliothèque depuis 17 années et je ne laisse jamais passer une année sans l’ouvrir. Je l’ai ranger entre Sue Hubbell et  l’Herbier de Colette.

                                                     Le jardin d'une autre Anne Marie

    Un journal tout entier composé comme un bouquet multicolore de fleurs champêtres. Des textes courts sur le jardin qu’elle estime tout juste sorti de l’enfance alors qu’elle le pratique depuis pas mal d’années « une décennie d’orages, de révoltes et de réconciliations. »
    La voilà armée de sa binette qui fait le tour des ses plates-bandes de fraises, ses bordures d’oseille ou de thym. Elle est dans son jardin dès potron-minet quand « la nature ne se méfie pas encore » et jusqu’aux dernières heures de la nuit.
    Elle nous convie à une leçon de jardinage. Elle nous fait avec modestie cadeau de ses conversations avec des plantes qu’elle a choisis non seulement pour leur agrément mais parfois juste pour leur nom : désespoir des peintres et autre amour en cage.

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    Mon jardin idéal

    Un coup de projecteur sur les hôtes du jardin : taupes et autres campagnols « une bande d’hypocrites » qui font « les pâtissons rares et anémiques ».
    Un crapaud un peu culotté qui grignote sans vergogne les plants de fraisiers, les insectes ne sont pas absents tels ces hannetons volant en escadrille bien rangée, véritables fous volants.

    Mais son préféré c’est le hérisson, surtout celui qui entreprit un jour de faire le tour de la piscine gonflable suivi par le chat de la maison, le hérisson distança le chat et se retrouva bientôt derrière lui pour lui donner une peur bleue !

    Les plantations maintenant : doux méli-mélo de légumes. Certains sont magnifiques comme ses potirons « individualistes » toutes les bonnes herbes aromatiques qui embaument dès qu’on les presse un peu, d’autres sont plus récalcitrants comme son oseille qui n’est qu’ « une vielle fille stérile » ses tomates qui refusent de virer au rouge ou font maladie sur maladie !

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    Chez Autour du puits  un potager dont on pourrait faire un livre


    Les fleurs maintenant, un lilas bien malade et des buis, alors là j’attendais l’auteur au tournant, parce que des buis moi j’ai essayé et bien fiasco total ! Elle les traite de "lympathiques et introvertis" ...je me sens vengée.
    Lavande et lavandin dont ni le gel ni la sécheresse ne sont venus à bout, des coriaces !

     

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    Ou le potager d'Enitram


    Pourtant parfois le ciel n’est pas clément et « A la tempête succède un curieux silence, encore bourdonnant de colère et de fatique. » il faut se remettre au travail, réparer les dégâts « il va falloir scier, redresser, tuteurer, amarrer. » sans perdre courage.


    « Mon jardin me plaît pour les surprises que me font les plantes » mais certain jour un peu de découragement peut poindre et c’est décidé l’an prochain « à l’emplacement du potager, je sèmerai des fleurs sauvages » mais demain la trouvera encore à l’aube le nez dans la rosée.
    J’ai aimé cette lecture qui a des vertus apaisantes, dont le parfum s’exhale page après page et dont j’ai très envie de profiter longtemps encore.

    Le livre : Carnets de mon jardin - Anne Marie Koenig - Editions Grasset

  • La cristallisation secrète - Yoko Ogawa

    cristallisation secrete.gifCristallisation secrète - Yoko Ogawa - Traduit du japonais par Rose-Marie Makino - Editions Actes Sud
    Après m’être régalée avec " La formule préférée du professeur" que m’avait fait découvrir Tania je me suis plongée dans ce nouveau roman avec délices. Dans ce récit l’auteur touche au fantastique et à l’absurde avec un grand talent.

    Dans une île jamais nommée, les habitants ont pris l’habitude de voir disparaître les objets, petits ou gros, utiles ou décoratifs, objets de la vie de tous les jours.
    Un jour les rubans ne sont plus là, puis les bonbons, un matin les oiseaux sont absents et ne chantent plus, les fleurs perdent leurs pétales.
    Tout le monde ignore le pourquoi de ces disparitions et  quand se produira la prochaine.
    Curieusement toute la population semble renoncer sans efforts à ces objets, les gens ne gardent aucun souvenir des choses disparues, ils n’en souffrent pas, simplement elles ne sont plus là et ils acceptent cette situation.
    On ne sait pas non plus qui décide et pourquoi. Un monde étrange est né sans mémoire, sans souvenir, sans émotion.

    La narratrice a une mère artiste, enfant elle ne comprenait pas que sa mère conserve pieusement au fond d’un tiroir un ticket du ferry disparu qui permettait de quitter l’île, un flacon de parfum, un bonbon à la limonade.
    L’enfant est devenue adulte et romancière. Elle soumet régulièrement ses manuscrits à son éditeur et écrit un roman mettant en scène une dactylo qui tape sur une machine dont les touches disparaissent progressivement, puis c’est la voix de la dactylo qui lui fait défaut, l’éditeur est très satisfait de son travail.
    La jeune femme n’est pas choquée de ce qui se passe autour d’elle, pourtant on murmure que parmi les habitants de l’île certains ont la malchance de conserver la mémoire ou ne se résignent pas à l’oubli. Ils sont alors poursuivis par les traqueurs, une milice toute puissante capable de détecter la persistance des souvenirs. Les arrestations se multiplient, les personnes montent dans des camions pour une destination inconnue, d’un jour à l’autre ils ne sont plus là, comme les objets ils sont portés disparus.

     

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    L'oubli (le site de l'image)

    Les disparitions s’accélèrent, la nourriture devient rare, on ne peut plus mesurer le temps car les calendriers disparaissent à leur tour,  les livres et les bibliothèques sont anéantis, les mots vont-ils eux aussi disparaître ? 
    Son éditeur est en danger car réfractaire à l’oubli programmé il garde en lui des souvenirs. Malgré les risques et avec l’aide d’un vieil homme, elle va le cacher dans un réduit de la maison "une caverne en plein ciel" protectrice certes mais qui isole cet homme du reste du monde. Elle a franchi le pas, elle est entrée en résistance.
    Ces trois personnages vont s’apporter assistance, amitié et affection malgré les risques, malgré la peur, ils ont décidés de ne plus obéir.

    Un roman d’une grande originalité, d’une grande justesse de ton. Yoko Ogawa avec des mots simples réussit à nous faire ressentir l’oppression, l’étouffement d’une société sous surveillance où règne l’arbitraire ; elle nous emporte dans un monde fantastique où l’oubli est la règle. Un roman profondément métaphorique et inquiétant tout en faisant la part belle à la poésie.  Un vrai plaisir de lecture
    Je n’ai pu m’empêcher de penser à Anne Franck enfermée dans l'arrière maison mais aussi au film " Soleil vert " et à la scène superbe où un vieil homme interprété par Edward G Robinson revoit sur un écran un monde disparu, on lui projette une prairie heureuse pleine de fleurs où s’ébattent des chevaux, une rivière court sur l’écran, le bruit de la cascade est la dernière image pour l’homme qui va mourir.
    Yoko Ogawa fait dire à un de ses personnages :  " Mes souvenirs ne sont jamais détruits définitivement comme s’ils avaient été déracinés. Même s’ils ont l’air d’avoir disparu, il en reste des réminiscence quelque part. Comme des petites graines. Si la pluie vient à tomber dessus, elles germent à nouveau. Et en plus, même si les souvenirs ne sont plu là, il arrive que le cœur en garde quelque chose. Un tremblement, une larme " (page 102)


    D’autres billets : Chez Voyelle et Consonne ou  le terrier de chiffonnette et just read it

     

    L'auteur
    yokoogawa.jpgYoko Ogawa auteure japonaise  a reçu de nombreux prix japonais et français. Elle est incontestablement l’un des plus grands écrivains de sa génération. Ses livres, traduits dans le monde entier, ont fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques et théâtrales. Ses romans ont été traduits en français chez Actes Sud qui publie un recueil de ses romans.

     

     

  • Solitudes australes - David Lefèvre

    Dans une cabane au bout du monde

     

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    J’exerce une veille auprès des éditeurs que j’aime pour ne pas manquer une parution, en particulier quand il s’agit de livres qui ne font l’objet parfois que d’un minuscule article de magazine ou n’apparaissent que peu dans les blogs

     

    C’est ainsi que j’ai lu David Lefèvre et que j’ai partagé avec lui sa cabane sur l’île de Chiloé

    Une cabane pour assouvir son rêve

    « Un cadre de retraite ou d’errance, que l’on avait secrètement attendu, et qui se révèle conforme à l’estampe mentale que l’esprit avait tissé en secret »

    C’est une terre rude que ce coin de la planète surtout dans une vieille cabane délabrée mais après avoir vécu dans les bois de Walden une cabane en terre australe était une expérience tentante.

     

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    L'ïle de Chiloé

    Daniel Lefèvre voyage léger : un minimum d’objets, aucun superflu « un lit en fer repoussé » un seul vrai meuble « une vieille armoire sans portes » et quelques ustensiles indispensables « une poêle à frire et une marmite mâchurée » des outils pour travailler, des semences pour le potager et une malle de livres.

    Il a fait le choix de la solitude et partage son temps entre les travaux de rénovation de la cabane, la préparation du potager et bien sûr la lecture.

    Tout est découverte « J’abordai un monde neuf » il explore son territoire, il écoute les bruits de la nature, observe sa cabane tenir bon devant les orages, il entend « les gouttes affolées (qui) sonnent et cavalent sur le toit ». 

     

    Il aime les plaisirs simples « De retour dans la cabane avec une brassée de fagot, je retrouve le plaisir d’allumer un feu ».

    Les repas sont du genre gastronomie frugale « Au menu du dîner : darne de saumon, pain frotté d’ail, bettes du potager.  D’abord porter les braises à point, tisonner. Retourner le poisson sur le gril et regarder la chair rosir, repas frugal porté à la perfection. »

     

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    Le pacifique

     

    C’est chaque matin un monde neuf qui est offert et c’est enivrant « Je traversais un monde vierge ; je remontais le cours du temps. Ce bout de terre qui m’attendais semblait venir de loin. J’avais franchi la ligne de partage des mondes » 

     Il regarde, il écoute les bruits de la nature, observe sa cabane tenir bon devant les orages, il entend « les gouttes affolées (qui) sonnent et cavalent sur le toit ». 

     

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                  Ciruelillo la fleur de Patagonie

     

    Toute la nature est à lire, plantes,insectes, oiseaux et même un matou venu trouver abri chez lui et qu’il baptise Léon.

    Il n’est pas loin de l’océan et ses escapades le porte parfois au bord du Pacifique et le soir venu

    « A la bougie, j’aligne ensuite des remarques fraîches dans les pages de mon journal de bord » car la lecture ne lui suffit pas « J’écris pour ancrer les choses et ne pas oublier ce que j’ai vécu » 

     

    Il n’y a que du beau monde dans sa bibliothèque, Thoreau bien entendu, Bouvier, Thomsen, Rick Bass, et dès que le besoin s’en fait sentir «  je pars marcher. Je longe le lac et essaie de remonter tous les sentiers animaliers ou humains qui se présentent à flanc de montagne. Mes pensées respirent et errent dans toutes les directions. Je suis devenu tour à tour le piéton de ma piste, l’enfant du lac, le contemplateur des forêts. »

     

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    Ce nomade sur les traces de Nicolas Bouvier qui est son mentor est bien agréable à suivre au long des huit mois de son récit. Un cahier de photos est là pour nous donner l’envie de prendre la route et de le rejoindre sur son île des confins.

     

    L'avis de Lire et Merveilles  et aussi celui de Chinouk

     

    Le livre : Solitudes australes - David Lefèvre - Editions Transboréal