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  • bribes de champs et de grèves

    flaubert

    « La nuit était douce, une belle nuit d'été, sans lune, mais scintillant des feux du ciel, embaumée de brise marine. La ville dormait, les lumières, l'une après l'autre, disparaissaient des fenêtres, les phares éloignés brillaient en taches rouges dans l'ombre qui sur nos têtes était bleue et piquée en mille endroits par les étoiles vacillantes et rayonnantes. On ne voyait pas la mer; on l'entendait, on la sentait, et les vagues se fouettant contre les remparts nous envoyaient des gouttes de leur écume par le large trou des mâchicoulis. »

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    « La marée baissait ; il fallait, pour passer, attendre le retrait des vagues. Nous les regardions venir. Elles écumaient dans les roches, à fleur d'eau, tourbillonnaient dans les creux, sautaient comme des écharpes qui s'envolent, retombaient en cascades et en perles, et dans un long balancement ramenaient à elles leur grande nappe verte. Quand une vague s'était retirée sur le sable, aussitôt les courants s'entrecroisaient en fuyant vers des niveaux plus bas »

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    « On avait retrouvé un homme perdu à la mer il y avait trois semaines ; on l’a apporté à l’église sur une charrette à boeufs. Il faisait presque nuit, quatre cierges aux coins du catafalque, enfant avec sa chandelle tenant la porte ouverte, clochettes des porteurs ; les femmes se sont mises au fond, les hommes au haut, plus près, ordre qui a été conservé au cimetière ; les femmes du reste en bien plus grande quantité. L’office fut court, tout le monde à genoux dans le cimetière sur la terre des tombes. Froid des soirs d’été, crépuscule vert, bonnets se levant au vent. »par les champs.jpg

     

    Le Livre : Par les champs et par les grèves - Gustave Flaubert - Maxime Ducamp - Editions de l’Aube

  • Whitman - Barlen Pyamootoo

    Ô Capitaine mon capitaine

    En pleine guerre de Sécession, le poète Walt Whitman apprend que son frère a été blessé lors de la bataille de Fredericksburg en Virginie. 

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    Il fait le voyage jusqu’à Whashington où l’on évacue les soldats bléssés, empruntant ferry et train.
    A son  arrivée il fait le tour des hôpitaux, il n’y en a pas moins de quarante !!! 
    Imaginez les blessés, les cris de souffrance, les opérations effroyables et mutilantes, les morts se comptent par milliers.
    Sans argent il parcourt la ville à pieds, partout il scrute les visages à la recherche de George. 

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    « Toutes les salles ne se ressemblent pas. Celle des mourants est plus vaste et lumineuse. De plus, elle est ornée de guirlandes, de ballons et de drapeaux de l’Union. Mais des Confédérés, faits prisonniers, y meurent aussi. Rien ne les distingue des Nordistes, ils ne sont ni enchaînés ni mis en quarantaine, sauf qu’eux n’ont pas le droit de porter l’uniforme. À part ça, ils ont le même air hébété et ce regard éteint, perdu dans une contemplation aveugle. »

    George est retrouvé à Falmouth, légèrement blessé. Walt Whitman pendant deux semaines va continuer à visiter ces jeunes hommes dont dit-il « les visages sont comme des prières nues ».

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    Lui l’homme à la « barbe grise et hirsute qu’on prendrait pour de la laine brute » circule entre les lits, il assiste les blessés, console, soutient les mourants, ses yeux ont  « la pâleur de ceux qui ne dorment pas la nuit »

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    A la recherche de George Whitman

    « Walt parcourt les hôpitaux avec un carnet de poche où il écrit au crayon les désirs des soldats. Puis il inscrit le nom, le grade, le régiment et la compagnie, le numéro du lit quand il y en a un, la salle, l’hôpital, la gravité de la blessure ou de la maladie, l’adresse des parents et de l’épouse s’il est marié. Et le soir sous la tente, c’est par la lecture de ces notes qui s’égrènent comme un poème qu’il prépare désormais sa tournée du lendemain. »

    Ces quelques jours vont marqué à jamais le poète « Toute une vie en à peine deux semaines »

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    Quoi de plus opposé que la guerre et la poésie ? Barlen Pyamootoo réussit l’exploit de nous plonger dans l’une sans jamais oublier l’autre. Ne vous attendez pas à un roman historique, c’est l’humanisme de Whitman qui l’a attiré, sa bonté, son intérêt pour les défavorisés, sa célébration de la démocratie. 

    Cet épisode se situe à un moment où le poète doute, ses poèmes parus deux ans avant ont été un échec, il a eu des critiques effrayantes pour la sortie de ses Feuilles d’herbes « un critique de Saturday Press  conclut son article en conseillant au poète de mettre fin à ses jours. »

    Il va être  réveillé par ces quelques jours qui lui mettent « le coeur en branle » et il va reprendre la plume.

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    Rappelez vous : ô Capitaine mon capitaine

     

    Un récit non seulement touchant mais beau. L'écriture est splendide. On sent que l’auteur de ce roman admire le poète, il dit qu’il voudrait l’avoir pour compagnon, pour ami, le lecteur aussi.

    C’est un roman qui m’a fait penser au roman de Lance Weller et de David Malouf, ne passez pas à côté de ce livre.  

     

    Le livre : Whitman - Barlen Pyamootoo - Editions de l’Olivier