« J’achève à l’instant Guerre et Paix. Commencé le premier jour de voyage ; terminé le dernier. Jamais je crois, je n’ai tant vécu dans le livre. »
« Les Mémoires de Retz. Voilà longtemps que je n’avais goûté pareille joie. Etrange style, qui semble tout en substantifs et en verbes, et qui marche sur les talons. »
« Matinée au Louvre ; matinée délicieuse. J’avais un petit Montaigne avec moi, mais n’en lisais que par instants, en marchant et juste ce qu’il faut pour entretenir l’exaltation joyeuse de ma pensée. »
« Je retrouve chaque été les volumes de Jean Henri Fabre que je laisse à regret chaque automne. J’étais « naturaliste » avant d’être littérateur et les aventures naturelles m’ont toujours plus instruit que celles des romans »
« J’avance dans Robinson Crusoé, pas à pas, avec l’admiration la plus vive. »
« Ce soir j’achève ma relecture des Possédés. Accablante admiration. »
« Le Rouge et le Noir m’a paru magistral. Chaque phrase est tendue comme une corde d’arc ; mais la flèche vole toujours dans le même sens, et vers un but toujours visible - ce qui permet d’autant mieux de voir qu’elle l’atteint. »
Le livre : Journal une anthologie 1889-1949 - André Gide - Gallimard Folio