Liber, libraire, librairie….
Le dernier livre de cette série pour qui aime les librairies et les écrivains.
Plus de 100 écrivains, de tous genres, de tous âges qui « rêvent, réfléchissent, et se souviennent ensemble »
Des noms archi connus, d’autres oubliés,De Jorge Amado à Françoise Xénakis.
Et tous nous parlent de libraires et de librairies, celles de leur quartier, celle de leur enfance « rutilantes, pimpantes et pleines de livres »
Ce livre à la gloire du « moins rentable des tous les petits commerces » va vous enchanter car de quelques lignes à quelques pages, tous ces écrivains se livrent, se perdent dans les rayons de leur librairie favorite, ils sont là pour guider le lecteur car « L’école apprend à entrer dans une bibliothèque, elle n’apprend pas à entrer dans une librairie »
Commençons par quelques définitions
« C’est la paradis que l’homme a inventé quand il s’est pris pour Dieu. (…) on n’y trouve que des amis qui ne trahissent jamais : les livres. »
« le domaine des enchantements et des découvertes »
« Un lieu magique où l’on est reçu par un prince en son royaume qui met à vos pieds tous les trésors du monde
« le commerce de la libraire est un avant-goût des jardins d’Allah »
Poussons la porte
« C’était une charmante vieille librairie telle que Gustave Doré aurait pu l’imaginer. Il n’y avait pas un atome de poussière sur les rayonnages qui fleurait bon la cire d’abeille »
« Depuis l’enfance, entrer dans une libraire a toujours été une grande surprise. Une fête où se mêlent toutes sortes de troubles : l’étonnement devant tant de livres, la curiosité du regard et du toucher. L’angoisse du nombre, l’envie d’en faire autant. »
« Il n’est pas une librairie où que j’aille, où je n’entre cherchant l’odeur et ce silence étouffé qui n’existe que là. »
Un peu de compassion
« Le libraire doit quelque fois affronter l’étonnement du client qui s’attendait à trouver chez lui un ouvrage paru en 1971 sur l’influence de la nuit polaire sur le psychisme des lapons, dans une maison d’édition fondée dans la Creuse par un couple d’ethnologues qui laissèrent leur famille et leurs créanciers sans nouvelles en 1972. »
Oui mais sans eux les libraires, sans elles les librairies………
« pour moi l’absence d’une librairie véritable relève d’une forme de déshonneur devant la montée des barbares. Une défaite de la vie. »
« Sans elles une cité ne mériterait pas son beau nom »
« Que serait une société civilisée sans libraire ? »
Une denrée rare
« un libraire comme ceux d’autrefois, qui connait ses clients et les reçoit en amis »
« Il y a, répandu sur toute la planète, une espèce de commerçants qui vendent des biens assez particuliers : ils vendent du temps, de l’espace et de la liberté. »
Une question d’appétit ou de soif
« Le souvenir de cette vitrine suscite encore chez moi une sorte de frémissement. Au retour du collège nous passions devant celle du pâtissier et devant celle du libraire avec des appétits équivalents pour moi du moins. »
« J’entre dans une libraire comme naguère on allait vers les sources qui soignent. J’ai soif de tous ces mots qui m’attendent, de cet amour, de cet espoir jaillissants, de cette pluie d’imaginaire. De ces cascades d’exigences qui me guettent au coin des pages. Du dérangement nécessaire qu’apporte les vrais livres. Je ne connais pas d’endroit au monde où se marient plus harmonieusement la paix et le désir. »
Un libraire en colère : lisez le billet de Christw et visionnez cette vidéo
Il est l’heure de payer ses dettes aux libraires
« A ce libraire de province, je dois, d’une certaine façon, d’être ce que je suis.(…) Récemment l’un deux m’a dit - lisez les Enfants Tanner de Robert Walser, c’est le plus beau livre sur la servitude - J’ai pris les Enfants Tanner, je l’ai lu, j’ai aimé ce livre pour autre chose que la servitude. Et c’est bien. Je vois les libraires comme des passeurs irremplaçables entre deux mondes, celui du livre et celui du lecteur. »
« J’ai passer davantage de temps à lire qu’à faire quoi que soit d’autre dans ma vie ! Et les libraires de ce fait, ont joué un rôle essentiel tout au long de mon existence. »
« Chez lui, dans sa libraire, les livres étaient des monuments, des personnes, des vies incarnées, des promesses d’aventures et de bonheur, des invitations au voyage et à la rêverie. »
« Aussi lui dois-je des voyages dans les montagnes de Sils avec Nietzsche, sur les traces du Condottière avec André Suarès, dans la campagne normande avec Flaubert, sur les collines de Meudon avec Céline, dans les régions où les eaux sont étroites avec Gracq, dans la cuisine de Françoise et de Tante Léonie. »
« J’ai passer davantage de temps à lire qu’à faire quoi que soit d’autre dans ma vie ! Et les libraires de ce fait, ont joué un rôle essentiel tout au long de mon existence. »
Ont participé : Annie Ernaux, Frédérique Hébrard, Irène Frain, Jacques Chessex, Claude Roy, Elie Wiesel, Michel Onfray, Philippe Meyer, Claude-Michel Cluny, Pierre Sansot
Ce livre date de 1994 et il a été fait pour défendre la librairie qui était en danger déjà !!
Le Livre : Librairies, corps et âmes - Textes réunis par Dominique Reynié - Editions Vinci
Commentaires
Je découvre chez vous la devanture du libraire en colère: la librairie Livre Sterling, dont j'ai découvert une vidéo ici:
http://www.youtube.com/watch?v=kFPmA0QlXBo
Je découvre aussi avec plaisir cet hommage aux libraires, avec surprise aussi car, bercé par les livres depuis l'enfance, je suis plutôt un gosse de bibliothèque. Le paradis, c'était la bibliothèque publique. Les circonstances sociales et d'autres circonstances liées à la profession de mon père en ont voulu ainsi.
Je découvre chez vous une photo de la devanture de la librairie du libraire en colère ! J'ai trouvé cette vidéo:
http://www.youtube.com/watch?v=kFPmA0QlXBo
Je découvre aussi avec plaisir cet hommage aux librairies, avec surprise aussi car je suis d'abord un gosse de bibliothèque. Pour moi enfant, le paradis c'était la bibliothèque publique, pour des circonstances sociales (mais liées également à la profession paternelle sur laquelle je m'attarderai un autre jour).
@ christw : ouille les doublons chez Hautetfort c'est une habitude
merci pour le renseignement j'ignorais le lien entre le Delhomme et cette photo de couverture ! cela me fait penser que je vais mettre un lien vers votre billet
J'ai comme vous beaucoup fréquenté les bibliothèques mais hélas je n'y ai jamais trouvé les mêmes relations qu'en librairies, pratiquement très peu d'échanges avec les bibliothécaires pendant des années le nez dans les fiches puis aujourd'hui le nez sur l'écran. Vous réservez un livre il vous ait tendu sans autre forme de procès sans le moindre mot !! Pour moi la bibliothèque c'est l'extraordinaire fond de lecture mais très très rarement le partage d'une passion
Ce n'est plus une campagne de soutien, c'est une croisade!
Une bonne nouvelle :
à SuperDévoluy où je vais skier, une véritable librairie vient de s'ouvrir dans la galerie marchande à la place d'un improbable magasin de souvenirs-location de raclette... avec la moitié livres d'occasion la moitié livres neuf, évidemment je l'ai bien fréquentée!
@ miriam : Croisade non je n'ai aucune illusion sur l'importance et l'effet de ces trois billets, il faudrait que je sois non seulement présomptueuse mais totalement inconsciente pour penser que cela va changer quelque chose !
Juste l'envie de dire ma passion pour un lieu, un métier dont j'ai rêvé, un regret pour toutes celles qui disparaissent
Comme je t'en avais parlé, ce livre me rappelle l'excellent " Lettres à mon libraire " paru aux éditions du Rouergue, des dizaine d'auteurs témoignent, chacun à sa façon.
Je viens de lire ta réponse à propos des bibliothèques. Chez moi, c'est l'inverse ( peut-être parce que j'habite une toute petite ville ). Des bibliothécaires adorables et dynamiques, complètement ouvertes à l'échange mais pas réellement de fond, le budget étant en majeure partie dévorée par " les titres obligatoires " dont il est question dans ton article précédent...
@ Marilyne : bien d'accord avec toi, la proximité lecteurs/bibliothécaires est grande dans les petites biblio, chacun connait chacun, j'ai travaillé comme bénévole pendant des mois dans une bibli de petite ville et les rapports étaient chaleureux.
Ici à Lyon j'ai une extraordinaire bibli à ma disposition mais point de chaleur et pas d'échanges !!
j'ai noté le livre auquel tu fais références édité sous la houlette de François Busnel, je sens que je ne vais pas résister longtemps
Tu sais, je me demande si les librairies ne seront pas toujours en danger...toujours en résistance...et toujours là. Sans doute restera-t-il toujours des irréductibles de la librairie qui l'aideront à traverser les époques. Moi, j'ai envie de croire à cela; mais je te soutiens dans ta croisade...évidemment!
@ sous les galets : merci merci pour ton soutien :-)
Celui-là il me le faut ! où étais-je donc en 1994 ? J'ai les mêmes bibliothécaires que toi, à chaque fois je peste et hélas leurs choix sont très basiques, il n'y a jamais un titre qui sort un peu de l'ordinaire et pourrait me surprendre.
@ Aifelle : Voilà ma chance les achats sont énormes et je trouve à peu près tout
D'accord avec toi pour dire que la vie est dure pour les libraires mais il y en a dans des coins de province qui réussissent et se portent bien
A voir Pierre Landry à Tulle : www.lmda.net/direct/videolandry.html
et Joël Gattefossé "le Bleuet" à Banon et pourtant ça n'était pas du tout gagné quand ils ont osé s'installer. Des clients font jusqu'à 200 kms pour venir s'approvisionner chez eux. Le livre et les libraires à mon avis ne disparaîtront pas, ils sont aussi essentiels à la vie que le pain.
@ nadejda : le Bleuet à Banon j'en parlerai dans ma prochaine série de billets et je vais aller voir l'autre, c'est bon de voir que certains ont tiré leur épingle du jeu en se tournant soit vers des spécialités : je pense Aux 5 continents à Montpellier spécialisée en littérature de voyage et guides et cartes
Peut être est ce un peu plus facile en petite ville ?
Je saute sur ma chaise, ce livre est à la bibli (en magasin, donc je vais encore les faire se balader). J'en reviens, d'ailleurs, on discute un peu, curieusement pas trop de livres (je pense qu'ils n'osent plus me conseiller, avec ma longue liste, mes emprunts ras le quota et mes suggestions d'achat)(c'est même moi qui les conseille parfois)
Quant au précédent sur ton blog, oui, il y est, et finalement je crois que je l'ai déjà lu (pas étonnant d'ailleurs, vu le thème)
Le livre que tu présentes me fait penser à un tout petit intitulé Lire est le propre de l'homme, 2cole des loisirs, des textes sur la lecture, divers écrivains. Suis en train de le lire, par morceaux. Oui, je dois en parler sur mon blog (un joiur)
@ Keisha : encore un titre que je vais noter avec celui de Marilyne
Mes bibliothécaires ne sont pas joviales mais c'est compensé par l'extraordinaire richesse du fond de bibli , comme toi rituelleent je prends des livres qui ne sortent jamais et que l'on va me chercher au fin fond des réserves
c 'est un peu étrange les coïncidences , j 'ai décidé de faire un texte sur mon libraire préféré et cela après avoir avoué "mon Kindle" je lui ai laissé mon questionnaire et ... Il va me répondre mais quand il aura du temps.
Je pense que mon article fera penser au tien, cela ne me gène pas de piquer tes idées mais pour une fois , j'avais eu cette idée avant.
Tout ce long préambule pour te dire que j'adore les librairies et que je vais l'écrire bientôt
Luocine
@ luocine : je ne me sens aucun remords à lire en numérique car je pense que les lecteurs du numérique sont AUSSI les lecteurs papier !
j'irai lire ce questionnaire et les réponses avec intérêt
J'aime beaucoup les libraires, mais bizarrement (je me fais toute petite, car je me sens un peu seule sur ce coup) je ne prise pas forcément les livres qui parlent de libraires... un peu de jalousie, peut-être ?
@ kathel : une envie d'ouvrir un commerce peut être ?
Ce que j'aime aussi, ce sont les noms des librairies, je me demande si quelqu'un les recense : L'arbre à lire, L'arbre à lettres, La chambre claire... (tes photos).
A Bruxelles, je suis assez fidèle à Tropismes, une librairie qui occupe de beaux espaces aux Galeries Royales Saint Hubert près de la Grand-Place (si tu passes un jour par là...)
@ Tania : j'avais envie de mettre dans le billet tous les noms des librairies évoquées dans ce livre mais j'ai renoncé faute de patience
Effectivement certains noms sont très évocateurs
Formidable "exercice de style" ! Étant souvent "ailleurs", je me sens très concernée par : « Le libraire doit quelque fois affronter l’étonnement du client qui s’attendait à trouver chez lui un ouvrage paru en 1971 sur l’influence de la nuit polaire sur le psychisme des lapons, dans une maison d’édition fondée dans la Creuse par un couple d’ethnologues qui laissèrent leur famille et leurs créanciers sans nouvelles en 1972. » Je ne sais si je peux soigner une telle maladie... Bravo Dominique pour ta belle résistance. brigitte
@ Plumes d'Anges : j'ai beaucoup rit à ce passage car à la fois c'est mission impossible pour le libraire mais c'est souvent ce type de livre que je cherche....je crois que Keisha est de la même famille !
Ce livre est un bijou
Quel bonheur
Tu sais quoi? Je vais me l'offrir et sans tarder
Merci merci merci
@ Alois : j'espère que tu le trouveras d'occasion !!
Je ne sais quelle citation retenir, elles me plaisent toutes .. Elles sont souvent si vraies et pleines d'humour, le livre rare, la comparaison entre librairie et pâtisserie!...
@ Claudialucia : je vous ai fait un florilège, dans le livre certains auteurs ne m'ont pas vraiment inspiré mais c'est très personnel
j'ai retenu les phrases qui me semblaient emblématiques, celles dont on veut se souvenir
Décidément les libraires indépendants ont de nouveau la cote. Si tous les commerces ont leur odeur, la librairie a la sienne propre. Je parlerais plutôt de parfum subtil fait des fragrances mélangées de tous les livres. La première chose que je fais chez mon éditeur en allant chercher mon nouveau livre, avant même de regarder la typographie, c'est de l'ouvrir et de le respirer...
@ Jeanmi : si vous venez régulièrement ici vous aurez noté que c'est une défense qui me tient à coeur depuis longtemps
Une série bien sympa, plein de jolies citations.
Je ne connais pas la librairie "Passages" dont tu parles à Lyon, j'irai voir à ma prochaine sortie. Et toi, connais tu "Le bal des Ardents" ? C'est un endroit où je me sens bien... :)
@ Pastelle : nous voila à échanger des adresses : j'adore, Passages rue de Brest mais alors honte à moi je viens de vérfier l'adresse de la libraire "le bal des ardents" et je ne la connais pas du tout !
Cet après midi je vais au MBA alors pfft je sens que je vais faire un détour par là
Tu ne le regretteras pas !
L'entrée est comme ça, j'en avais parlé sur mon blog...
http://p7.storage.canalblog.com/73/32/668246/61287302.jpg
;)
Vive les librairies !!!!
Un coucou "au cochon bleu", ma librairie préférée dans le Gers !
Je note ce livre, merci pour ce cri du coeur !!!!
Bonne journée
@ Enitram : une libraire avec un nom pareil je ne résisterais pas ...