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  • Marcher une phisosophie - Frédéric Gros

    Marcher, une philosophie - Frédéric Gros - Editions Carnets Nord
    marcher.jpgDes « Balades » de Thoreau, à « L’éloge de la marche » de David Le Breton en passant par « Bâton de randonnée » d’Yves Leclair, ma bibliothèque de «marche » est déjà bien étoffée, mais je n’ai pas hésité longtemps avant d’ajouter le livre de Frédéric Gros sur mes étagères.
    Ici pas de récit personnel, pas de conseils aux marcheurs, pas d’itinéraires secrets, mais plutôt une réflexion, une méditation sur l’art de la marche. Frédéric Gros interroge les marcheurs invétérés, ceux dont l’oeuvre ou l’action porte le sceau du marcheur. De Rimbaud à Nietzsche en passant par Ghandi, sans oublier Kant ou Thoreau.

    Se balader, marcher, flâner, des activités qui prédisposent à penser et méditer au coeur de la nature, loin des soucis quotidiens.
    Nietzsche est le premier accompagnateur de cette marche, chez lui pas de mièvrerie, on va d’un bon pas de Sils-Maria à Rapallo, hiver ou été, mer ou montagne "Nietzsche marche, il marche comme on travaille, il travaille en marchant" les livres de Nietzsche portent la marque de ce grand dehors que l’auteur nous décrit avec infiniment de poésie  "le charme d'un lacet de chemin au milieu des collines, la beauté des champs de vigne en automne, comme des écharpes de pourpre et d'or, l'éclat argenté des feuilles d'olivier sur un ciel définitif l'été, l'immensité de glaciers parfaitement découpés".

     

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    Aux environ de Sils Maria

    Pas question ici de records, de vitesse car « les journées à marcher lentement sont très longues : elles font vivre plus longtemps, parce qu’on a laissé respirer, s’approfondir chaque heure, chaque minute, chaque seconde, au lieu de les remplir en forçant les jointures »

    Mais la marche peut être fuite comme celle de " L’homme aux semelles de vent" qui de Charleville à Aden arpente le monde, chez Rimbaud la marche est l’expression de la colère, l’envie d’ailleurs, qui fait dire à Frédéric Gros " Cette joie profonde, toujours, qu’on a en marchant, de laisser derrière soir. Pas question de revenir quand on marche.(...) On sait toujours pourquoi on marche. Pour avancer, partir, rejoindre, repartir"
    Et pour le dire comme Rimbaud  "Allons, la route !"

    Marchons aussi avec Rousseau qui, comme Nietzsche, dit ne pouvoir penser qu’en marchant et en éprouver une grande joie "Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose dire ainsi, que dans les voyages que j’ai faits seul et à pied "
    Se promener est-ce marcher ? bien sûr nous dit l’auteur pour qui "Le secret de la promenade, c’est bien cette disponibilité d’esprit, si rare dans nos existences affairées" et nous engage à relire les pages où Proust évoque ses promenades " Du côté de Guermantes ou de Méséglise "
    Nous croisons au détour d’un chemins, Wordsworth, poète  de la nature, car "marcher fait venir naturellement aux lèvres une poésie répétitive, spontanée , des mots simples comme le bruit des pas sur le chemin"

     

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    Paysage cher à Wordsworth

    la liste des marcheurs mais vous laisse au plaisir de faire un bout de chemin avec eux, en attendant je fais mon sac, prends mon bâton

    Ce livre plein de poésie et de grand vent, donne envie de boucler son sac. Je ne peux en épuiser ici tout le charme ni la liste d'autres marcheurs mais je vous laisse le plaisir de faire un bout de chemin avec eux.

    L'auteur

    frederic-gros.jpgFrédéric Gros est professeur de philosophie à l’université Paris-XII. Il a travaillé sur l’histoire de la psychiatrie (Création et folie, P.U.F.), la philosophie de la peine (Et ce sera justice, Odile Jacob) et la pensée occidentale de la guerre (Etats de violence, Gallimard). Il a édité les derniers cours de Foucault au Collège de France.(Source l'éditeur)

     

  • En Etrange pays - Karel Schoeman

    Le roman de Karel Schoeman se situe à la fin du XIXème siècle en Afrique du Sud. J'ai eu envie de relire ce roman en apprenant la mort de l'auteur

    Versluis, un bourgeois hollandais arrive à Bloemfontein après un voyage harassant, il vient soigner une tuberculose déjà bien avancée.

    Les débuts sont difficiles, épuisé par le voyage et la chaleur, il retrouve un peu d’allant et prend pension chez Mme Van der Vliet, une femme dévouée, efficace mais intrusive.

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    Tout une société gravite autour de lui, outre sa logeuse, la famille Hirsch qui respire la vitalité mais à la présence un brin insistante et le pasteur Scheffler.

    Petit à petit Versluis va élargir sa vision, il découvre la petite ville 

    « quelques rues autour d’une place de marché, avec la tour blanche du bâtiment du gouvernement et les cheminées et les toits, couleur argent des maisons parmi les eucalyptus, les saules et les arbres fruitiers. »

    Pour lui commence une vie sans heurts, une vie tranquille, comme amortie

    « Versluis pensait qu’il avait trouvé en Afrique le même genre de vie que celle qu’il avait abandonné en Europe. C’en était en tout cas une assez bonne imitation aux confins de la terre. »

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    On sait peu de chose de Versluis et K Schoeman semble le tenir à distance, nous ne saurons jamais son prénom par exemple. 

    Il se mêle à la vie locale tout en gardant une certaine réserve, il est invité aux mariages, aux pique-niques et aux soirées poétiques où il doit payer de sa personne en lisant quelques poèmes. 

    C’est avec le pasteur et sa soeur infirme qu’il a les discussions les plus satisfaisantes. Versluis le libre penseur et impressionne le pasteur par sa connaissance du latin 
    « j’ai toujours trouvé que Virgile était une grande consolation (...) Mon Virgile et mon Montaigne ne me quittent jamais, pour que je puisse les lire en voyage ou la nuit quand je ne dors pas. » 

    Le pasteur lui aussi aime les livres et a une bibliothèque qui exigea des efforts 

    « cette petite malle avec Goethe et Schiller et Shakespeare que j’ai transportée pendant tout le voyage en bateau et en chariot à boeufs »

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    Il doute et se sent seul, il exprime des regrets car il ne lui est plus possible 

    « d’avoir des amis parmi les Noirs, ce pays avait déjà commencé à s’interposer entre nous avec ses décrets arbitraires »

    C’est l’ultime étape pour Verluis, il le sait, bientôt il sera temps de

    « ne plus faire qu'un avec soi, dans l'obscurité parmi les pierres, les racines et le gravier »

    Contre toute attente il tente d’apporter de l’aide à un compatriote, Mr Gelmers, venu terminer sa vie en Afrique. 

    L’auteur livre sa réflexion sur la mort

    « accepter l'idée qu'on va mourir, cela implique une lutte, parfois même une lutte qui dure toute la vie »

    Un rythme du récit rendu lent par l’accablement provoqué par la chaleur intense. On devine à travers beaucoup de petites touches le devenir dramatique de ce pays. 

    La quête de Versluis est celle de tout être humain, quête de dépouillement illustrée par le veld infini

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    « une étendue vide qui attendait que quelque chose arrive » et « dont le vide contenait une immense promesse, et dont l’obscurité était chargée de mystère. »  quête de paix et de sérénité.

    L’écriture est somptueuse, délicate, et trouve nécessairement un écho chez le lecteur

    Je vous renvoie aux avis tout aussi enthousiastes que le mien d’Eeguab et Keisha sur le site Lecture/Ecriture  

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    Le livre : En étrange pays - Karel Schoeman - Traduit par Jean Guiloineau - Editions Phébus ou Libretto

  • Poésie du gérondif - Jean-Pierre Minaudier


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    Histoire de fêter un peu la rentrée scolaire, si on parlait un peu de grammaire

    Enfin pas de n’importe quelle grammaire, non plutôt des 1163 livres de grammaire que possède l’auteur !! Quand je pense que je n’ai même pas une grammaire française sur mes étagères ....

     

    Jean-Pierre Minaudier l’avoue il faut être un peu fou pour faire collection de livres de grammaire, mais que voulez-vous ça le tient depuis l’adolescence. Il est fasciné par les langues, toutes les langues ! même celles qui ne sont parlées que par quelques individus perdus au fin fond d’un désert Australien. Sa collection couvre 864 langues.

    D’ailleurs il affirme « La lecture d’une grammaire peut constituer un véritable roman policier » comme je suis amateur de polar j’ai décidé de le suivre.

     

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    Un érudit cet homme bien sûr mais ne croyez pas qu’il parle 35 langues, non non il se contente (à part les langues usuelles anglais, espagnol) du basque et...de l’estonien. Un doux dingue je vous dis !

    Mais le lecteur se laisse totalement embarqué dans sa folie, son humour est ravageur, je vous déconseille de lire son livre dans le métro ou le train vous allez attirer sur vous des regards interrogatifs.

    Il y a son parcours du combattants pour acheter, parfois à prix d’or, LA grammaire qu’il guigne, il y a son affirmation « Une grammaire est une espèce de grand sudoku : par déductions successives, il faut rassembler les pièces d’un puzzle logique », il y a cette langue qui aligne pas moins de 117 consonnes, la prononciation je vous dis pas, on peut aller se rhabiller avec notre anticonstitutionnellement.

    Il y a cette langue sibérienne qui est différente selon qu’elle est parlée par un homme ou une femme, il y a le coréen qui n’a pas moins de six façons pour saluer une personne. 

    Il y a ces langues fabuleuses comme le japonais qui sont des langues détenant des mots impressifs, quésaco ? ce sont ces mots imagés un peu comme nos onomatopées, par exemple truytte en japonais évoque le bruit d'un baiser, ou le mot pika un éclair de lumière. 

    Quand vous pensez que les étrangers se plaignent que le genre en français est difficile à mémoriser alors que certaines langues africaines n’ont pas moins de 20 genres

    L’amusement de l’auteur est communicatif :

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    « Voici comment on dit “J’ai vu un animal de ce type”  en kalam, une langue papoue de Nouvelle-Guinée orientale : Knm nb nnnk. Toute personne capable de prononcer cette phrase gagnera une chaussette d’archiduchesse séchée sur une souche sèche. »

     

    Et l’on se prend à prévoir un détour par le rayon grammaire de la bibliothèque.

     

    Mais soyons un peu sérieux, Jean-Pierre Minaudier explique très bien en quoi les langues orientent notre vision du monde, reflètent un système de pensée, à la fois richesse extraordinaire mais parfois aussi carcan.

    L’auteur s’est amusé à nous offrir à chaque page une phrase dans une langue telle que le Dimal, le Harari, le Lakota ou le Pipil, et vous serez certainement content d’apprendre comment on dit « j’ai sorti les ordures de la maison » en Hoan ou « viens par ici » en nez-percé ou mieux Tuktusiuqatiqarumalauqpuq qui veut dire « Il désira avoir un compagnon de chasse au caribou » en inuktiktut comme vous l’avez sûrement deviné.

     

    Heureux propriétaire d’une bibliothèque hors normes, Jean-Pierre Minaudier m’a amusé, enchanté, intéressé. J’ai aimé cet ode à la diversité, cette confession loufoque qui fait éclater le carcan universitaire. Bref j’ai aimé cette invitation au voyage au pays de la grammaire.

     

     

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    Le livre : Poésie du gérondif - Jean-Pierre Minaudier - Editions Le Tripode

     

  • Les Métamorphoses - Ovide


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    Narcisse - Le Caravage - Rome Galerie Nationale

     

    De temps à autre mon intérêt pour l’antiquité et sa littérature se rappelle à moi, je suis depuis quelques semaines un cycle de conférences sur les Métamorphoses d’Ovide.

    Outre que l’enseignant de l’histoire de l’art qui mène cela est passionnant et drôle, j’ai fureté dans ma bibliothèque pour relire l’essai d’un spécialiste sur l’oeuvre d’Ovide et la petite bio de Lucien d'Azay

    En croisant le tout on parvient à comprendre un peu mieux l’intérêt de cette oeuvre et pourquoi elle connut un succès qui ne s’est pas démenti pendant plusieurs siècles. 

    Succès aussi bien auprès des poètes que des peintres au point de porter le nom de Bible des poètes et Bible des peintres.

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    Vénus et Adonis - Le Titien 

    Ovide est le poète de la disgrâce, un édit d’Auguste l’ envoie mourir à Tomes sur les bords de la mer Noire où il finira sa vie comme exilé, nostalgique de Rome et exprimant sa douleur dans ses derniers écrits : les Tristes et les Pontiques.

    Poète courant toujours après la notoriété qui fut celle de Virgile, son Art d’aimer était célèbre autant pour sa qualité poétique que pour ses passages licencieux.

     

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    Orphée - Mosaïque du Musée de Palerme

    Les Métamorphoses sont sa grande oeuvre avec laquelle il pourra rivaliser avec Virgile. 

    Avec les Métamorphoses Ovide veut déchiffrer le monde, c'est une histoire de l'humanité avec près de 800 personnages.

    Il parvient à donner à son récit une unité en rassemblant tous les récits des mythes en un long poème. Il a relié les diverses fables donnant ainsi l’impression d’une seule narration.

    C’est le livre des pires passions, vengeance, jalousie, incestes, meurtre et trahison, l’émerveillement du début tourne parfois au cauchemar.

    Le monde décrit par Ovide est peuplé d’hommes qui se font serpents ou oiseaux ou encore végétal et parfois en astres qui perdureront dans notre ciel.

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    Diane métamorphose Actéon en cerf - Le Parmesan 

    Ovide a certainement puisé une part importante de ses sources chez des auteurs grecs et chez les poètes, depuis Homère jusque’ à Euripide.

    On dit qu’Ovide était pythagoricien c’est à dire qu’il suivait cette doctrine qui affirme que chaque être vivant subit de nombreuses transformations au cours de son existence. Elle est largement utilisée dans les légendes des Métamorphoses.

     

     

     

    Pierre Maréchaux insiste dans son essai sur l’aspect assez noir de l’oeuvre, la chute et la fin de l’âge d’or étant toujours proche et Ovide

    « laisse entendre que le monde n’est que bouleversement », les différentes métamorphoses subies par l’homme sont  « un constat d’échec de toutes les civilisations et de toutes les cultures »

     

    Ovide est assez éloigné du caractère louangeur et un rien lèche-botte de l’Enéïde, pas question pour lui de faire l’apologie d’Auguste, Pierre Maréchaux le dit ainsi « Ovide peut dire sans dire, louer sans acquiescer, blâmer sans être pesant. »

     

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    La métamorphose de Myrrha et la naisance d'Adonis - M Franceschini 

    Il y a les mythes célèbres  : Actéon, Philémon et Baucis, Echo et Narcisse, le mythe d’Orphée que l’on connait mais sans être parfois capable de retrouver le mythe derrière les noms devenus célèbres.

    C’est dans les vers d’Ovide que peintres et sculpteurs ont directement puisé leur inspiration.

    La beauté des Métamorphoses réside dans la richesse, l’abondance, la variété qui permettent, aux artistes, du Nord comme du Sud de l’Europe les illustrations les plus diverses.

    Récit intemporel que l’on retrouve dans la littérature plus proche de nous :   Alice et sa transformation, Kafka et la métamorphose de Gregor Samsa ou le Mr Hyde de Stevenson

    J’ai beaucoup aimé la traduction en vers d’Olivier Sers.

     

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    Les Livres

    Les Métamorphoses  - Ovide - Traduit par Olivier Sers - Editions Les Belles Lettres

    Enigmes romaines - Pierre Maréchaux - Editions Gallimard Le Promeneur

    Ovide ou l'amour puni - Lucien d'Azay - Les Belles Lettres 

  • Le curé de village - Honoré de Balzac

    C’est le second roman de Balzac que je lis sous influence. 

    Ma lecture d’Alain et de son Balzac m’a fait choisir pour démarrer deux romans peu connus. J’ai aimé le premier Le médecin de campagne et aimé encore plus celui là.

    L’ouverture du roman ne surprend pas, Balzac nous invite à Limoges et nous fait, comme à son habitude, visiter la ville. 

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    Limoges

    Dans cette ville vit « un nommé Sauviat, marchand forain »  il a construit sa fortune sur la récupération des métaux « Sauviat n’achetait aucun objet sans la certitude de pouvoir le revendre à cent pour cent de bénéfice ».

    Il eut une fille Véronique et pour elle « Cet homme de plomb, de fer et de cuivre redevint un homme de sang, d’os et de chair », elle est élevée très chrétiennement et devient une belle jeune fille à la beauté un peu flétrie par une petite vérole. Seule réelle émotion dans la vie de Véronique : la lecture de Paul et Virginie qui l’enflamma.

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    Paul et Virginie

     

    Son père s’est juré de bien la marier et il porte son choix sur le banquier Graslin que convoitent toutes les mères de la ville. 

    Tout est donc pour le mieux

    « Graslin meublera magnifiquement sa maison; il aura pour notre fille la plus belle voiture de Paris et les plus beaux chevaux du Limousin, il achètera une terre de cinq cent mille francs pour elle, et lui assurera son hôtel; enfin Véronique sera la première de Limoges »

    L’amour n’étant pas présent et l’enfant attendu ne venant pas Véronique Graslin cherche consolation dans les livres. 

    Elle fait la conquête de Limoges 

    « Quelques mois après son arrivée, le Substitut attiré par le charme croissant de la conversation et des manières de Véronique, proposa donc à l’abbé Dutheil, et quelques hommes remarquables de la ville, de jouer au whist chez madame Graslin. Véronique reçut alors cinq fois par semaine »

    Graslin est en paix il peut se consacré à sa fortune d’autant qu’après plusieurs années Véronique Graslin est enfin enceinte alors que la ville est secouée par un meurtre particulièrement sordide, un vieillard avare et riche fut  

    « assassiné, pendant une nuit noire, au milieu d’un carré de luzerne où il ajoutait sans doute quelques louis à un pot plein d’or. La servante, réveillée par la lutte, avait eu le courage de venir au secours du vieil avare, et le meurtrier s’était trouvé dans l’obligation de la tuer pour supprimer son témoignage »

    L’ouvrier porcelainier Tascheron est arrêté et condamné à la guillotine. Le produit du vol n’est pas retrouvé.

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    Le dernier jour d'un condamné

    Je m’arrête ici car en dire plus serait vraiment criminel

    Le roman de  Balzac qui illustre très bien la place de la religion et de l’Eglise est un chef-d’oeuvre de construction romanesque.
    On pourrait croire qu’on lit un roman à la gloire de l’autorité et l’on s’aperçoit en cours de route que l’on a été berné et manipulé.

    C’est un roman complexe que j’ai eu grand plaisir à lire même si je n’adhère pas à toutes les idées de l’auteur et si il y a comme dans bien des romans de Balzac quelques longueurs.

    Balzac reprend ici les idées de Victor Hugo et démontre l’inutilité de la peine de mort pour ce jeune homme de 23 ans.

    Un roman à découvrir

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    Le livre : Le curé de village - Honoré de Balzac - Edition numérique Arvensa ou gallimard Folio

  • Le Monde selon Victor Hugo - Michel Winock

     

    Il vient d'être à l'honneur avec Notre Dame de Paris

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    Passé l'engouement passager pour le roman et si vous voulez en savoir un peu plus sur Hugo sans passer par une ENORME biographie je vous invite à faire confiance à ce livre.
    Composé de chapitres assez courts centrés chacun sur un aspect de l’écrivain : sa vie familiale et sa vie amoureuse (et là il y a à dire), l’homme d’Hernani, sa place en politique et son évolution en la matière, l’homme en colère qui s'exile à Guernesey, le catholique qui veut des obsèques civiles bref un homme de contradictions.

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                                                    Hauteville House St Peter Port

    J’ai lu il y a longtemps deux biographies de Hugo, ce n’est donc pas pour connaitre sa vie que j’ai lu Michel Winock mais pour avoir la patte de l’historien.
    J’ai aimé qu’en un livre court il réussisse à nous dresser le portrait d’un géant et de son oeuvre, de nous permettre de sentir sa personnalité.


    J’ai été particulièrement intéressé par le portrait de l’homme politique car on ne se souvient pas assez que V Hugo passe par tous les stades : royaliste, admirateur de Napoléon, opposant virulent à Napoléon le Petit, républicain farouche, de véritables revirements, méchamment on dira qu’il a tourné casaque ! Oui mais avec quelle énergie et quel souffle !!
    Le poète un peu facile, celui de « je veux de la poudre et des balles » mais aussi le poète magnifique de Booz endormi

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    Booz par Frédéric Bazille

    et Ruth se demandait,
    Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
    Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
    Avait, en s'en allant, négligemment jeté
    Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.


    Qui est-il cet homme qui écrit à son collègue Lamartine
    «  Je condamne l’esclavage, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine. Voilà ce que je suis ».
    Un paria et un exilé, l’homme qui lance « vous ne voulez pas du progrès, vous aurez les révolutions ! »
    L’homme qui écrit aux grands de ce monde ( à la reine Victoria ) pour les convaincre de NE PAS appliquer la peine de mort.

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    Le dernier jour d'un condamné 
    Ed. J. Hetzel - A. Quantin - 1881


    Toujours il lutta pour montrer que la peine de mort était pour lui un meurtre judiciaire, il a essayer de peser sur l'opinion en ce sens rappelant dans ses écrits l'horreur des exécutions et l'inefficacité de cette sentence.

    L’homme qui dit  « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu »
    L’homme  capable de faire sortir la population de Paris dans les rues derrière son cercueil !
    « Notre fleuve français, coula ainsi de midi à six heures, entre les berges immenses faites d’un peuple entassé depuis le trottoir, sur les tables, des échelles, des échafaudages, jusqu’au toit » écrivit Maurice Barrès.

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    Je vous invite aussi à relire ou à écouter Les Misérables parce que malgré tout ses défauts ce livre pour moi est la littérature même.

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    Le livre : Le Monde selon Victor Hugo - Michel Winock - Editions Tallandier