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  • Grossir le ciel - Franck Bouysse

    Un bon petit roman noir grâce auquel d’un seul coup je me suis sentie transportée au pays de l’Epervier de Maheux, au fin fond des Cévennes.

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    C’est un lieu dit : les Doges. Deux hommes vivent chacun dans deux fermes très proches, il a Gus qui a passé sa vie dans cette ferme isolée en compagnie de son chien Mars et il y a Abel, plus vieux que Gus et son presque ami, ils se prêtent un peu de matériel, ils boivent la goutte ensemble mais ça s’arrête là parce que leurs familles ont toujours été en bisbille et que cela ne s'efface pas si facilement.

    Les relations entre les deux hommes se mettent subitement à changer, Gus se sent un peu menacé sans savoir pourquoi, le lecteur aussi perçoit le changement et d’un seul coup la nature elle même devient angoissante.

     

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    Il y a une grande habileté dans le récit, la vie fruste de ces deux hommes est parfaitement mise en scène, l’auteur distille juste ce qu’il faut pour que le contour des personnages change peu à peu, qu’y a t-il sous la carapace de ces deux là ? 

    L’hiver est parfait dans cette contrée : froid, gel, neige, solitude, juste ce qu’il faut pour ajouter encore à l’angoisse à côtoyer ces deux taiseux.

     

    Je vous laisse jouir de ce roman que j’ai trouvé excellent, il est de la famille du Vampire de Ropraz de Chessex ou de Colline de Giono.

     

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    Le livre - Grossir le ciel - Franck Bouysse - Editions La Manufacture des livres

  • bribes de Provence

    Un parfum de garrigue

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    « Au-delà de Sisteron, vers les Alpes, au-delà de la montagne de Lure, vers le Vercors, un parfum circule, et c’est celui qu’on respire dans les collines du Var, les coteaux du Rhône, le désert de la Crau, la vallée de la Durance »

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    La Crau

    « Du haut de Lure on voit se déployer toute la Haute-Provence magique : des Alpes à la Sainte-Baume, de Sainte-Victoire au Pelvoux, des monts Aurélien aux sommets de la Haute-Drôme, de Cavaillon à Sisteron, tout ce pays de châtellenies diverses, de châtaigneraies, de saulaies, d’olivettes, de lavandes, de ronceraies et de vieux usages fume, ronfle, gronde, dort, s’aplatit dans le vent, éparpille le parfum de ses tilleuls, de ses lavandes, de ses bourgeoisies cloîtrées dans les vieux hôtels XVIIIe de la montagne, de ses petites fourmilières de paysans sagaces et muets, de ses troupeaux, de ses déserts.»

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    « La lavande est l’âme de la Haute-Provence. Qu’on l’aborde par la Drôme, par le Dauphiné ou par le Var, cette terre offre ses étendues désertes, couvertes de violet et de parfums. Dans les solitudes de la montagne de Lure, la lavande sauvage s’étale à perte de vue. À l’époque de la récolte, les soirs embaument. Les couleurs du couchant sont des litières de fleurs coupées.»

     

    Le Livre - Provence - Jean Giono - Editions Gallimard

  • Les Chasseurs dans la neige - Jean Yves Laurichesse

    Je connaissais Jean Yves Laurichesse mais pour des écrits différents, un essai sur Giono et sa participation au Dictionnaire Giono, un monument d’érudition
    Ici c’est un auteur bien différent, attentif, curieux, un auteur qui veut partager son admiration pour un peintre et surtout un tableau.

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    Les chasseurs dans la neige - Pieter Bruegel 

    Bruegel le peintre de la Flandre, l’héritier des livres d’heures qui a peint au temps d’Ulenspiegel et de la guerre des gueux. 

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    Quelle est la genèse d’un tableau ? La vue d’un paysage, une rencontre, une lecture, des couleurs ? 
    Jean Yves Laurichesse garde un souvenir très fort des Chasseurs dans la neige au point de vouloir à travers un roman nous faire partager son enthousiasme et son admiration.

    Je vous propose d’entrer dans le tableau et de rejoindre Bruegel qui cherche l’inspiration pour une commande que lui a fait un riche bourgeois d’Anvers sur le thème des saisons. 

     

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    Le peintre

    Un village flamand en hiver c’est parfait.
    La terre qu’il peint ressemble à sa terre natale lui le peintre des villages et des paysans.Il croque des scènes villageoises et croise le chemin de Maeke, une jeune brodeuse. Le temps d’une danse à la fête du village, mais Maeke croise à nouveau le chemin du peintre et elle découvre ses dessins.

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     Les chasseurs descendent vers la vallée 

    Pour la jeune fille c’est une découverte, son village lui parait soudain riche de mille détails
    Son quotidien se transforme, son regard s’élargit, elle voit le paysage d’un oeil neuf. Un lien se crée. 
    « Jamais il n'avait eu cette impression de vivre dans un paysage comme dans une peinture et il savait en être redevable à Maecke. »

    Maecke assiste à la création de l’oeuvre, elle voit petit à petit apparaitre les détails, la vieille femme ployant sous ses fagots, l’enseigne de l’auberge qui ne tient pas bien, le feu allumer pour griller le cochon et les chasseurs qui rentrent à moitié bredouilles 
    Elle entrevoit le mystère de la création d’un tableau.

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    Détails

    Avec Maecke nous entrons nous aussi dans le village, est-ce que l’on entend le carillon de l’église étouffé par la neige, les aboiements des chiens, on a envie de glisser sur l’étang gelé puis de rejoindre l’abri d’une maison car l’hiver est rude.

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                         " Les arbres au tronc nu et l’étendue gelée des lacs où s’agite une foule menue "

     

    Le peintre se sent proche de ces villageois. 
    « C’est eux qu’il aime peindre, dans leurs travaux et leurs fêtes, pour donner gloire à leurs vies promises à l’oubli, comme recouvertes déjà du drap blanc de la neige » Plus tard il reviendra pour affiner ses croquis pour poursuivre son travail dans son atelier et faire une proposition à Maecke.

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    "Tout ce qui vit – arbres, animaux et hommes –

    est de couleur sombre et les ombres font défaut sous un soleil caché."

    Jean Yves Laurichesse a donné vie à Bruegel dans un texte plein de sobriété, de grâce, de beauté, de poésie sans une once d’esbrouffe, un texte à l’image du tableau.
    L’auteur a payé sa dette et peux enfin découvrir l’oeuvre de Bruegel au Kunsthistorisches Museum de Vienne pour un moment de contemplation.

     

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    Le Livre : Les chasseurs dans la neige - Jean Yves Laurichesse - Editions Ateliers Henry Dougier

     

  • Le Discours sur la tombe de l'idiot - Julie Mazzieri

    Le Discours sur la tombe de l’idiot - Julie Mazzieri - Edtions José Corti

    le discours.gif« En plein jour. Ils l’ont jeté dans un puits de l’autre côté du village. Ils l’ont pris par les jambes et l’ont fait basculer comme une poche de blé. En comptant un, deux, trois. Le maire et son adjoint. »

    Ce sont les premières lignes de ce premier roman. Ils étaient deux, deux pour débarrasser le village de l’idiot. Celui qui pissait sur la porte de la mairie, qui bavait et crachait, qui se couchait sur son ombre et qui n’avait pas de nombril.
    Chronique de village, chronique de la bêtise et de la haine ordinaire, de la peur de ce que l’on ne comprend pas.
    Un meurtre a été commis mais la vie continue mais pour l’un des coupables la culpabilité arrive, tenace et envahissante.

    Le village s’interroge, les bruits se répandent, la rumeur comme un cancer va envahir le village, l’idiot a disparu juste quand arrive dans la ferme des Fouquet un nouvel ouvrier agricole, justement... Et puis il y a ce corps que l’on trouve au fond d’un fossé, c’est l’ouvrier, c’est sûr...qui d’autre ? Ce bouc émissaire fait l’affaire du Maire.

    Je vous laisse découvrir la suite de l’histoire, Julie Mazzieri sait dire la violence impulsive, la peur de l’étranger ou tout simplement de l’inconnu, elle s’abstient de tout jugement moral.
    Un vrai régal en cinq parties, avec des phrases courtes, sans aucun pathos, sans émotion apparente.
    Son écriture a le coupant de la faux, la dureté de la pierre Un récit  concentré, très maîtrisé. J’ai pensé à Giono à plusieurs moments de ma lecture et bien sûr à Raskolnikov pour le remord et la culpabilité. Une jeune femme qui promet.
    Une réussite.

    Faite une place à ce livre dans votre bibliothèque.


    L’auteur

    mazzieri.jpgJulie Mazzieri est née au Québec en 1975.
    Docteur ès lettres, elle compte parmi ses publications, divers articles portant notamment sur l’écriture de la fin et la rhétorique de l’idiot dans les œuvres de Faulkner, Bernanos, Dostoïevski et Denis de Rougemont.
    Elle a enseigné la traduction à l’Université McGill (Canada) et travaille actuellement à la traduction française d’un inédit de Jane Bowles. Elle vit aujourd’hui en Corse.

  • Un juif pour l'exemple - Jacques Chessex

    un juif pour l'exemple.gifUn Juif pour l’exemple - Jacques Chessex - Editions Grasset

    1942 à Payern une petite ville suisse riche et cossue mais qui souffre de la guerre proche, le chômage et la pauvreté touchent une partie de la population. La ville est atteinte par l'épidémie de haine et de bêtise venue d'Allemagne.
    Oubliée la carte postale de la suisse verte et riante, fleurie, propre, tout cela est envolé, dénaturé par l’apparition des croix gammées, de l’antisémitisme ordinaire.

    Un petit groupe d'hommes, les plus médiocres de la petite communauté, brutes pleines d’envie, fanatiques excités par un pasteur fou, vont s'en prendre à un juif non pas pour le voler, par vengeance, non seulement " pour l'exemple".
    Le récit de ce crime est très court mais d'une telle force, un telle férocité, on ressent à ce point la fureur des criminels que l’on se sent soi même agressé. Cette violence dépasse la compréhension.
    Les criminels seront arrêtés mais nulle compassion pour la victime dans la ville, nul soutien à sa famille, seulement l’indifférence et parfois un ricanement complice.

    Ecrit à la manière d’un compte rendu froid et lapidaire car c’est peut être la seule façon de rapporter des faits aussi monstrueux. Jacques Chessex sait dire avec une grande sobriété dont on lui sait gré, cet acte impensable, inimaginable.

    Le récit est très court, très dense, très ramassé, puissant, d'une violence inouïe que l'on reprocherait à l'auteur si cette histoire n'était pas une histoire vraie.
    Il avait 8 ans au moment des faits, on sent encore dans son récit la stupeur devant ce geste inouï , la honte et l’incompréhension qui l’habitent encore.
    Il lui a fallu une vie pour témoigner et nous confier cette histoire : sa rencontre avec le mal absolu.

    Le livre de Jacques Chessex m’a laissé tétanisée. Il y a un double coup de hache , le premier c'est celui qui atteint Arthur Bloch le personnage du livre de Jacques Chessex, le second coup c'est celui reçu par le lecteur de ce livre, j'ai vraiment pensé en le lisant à la citation de Kafka qui dit « Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous »

    Un livre à lire et à faire lire. Faites lui une place dans votre bibliothèque

    Interview de l’auteur par Olivier Barrot pour « un livre un jour »

    chessex.jpgL’auteur

    Né le 1er mars 1934, écrivain né à Payerne dans le canton de Vaud, en Suisse.
    Prix Goncourt en 1973 pour son roman L'Ogre, il possède un public important en France.
    Auteur d’une oeuvre importante et variée dont « le vampire de Ropraz » paru en 2007 chez Grasset. En 2007, Jacques Chessex reçoit le Prix Jean Giono

  • Virgile notre vigie - Xavier Darcos

     

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    Pour votre oncle latiniste 

     

    Le Doux Virgile, l’expression est de Victor Hugo, Xavier Darcos le surnomme notre vigie car il voit en lui un poète qui peut encore aujourd’hui parler à tous les hommes.

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    « Virgile est étudiant quand César, en janvier 49, revenant de Gaule, franchit le Rubicon à la tête de ses légions » 
    Une période troublée par des guerres civiles d’une violence inouïe. Une période où « Les artistes et les intellectuels, excédés par tant d’exactions, ont commencé à redécouvrir les idées épicuriennes de retraite » 

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    Enluminures - César franchit le Rubicon

    Virgile issu sans doute d’une famille de propriétaires terriens de la région de Mantoue est d’abord un poète proche de la nature 

    Dans ses poèmes « Il célèbre le retour à la nature, la douceur de vivre dans un territoire apaisé, au plus près des saisons et des jours »

    « La vraie leçon des Géorgiques, c’est bien cette adhésion au monde, quand la vie est là simple et tranquille. »

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    Nicolas Poussin - Musée du Louvre - L'inspiration du poète

    Les Bucoliques « restent, parmi tous les textes latins, le recueil le plus abondamment lu, appris par coeur, commenté et cité. »

    Les temps sont troublés et comme Properce ou Tibulle il voit ses biens confisqués au profit des vétérans de l’armée. 
    Il voit la naissance de l’Empire d’Auguste qu’il va accepté et même le célébrer. 
    Il va pour Auguste écrire « le roman national romain » non par servilité mais par reconnaissance envers celui qui a rétablit la paix.

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    Didon et Enée

    L’Énéide dans lequel Virgile dit « Je chante les armes et leur héros » . Xavier Darcos conteste que ce soit un hymne guerrier « L’Énéide est plutôt un merveilleux récit poétique, une épopée pleine de rebondissements et une méditation sur la destinée humaine. »

    Imaginez un peu, l’oeuvre connue une nouvelle traduction tous les sept ans depuis sa parution en 17 av. JC, qui dit mieux ?

    Virgile a exercé une véritable fascination sur notre culture, dit Xavier Darcos, Dante évidement, mais aussi Pétrarque, Ronsard ou Victor Hugo s’en sont inspirés , peintres et musiciens aussi :  Nicolas Poussin, Berlioz ou Purcell

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    Montaigne, Montesquieu, Rousseau, et Jean Giono furent les grands lecteurs de Virgile.

    Excellent connaisseur du monde antique (je vous recommande son dictionnaire de la Rome antique) Xavier Darcos fait ici preuve bien sûr d’érudition mais surtout d’admiration et d’amour de la poésie

    Virgile est un poète pour tous les temps

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    ma petite bibliothèque Virgilienne

     

    Le livre : Virgile notre vigie - Xavier Darcos - Editions Fayard