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Littérature de l'antiquité - Page 5

  • Ovide ou l'amour puni - Lucien d'Azay

    Ovide ou l’amour puni - Lucien d’Azay - Les Belles lettres
    ovideoulamourpuni.gifAprès Horace à la campagne, je récidive aujourd’hui avec un auteur considéré en son temps  comme libertin, voire sulfureux mais ô combien aimé par ses lecteurs et ses amis. 
    Ovide ou Publius Ovidius Naso est né en 43 av JC dans le sud de l’Italie et comme tout jeune homme de bonne famille après des études à Rome auprès de Porcius Latron dont Pascal Quignard fait le portrait dans « la Raison » Ovide part à Athènes puis voyage en Grèce et en Sicile.
    Peu attiré par la carrière politique qui lui procurerait une situation, Ovide se tourne avec passion vers la poésie. Il a pour amis  Tibulle et  Properce autres poètes de Rome.
    D’emblée il connaît le succès  « Ovide avait une voix chaude, veloutée, musicale, avec des inflexions lyriques. »
    Ovide aime les femmes et elles le lui rendent bien, pour lui le plaisir n’existe qu’à la condition qu’il soit réciproque et il enseigne aux hommes l’art de conquérir et de conserver l’amour des femmes.
    Il publie  Les Amours puis  L’Art d’aimer le succès est énorme « Les murs d’Herculanum et de Pompéi sont encore tapissés de ses vers ». Ses écrits indisposent l’empereur qui influencé par son épouse Julie, se pique de restaurer la morale. Ovide est dès lors en danger.
    « Il représentait malgré lui, l’opposition aux idéaux d’Auguste, et s’exposait sans cesse à ses ressentiments »

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    Les Amant  Pompei, Maison de Meleagre

     

    Il entreprend son grand poème Les Métamorphoses en s’inspirant de tous les mythes et légendes de la transformation « C’est la revanche des mortels contre l’injure du temps et l’ignoble pouvoir des dieux »
    A l’automne de l’an 8 il fut « frappé par le feu de Jupiter » et condamné à l’exil à Tomes au bord de la mer noire. Les raisons de cette disgrâce font encore aujourd’hui discussion.
    Le poète accablé par cette sentence qui est maintenue à la mort d’Auguste, s’éteindra après 9 ans d’exil non sans avoir écrit longuement dans « les Tristes » tout son malheur et sa souffrance de vivre dans une contrée « peuplée de barbares » au rude climat « La neige forme un tapis et, pour qu’une fois tombée le soleil ni les pluies ne la fassent fondre, Borée la durcit et la rend éternelle. La première n’est pas encore fondue qu’il en survient une autre, et en nombre d’endroits elle demeure deux ans. »

    Lucien d’Azay  fait le portrait d’un Ovide jouisseur et Don Juan, désinvolte et un peu snob. Cette biographie un rien irrévérencieuse dépoussière l’auteur antique dont les écrits sont encore aujourd’hui source de plaisir.

    Un billet sur L’art d’aimer et un sur les Métamorphoses

  • Horace à la campagne - Xavier Patier

    Horace à la campagne - Xavier Patier - Editions les Belles Lettres

    horace campagne.gifHistoire et poésie au programme aujourd’hui Le siècle d’Auguste ....vous y êtes ? L ’assassinat de César par Brutus et ses acolytes ..et bien Horace ou en latin Quintus Horatius Flaccus était leur ami.
    Horace vous connaissez bien sûr  si je vous dis «  Carpe diem  »  ou encore « Pour vivre heureux vivons cachés » ou bien « Chassez le naturel il revient au galop  » et encore « La montagne accouche d’une souris » 
    Là vous y êtes ! c’est de lui que je veux parler aujourd’hui à travers un livre qui est une petite biographie et un exercice d’admiration.

    Notre héros est né à Venouse bourgade des Pouilles, il parlera peu de son enfance sauf brièvement dans le livre III des Odes :
    « J'étais encore enfant; jouant sur le Vultur, ce mont apulien, j'avais passé les limites de ma terre nourricière, l'Apulie, et de fatigue j'avais cédé au sommeil. Vinrent des oiseaux merveilleux, des colombes, qui me couvrirent de frais feuillage. On s'en étonna chez tous les habitants du nid d'Acherontie, des bois de Bantia, des plaines fertiles où est l'humble Forente : on admira que j'eusse pu dormir sans crainte et sans danger parmi les noires vipères et les ours ; que le saint laurier, que le myrte se fussent amoncelés sur moi, enfant hardi, et protégé des dieux. »

    Des commencements difficiles, son père est un esclave affranchi et l’esclavage à Rome (et partout d’ailleurs) est un enfer, le père sacrifie tout à l’éducation de son fils, et il ne lésine pas : études à Rome avec les meilleurs précepteurs, séjour à Athènes capitale intellectuelle de l’époque.

    Né pauvre Horace ne cachera jamais ses origines et aura toujours pour son père des mots de tendresse filiale.
    «  Dès mon enfance, mon père ne craignit pas de me transporter à Rome pour m’y faire donner l’instruction que ferait donner à ses enfants un chevalier, un sénateur. (..) Mon père lui-même gardien vigilant m’accompagnait partout chez les maîtres. (...) Il n’en mérite aujourd’hui que plus de louange et, de ma part, que plus de reconnaissance. Je ne saurais, si je ne perds le sens, rougir d’un tel père. »

    C’est à Athènes qu’Horace fait connaissance avec Brutus et ses amis et l’amitié va l’amener à la cause républicaine. Mais l’affaire tourne court, pour les fans d’histoire c’est la bataille de Philippes qui décide du sort de Brutus, et voilà notre Horace en grande difficulté :
    « Puis quand Philippes m'eut donné mon congé, que je me trouvai dépouillé de mon orgueilleux plumage, sans pénates, sans patrimoine, la misère m’enhardit, je me fis poète. » Brutus a perdu un fidèle, nous avons gagné un poète.

    Il croise le chemin de Virgile et devient son ami, Xavier Patier nous les présente bras dessus, bras dessous échangeant leurs vers.
    Devenu l’intime de Mécène homme riche et influent,  celui-ci lui procure les moyens d’écrire en lui offrant une villa et des terres : le domaine de Sabine. Mécène demeurera son protecteur toute sa vie. Une amitié qui a enrichi notre dictionnaire pour exprimer cette aide offerte à l’artiste.

    Horace publie ses premières oeuvres les « Satires » il a trente ans. Il devient célèbre, admiré, courtisé par Auguste qui voudrait en faire son secrétaire particulier, il garde sa liberté de ton, son indépendance et refusera l’offre d’Auguste. Retiré dans son domaine qu’il aime, il écrit.
    Son oeuvre se construit, après les Satires viennent les "Odes" et les "Epodes" puis les "Epîtres".

    horace.jpgDans toute son oeuvre Horace n’a cessé de chanter la campagne, le vin, l’amour de la vie et le fameux Carpe diem, les femmes. Il n’était pas beau , on le décrit petit gros et chauve, il eut pourtant un amour fou chanté dans son oeuvre : Lydie....qui le trahit... (Ode XXV).
    Horace reste un grand mélancolique comme tout épicurien qui se respecte en proie aux angoisses métaphysiques, la mort est très présente dans ses écrits.
    Il meurt à 57 ans et Auguste lui organisa des funérailles grandioses.

    Le style d’Horace, Xavier Patier le dit sobre, fonctionnel et magnifique : « Des mots courts plutôt que longs (..) et surtout un rythme. Non pas un halètement mais un écoulement, un choral de Bach. »


    Xavier Patier garde un souvenir ému de sa classe de latin et de son professeur, il en a conservé un goût pour les textes antiques et une prédilection pour Horace. Il sait nous la faire partager et nous rendre vivant ce poète mort depuis 2000 ans.
    L’essai est enlevé et même si je ne partage pas toujours les points de vue exprimés (en particulier le développement sur Horace et Jésus, très tiré par les cheveux) c’est une façon attrayante d’aborder le poète admiré de La Fontaine, de Nietsche et de beaucoup d’autres.

    J’avais lu un peu Horace il y a très longtemps et le livre de Xavier Patier m’a incité à y revenir et ce fut pour mon plus grand plaisir.......