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Rechercher : philippe Berthier

  • Bribes de l'art d'écrire

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    En somme la lecture, je l’ai toujours associée à l’écriture. La pratique de la lecture m’est toujours apparue comme un accompagnement indispensable de l’écriture. C’est parce que j’ai commencé à écrire que je me suis mis à lire. 

    C’est parce que j’ai compris très vite  ( et qu’on me l’a dit et répété à juste titre ) que pour écrire il fallait avoir lu, que j’ai commencé à lire.

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    D’ailleurs toutes les premières grandes lectures fondatrices de ma vie - Kafka, Beckett, Proust - je ne les ai pas faite dans l’adolescence, je les ai faites alors que j’écrivais déjà.

    J’ai toujours lu avec une perspective d’écrivain.

    Il est bien sûr très rare qu’on ouvre un dictionnaire et qu’on se mette à le lire, pages après pages, dans la continuité. Non on ne lit pas le dictionnaire, on le feuillette, on le parcourt, on le fatigue, selon la très jolie expression de Borgès.

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    Une chose me frappe, mais ce n’est peut être qu’une illusion d’optique, c’est qu’il y a plus de mots dans l’oeuvre de Proust que dans tous les dictionnaires du monde.

     

    Le livre : C’est vous l’écrivain - Jean-Philippe Toussaint - Editions Le Robert 

     

  • Bribes de lecture

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    « Soudain, on sait lire. Comme on sait marcher ou nager. Une fois pour toutes. Le miracle a eu lieu. Le corps se tient en équilibre dans le milieu qui le porte, au sein duquel il a trouvé ses appuis et où il peut désormais évoluer à sa guise. Maladroitement d’abord : tombant par terre, buvant la tasse, butant sur des mots trop compliqués, s’égarant parmi des phrases sans fin. Mais : sachant le secret afin de s’orienter seul au sein de ce qui, dès lors, n’est plus tout à fait un univers opaque et hostile. »

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    « J’étais cet enfant, élevé parmi des livres, et peut-être les préférant à la vie, convaincu qu’ils valaient mieux qu’elle puisqu’ils en livraient le sens. A la condition de savoir vraiment les lire. Comme si chaque livre constituait un rébus, une devinette et qu’il fallait donc, encore et toujours, retrouver la forme de la chose derrière la forme du mot, repérant le lien qui les lie et qui se trahit, pour l’œil exercé, à la lettre initiale désignant l’être ou l’objet qu’elle imite. »

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    Mon berceau s’adossait à la bibliothèque,
    Babel sombre, où roman, science, fabliau,
    Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
    Se mêlaient. J’étais haut comme un in-folio.

    Charles Baudelaire

    Le livre : Une fatalité du bonheur - Philippe Forest - Editions Grasset 

  • Sur la lune

    Où étiez-vous le 20 juillet 1969 ?

    Moi je me souviens. J’étais infirmière et de garde en chirurgie à l’hôpital de l’Antiquaille à Lyon.

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    Je me souviens de façon précise avoir fait une pause pour écouter l’annonce à la radio, un homme avait marché sur la lune.

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    « Une nuit, celle du 20 juillet 1969, sur la terrasse de la maison, en observant à la jumelle une pleine lune si proche de la Terre qu’on en voyait tous les reliefs, nous écoutions sur le transistor le récit des premiers pas de l’homme sur la lune.

    On pouvait cette nuit-là, en y glissant un brin d’imagination, presque distinguer le vaisseau spatial et l’homme en blanc.

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    (…) Comme ce souvenir est vif ! Et combien sont présents en moi ceux en compagnie desquels je me trouvais cette nuit-là. »

     

    Et par ricochet je vous propose la version espagnole de l’évènement :

     

    « Je suis couché sur le lit (…) avec entre les mains un livre ouvert Voyage au centre de la terre, lu de si nombreuses fois que j’en sais par cœur des passages entiers. (…)

    Apollo XI a décollé il y a exactement deux heures et dans 45 minutes rompra avec son orbite circulaire autour de la terre. (…)

    A la cent deuxième heure, exactement, le module lunaire se posera dans cette plaine que l’on appelle mer de la tranquillité »

     

    Les livres :

    Chemins de Traverse – Edith de La Héronnière – Éditions Klincksieck
    Le vent de la lune - Antonio Muñoz Molina – Traduit par Philippe Bataillon - Éditions du Seuil

  • Relation d'un voyage de Paris en Limousin

     Le Grand Siècle Volume 2

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    Six lettres à une épouse, six lettres d'un poète léger et primesautier, l'oeil aux aguets sur les travers des hommes et la beauté des femmes ..........Retrouvons La Fontaine en sa correspondance.
    Le procès de Fouquet vient de se terminer, l’oncle de La Fontaine, Jannard, soutien du Surintendant reçoit une lettre de cachet l’enjoignant à l’exil à Limoges. La Fontaine décide d’accompagné son oncle :

    « La fantaisie de voyager m'était entrée quelque temps auparavant dans l'esprit, comme si j'eusse eu des pressentiments de l'ordre du roi. »

    Il va pendant le voyage laisser courir sa plume au bénéfice de son épouse Marie.
    Ces 6 lettres ne seront publiées qu’après la mort du poète.

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                                             La destinataire des lettres : Marie de Héricart

    Il faut plus de trois semaines pour effectuer le voyage et tout au long, La Fontaine décrit les paysages, la Beauce n’a pas ses faveurs, « trop plate » mais la Loire le surprend

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     « Elle est près de trois fois aussi large à Orléans que la Seine l'est à Paris. »


    Il peint à Marie les villes traversées :
    « Blois est en pente comme Orléans, mais plus petit et plus ramassé; les toits des maisons y sont disposés, en beaucoup d'endroits, de telle manière qu'ils ressemblent aux degrés d'un amphithéâtre. Cela me parut très beau, et je crois que difficilement on pourrait trouver un aspect plus riant et plus agréable.  »

    Un ton léger et ironique pour présenter ses compagnons de voyage dans le carrosse qui les emporte.
    « Dieu voulut enfin que le carrosse passât: le valet de pied y était; point de moines, mais en récompense trois femmes, un marchand qui ne disait mot, et un notaire qui chantait toujours, et qui chantait très mal: il reportait en son pays quatre volumes de chansons. Parmi les trois femmes, il y avait une Poitevine qui se qualifiait comtesse; elle paraissait assez jeune et de taille raisonnable, témoignait avoir de l’esprit, déguisait son nom, et venait de plaider en séparation contre son mari: toutes qualités de bon augure et j'y eusse trouvé matière de cajolerie, si la beauté s'y fût rencontrée; mais sans elle rien ne me touche; c'est à mon avis le principal point: je vous défie de me faire trouver un grain de sel dans une personne a qui elle manque. »

    Le récit est franchement humoristique quand il relate les incidents qui émaillent le voyage.
    « La comtesse se plaignit fort, le lendemain, des puces. Je ne sais si ce fut cela qui éveilla le cocher; je veux dire les puces du cocher, et non celles de la comtesse: tant y a qu'il nous fit partir de si grand matin qu'il n’était quasi que huit heures quand nous nous trouvâmes vis-à-vis de Blois, rien que la Loire entre deux. »

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    Il versifie, abonde en citations et n’oublie de se montrer à son avantage :
    « M’étant allé promener dans le jardin, je m'attachai tellement à la lecture de Tite-Live qu'il se passa plus d'une bonne heure sans que je fisse réflexion sur mon appéti

    Il peut aussi se moquer un peu de lui-même quant aux dangers qui guettent :
    « Tant que le chemin dura, je ne parlai d'autre chose que des commodités de la guerre: en effet, si elle produit des voleurs, elle les occupe; ce qui est un grand bien pour tout le monde, et particulièrement pour moi, qui crains naturellement de les rencontrer. On dit que ce bois que nous côtoyâmes en fourmille: cela n'est pas bien; il mériterait qu'on le brulât. »

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    Le but du voyage

    Limoges enfin qu’il pare de grâce, prudemment, il y trouve :

    « la meilleure table du Limousin. » quant aux habitants « Je vous donne les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que peuple de France: les hommes ont de l'esprit en ce pays-là, et les femmes de la blancheur. »

    Ces lettres étaient destinées à être lues à voix haute , le poète espérait qu’elles feraient le tour de son cercle d’amis et qu’elles les amuseraient.
    Je vous propose de vous compter au nombre des amis de La Fontaine et d’écouter Philippe Lejour vous les lire.

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    Le livre audio :
    Relation d’un voyage de Paris en Limousin - Jean de La Fontaine - lu par Philippe Lejour - Editions Sous le lime


  • La Consolation - Jacques Attali / Stéphanie Bonvicini

    Les sentiments, les émotions...........

     

    Consoler l'autre  

     

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    Dans la série sur les sentiments et les émotions la consolation a trouvé une petite place même s’il ne s’agit à proprement parlé ni d’une émotion, ni d’un sentiment.

    C’est le titre du livre qui m’a accroché et la qualité des réalisateurs et invités. 

    Un livre accompagné d’un CD audio rassemblent les dix huit  entretiens qui ont eu lieu sur France Culture. Ces entretiens ont été menés par Jacques Attali et Stéphanie Bonvicini.

    Chaque personne est invité à témoigné de ce qu’est la consolation, pour lui, pour sa famille de pensée, pour sa religion, quels sont les rituels de la consolation, les gestes, les paroles, les silences qui consolent ?

     

    Livre et CD ont subi quelques modifications par rapport aux émissions de radio : Les entretiens audio ont été découpés pour ne garder que les passages essentiels et éclairants.

    Le livre lui ne répète pas les entretiens mais vient développer idées et questionnements qui n’ont pas été abordés dans le CD

    Les entretiens s’articulent autour de cinq thèmes

     

    • La consolation par la religion
    • La consolation collective 
    • Les actes et les gestes consolateurs
    • Les consolations hors normes 
    • Hommes et femmes qui « sont » consolation.
     

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    Les invités balayent les religions de l’Islam au Bouddhisme, certains sont très connus comme Matthieur Ricard ou Boris Cyrulnik, d’autres sont des hommes et femmes respectés dans leur domaine de compétence comme Marie de Hennezel ou Philippe Grimbert. Enfin certains sont des hommes de foi porteur de valeurs universelles comme le Grand Rabbin Bernheim, Samuel Pisar Président d’honneur de Yad Vashem. 

     

    Livre et entretiens sont passionnants, ils reflètent la profondeur de pensée, la spiritualité, la compassion, la tolérance de tous les participants. 

    Ce n’est pas un thème fréquemment abordé dans les livres, profitez-en, ce sont deux documents riches et profonds

     

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    Le livre et le CD : La consolation - Jacques Attali et Stéphanie Bonvicini - Editions Naïve

  • Le Maire de Casterbridge - Thomas Hardy

    Autour de Thomas Hardy - Episode 3  

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    Le roman s’ouvre sur une scène ignoble, la vente d’un être humain, Michael Henchard imbibé de rhum vend aux enchères sa femme Susan et sa fille Elizabeth-Jane, les enchères sont emportées par un marin de passage.
    Vingt ans plus tard nous retrouvons Michael Henchard, devenu un riche propriétaire,  il vit à Casterbridge une bourgade du Wessex dont il est le maire et dont les administrés ignorent évidemment tout de son passé.
    Susan est à la recherche de Henchard, Newson son mari a disparu en mer, découvrant la fulgurante élévation sociale de celui qui jadis l’a vendue, elle va tentée de se rapprocher de cet homme qui peut assurer une vie confortable à sa fille.

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     Le film hélas unisquement en anglais

    Henchard a cherché toutes ces années à retrouver femme et fille, le remords l’a hanté et il a fait serment de ne plus boire, ses recherches étaient restées vaines.
    Dans le même temps un personnage fait son apparition : Donald Farfrae, régisseur de Henchard. L’intrigue se complique ensuite et je ne veux pas déflorer l’histoire en révélant trop de détails.

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                                                      La campagne anglaise chère à Thomas Hardy

    Mes lectures de jeunesse de Thomas Hardy m'avaient laissé un souvenir de romans noirs et douloureux, j’ai retrouvé ici un peu les mêmes sensations.
    Les personnages sont les jouets du destin, leurs faiblesses, leurs erreurs sont toujours portées dans la colonne débit mais hélas pour eux la colonne crédit reste desespèrement vide.
    Les tentatives de réparer une faute, de changer de vie, sont vouées irrémédiablement à l’échec. Le ressentiment, la jalousie, la colère et l’égoïsme dominent le récit.
    Les rebondissements nous emportent inexorablement vers le drame.

     Le livre : Le Maire de Casterbridge - Thomas Hardy - Traduit de l’anglais par Philippe Neel Editions Sillage