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Rechercher : philippe Berthier

  • Cosme K - Philippe Gerin

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    J’aime le thème de la quête et celui de l’errance. 
    J’aime aussi que les romans nous parlent d’hommes imparfaits.

    Cosme K le héros du roman est en fuite, vous devrez patienter pour savoir ce qu’il fuit ou ce qu’il cherche, mais vous serez immédiatement accroché par le récit que livre le narrateur, le frère de Cosme, qui tente de  retrouver sa trace et dont on suit les efforts un rien désespérés pour retrouver ce frère qui ne cesse de s’échapper. 

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    Première escale la Norvège. On est près du cercle polaire, Cosme sait se faire aimer, se faire accepter et Maïken tombe sous son charme. Elle a perdu Jonas son compagnon et lui ouvre sa maison, son coeur pour ne pas dire son corps. 
    Maïken cherche à le retenir près d’elle :
    «  Il faut que tu voies l’hiver. Ne pars pas avant d’avoir vu l’aube bleue glisser sur la lande couchée et sur les rochers pointus, lorsque le jour ne vient jamais. Ne pars pas avant d’avoir ressenti sur ta peau les lumières d’un ciel strié d’aurores boréales. »
    Cosme a trouvé un travail, il accompagne les touristes voir les baleines.
    Il y a un autre personnage important qui me plait beaucoup mais je vous laisse le plaisir de la découverte.
    Maïken sait que Cosme repartira un jour c’est comme écrit d’avance.

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    Ce que sait aussi Olga quand Cosme fait sa deuxième escale au bord du lac Baïkal dans la la baie de Krestovaya, un lieu un rien magique 
    « Des nuages noirs s’étaient postés au-dessus du lac, ne laissant filtrer que des rais de lumières irréelles à la surface de l’eau, comme à travers les vitraux d’une cathédrale. »

    Olga est une vieille dame dont la famille va adopter Cosme.
    « Cosme K, je te présente Svetlana, ma petite nièce, elle est sourde mais elle lit très bien sur les lèvres. Elle est belle, n’est-ce pas ? »
    Les parents de Svletana l’accueille bien, Irina et Saymone, l’homme cherche des bras pour l’aider et Cosme est embauché. Mais ici aussi tout va rester éphémère, chacun va aimer Cosme à sa manière, Cosme qui sert parfois de révélateur à chacun.

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    La prochaine étape sera Singapour mais de celle-ci je ne vous dirai rien.

    Un récit parfaitement construit, avec un fil rouge fait de mots qui emportent à chaque escale le héros plus loin, toujours plus loin, un jeune homme toujours en mouvement vers un ailleurs ou vers lui-même.

    Il y a la beauté des paysages, les destins individuels, les ruptures brutales qui nous tiennent en haleine, les personnages souvent en proie au tourment. 

    Roman de vagabondage très attachant dont la construction tissée très serrée est parfaite, vous regardez la tapisserie en train de se faire jusqu’au moment où l’on est capable de croiser le dernier fils.

    Philippe Gerin sait nous surprendre et nous tenir pris dans ses filets, une littérature des confins comme je les aime

     

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    Philippe Gerin et Antony du Bonheur des ogres

    La lecture de ce livre s’est poursuivi par la rencontre avec l’auteur. Une soirée  sympathiquement joyeuse. 

    Antony le libraire du Bonheur des Ogres a fait une présentation du roman et Philippe Gerin a répondu avec beaucoup de simplicité et de complicité à nos questions sur son parcours, la construction de son roman et ses personnages.

    Il a des projets de nouvelles et d’un roman, je serai au rendez-vous.

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    Le Livre : Cosme K - Philippe Gerin - Editions Gaïa 

  • Hommage à Philippe Jaccottet : Philippe Leuckx Ce long sillage du coeur

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    Ce n’est pas souvent que l’on apprend la disparition d’un poète, et encore moins celle d’un poète auquel on revient sans cesse au fil des années.
    Il y a bien des façons de rendre hommage à un disparu, faire un billet dithyrambique sur son oeuvre, éplucher ses écrits, parler de l’homme lui-même.

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    Ma bibliothèque est riche de ses poèmes, de ses écrits autour de ses amis et j’attends avec impatience les dernières parutions qui vont sortir début mars.

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    Poète de l’éphémère qui souhaitait que « L'effacement soit ma façon de resplendir »

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    Mes étagères sont riches aussi de ses traductions.

     

    Mais aujourd’hui ce que je préfère c’est vous parler d’un poète qui pour moi appartient à la même famille que Philippe Jaccottet, un poète francophone comme lui, non pas suisse mais belge. 

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    Philippe Leuckx

    J’ai fait connaissance avec Philippe Leuckx il y a peu de temps, je l’ai trouvé discret dans une petite maison d’éditions qui porte un nom qui me plait infiniment : La Tête à l’envers.

    Il a publié bien entendu chez d’autres éditeurs et je compte bien élargir ma bibliothèque.

     

    Aujourd’hui le recueil que j’ai reçu porte un titre qui ma plu immédiatement et qui est inspiré par un autre poète Jules Supervielle

    Quelqu’un a pris ta main qui t’attendait aussi
    Pour écouter ce long sillage du coeur
    Qui ne pouvait pas croire à la fin du voyage 

     

    Un recueil de 62 poèmes en vers ou en prose avec lesquels j’ai fait la promenade parfaite, promenade faite de sensations, d’émotions, d’impressions saisies sur l’instant.

     

    Philippe Leuckx vise la simplicité car les mots coulent «  j’avais pour compagnie un ruisseau » 

    J’ai senti la lumière à travers les mots 
    Mon coeur est plein de fenêtres 
    Et d’étoiles vers les confins

    Je suis passée de l’ombre à la lumière, du soleil à la fine bruine

    Le printemps ose une fine bruine sur le murmure des mondes
    A peine
    Un troglodyte bruisse sur l’arbre à découvert

     

    La beauté de la nature s’impose sans effort dans ses poèmes.

    Au-delà des rumeurs
    La lumière ruse
    A l’heure où les herbes 
    Vont boire
    Un abri sous les fleurs

    Rêve et nostalgie se partagent les poèmes, tout est empreint de douceur  « Nous allions sous la pluie avec les mots en poche »

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    Vincent Van Gogh Cuesmes Wasmes

    L’ enfance est très présente, une enfance peut être un peu malmenée et sans doute solitaire dans le pays du Hainaut, pays de mines et de terrils, le pays de Van Gogh

    L’enfant blessé d’ombre
    se recoud au soleil 

    Le poète vagabonde avec bonheur « D’errance en vagabondage, de cheminement en balade, de sentes en passages escarpés » parfois il va chercher la lumière en Grèce

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    Il va comme le marcheur, le wanderer comme le surnomme Françoise Lefèvre dans sa préface, je préfère le nom de pérégrin car nous dit le poète « Chaque poème rend pèlerin de soi »

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    Il m’a rappelé un poète que j’aime beaucoup Hubert Voignier et son recueil Les Hautes herbes.

    Un poète que je vais m’empresser de connaitre mieux car j’ai aimé sa poésie subtile et apaisée, forte de sensations, de bribes d’enfance, de paysages du coeur.

    J’ai aimé  sa « langue douce de l’errance » mais aussi cette sensibilité qui touche profondément

    Il y a quelque chose de compté dans l’air. Qui broie. Efface. 
    C’est un tumulte léger au coeur. Parfois juste un repli.
    Souvent une souffrance.

     

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    Le livre : Ce long sillage du coeur - Philippe Leuckx  - Editions La Tête à l’envers

     

  • Retour à Lemberg - Philippe Sands

    Ceci n'est pas un roman pas plus qu'un livre facile à lire. Si comme moi vous n'avez qu'un vernis de connaissances juridiques vous aurez un petit effort à faire mais vous en serez récompensé.

    Voilà un récit fascinant et surprenant. 

    Philippe Sands est juriste international spécialiste des Droits de l'homme et c'est dans le cadre de son travail qu'il assiste à une conférence à Lviv en Ukraine.

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    Lviv aujourd'hui

    Lviv ou Lwów  ou Lemberg, selon les différentes dénominations, dans la province de Galicie. Une de ces villes qui ont été successivement polonaises, russes, allemandes et retour dans l'autre sens. Une de ces Terres de sang dont parle Timothy Snyder. Dans cette ville une seule chose sera intangible : la ségrégation, la spoliation et le massacre des juifs.

      "un lieu de mythologies, un endroit aux racines intellectuelles profondes où les communautés de culture, de langue et de religion s'entrechoquaient au sein de la grande maison que fut l'Empire austro-hongrois.

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    Lwow d'avant guerre

    Il découvre surtout que dans cette ville sont nés ou ont vécu, dans les années 1920/1930 son grand-père Leon Buchholz seul survivant de sa famille, Hersh Lauterpacht et Raphael Lemkin deux brillants penseurs du droit international

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    Hersh Lauterpacht et Raphael Lemkin

    Trois hommes, trois juifs qui ont été mêlé chacun à leur manière à la réflexion, la rédaction et l'application de deux concepts de droit en vigueur aujourd'hui et que tout le monde connait : le Crime contre l'humanité et le Génocide. 

     

    Le livre se centre sur trois pôles : 

    le premier c'est une enquête familiale autour de Leon Buchholz et son épouse Rita, qui connurent les déplacements entre la pologne, l'Empire Austro-hongrois, la France, au gré des guerres et conflits, en fonction des menaces qui pesèrent sur eux et qui terminèrent leur vie à Londres.

    Plusieurs mystères intriguent Philippe Sand, sa mère Ruth fut effectivement confiée à quelqu'un qui la rapatria en Angleterre alors que Rita sa mère restait à Vienne ! Son grand-père avait seul quitté Vienne y laissant femme et enfant ce qui parait pour le moins curieux.
    Sa quête est parfois aidée par le hasard, mais le plus souvent c'est l'acharnement pour donner du sens à des indices minuscules qui finit par payer et lui donner quelques clés de son histoire familiale

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    Lemberg en 1915

     Une photo, une adresse, un nom de rue, un bulletin scolaire, les horaires des chemins de fer : tout est bon pour creuser le passé mais en bon avocat P Sands cherche des preuves.
    On retrouve ici l'émotion ressentie à la lecture des Disparus de Daniel Mendelhson. 

    Le second pôle est une enquête sur les deux juristes juifs d'origine qui vécurent à Lemberg et chacun de leur côté tentèrent de développer le droit international en matière de droits de l'homme : l'un milita pour la reconnaissance du concept de Crime contre l'humanité, l'autre pour la notion de Génocide
    Nous voyons poindre leur vocation, leur parcours intellectuel et personnel. Raphael Lemkin et Hersch Lauterpacht, ont vécu et étudié dans la ville de Lviv et assisté à des conférences du même professeur de droit, Juliusz Makarewicz

    Deux hommes très différents, dont l'apport fut déterminant.

    Philippe Sands clarifie les deux concepts du droit qui s'appuient l'un sur les droits individuels des personnes et l'autre sur le droit des communautés et des groupes. Ces notions dont aujourd'hui on admet qu'elles dépassent celle de souveraineté d'un état mais qui mirent du temps à s'imposer et qui aujourd'hui encore donnent lieu à bien des débats.

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    Au procès de Nuremberg américains et anglais étaient opposés à introduire la notion de génocide, peut-être en partie par crainte de se voir mis en cause dans sa politique coloniale pour la Grande Bretagne et pour son aptitude à fermer les yeux sur les pratiques du Klu Klux Klan pour l'autre.

     Enfin Philippe Sands oriente son travail vers Hans Frank, le Gouverneur général de la Pologne occupée.

    Hans Frank, l'amateur d'art, l'homme qui adorait la musique mais qui dit à Curzio Malaparte avec qui il s'apprête à boire un verre de vin de Bohème 

    « Tu peux boire sans crainte, mon cher Malaparte; Ce n'est pas du sang juif. »

    Les pages sur Hans Frank sont difficiles, son fils Niklas est devenu un ami de l'auteur et est d'une sévérité absolue envers son père et sa mère qui elle aussi joua un rôle fort dans la dérive nazie de son mari.

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    Hans Frank le bourreau de la Pologne

    Juriste de formation il fut à l'origine des lois  qui ont institutionnalisé l'antisémitisme en Allemagne et il fut un des premiers à subir la justice pénale internationale en matière de Crime contre l'humanité.
    Son procès est le point culminant du livre puisqu'il rassemble tous les protagonistes du livre. 

     

    Un livre qui m'a passionné même si il est parfois exigeant. 

    Sands est un important avocat des droits de l'homme, il a été impliqué dans le procès de l'extradition du dictateur chilien Augusto Pinochet par exemple. Il parvient à rendre sa recherche et son enquête très vivantes, sa verve narratrice tient le lecteur en attente d'une façon qui s'apparente à une quête policière.

    A travers sa famille, Sands fait un tableau des familles juives qui à l'époque vécurent dans des pays où le danger les guettait, qui vécurent la fuite et l'expatriation forcée, les recommencements dans un nouveau pays.
    Il met aussi l'accent sur ces héros anonymes, modestes, oubliés, comme Mrs Tilney qui permit à la mère de l'auteur de faire le voyage entre Vienne et Paris.

    J'ai aimé le portrait de ces trois hommes (excluons Franck évidement) par forcément très sympathiques mais qui furent portés par une foi inébranlable en une certaine idée de la justice alors même qu'ils étaient  dans l'ignorance de ce qui était advenu à leur famille. 

    Ils ont marqué de leur empreinte la législation et surtout éveillé la conscience des peuples et des dirigeants.

    Un livre qui demande un peu de temps que vous ne regretterez pas. 

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    Le livre : Retour à Lemberg - Philippe Sands - Traduit par Astrid von Busekist - Editions Albin Michel 2017

  • En découdre avec le pré sur Philippe Jaccottet - Miche Crépu

    Sur le pré

     

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    Un petit essai éclatant d’admiration et d’émotion que Michel Crépu fait partager ici dans cet opuscule au titre combattant.

     

    Comment exprimer l’admiration que l’on ressent pour l’oeuvre d’un poète ? Comment raconter la trajectoire qui nous a mené à lui ? 

    Michel Crépu remonte le temps pour se souvenir de sa première rencontre avec Philippe Jaccottet  « Je pris la Semaison et j’entrais ainsi dans cette oeuvre qui ne m’a pas quitté depuis. »

     

    Cette voix nouvelle, cette relation à la nature, à la beauté et au langage de Jaccottet est une expérience forte et un enchantement.

    Il aime dire que les écrits de Jaccottet sont des enquêtes «  le poète Jaccottien tient du détective. Ses promenades, ses rêveries sont des enquêtes »

    Il s’agit des les comprendre, de capter le sens d’un poème, de rendre compte de l’émotion sans tomber dans le dithyrambe ou l’emphase.

    Il nous ouvre les portes de Philippe Jaccottet poète, traducteur et passeur de poésie « De combien de poètes pourrions-nous dire qu’ils ont si bien parlé des autres ? » demande Michel Crépu. 

     

     

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    Son sentiment personnel est fort, il le revendique « Si je cherche à mettre un mot sur l’émotion de mes premières lectures de Jaccottet, c’est l’expression de condition humaine qui me vient à l’esprit et je voudrais bien voir qu’on m’interdise de l’utiliser encore. » 

     

    Il parle d’expérience spirituelle, d’expérience d’enchantement, ce n’est en rien un décorticage de l’oeuvre, une interprétation érudite, non c’est plutôt une transcription de sensations, un parcours en amitié poétique.

    Après toutes ces années de proximité avec le poète ce qui le touche c’est que chez Jaccottet « la simplicité puisse aller ici aussi aisément de pair avec le raffinement, l’élégance »

     

    Au fil des pages vous aurez besoin d’avoir sous les yeux La Semaison ou mon préféré La promenade sous les arbres et bien sûr L’entretien des muses.

    Votre envie de lire Philippe Jaccottet se fera prégnante.

     

    Témoignage d’une « amitié de lecture » ce petit livre rend aussi compte des interruptions ou des éloignements que Michel Crépu a pu connaitre dans sa relation avec le poète  mais qui, toujours, est resté son poète de chevet qui lui donne le « sentiment (…) d’être fortifié ».

     

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    Si vous voulez entendre Philippe Jaccottet, le mieux comprendre, approfondir sa lecture, ce petit livre est celui qu’il vous faut.

     

    Le livre : En découdre avec le pré - Michel Crépu - Editions des Crépuscules

  • L'affaire Arnolfini - Jean Philippe Postel

    J’avais expérimenté il y a peu l’étude détaillée d’un tableau, l’exercice m’avait énormément plu, le billet de Wodka sur un tableau de Van Eyck et son analyse à la manière d’une enquête m’a aussitôt donner envie de recommencer l’expérience.

    J’ai  lu ce livre avec d’autant plus de plaisir que Van Eyck est un peintre que j’aime beaucoup, j’ai vu plusieurs de ses oeuvres à Vienne, à Londres, à Gand, à Bruges et Paris bien sûr.

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    Au Louvre  La Vierge au chancelier Rolin

    Mais suivons Philippe Postel devant le tableau Les époux Arnolfini à la National Gallery de Londres. Je précise tout de suite que l’éditeur a eu l’excellente idée d’utiliser les rabats du livre pour nous permettre de visualiser les détails du tableau.

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    un clic pour agrandir

    Tout d’abord la partie facile, c’est une huile sur bois de petite dimension ( 82cm sur 60) je me souviens à Londres d’avoir été un peu déçue par la taille du tableau. La date est approximative, 1434, et comme pour beaucoup de peintres de cette époque on ne sait pas grand chose de Van Eyck si ce n’est qu’il y eu deux frères et qu’ils sont parmi les premiers à utiliser la peinture à l’huile.

    Ce tableau fut très commenté car nous dit Philippe Postel « pour autant que l’on sache, aucun peintre avant lui n’avait jamais représenté un homme et une femme dans une chambre.» 

    En effet on est loin des vierges à l’enfant ou d’Adam et Eve. 

    Dans mon souvenir c’était un couple plutôt riche et nouvellement marié, avec une jeune femme enceinte manifestement, quelque chose m’avait frappé à l’époque : ils ne souriaient pas mais alors pas du tout, le mari était-il mécontent qu’elle soit enceinte ? mon souvenir s’arrêtait là.

     Riches ? oui ils l’étaient, l’auteur attire notre attention vers « les meubles délicatement sculptés, luxueux miroir, splendide chandelier de cuivre, draperies fastueuses, tapis d’Orient, vêtements fourrés de martre zibeline et de vair » 

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    Beau chandelier avec une seule bougie !

    Quelles étaient les intentions du peintre, plus Philippe Postel nous fait circuler dans la toile plus les questions affluent : pourquoi le chien ne se reflète pas dans le miroir ? pourquoi une seule chandelle est allumée au chandelier. Le XVème siècle était un siècle où les symboles étaient beaucoup utilisés par les peintres, fruits, chaussures posées là de façon un peu incompréhensible: laisse-t-on traîner des socques de bois lorsque l’on prend la pose pour un tableau très solennel ?

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    mille détails

    Philippe Postel fait des suppositions, recoupe des informations glanées dans les livres nombreux qui ont commenté ce tableau.

    Il analyse avec méthode et précision et n’étant pas critique d’art il utilise les dons d’observation tout à fait indispensables au médecin qu’il est.

    Avec brio et érudition Philippe Postel nous fait entrer dans le tableau, plan par plan, détail après détail car tout est matière à symbole et interprétation. Il utilise des travaux d’historiens d’art, de chercheurs, parfois leurs démonstrations recoupent les siennes et parfois au contraire s’en éloignent.

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    le reflet un mystérieux : qui sont ces personnages ?

    Vous découvrirez que ce tableau est lié avec d’autres oeuvres du peintre et vous prendrez plaisir à la lecture patiente de « ce somptueux labyrinthe de reflets et de miroirs »

     

    Amateur de peinture je vous recommande ce livre qui vous engage à  « Regarder, regarder encore, regarder toujours, c'est ainsi seulement qu'on arrive à voir » citation que l’auteur à mis en exergue de son livre et qui est de Jean-Martin Charcot célèbre neurologue.

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    Le livre : L’Affaire Arnolfini - Jean-Philippe Postel - Editions Actes Sud

  • Je reste roi de mes chagrins - Philippe Forest

    « La vie est un conte raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien » 

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    Le Macbeth de Polanski 

    Churchill est un personnage qui m’a toujours fasciné, j’ai lu ses mémoires, sa biographie. Cet homme a marqué son siècle.

    Philippe Forest l’a choisi pour prendre place dans son roman, non comme un héros mais comme un miroir qu’il tend au lecteur, on y lit en filigrane la question « Qu’est-ce qu’une vie, sa vie ? »

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    Le Hamlet de Delacroix

    Le récit ou plutôt devrais-je dire la scène, tant les rapprochement avec le théâtre sont nombreux, se déroule en 1954; le grand homme pose pour le peintre Graham Sutherland qui a été choisi pour faire le portrait de Winston Churchill, comme un hommage et surtout le signe que la classe politique tout entière souhaiterait bien se débarrasser du personnage un rien encombrant.
    La réaction de Churchill à la vue du tableau va rester dans la mémoire de l’Angleterre et le scandale va secouer le Parlement.

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    Portrait qui fit scandale

    Philippe Forest transforme ce moment particulier en drame tout entier empreint de Shakespeare.
    Nous sommes les spectateurs, les acteurs sont sur la scène, le peintre, son modèle et le narrateur offrent toutes les facettes du théâtre.

    Prologue, intermèdes, choeur antique, spectres et épilogue. Le rideau prêt à se lever, les dialogues entre un Churchill inconsolable de la mort d’une de ses enfants, partageant avec le peintre la douleur du deuil d’un récit qui « reste pourtant éternellement à raconter ».

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    Ne soyez pas dérouté par les premiers chapitres, nous assistons à la mise en place du drame qui va se jouer et la représentation est parfaitement réussie. On retrouve le vieux lion aux griffes toujours acérées, un Churchill toujours en quête de l’amour de son père, un Churchill mélancolique qui pourtant su mener son peuple à la victoire et l’Europe à la paix.

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    J’ai dit que Shakespeare est là toujours en arrière fond avec en exergue à chaque chapitre une citation de son oeuvre. Le titre même du roman est tiré de Richard II.

    Philippe Forest est tout entier imprégné de pensée japonaise et des notions d’impermanence, de vacuité, d’incertitude. C’est le roman de l’illusion et de la perte. 

    L’écriture est tout simplement somptueuse, tout en élégante subtilité. Un livre magnifique magistralement construit.

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    Le livre : Je reste roi de mes chagrins - Philippe Forest - Editions Gallimard