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Rechercher : philippe Berthier

  • le vent de la lune

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    Nous sommes en juillet 1969 à Magina, petite cité andalouse où le progrès peine à faire son apparition. Dans une famille de maraîchers un jeune adolescent se passionne pour l’aventure spatiale.
    Il collectionne tout ce qui a trait aux fusées, aux cosmonautes, il sait tout sur chacun des membre de l’équipe d’Apollo XI, Armstrong et Aldrich sont ses héros, il suit leur voyage dans l’espace de jour en jour.

    Le narrateur est en pleine transformation physique, taraudé par les premiers émois sexuels, il est mal dans sa peau et trouve refuge dans le monde chimérique des livres, Il ne se sent pas à sa place dans sa famille où l’on met depuis peu des couverts individuels pour remplacer le plat collectif, contraint de participer aux travaux des champs qui le rebutent.

    Avec le héros nous parcourons les rues de Magina, nous l’accompagnons à la bibliothèque, nous assistons aux séances de cinéma en plein air qui ne sont pas sans rappeler Cinéma Paradiso
    Il peut enfin regardé la télévision car poussée par la tante Lola qui symbolise la richesse et la modernité, la famille a fait l’acquisition d’un poste qui trône dans une maison sans eau courante.

    Le héros, lecteur de Jules Verne et de Wells,un soir, à l’aide d’une pastèque, d’une pêche et d’une salière, il s’efforce de faire comprendre à sa famille incrédule ou, ce qui est pire, indifférente, la course des planètes et les enjeux de la mission spatiale
    Le travail de la terre le rebute mais les pages consacrées au labeur des maraîchers sont d’une sauvage poésie qui n’occulte pas la dureté du travail  hymne chaleureux aux gens de la terre.

    Le voyage d’Apollo est une brillante métaphore d’un avenir possible pour l’Espagne, Muñoz Molina nous invite à suivre l’évolution d’un pays gangrené par le franquisme à travers l’agonie d’un vieillard qui a spolié la famille du héros au moment de la guerre civile.
    L’adolescent en même temps que l’homme prend pieds sur la lune,  prend lui pieds dans le monde des adultes.

    Le vent de la lune est un roman de formation, roman de la mémoire, on pense inévitablement à Proust en particulier dans les dernières pages du roman, le Combray de Muñoz Molina se nomme Magina et l’auteur à travers ce roman rend un hommage vibrant à sa famille et surtout à son père. Le style est sobre et très beau.

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque


    Extrait
    Dans la première lumière, dans l’air frais et parfumé du matin de juillet, mon père déjeune debout de lard et de pain, et regarde autour de lui la terre qui lui appartient, celle qu’il a soignée, labourée, débarrassée de la mauvaise herbe, ensemencée chaque fois au juste moment, amendée avec le meilleur fumier et bêchée en suivant une géométrie immémoriale de canaux, de levées, de sillons, la nivelant pour que l’eau de l’irrigation y progresse à la bonne vitesse, de manière qu’elle ne déborde pas, mais qu’elle ne s’immobilise pas non plus en stagnant. (...)
    A l’aide d’un roseau et de la pelote de ficelle d’un cordeau, dès qu’il l’a bêchée, mon père sait tracer sur cette terre si légère que le pied s’y enfonce, les lignes droites, les angles, les parallèles des sillons, comme l’aurait fait il y a cinq cents ans un paysan morisque, ou il y a quatre mille ans un arpenteur égyptien.


    L’auteur

    Munoz-Molina.jpgAprès des études d'histoire de l'art à l'université de Grenade et de journalisme à l'université de Madrid, Antonio Muñoz Molina travaille comme fonctionnaire à Grenade et écrit des articles qui seront réunis et publiés en 1984. Il publie en 1986 son premier récit, Beatus Ille, entamant une carrière brillante d'écrivain couronné par de nombreuses récompenses littéraires.

    Son deuxième roman, Un hiver à Lisbonne, reçoit le Prix de la Critique et le Prix national du roman, et est un hommage aux romans noirs américains, à ses héros et au jazz. Le Royaume des voix reçoit le Prix Planeta et Pleine Lune le Prix Fémina étranger en 1998.

    Le livre : Le vent de la lune - Antonio Muñoz Molina – Traduit par Philippe Bataillon -Editions du Seuil

     

  • L'allègement des vernis - Paul Saint Bris

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    Un livre lu il y a déjà quelques semaines mais comme vous le savez je suis toujours un peu lente pour écrire mes chroniques.
    Disons tout de suite, je me suis bien amusée avec ce roman.
    Si vous voulez apprendre des choses sur la Joconde, sur l’art et la manière de restaurer un tableau, vous êtes au bon endroit.

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    L’allègement des vernis mais qu’est-ce que c’est bonté divine ? et bien c’est la façon de nettoyer un tableau pour lequel les couches successives de vernis vieillissant les couleurs sont dénaturées et parfois cela rend le tableau moins lisible, moins beau. Sauf que bien entendu le tableau et les couleurs courent des risques et ça un conservateur de musée ne peut l’accepter.

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    Faisons connaissance avec Aurélien le directeur du département peintures au Louvre, pas n’importe qui vous en conviendrez. Il est compétent notre Aurélien mais c’est un tendre,un doux,en proie aux tourments amoureux, alors quand Daphné Léon-Delville la nouvelle directrice du musée vient lui demander d’augmenter la fréquentation histoire de faire entrer l’argent dans les caisses, il reste sans voix notre Aurélien.

     

    Que fait-on dans ce cas là, mais tient faisons appel à des spécialistes, spécialistes de la peinture ? non pas du tout, plutôt de ceux qui manient les algorythmes qui répondent à toutes les questions, et la réponse tombe.
    Il n’y a qu’à donner un coup de jeun à La Joconde, le tout bien amené avec publicité, opération communication, roulez carrosse le tour est joué.
    Aurélien est terrorisé car La Joconde c’est « le coeur du musée. Son ultime joyau. Sa raison d'être. »

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    Imaginez le monde entier se précipitant pour voir la Joconde allégée de ses vernis cela serait « un événement planétaire » et à coup sûr cela ferait « exploser les compteurs » de la vente de billets.

     

    A partir de ce moment le roman prend un rythme accéléré, discussions sur les techniques, sur les restaurateurs capables d’entreprendre un tel travail, il faut peut-être se tourner vers un étranger ! Gaetano, un italien, ces fichus italiens qui veulent toujours récupérer la Joconde.

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    La pire restauration

    Je vais m’arrêter pour vous laisser savourer les solutions retenues, le travail de restauration pour corriger le vieillissement « les vernis oxydés et jaunis ont déréglé ses contrastes, opacifiant le portrait qui, année après année, s'enfonce un peu plus dans la pénombre. »
    Les personnages comme Homero le technicien de surface qui viennent se greffer au récit.

    Sachez que c’est parfaitement documenté, c’est d’une grande drôlerie, c’est enlevé, pétillant. C’est une satire gentille mais efficace que j’ai lu d’une traite.

     

    Par contre je me demandais vraiment comment l’auteur allait s’en sortir à la fin, et bien je vous le dis la fin est excellente et pleine de trouvailles.

    Et puis mine de rien l’auteur dont je crois c’est le premier roman, nous met face à des questions : qu’est-on prêt à accepter ; les nouvelles technologies doivent elles être partie prenante dans les musées ? A qui appartient une œuvre d’art ? Doit-on prendre le risque de la restauration pour les œuvres les plus célèbres ? les enjeux financiers doivent-ils être prioritaires ?

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    Le Livre : L’Allègement des vernis – Paul Saint Bris – Éditions Philippe Rey

  • Librairies, corps et âmes

    Liber, libraire, librairie….

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    Le dernier livre de cette série pour qui aime les librairies et les écrivains.
    Plus de 100 écrivains, de tous genres, de tous âges qui « rêvent, réfléchissent, et se souviennent ensemble »
    Des noms archi connus, d’autres oubliés,De Jorge Amado à Françoise Xénakis.
    Et tous nous parlent de libraires et de librairies, celles de leur quartier, celle de leur enfance  « rutilantes, pimpantes et pleines de livres »

    Ce livre à la gloire du « moins rentable des tous les petits commerces » va vous enchanter car de quelques lignes à quelques pages, tous ces écrivains se livrent, se perdent dans les rayons de leur librairie favorite, ils sont là pour  guider le lecteur car « L’école apprend à entrer dans une bibliothèque, elle n’apprend pas à entrer dans une librairie »

    912.jpgCommençons par quelques définitions
    « C’est la paradis que l’homme a inventé quand il s’est pris pour Dieu. (…) on n’y trouve que des amis qui ne trahissent jamais : les livres. »
    «  le domaine des enchantements et des découvertes »
    « Un lieu magique où l’on est reçu par un prince en son royaume qui met à vos pieds tous les trésors du monde
    « le commerce de la libraire est un avant-goût des jardins d’Allah »

    librairie.jpgPoussons  la porte
    « C’était une charmante vieille librairie telle que Gustave Doré aurait pu l’imaginer. Il n’y avait pas un atome de poussière sur les rayonnages qui fleurait bon la cire d’abeille »
    « Depuis l’enfance, entrer dans une libraire a toujours été une grande surprise. Une fête où se mêlent toutes sortes de troubles : l’étonnement devant tant de livres, la curiosité du regard et du toucher. L’angoisse du nombre, l’envie d’en faire autant. »
    « Il n’est pas une librairie où que j’aille, où je n’entre cherchant l’odeur et ce silence étouffé qui n’existe que là. »

    librairie-2.jpgUn peu de compassion
    « Le libraire doit quelque fois affronter l’étonnement du client qui s’attendait à trouver chez lui un ouvrage paru en 1971 sur l’influence de la nuit polaire sur le psychisme des lapons, dans une maison d’édition fondée dans la Creuse par un couple d’ethnologues qui laissèrent leur famille et leurs créanciers sans nouvelles en 1972. »

    librairie-Revel.jpgOui mais sans eux les libraires, sans elles les librairies………
    « pour moi l’absence d’une librairie véritable relève d’une forme de déshonneur devant la montée des barbares. Une défaite de la vie. »
    « Sans elles une cité ne mériterait pas son beau nom »
    « Que serait une société civilisée sans libraire ? »

    4876942.jpgUne denrée rare
    « un libraire comme ceux d’autrefois, qui connait ses clients et les reçoit en amis » 
    « Il y a, répandu sur toute la planète, une espèce de commerçants qui vendent des biens assez particuliers : ils vendent du temps, de l’espace et de la liberté. »

    vitrine01.jpgUne question d’appétit ou de soif
    « Le souvenir de cette vitrine suscite encore chez moi une sorte de frémissement. Au retour du collège nous passions devant celle du pâtissier et devant celle du libraire avec des appétits équivalents pour moi du moins. »
    « J’entre dans une libraire comme naguère on allait vers les sources qui soignent. J’ai soif de tous ces mots qui m’attendent, de cet amour, de cet espoir jaillissants, de cette pluie d’imaginaire. De ces cascades d’exigences qui me guettent au coin des pages. Du dérangement nécessaire qu’apporte les vrais livres. Je ne connais pas d’endroit au monde où se marient plus harmonieusement la paix et le désir. »

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     Un libraire en colère : lisez le billet de Christw et visionnez cette vidéo

    Il est l’heure de payer ses dettes aux libraires
    « A ce libraire de province, je dois, d’une certaine façon, d’être ce que je suis.(…) Récemment l’un deux m’a dit - lisez les Enfants Tanner de Robert Walser, c’est le plus beau livre sur la servitude - J’ai pris les Enfants Tanner, je l’ai lu, j’ai aimé ce livre pour autre chose que la servitude. Et c’est bien. Je vois les libraires comme des passeurs irremplaçables entre deux mondes, celui du livre et celui du lecteur. »

    « J’ai passer davantage de temps à lire qu’à faire quoi que soit d’autre dans ma vie !  Et les libraires de ce fait, ont joué un rôle essentiel tout au long de mon existence. »

    « Chez lui, dans sa libraire, les livres étaient des monuments, des personnes, des vies incarnées, des promesses d’aventures et de bonheur, des invitations au voyage et à la rêverie. »

    « Aussi lui dois-je des voyages dans les montagnes de Sils avec Nietzsche, sur les traces du Condottière avec André Suarès, dans la campagne normande avec Flaubert, sur les collines de Meudon avec Céline, dans les régions où les eaux sont étroites avec Gracq, dans la cuisine de Françoise et de Tante Léonie. »

    « J’ai passer davantage de temps à lire qu’à faire quoi que soit d’autre dans ma vie !  Et les libraires de ce fait, ont joué un rôle essentiel tout au long de mon existence. »

    Ont participé : Annie Ernaux, Frédérique Hébrard, Irène Frain, Jacques Chessex, Claude Roy, Elie Wiesel, Michel Onfray, Philippe Meyer, Claude-Michel Cluny, Pierre Sansot

    Ce livre date de 1994 et il a été fait pour défendre la librairie qui était en danger déjà !!

    Le Livre : Librairies, corps et âmes - Textes réunis par Dominique Reynié - Editions Vinci

  • Jean Henri Fabre - Aline Delage

    L’ Homère des insectes

     

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    Ma première lecture de Jean Henri Fabre remonte à mes 7 ans, c’était un petit livre extrait des Souvenirs entomologiques et c’est comme ça que j’ai passé l’été à chercher et à observer les insectes dont parlait l’auteur.

    C’était en Provence dans le Vaucluse et les mots de Fabre s'accordaient parfaitement avec le jardin où je lisais. 

    En 1989  j’ai acheté les Souvenirs entomologiques chez Bouquins et depuis je les ai parcouru, lu, j’ai relu les meilleurs passages, j’ai encore quelques pages à découvrir car j’ai lu autour de chaque insecte et il faut du temps si l’on ne veut pas friser l’overdose. 

     

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    Forcément l’envie de lire une biographie est venue. Jean-Henri Fabre est un personnage extraordinaire. 

    Ce qui m’a le plus impressionné c’est la force de sa curiosité et l’acharnement qu’il a mis à apprendre tout au long de sa vie. 

    Depuis une enfance pauvre en Rouergue, en passant par l’Ecole Normale classé premier au concours d'entrée et obtenant ainsi une bourse indispensable à cet enfant de pauvres.

    Il va ainsi assouvir son envie d’apprendre, apprendre tout : le grec, le latin, la poésie, la littérature.

    Il est curieux aussi des sciences donc il suit des cours du soir en chimie !

    Devenu instituteur il va mettre ses dons pédagogiques au service des enfants. Mais sa curiosité et son envie de progresser sont insatiables, il étudie l’algèbre, le calcul infinitésimal. Pour lui la science est tout.

     

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    « C'est là ce que je désirais, hoc erat in votis : un coin de terre, oh ! pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique ; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères »

     

    On suit la vie de Fabre au gré de ses nominations, Carpentras, la Corse, Avignon, Orange.

    Il supporte mal le snobisme scientifique dont il est la victime ( ah la rencontre ratée avec Pasteur )  alors il herborise et chasse les insectes et fait paraitre des études qui étonnent et qui vont faire que Darwin son lecteur assidu lui donnera un surnom resté célèbre : l’observateur inimitable 

    Car dit-il

    « la science des livres est une médiocre ressource dans les problèmes de la vie ; à la riche bibliothèque est préférable l’assidu colloque avec les faits. »

     

    Victor Duruy qui avait été son inspecteur est devenu ministre, il remet à Fabre la Légion d’Honneur mais sur le terrain il n’est toujours pas reconnu par ses pairs.

    C’est l’époque des ses livres pour le grand public : Le Ciel, La Chimie de l’Oncle Paul, l’Histoire de la Bûche ou le Livre des Champs.

     

    Son quotidien est parfois douloureux, perte d’un enfant, d’une femme, remariage parfois difficile. Il se lance dans l’utilisation industrielle de la Garance, expérience qui finira par péricliter.

     

    Ayant prospecté les environs il finit par trouver ce qui sera sa dernière demeure et son havre de paix et de travail : Sérignan du Comtat.  Proche du Ventoux qu’il aime et au milieu des garrigues qui seront son terrain de jeux. Il a atteint son but.

     

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    « s’accorder un laboratoire en plein champ ».

     

    C’est un pour lui l’occasion de vivre sa passion

    « Je sens toujours bouillonner au fond de moi toute la fièvre de mes jeunes ans, tous mes enthousiasmes d'autrefois. » 

     

    L’Harmas va voir l’aboutissement du travail du savant qui garde intacte une joie d’enfant quand il observe :

    « Mon sujet est l’épeire soyeuse à large ventre festonné et argenté. »

     

    Il s’intéresse à l’insecte rouleur de boule qui ressemble à Sisyphe roulant son rocher

    « Ce mythe me plait. C’est un peu l’histoire de beaucoup d’entre nous, non odieux scélérats, dignes d’éternels tourments, mais gens de bien, laborieux, utiles au prochain. »

     

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    « un chaos de plantes et d'arbustes créés de toutes pièces pour attirer ici une foule d'insectes de plusieurs lieues à la ronde »

      

    Sur les pas de Pétrarque il fait l’ascension du Ventoux avec ses amis dont le philosophe John Stuart-Mill avec qui il espère écrire une Flore du Vaucluse.

     

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    S' il ne fut jamais reconnu par ses pairs et ne fit jamais partie de l’Académie des Sciences, aujourd’hui c’est le monde entier qui le célèbre et en particulier le Japon.

    Au pays du soleil levant, Il existe quatre traductions de ses Souvenirs entomologiques, ses ouvrages scolaires sont disponibles dans les grandes surfaces et les enfants continuent d'apprendre la littérature et les sciences de la nature à travers ses écrits.

     

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    Ses 600 aquarelles de champignons font l’objet d’un livre magnifique et d’expositions, ses admirateurs sont prestigieux : Mallarmé, Maeterlinck, Jünger bien sûr. Le Président de la République Poincaré fait un détour par l’Harmas pour le saluer.

    Et c'est Victor Hugo qui lui donne son plus beau titre : Homère des insectes.

     

     

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    Aquarelle de Pleurotus phosphoreus

     

    Faites connaissance avec cet extraordinaire vulgarisateur, qui fut l’un des premiers à pressentir l'importance de ce que l'on appelle aujourd'hui l'écologie et qui fit graver sur sa tombe « Minime finis sed limen vitae excelsioris  la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute. » 

     

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    « Ces insectes, du bousier à la cigale en passant par les fourmis et autres carabes, Fabre les identifie, les classe, les observe dans leurs activités quotidiennes, analyse leur comportement, imagine leur psychologie, ou les dissèque pour percer le mystère de leur physiologie. »
     

    Un magnifique écrivain qui a un style bien à lui, vivant, parfois émouvant, souvent lyrique, sa passion transpire tellement qu’on ne le lâche pas.

     

    Pour le rencontrer :

     

    L’Harmas de Sérignan du Comtat qui est devenu  Muséum National d’Histoire Naturelle

    Micropolis la cité bâtie en l’honneur de Fabre  

    Son oeuvre en ligne 

    Le site de Philippe Defranoux et son travail sur Jean Henri Fabre illustré d’une multitudes de photos 

     

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    Les livres

    Jean Henri Fabre - Souvenirs Entomologiques - Editions Bouquins 

    Jean Henri Fabre l’observateur incomparable - Aline Delage - Editions du Rouergue 2005

    Jean Henri Fabre - Marie Mauron - Editions Alain Barthélémy 1980

  • Une Odyssée Un père, un fils, une épopée - Daniel Mendelsohn

    J'ai commencé l'été avec Homère et je le termine avec lui.
    Les lectures sont parfois faites de coïncidences, de croisements, de rebondissements.

     

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    Après avoir écouté tout l'été les chroniques de Sylvain Tesson j'avais ressorti l'Odyssée dans la traduction de Philippe Jacottet, celle que je préfère et de loin. Du coup je n'ai eu qu'un petit geste à faire pour la rouvrir lorsque j'ai entamé le dernier livre de Daniel Mendelsohn

     

    homère

    C'est toujours un peu inquiétant d'ouvrir le livre d'un auteur dont on a admiré, lu et relu l'opus précédent. Lorsqu'on a été emporté par un récit, que l'on a parlé du livre autour de soi pour le faire lire. 

    Et si ce titre qui vient de paraitre était une déception ?  Il vous faut quelques pages, mais quelques pages seulement pour savoir que non, vous ne serez pas déçu. Non le livre va tout naturellement trouver sa place dans votre bibliothèque, le plus difficile sera de décider où le glisser, comment le classer ……

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    Vous avez pu lire dans mon billet précédent les premières lignes de ce livre, c'est un petit clin d'oeil à la littérature grecque, ce type d'introduction porte le nom de proème nous apprend Daniel Mendelsohn, en quelques lignes l'auteur nous place au coeur du récit.

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    L'histoire du voyage d'Ulysse et de son retour vers Ithaque, l'histoire de Jay Mendelsohn âgé de 81 ans, qui a été ingénieur en aéronautique et  enseignant en informatique et qui va comme tous les étudiants du séminaire mené par son fils, s'immerger dans l'oeuvre du barde mythique.

    Quand je dis "comme tous les étudiants", ce n'est pas tout à fait vrai car malgré la promesse faite à son fils de rester silencieux, Jay Mendelsohn va mettre son grain de sel dans l'affaire.

    Surtout parce qu'il n'aime pas Ulysse, il lui dénie l'appellation de héros. Jay Mendelsohn est un adversaire résolu du mensonge ce qui le rend hostile à Ulysse le menteur divin.

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    Ses positions trouveront parfois un appui auprès des étudiants, parfois seront en opposition frontale à celles de son fils au point de perturber quelque peu les cours.

    Les étudiants s'amusent mais aussi profitent des échanges et les interruptions du vieil homme finissent par faire naitre discussion et réflexion.

    La lecture du poème homérique devient très concrète, plus riche, l'interprétation du fils est remise en cause, discutée à travers des souvenirs partagés entre le père et le fils.

    Après le séminaire, père et fils vont s'embarquer pour une croisière en Méditérrannée pendant dix jours sur les traces d'Ulysse. Il y a des scènes étonnantes et jubilatoires pendant cette croisière qui va mettre au jour des liens entre père et fils, l'occasion pour l'un et l'autre d'exprimer amour, exaspération, surprise ou colère.

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    Daniel Mendelsohn est un professeur compétent, sérieux mais pour notre plus grand plaisir il joue avec sa spécialité, avec la langue grecque.

    Mimétisme est un mot grec, normal alors que la composition du livre soit l'occasion pour Mendelsohn de s'amuser à suivre les "circonvolutions dans le temps et dans l'espace " comme dans la littérature grecque. Parce qu'il s'amuse avec le lecteur, imbriquant pour notre plus grand plaisir, analyse littéraire, aperçu de ce qu'est un séminaire, et l'histoire familiale, l'histoire de ce père si proche et si lointain. Créant chez le lecteur cette sensation de circularité.

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    Pénélope par Bernard Buffet

    Le mélange entre analyse de l'oeuvre et souvenirs familiaux est parfaitement réussi, le tissage est serré, des thèmes comme celui du lit nuptial qu'Ulysse a construit, qui lui permettra de se faire reconnaitre de Pénélope, trouve un bel écho avec ce lit construit des mains de Jay et sur lequel il va encore coucher lors de sa venue chez son fils à l'occasion du séminaire.
    Un lien indéfectible entre père et fils comme il est lien dans l'épopée entre Ulysse et Pénélope.

     

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    Ulysse et les prétendants

    Il y a beaucoup d'émotion dans ce livre, quelques mois après le séminaire Jay Mendelsohn a fait une chute qui a entrainera son décès. 

    Ce livre est comme le Kaddish que le fils prononcerait sur la dépouille de son père, le séminaire et la croisière furent l'occasion de faire la paix. 

    Une Odyssée est un livre où l'on apprend beaucoup sur Homère et son oeuvre mais plus encore sur les liens qui unissent parents et enfants.

    On retrouve dans ce livre toute la tendresse dont est capable Mendelsohn, l'érudition qui est la sienne qu'il cache parfaitement bien pour ne pas gêner le lecteur. 

    homère

    Les Mendelsohn Père et fils

    Ce récit très personnel est totalement intemporel et peut parler à tous. 

    Un livre à offrir à vos parents ou à vos enfants comme le trait d'union d'une génération à l'autre.

     

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    Le Livre : Une Odyssée, un père, un fils, une épopée - Daniel Mendelsohn - Traduit par Clotilde Meyer et Isabelle Taudière - Editions Flammarion

     

  • Cahiers de la Kolyma - Varlam Chalamov

    « Ce que j'ai connu, un homme ne devrait pas le connaître, ni même savoir que cela existe. »

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    Varlam Chalamov lors de son arrestation par le Guépéou 

    Varlam Chalamov c’est l’homme des Récits de la Kolyma, l’homme qui a résisté à deux condamnations, à la déportation et qui a passé 17 ans de sa vie au Goulag.

    Un livre de poésie par un rescapé des camps du Goulag c’est à peine imaginable, comme peut l’être une poésie sur les camps de concentration. Pourtant Varlam Chalamov, après avoir vécu des horreurs, avait déjà dit toute sa passion pour les livres et  la lecture, dans un livre qui m’avait profondément touchée.
    « les livres, c’est un monde qui ne nous trahit jamais »

    chalamov

    Infirmerie d'un camp du Goulag 

    Ici c’est le versant poésie qu’offre l’éditeur Maurice Nadeau dans une présentation parfaite et un livre d’une très belle qualité. 
    « Nous lisons des milliers de pages imprimées qui ne méritent pas tout ce temps perdu » c'est une peu ce que dit Montaigne. Mais il y a les autres pages, ces milliers de pages indispensables. J’ai juste ouvert son Cahier de la Kolyma et son recueil de poèmes.

    chalamov

    Vers Magadan 

    C’est un recueil magnifique qui, je n’ai pas honte de le dire, m’a fait monter les larmes aux yeux à plusieurs reprises. Mon rayon russe vient de s’agrandir d'un livre précieux. 

    Immédiatement on sent poindre une foi dans les poèmes, Chalamov est fils de prêtre orthodoxe, il ne croit pas en Dieu mais fait preuve d’une foi totale dans la vie alors qu’il travaille par des températures de moins cinquante dans une région où il y a « douze mois d'hiver, le reste, c'est l'été. »
    A cela il faut ajouter la faim, l’épuisement, la peur de la délation, la dureté du travail et la mort qui rôde en permanence.

    chalamov

    Pêche sur la glace de la Vologda

    La poésie est un recours  mais  « Les conditions du grand Nord excluent la possibilité d'écrire et de conserver des récits et des poèmes - à supposer qu'on veuille le faire. » Ce n’est que tardivement qu’il parvient à écrire ses poèmes « sur les revers et les pages de garde de pharmacopées, sur des feuilles de papier d'emballage, sur des sachets. » 

    chalamov

    Son écriture dans les récits de la Kolyma était dépouillée, sobre, précise et l’on retrouve ces qualités dans ses poèmes avec « une inclination pour le naturel et le concret » dit son traducteur.

    Il est une voix de la souffrance des hommes 

     

    « Et je gémissais sous les tenailles du froid
    Qui m'avaient arraché ongles et chair
    Je brisais mes larmes avec la main
    Non, ce n'était pas un rêve. » 

    « Je suis un petit jalon de la vie,
    Un bâton enfoncé dans la neige,
    Une voix que l'écho a égarée
    Dans les glaces de ce siècle. » 

    Chalamov évoque les hommes de la Vieille Foi, ceux qui s'opposaient aux réformes religieuses ceux que Peskov rend si vivants dans  Ermite dans la Taïga.

    chalamov

    Vieux Croyants 

    « Chaque soir dans la surprise
    de me savoir vivant,
    Je me disais des poèmes »

    Il vénère la poésie  « Tu conduis mon âme »

    « C'est ma force contre l'indifférence
    C'est, dans l'hiver
    ma forteresse bâtie. » 

     

    Il vit dans un monde de glace et dans un lieu de mort, mail il parvient à s’émerveiller devant la nature.

     

    « C'est que j'aime toujours à l'aube 
    Plus pure qu'une aquarelle,
    le reflet laiton de la lune 
    Et le trille des alouettes. » 

     

    Des poèmes de résistance avec une volonté absolue de remercier la vie.
    Il y a là la même force que dans Les Récits de la Kolyma mais avec sans doute un peu plus de douceur et d’espoir. 
    Il se raccroche à des riens au plaisir si fugace de l’instant.

    chalamov

    Monument à la mémoire de Chalamov à Moscou 

    La poésie l’a sans doute aidé à supporté la venue probable de la mort « Je vais sans peur dans les ténèbres »  et quand la vie devient trop dure il nous dit malgré tout « Il me fallait choisir entre la vie et la poésie et me prononcer (toujours !) pour la vie ». 

    chalamov

    Philippe Jaccottet disait de lui qu’il était celui qui était revenu « du dernier cercle de l’enfer »

    Chalamov est mort seul abandonné mais ses poèmes ont résisté au temps. 
    Sa voix se fera toujours entendre comme celle de Mandelstam, de Soljenitsyne,  parce ces voix sont la voix de la Russie, de la poésie et de l’amour de la liberté .

    chalamov

    Le livre : Cahiers de la Kolyma et autres poèmes - Varlam Chalamov - Traduit par Christian Mouze - Editions Maurice Nadeau