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Rechercher : la petite lumière

  • Bribes d'Aubépine

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    Depuis quelques années je consomme de l’aubépine pour éviter des traitements plus lourds de l’hypertension. Ridicule ? risqué ? en fait non puisque jusqu’à aujourd’hui cela marche.

    Alors j’ai eu envie de chercher et voilà le résultat de ma recherche.

    « Aubépine a pour origine le latin alba spina, qui signifie « épine blanche », l’autre appellation de cet arbre depuis toujours vénéré, comme à Rome où la plante symbolise la prospérité. La tradition conseillait par exemple d’attacher une de ses branches sur les berceaux des nouveau-nés pour tenir à distance le mauvais sort. Dans beaucoup de régions, il était recommandé aux enfants malades de toucher le feuillage de l’aubépine, car il se disait alors que c’était bon pour la santé. Si l’Église catholique n’encourage pas ces pratiques peu chrétiennes, elle ne les condamne pas davantage, en souvenir certainement de la couronne du Christ faite d’après elle en aubépine.

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    L’aubépine est un arbre de petites dimensions, mais son espérance de vie est grande. L’un des plus vieux arbres de France est une aubépine. Elle vit à Saint-Mars-sur-la-Futaie, une commune de la Mayenne, et elle est âgée de mille sept cents ans. Un texte datant de 1150 la qualifie déjà de très vieille.

    Il est difficile de rester insensible à la beauté de l’aubépine. Quand Marcel Proust publie en 1918 À l’ombre des jeunes filles en fleurs, ouvrage pour lequel il recevra le prix Goncourt, il décrit avec subtilité une plante que de toute évidence il apprécie :

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    « Tout d’un coup, dans le petit chemin creux, je m’arrêtai touché au cœur par un doux souvenir d’enfance : je venais de reconnaître, aux feuilles découpées et brillantes qui s’avançaient sur le seuil, un buisson d’aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps. […] J’aurais voulu la saisir. Je m’arrêtai une seconde et Andrée, avec une divination charmante, me laissa causer un instant avec les feuilles de l’arbuste. Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l’aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses. »

     

    Le livre : Dictionnaire amoureux des arbres – Alain Baraton – Éditions Plon

     

  • In mémoriam - Stéphane Audeguy

     

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    In Memoriam - Stéphane Audeguy - Editions Le Promeneur Gallimard

    Je ne sais pas d’où me vient le goût pour les petits livres, peut être l’âge venant la taille et le poids du livre prennent une importance excessive.
    Longtemps les sagas à multiples personnages m’ont enchantée, les gros pavés avaient ma faveur, et telle « La Femme en train de lire » de Rembrandt je me colletais avec des volumes épais et lourds.

     

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    Les goûts en lecture changent comme le reste et chez moi ils vont vers le frêle, le léger, c’est un art difficile de retenir le lecteur avec peu de mots, certains s’y essaient et rendent coquille vide, d’autres au contraire enchantent, c’est le cas de Stéphane Audéguy.

    Petit volume donc dans la collection « Le Promeneur », l’auteur s’est adonné dans la joie j’espère à des recherches pointues et nombreuses (une centaine) pour savoir au détail près comment meurt les grands hommes et les autres.
    Des personnages célèbres et de parfaits inconnus  sont passés en revue. Savants, hommes politiques, écrivains, musiciens  tous y passent et non content de s’en prendre aux humains Stéphanie Audeguy s’occupe aussi de la gente canine.
    Parfois l’auteur triche un peu et nous n’assistons pas  à la mort mais à ses préparatifs ou à ses suites.

    Mort romantique qui tire des larmes ( Adrienne Lecouvreur) mort méritée mais difficile (Raspoutine) mort cannibale (Capitaine Cook)  mort bête ( Tennesse Williams) ou mort familiale ( Marvin Gaye).
    Deux exemples : Le cercueil de Flaubert  trop grand pour prendre place dans le trou réservé, ou bien le pied de nez du hasard faisant porter le cercueil de Wagner antisémite notoire par deux juifs.

    Vous l’aurez compris Stéphane Audeguy a fait un livre cocasse, drôle, parfois féroce ; de pierres tombales en cercueils de cérémonies en dernières paroles, d’épitaphes en dernier souffle, on se régale et on rit beaucoup.« C'est le livre le plus léger et le plus gai que j'ai lu depuis longtemps » dit Frédéric Ferney.

     

     

  • Les Ambassadeurs - Henry James

    Je vous propose un retour aux classiques

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    L’occasion d’une nouvelle et magnifique traduction de jean Pavans, d’une belle édition, le tout associé à quelques jours de vacances et voilà l’occasion de savourer un des grands romans, avec La Coupe d’or et Les Ailes de la Colombre, d' Henry James  qu'il considérait comme son meilleur roman.

    La trame du roman
    Lewis Lambert Strether est un américain de cinquante cinq ans, issu de la meilleure société de Woollett petite ville de la côte est. Il vient en Europe à la demande expresse de Mme Newsome, une riche veuve, pour ramener à bon port Chadwick, son fils promis à un brillant avenir et à une non moins éclatante fortune, qui s’est laissé séduire par Paris et une femme qui ne peut être qu’une redoutable intrigante et  une vile corruptrice.
    Strether compte pour parvenir à son but sur l’aide de son ami Waymarsh et de Maria Gostrey une américaine vivant en Europe et connaissant parfaitement la société et les moeurs parisiennes.
    Lambert Strether tient beaucoup à la réussite de sa mission car à son retour, si le voyage est couronné de succès, il épousera Mme Newsome
    Il parvient après bien des atermoiements à faire la connaissance de Madame de Vionnet, qui se révèle être bien différente du portrait qu’il avait imaginé. Ses rapports écrits prennent chaque soir le chemin de Woollett, ses propos volontairement rassurants " on avait imaginé des horreurs "  finalement ce n’est pas une mauvaise femme ! ses propos finissent par intriguer puis par contrarier fortement Mme Newsome et c’est bientôt un deuxième  train d’ambassadeurs qui prend le chemin de Paris pour rétablir la situation.

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    Le Paris d'Henry James - Camille Pissaro - L'avenue de l'Opéra


    Les personnages
    Lambert Strether, directeur de revue littéraire à Woollett, revue qu’il signe mais dont Mme Newsome tient les finances bien serrées.
    Il n’a vécu que pour son devoir, ne s’est jamais laissé emporté par ses sentiments, un homme raisonnable en tous points.
    Maria Gostrey est d’une fine intelligence, un peu rouée et sachant écouter comme personne, elle se qualifie " d’agent de rapatriement " Mais elle n’est pas dénuée de charme et même de sensualité lorsqu’elle  reçoit Strether autour d’ " une petit table où les bougies allumées projetaient des ombres rosées "
    Chadwick est un jeune homme " brun, massif et vigoureux" plein de charme, de prévenance et de distinction et prêt, on en jurerait, à obéir en tout à Strether.  Il va suffire à se dernier de parler d’une voix ferme pour que tout rentre dans l’ordre. Mais il se révèle avoir " le comportement, l’allure et les propos d’un homme assez pesamment, peut-être même un peu sombrement, mais néanmoins fondamentalement et confortablement libre". Ce qui ne fait pas l'affaire de Lambert Strether
    Enfin, enfin il y a Mme de Vionnet , la femme, qui donne " une impression de légèreté de de transparence "  qui est "extrêmement blonde"  merveilleusement aimable "magnifique — Strether fit une pause —  le mari est mort ?  — Mon Dieu non ! Vivant "  Tout est dit !.

    Paris est le dernier personnage du roman, Strether est conquis " Il descendit au soleil la rue de la Paix et, traversant les Tuileries et la Seine, il s’accorda plus d’une fois — comme avec une soudaine détermination — un arrêt devant les bouquinistes de l’autre rive."
    Il est littéralement absorbé par Paris, pour la première fois il vit "Dans les jardins du Luxembourg, il s’arrêta ; là du moins il trouva son recoin, et là, sur une chaise de louage en face de quoi les terrasses, les allées, les fontaines, les trouées, les petits arbustes en pots verts, les petites femmes en bonnets blancs et les petites filles piailleuses composaient un tableau ensoleillé, il passa une heure durant laquelle la coupe de ses impressions sembla vraiment déborder."
    Il va même (magnifique chapitre XII) s’aventurer hors de Paris, au bord de l’eau, dans une guinguette qui pourrait appartenir à un tableau de Monet, de Pissaro ou de Renoir. A nouveau il va jouir d’un bien être inconnu jusqu’alors "La confiance qui s’était établie en lui s’intensifia avec le clapotis de l’eau, les reflets en surface, le bruissement des roseaux sur l’autre rive, la petite fraîcheur diffuse et le léger balencement des deux barques arrimées à un embarcadère sommaire tout proche."

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    Claude Monet - La Grenouillère

    L’art d’Henry James est totalement envoûtant, la finesse des portraits psychologiques, le choix du monologue,  l’ambiguïté qu’il entretient tout au long du roman, la sensation permanente pour le lecteur d’être proche de comprendre les sentiments, les émotions des personnages.
    L’opposition entre le monde neuf de l’Amérique et la civilisation policée de la vieille Europe est superbement rendue, James parle à propos de l’expérience de son héros de " profond chaos émotionnel " provoqué par le séjour parisien. Paris est une révélation pour Strether, à l’égal de James lui-même, son trouble intérieur va le faire basculer du côté de Chadwick, de Mme de Vionnet, de Paris.

    La lecture n’est pas toujours aisée, Henry James aime les phrases à tiroirs, les contournements, les expressions précieuses. Il faut apprivoiser cette langue et ne pas se presser. James aime les évocations plutôt que les dévoilements, il aime laisser le lecteur dans l’incertitude. A travers le personnage de Strether le lecteur mesure à quel point sa perspicacité est prise en défaut. Avec quel art l'auteur parvient à laisser entendre le changement de point de vue du héros, arrivé pour "pourfendre" le vice et qui se rallie au " Carpe Diem" des anciens. Une belle et exigeante lecture.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque


    Le Livre : Les ambassadeurs - Henry James - Traduction et préface de Jean Pavans - Editions Le Bruit du temps- 2010
    En fin de volume : Notes préparatoires de Henry James et préface de celui-ci à l’édition de 1909.

     



  • Marcel - Erwin Mortier

    Taire ou dénoncer 

     

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    On sait tous que la réaction devant des événements exceptionnels peut être très différente d’un homme à l’autre, d’un pays à l’autre. Il y a toujours ceux qui se taisent, collaborent et ceux qui dénoncent, se battent.

    Je vous propose un roman qui pourrait porter en sous-titre : Quand on choisit le silence...........

     

    La Flandre, un pays qui dans les années 70 vit encore sous le poids d’une histoire que beaucoup voudraient oublier.

    Une ville flamande comme les autres, une maison qui « ressemblait à toutes les autres de la rue : plus très d’aplomb après deux siècles d’occupations, de tempêtes et de guerres ».
    Une famille flamande presque comme les autres.

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    Le narrateur vit chez sa grand-mère, une maîtresse femme qui « a rarement tord », elle connaît tout le monde dans la ville, Andréa, elle occupe toute la place dans ce roman.

    La vie s’écoule doucement « personne ne se déplaçait librement dans la maison. Chacun suivait le chemin de son habitude »
     

    Dans une petite ville les langues vont bon train, quand Mademoiselle Veegaete, l’institutrice, vient pour renouveler sa garde robe, c’est l’effervescence car c’est une cliente privilégiée, on sort le service à liséré d’or, les magazines de mode. Ces jours là le narrateur voudrait « être une petite souris qui voit tout et n’oublie rien ».

     

    Parfois on fait des visites « la grand-mère nous avait empaquetés, le grand-père et moi comme une cargaison vivante », l’occasion de découvrir de nouvelles photos : « Une multitude de visages d’hommes (...) Au dessus des têtes, une houle de bras levés »

    Ce jour là le narrateur découvre qu’il ressemble à Marcel

     

    Le même Marcel qui trône dans la vitrine où la grand-mère aligne les photos de tous les morts de la famille. « Dans leurs cadres chic, pareils à de précieux carrosses ils paraissaient faire la queue à la douane ».

    Une kyrielle de tantes, d’oncles, tous disparus. Chaque photo raconte une histoire. Andréa époussette les cadres avec soin, elle va entretenir leurs tombes au cimetière. Elle raconte sans se lasser l’histoire de chacun. Sauf pour Marcel, parce que,Marcel, si il y a bien sa photo dans la vitrine, il n’y a aucune tombe à fleurir au cimetière et personne ne connaît la date de sa mort.

    L’enfant aime le grenier et tout ce qu’il y trouve, c’est sa curiosité qui va déclencher la tempête, quand pour un travail scolaire il se sert d’une lettre ornée d’un aigle magnifique...

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    Les héritiers !

    Un roman court, sobre et habile pour restituer cette part de l’histoire longtemps cachée.  Le monde de l’enfance est décrit avec virtuosité et est empreint de trendresse mais le passé que l’auteur explore à travers ce récit est marqué de sentiment de culpabilité.  

    Voici ce que dit l’auteur dans une interview :

    «  Marcel  était pour moi l'occasion de m'exprimer en tant qu'arrière-petit-neveu d'un collaborateur mort en Russie, sur le front de l'Est. Âgés de vingt ans, mes grands-parents ont sympathisé avec les Allemands. Ce passé a marqué mon enfance, même si je suis né vingt ans après la fin de la guerre.» © La Libre Belgique 2003

     

    La langue est superbe et la traduction a value à Marie Hooghe un prix bien mérité.

     

    Si le sujet vous intéresse retrouvez chez JEA plusieurs articles ici et là 

     

    Le livre : Marcel - Erwin Mortier - Traduit du néerlandais (Flandres) par Marie Hooghe - Editions Fayard 

     

    L'auteur

    erwin.jpgNé en 1965, en Belgique (Flandre), Erwin Mortier est écrivain, journaliste et historien d'art. Il est l'auteur deMarcel (Fayard, 2003, prix de traduction Amédée Pichot 2003), Ma deuxième peau (Fayard, 2004), Temps de pose(Fayard, 2005) et Les Dix Doigts des jours (Fayard, 2007), tous traduits du néerlandais par Marie Hooghe.

     

  • Le Vent dans les saules - Kenneth Grahame

    Session de rattrapage, retour en enfance

     

     

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    Lectrice assidue d’Alberto Manguel qui le vante avec une belle énergie, j’avais depuis longtemps envie de lire Le vent dans les saules.
    Ce classique d’outre-manche de Kenneth Grahame nécessitait bien une petite session de rattrapage.

    Quatre amis et un coin de campagne anglaise où court une rivière il n’en faut pas plus pour se retrouver précipité dans un monde délicieux

    « Mr Taupe avait travaillé très dur toute la matinée pour le grand nettoyage de printemps de son petit logis. » 

    Il décide de partir à la découverte, c’était magnifique il « déambulait dans les prés, le long des haies, à travers les bosquets, découvrait partout des oiseaux nichant, des fleurs à peine écloses. »

     

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                                      Aujourd'hui encore c'est tentant la Tamise 

     

    Et c’est ainsi qu’il fait la connaissance de Mr Rat qui est l’heureux possesseur d’un bateau, et qui va lui faire découvrir la rivière. 

    Regardant une traînée de bulles d’air sur l’eau, il fait connaissance avec Loutre. Et c’est le temps de l’amitié, des pique-niques au bord de l’eau, des balades dans le mystérieux Bois sauvage. 

    Une équipée hivernale lui permettra de connaître Blaireau.

     

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    Mais l’amitié pousse parfois à la prise de risques. Crapaud leur propose de se  joindre à lui dans sa roulotte aménagée pour parcourir le monde  à eux « La grand route, la chaussée poudreuse, la lande, les haies, les prés communaux, les collines onduleuses, les campements, les villages, les villes, les cités !  »

    Oui mais voilà Crapaud n’est pas un ami très fiable, c’est un être fantasque, égoïste, pris de lubies soudaines et disons le, c’est un vantard et un paresseux. 

     

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    Brrrr nos amis aiment mieux une vie plus rangée car ils sont « Quatre Mousquetaires pantouflards lancés bien imprudemment sur les routes du vaste monde » nous dit Alberto Manguel. Mais c’est sans compter sur la folie des grandeurs de Crapaud qui un jour achète une automobile...............

     

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    Je vous laisse découvrir la suite des aventures de nos quatre amis. Lire ces péripéties pleines de fantaisie, loufoques et elles nous mettent de bonne humeur.

    Certes tout cela est empreint d’une morale très sage mais après tout, de temps à autre, les bons sentiments sont un charmant dérivatif.

    Un livre pour tous, grands et petits, il suffit d’accepter de repartir au pays de l’enfance.

    Le Vent dans les saules est une lecture succulente,  récit anglais jusqu’au bout des ongles et pourtant parfaitement universel et intemporel comme Alice, Peter Pan ou les contes de Grimm , un classique tel que l’entendait Italo Calvino ou plus simplement un « livre magique » comme l’affirme Alberto Manguel dans sa préface.

     

    Le Livre : le vent dans les saules - Kenneth Grahame - Traduit par Gérard Joulié - Editions Phébus

     

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    Vous pouvez préférer la version BD de Michel Plessix en 4 tomes chez Delcourt très réussie à mon goût 

  • Réchauffement climatique

    Pour changer un peu des polars du nord qui envahissent nos étagères ( pour notre plaisir quand même!) je vous propose une balade italienne.
    Rien de bien original mais des valeurs sûres, sympathiques et gastronomiques, ce n’est pas un programme à dédaigner

     

    Une recette en prime , d'accord c'est en italien mais ça n'en a que plus de parfum


    Montalbano d’abord, le commissaire né de la plume d’Andrea Camilleri, je lis ses aventures depuis sa création, avec des hauts et des bas et quelques franches réussites. Ce que j’aime chez lui c’est qu’entre une autopsie et un interrogatoire il vous fourgue une recette pour cuire les rougets ou mitonner une caponata, remarquez il a pas grand mérite car il a une cuisinière à sa dévotion.
    Bon alors aujourd’hui il joue les Nabokov en enquêtant sur de jeunes demoiselles qui portent le tatouage d’un sphinx sur le corps et que les demoiselles en question ont la fâcheuse idée de mourir ou de disparaître.
    Comme on est en Italie et je dirais même plus : on est en Sicile, ces demoiselles ont  un lien avec une association caritative bien pensante et bien bien catholique.En parallèle Montabalno  recherche un mari disparu qui semble avoir joué les filles de l’air avec une jeunesse mais impossible de lui remettre la main dessus, ce qui ne plait pas à l’épouse éplorée qui se refuse à croire à la vilenie du mari.
    C’est parti pour Montalbano et ses habituels acolytes, enfin doucement car il est maintenant dans les plus de 50 ... donc prudence, surtout que ses amours ne vont pas fort, Livia toujours au nord de l’Italie et lui toujours au sud et depuis quelques temps elle ne donne plus de nouvelles.
    Que vous dire de l’enquête ? C’est bien ficelé, parfois très drôle, parfois très grinçant et comme toujours la langue de Camilleri est un bonheur.
    C’est du polar classique pur et sûr.
    Les Ailes du sphinx - Andrea Camilleri - Traduit de l’Italien par Serge Quadruppani - Editions Fleuve noir

     

     

    Remontons un peu plus au nord pour trouver le commissaire Brunetti, la figure créée par Donna Leon , dans sa dernière aventure je l’avais trouvé un peu poussif et bien là il s’est réveillé.
    Le décor ; Venise, je n’en dis pas plus, une nuit des carabiniers armés et cagoulés font irruption chez un pédiatre et son épouse, tabasse le mari, terrorise la dame et pour faire bonne mesure enlèvent leur enfant de quelques mois.
    Alertée par les voisins la police cherche à comprendre, Brunetti n’obtient aucun renseignement des carabiniers, vive la coopération policière, et rien non plus auprès du pédiatre agressé qui refuse de donner la moindre explication.
    Pour son enquête il va avoir besoin une nouvelle fois de son beau-père l’aristocrate et de se trouver une épouse de substitution, eh oui quand on veut se faire passer pour un candidat à l’adoption.... Vianello, son adjoint, enquête de son côté sur une escroquerie à la sécurité sociale impliquant des médecins et des pharmaciens.
    Le talent de Donna Leon c’est de nous mener tranquillement, Brunetti est un homme lettré, fin, intelligent et l’accompagner dans son enquête est fort agréable. Un petit coup de morale , un petit coup d’érudition et hop c’est enlevé.
    Ah j’oubliais, ici aussi vous pouvez prendre quelques leçons de cuisine, je ne sais pas comment se débrouille Mme Brunetti mais elle assure question recettes,  donc prévoyez à côté de vous un petit verre de quelque chose et deux ou trois antipasti, c’est de rigueur.
    Le cantique des innocents - Donna Leon - Editions  Calmann-Lévy