Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ce que je n'ai pas encore dit à mon jardin - Pia Pera

Je n’ai eu un jardin que très brièvement dans ma vie et c’est un grand regret. 
Du coup j’aime les livres qui en parlent surtout quand ce livre est l’histoire d’une femme qui a réalisé un magnifique jardin mais que celui ci peu à peu va lui échapper lorsqu’elle voit son corps l’abandonner. 

Monte pisano.jpg

Monte Pisano 

Nous sommes en Italie dans les environs de Lucques près du Monte Pisano 
Pia Pera pratique le jardinage de façon assidue depuis de nombreuses années.
Elle a fait vivre ce jardin avec l’aide d’un maitre du jardin, le botaniste japonais Masanobu Fukuoka dont elle applique les principes en créant un jardin « ébouriffé » un jardin où l’on trouve des mauvaises herbes.

Lucques1.jpg

Lucques et sa place extraordinaire 

Atteinte de SLA maladie neuro dégénérative qui rend les gestes quotidiens comme un Himalaya à franchir, elle va devoir composer avec la maladie.

C’est une confession feutrée, courageuse, elle ne peut plus bêcher, tailler, cueillir fleurs et fruits. Elle dit subir les mêmes dommages que les plantes sous l’orage 

giardino de pia pera.jpg

Jardin de Pia Pera 

Son jardin est son refuge, son havre de paix. Un lieu où célébrer la nature.
Continuer à l’entretenir est une façon de résister à la maladie, à la mort.

jardin de pia.jpg

Jardin de Pia Pera

L’ombre d’Emily Dickinson se répand sur le jardin, il y a échange entre la poétesse et la jardinière. Son poème donnera son titre au livre de Pia 

« I haven't told my garden yet—

Lest that should conquer me.

I haven't quite the strength now

To break it to the Bee »

 

« Je ne l’ai pas encore dit à mon jardin –

Tant je redoute ma défaillance

Pour le moment, je n’ai pas tout à fait la force

De mettre l’abeille dans la confidence. »

 

jardin de pia pera.jpg

Jardin de Pia Pera

Le jardin devient un personnage auquel elle parle, elle s’épanche à mesure que la maladie la rattrape. Comment accepter ce resserrement des ressources physiques ? Cette sensation que la vie rétrécit ? 

jardin de pia pera 2.jpg

« Si, au départ, j’ai pris soin du jardin, accomplissant toutes les tâches en parfaite autonomie, maintenant je dois m’occuper de moi-même. Le temps naguère consacré à tailler, creuser des trous, brûler des branches, piocher, faucher l’herbe m’est dorénavant volé par les soins nécessaires à ma survie. » 

jardin de pia pera 3.jpg

Contrainte peu à peu à l'immobilité d'une plante, elle nous dit  qu'au-delà de la vie, de la beauté de son jardin toscan, il s'agit « d'accepter calmement d'être quelque chose de petit et d'indéfini, un tout petit point dans le paysage »

Et parfois le découragement est là 
« Je peux me dessécher, me flétrir, partir en morceaux, et surtout, je ne peux plus bouger à ma guise » 

Certains amis disparaissent, l’abandonnent « D’autres au contraire sont devenus plus assidus, plus affectueux
Il y a de la pudeur devant la perte « Appuyée sur ma canne – d’abord une, puis deux »
Il y a une simplicité dans l’aveu des défaillances.

jardin abandonné.jpg

La littérature est un soutien : le Guide des égarés de Maïmonide, les écrits du père Pavel Florenski, la Bible et le Livre de Samuel ou Stevenson.
Se souvenir, écrire cet agenda jardinier est source de réconfort.
« la mémoire et l’écriture savent faire revivre un monde

AVT_Pia-Pera_8268.jpg

L’auteur est bien consciente que ce sont ses derniers écrits; son écriture est empreinte de délicatesse, de grâce.
« Je fais enfin partie de mon jardin, de ce monde fluctuant en perpétuelle transformation. »
La promenade botanique devient essai philosophique.

pia-pera0013.jpg

Cette lecture est une merveille de vérité une belle leçon de courage et de vie car la nature lui offre encore des présents 

« Voici les averses puissantes et joyeuses de novembre. Ces trombes d’eaux qui se déversent du haut du ciel me mettent en joie; elles s’accompagnent d’un petit brouillard diffus, emplissant tout l’espace du jardin »

Pia Pera entame son dernier dialogue avec le jardin et invite le lecteur à le partager avec elle.

IMG-0375.jpg

Le livre : Ce que je n’ai pas encore dit à mon jardin- Pia Sera - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Arthaud 

 

Commentaires

  • Un livre pour moi, c'est noté. Je l'avais vu sans m'y arrêter, à réparer bien vite.

  • il vaut la peine à la fois pour l'amour de ce jardin mais aussi pour le parcours de l'auteur et son épouvantable maladie

  • C'est sur vos conseils que je l'ai lu. Une première fois. Puis une deuxième fois. Et j'ai préparé une note pour mon propre blog. C'est un livre fort que je n'ai pu lire sans ressentir des émotions intenses. Merci.

  • Comme vous j'ai été extrêmement émue à cette lecture, cet amour pour ce jardin qui va l'aider à franchir les étapes vers la maladie inéluctable

  • Peut-être parce que je m'occupe activement d'un jardin-potager qui m'a tellement aidée en diverses occasions, je ressens une vive émotion rien qu'à te lire....merci, je le lirai bien sûr!

  • oui je sais à quel point cet immense jardin te comble et a pu t'aider par le passé
    j'ai retrouvé tout ça dans ce livre profondément émouvant pour tout lecteur mais plus encore pour ceux ou celles qui ont un parcours parfois difficile

  • Encore une découverte... La récompense quand on lâche le jardin, c'est le retour de bestioles et plantes...

  • je vois que tu es une connaisseuse !!!

  • Comme c'est beau... presque intimidant au moment de me lancer dans mon propre jardin !

  • c'est un joli compagnon pour les amoureux des jardins

  • Le mot qui revient forcément en découvrant cette histoire,
    c’est celui de Marie et de Colo : l’émotion !

    Comment ne pas y retrouver les interrogations
    de tous les jardiniers de la terre :
    que deviendra notre minuscule parcelle, soignée, arrosée,
    visitée, embellie, abîmée par moments, parfumée,
    lorsque surviendra « des ans l’irréparable outrage » ?

    Cette femme au visage lumineux nous montre la voie
    en offrant à son jardin la plus belle preuve d’attachement
    à savoir la contemplation de la nature…
    que nous pouvons pratiquer jusqu’à la fin de nos existences !

    Belle suggestion, chère Dominique !

  • la contemplation est là et je dirai que c'est une méditation jardinière

  • Quelle belle chronique, j'aime beaucoup également les citations qui sont d'une grande sensibilité. Je suis comme toi, j'adore le jardin mais je n'ai pas la possibilité d'en avoir un pour le moment ; je lis donc avec intérêt ce qui l'évoque.

  • je suis fan de ce genre de lecture sans doute pour compenser mon manque d'un jardin bien réel

  • Ravie d'adopter le mot "ébouriffé" pour mon jardin suspendu (en bacs et en pots) où les sauvages sont accueillies et très touchée par ce dialogue d'une jardinière immobilisée avec son jardin. Je note ce titre, merci Dominique & bonne journée.

  • ébouriffé a beaucoup de succès pour les amateurs jardiniers

  • Moi aussi, j'adopte le concept de jardin "ébouriffé", pour mon jardin ! Et ce que tu dis de ce texte me touche particulièrement, moi aussi, je lui cause à mon jardin ... Y travailler est un espace temps qui m'apaise souvent. Ce pourquoi, je note ce titre, forcément.

  • la vertu apaisante revient souvent dans le livre

  • bonne lecture

  • Je reprendrai aussi ce magnifique terme "jardin ébouriffé", c'est aérien, léger, surtout quand le corps lui est envahi par la maladie, c'est touchant, très fort. Une lecture vers laquelle j'irai et dont je te remercie à l'avance. Douce soirée. brigitte

  • un livre bien fait pour te plaire

  • de retour d'une croisière dans les anglo-normandes je retrouve avec plaisir les blogs qui me sont familiers et sur un dialogue avec un jardin c'est comme si j'étais encore à aurigny

  • Quelle chanceuse et comme je t'envie

  • Alors là, merci, j'en suis à la moitié et c'est tout ce que tu en dis, même plus!
    Je comprends si bien que tu t'y sois sentie concernée, même sans grand jardin.
    Je t'embrasse

  • Le billet est à la mesure de ce que vous m'aviez dit au sujet de ce livre émouvant et captivant. Merci de le plébisciter.

  • Merveilleux cette si grande "complicité" avec son jardin, un immense allié dans sa lutte.
    Je trouve aussi très beau qu'elle s'appelle "Pera", comme un fruit du verger....
    Et il y a tellement de tendresse dans le concept du "jardin ébouriffé"....

Écrire un commentaire

Optionnel