Deux auteurs pour un sujet très proche, mais deux façons tout à fait différentes de le traiter
Un roman tendre et de haute tenue, un essai sévère et même un peu vachard
Je vous fait un billet groupé ici dès demain
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Deux auteurs pour un sujet très proche, mais deux façons tout à fait différentes de le traiter
Un roman tendre et de haute tenue, un essai sévère et même un peu vachard
Je vous fait un billet groupé ici dès demain
Le Mentor
Bon j’avais juré craché que je ne lirai plus ses polars, je me suis laissée tenter la dernière fois et j’ai été ravie alors ...me revoilà chez Indridason.
Plus d’Erlendur au programme, non mais son mentor, c’est une femme assez efficace, au çaractère bien prononcé : Marion Briem.
L’auteur nous fait faire un saut dans le passé jusqu’en 1972.
Je me suis bien amusée à la lecture de ce polar car cette période et le point central du roman, à savoir la rencontre au sommet entre Bobby Fishcher et le russe Boris Spassky est encore dans ma mémoire, je me souviens des images télé retransmettant les moments clés des rencontres de ce championnat.
Nous voilà donc à Reykjavik, ville sous haute surveillance, pensez elle conjugue à la fois les services secrets Russes et Américains et cela au temps de la guerre froide ou du moins encore bien tiède.
Y aurait-il un lien entre l’assassinat d’un homme dans un cinéma de Reykjavik, un homme, je devrais plutôt dire un jeune homme qui a la fâcheuse manie d’enregistrer tout et n’importe quoi. Tué de coups de couteau au coeur, il semblerait qu’il ait enregistré quelques paroles de trop pour son bien.
Fait divers sordide ou assassinat en lien avec des problèmes politiques ? La tâche de Marion Briem ne va pas être simple.
Est-ce que j’ai aimé ? et bien oui plutôt ! Certes ce n’est pas Erlendur mais Marion Briem a un charme bien a elle, d’abord on comprend immédiatement ce qui a pu la rapprocher d’Erlendur et en faire son mentor, c’est plutôt une discrète et pour lui arracher les mots de la bouche il faut se lever de bonne heure.
Il faut dire que son enfance l’a préparé à ça, elle a hanté les sanatoriums à l’âge où l’on joue à la marelle et ses souvenirs sont cuisants.
Le roman est habile, le personnage de Marion Briem est attachant et j’espère la retrouver aux côtés d’Erlendur dans une prochaine aventure, quant aux péripéties du championnat d’échecs c’est amusant comme tout de revivre ce moment.
Passionné ou non d’échec c’est un bon opus
Le livre : Le Duel - Arnaldur Indridason - Traduction Eric Boury - Editions Métailié
Une nouvelle rubrique sur ce blog, le lien entre un livre et un tableau au gré de mes lectures présentes ou passées. Donnez moi votre avis.
« La neige, les branches noires des arbustes, deux hommes tout noirs qui en raccompagnent un troisième – ils l’ont pris sous les aisselles – jusqu’au traîneau – et un autre encore, de dos, qui s’en va. Pouchkine, celui qu’on emmène. D’Anthès, celui qui s’en va. »
Le livre : Mon Pouchkine - Marina Tsvetaïeva.- Traduit par André Markovitz -Editions Actes Sud
Le tableau : Duel Pouchkine et Georges d’ Anthès - A. A. Naumov - Musée Pouchkine Saint Pétersbourg
« Les Beatles ont écrit plus de bonnes chansons en huit ans que les Stones en presque soixante. »
« Le riff de « Satisfaction » vaut à lui seul tous les albums des Beatles ! »
« Peut-on aimer à la fois Beatles et Stones sans être suspect ? »
« En temps de guerre musicale, il faut choisir son camp. On est conservateur ou rebelle, sage ou turbulent, déluré ou taciturne, pop ou rock. Pas de place pour le compromis. »
« La controverse Beatles vs. Rolling Stones est durable parce qu’elle est à hauteur de l’empreinte dont ils ont marqué leur temps, par leur talent, leurs succès commerciaux et surtout l’engouement qu’ils ont suscité »
Et vous où va votre préférence ?
Le livre : Beatlestones un duel un vainqueur - Yves Delmas et Charles Gancel - Editions Le Mot et le reste 2020
Damnés Français - Mark Twain - Traduit par Frédéric Chaleil - Editions de Paris Max Chaleil
Si vous êtes chauvin alors passé votre chemin car voilà un livre dans lequel notre orgueil en prend un rude coup.
Mark Twain ne nous aimait pas beaucoup mais faut-il le prendre au sérieux alors qu’il fit plusieurs séjours en France ? Il fit un grand tour d’Europe et résida quelques mois à Paris où il eu faim et froid " Paris la glaciale, Paris la pluvieuse, Paris la détestable " Et ben voilà c’est dit !
Sauf que ...l’humour vient tout sauver dans ce recueil d’articles variés rassemblant aussi bien des notes sur Paris, qu’un récit sur un séjour thermal à Aix les Bains.
Il nous accuse de tout " Le passe-temps des Français, depuis toujours, consiste à s’exterminer mutuellement par le fer et par le feu" il remonte carrément à la Saint-Barthélémy oubliant un peu vite que sa nation sort tout juste d’une guerre civile ! Matiné d’un humour féroce il nous compare aux Comanches et bien sûr ce n’est pas à notre avantage.
Dans un bref récit il raconte de façon savoureuse un duel qui eu réellement lieu entre Gambetta et un dénommé Fourtou avec Clémenceau comme témoin. Le duel se termine bien et " Les deux gladiateurs se tombèrent dans les bras, avec des torrents de larmes fières et heureuses "
Son voyage en France est une occasion pour moquer les Marseillais qui ne se lavent pas eux mêmes avec leur savon, qui se nourrissent de "Bouchées d’escargots " alors que lui " Préfère les sauterelles" .
Il fait une visite au Château d’If pour rire de nous à travers l'un des personnages de Dumas " C’est là que le courageux abbé a écrit un livre avec son propre sang, d’une plume faite d’un morceau de fer (...) Quel dommage que tant de semaines de travail fastidieux n’ait finalement servi à rien"
De temps à autre il laisse échapper un compliment " Quel pays envoûtant ! " mais il se reprend bien vite lorsqu’il fait le récit de sa visite à l’Exposition Universelle derrière un guide sans scrupules. Versailles l’impressionne mais ..." j’ai toujours pensé du mal des gens qui chez nous taillent leurs arbustes en pyramides, en cubes, en flèches et en toutes sortes de formes artificielles " Donc nos jardins à la Française vous devinez ce qu'il en pense.
Le coup de grâce est donné au parisien qui " voyage fort peu. Il ne connait d’autre langue que la sienne et ne lit pareillement aucune autre littérature; par conséquent il est assez étroit d’esprit et très suffisant "
Il termine son voyage par une cure thermale à Aix les Bains, est-ce le miracle de l’eau ? d’un seul coup Mark Twain exulte, parle d’un lieu enchanteur mais pour aussitôt se plaindre du nombre de clochers et horloges qui sonnent sans arrêt " Ainsi une horloge sonne les heures, puis elle recommence pour confirmation "
La cure au moins a-telle démontrée son efficacité ? Je vous laisse juge !
" J’étais venu ici vierge de toute maladie, mais trois semaines de bains avaient, fait sortir de moi tous les maux connus de la science médicale, ainsi que d’autres plus considérables entièrement nouveaux "
Ce livre est une compilation de textes, d’articles disséminés et réunis ici. Un livre pour jours moroses et gris. Je me suis amusée à cette lecture, on retrouve tout l’humour de l’auteur qui fait ici preuve d’une mauvaise foi ...toute française.
A quel moment de la lecture sait-on que l’on a en main un chef-d’oeuvre ? Quand insensiblement on ralentit sa lecture, quand on se surprend à relire une phrase, un paragraphe, juste pour le plaisir, quand on se met à lire à voix haute un passage pour faire résonner les mots.
C’est ce que j’ai ressenti à la lecture de Joseph Roth.
J’avais ce livre dans ma ligne de mire depuis longtemps mais le volume emprunté en bibliothèque était de tellement mauvaise qualité, frappe serrée, typographie baveuse, encollage qui ne permet pas d’ouvrir normalement le livre, bref j’avais renoncé.
C’est donc avec plaisir que j’ai ouvert ce volume clair, bien imprimé et qui va évidement resté dans ma bibliothèque.
Une fresque magnifique, qui a la beauté des dernières fusées des grands feux d’artifice, on sait que ce sont les plus belles mais aussi que ce sont les dernières.
Solférino
Un déroulé sans faille, depuis le geste du Héros de Solférino, le brave soldat Trotta pousse l’empereur François-Joseph pour lui éviter un tir ennemi, blessé son fait d’armes va changer sa vie et celle de sa famille à tout jamais. Il monte en grade et est anobli en von Trotta, il reçoit une petite fortune.
C’est un sage sujet de l’Empire, un paysan slovène de Sipolje qui devient par la grâce de son geste un héros de livre d’histoire.
François-Joseph
Mais il a un double, c’est l’Empereur lui-même qui sera son jumeau tout au long du récit, récit qui va de l’épanouissement de l’Empire à sa chute, de la montée vers la gloire de la famille Trotta à son délitement.
Le récit est magistralement conduit. On suit les conséquences du mythe du sauveur sur les relations dans la famille von Trotta, un fracture s’est faite entre père et fils « Son père était séparé de lui par une montagne de grades militaires »
Joseph Roth déroule trois générations avec en réminiscence permanente le geste mythique parce que « quand on était un Trotta, on sauvait sans interruption la vie de l'Empereur »
Le fils sera préfet, fidèle à François-Joseph
« Tous les concerts en plein air – ils avaient lieu sous les fenêtres de M. le préfet – commençaient par la Marche de Radetzky. »
Le petit-fils Charles-Joseph von Trotta reprend le métier des armes sans passion, sans bravoure, empêtré dans des histoires de femmes, de jeu et de duels. On est loin du héros de Solférino.
La fin de l'Empire
Le sous titre de ce roman pourrait être à la manière de Gibbons : grandeur et décadence de l’Empire Austro-hongrois.
Il se déroule aux confins de l’Empire, en Galicie, en Moravie où l’on assiste au réveil des nationalismes et à la fin du « grand soleil des Habsbourg » qui faisait tenir ensemble des peuples de langue, de culture, de religion différentes.
Comme dans « Souvenirs d’un européen » de son ami Stephan Zweig, Joseph Roth exprime sa nostalgie de cette Mitteleuropa à jamais disparue.
Un roman magnifique avec des morceaux inoubliables, un duel, la mort d’un vieux serviteur, la rencontre avec l’Empereur ou cette Marche de Radetzky qui donne son titre à l’œuvre se fait entendre chaque dimanche sous les fenêtres du préfet, puis revient régulièrement par la suite, comme l’écho lointain d’un passé disparu, comme le souvenir d’une gloire antérieure à jamais révolue.
Le livre : La marche de Radetzsky - Joseph Roth - Traduit par Blanche Gidon - Editions du Seuil