Vous souvenez-vous des commissions vérité et réconciliation , ces commissions sous l’égide de Monseigneur Desmond Tutu, qui en Afrique du Sud étaient sensées permettre une transition sans effusion de sang entre un régime d’apartheid et un régime multiracial.
L’apaisement est difficile lorsque jaillissent les faits enterrés jusque là, alors la tentation est grande de faire appel à des personnes extérieures pour garder un peu de recul.
En 1995 lorsque Ben Hoffman un avocat blanc fait appel à une de ses anciennes élèves, celle-ci est devenue procureur aux Etats-Unis, il croit ainsi avoir trouvé une solution pour mettre au jour le meurtre présumé de Steve Sizela un militant de l’ANC arrêté en 1985 une des années les plus brutales de l’apartheid.
En contre-partie il lui faut obtenir le témoignage d'une autre victime dans une autre affaire.
L’amnistie des crimes passe par un aveu total des exactions commises mais rien n’est simple en ces années troublées, Alex Mpondo victime et héros n’a pas tout dit, pourquoi semble-t-il avoir des liens avec son ex-geôlier Dirk Hendricks qui a déposé une demande d’amnistie ? Que sait-il des meurtres perpétrés dans les cellules jouxtant la sienne ?
La défense d’Hendricks est classique « Je suis un patriote. Toute ma vie, on m’a dit que si nous n’étions pas vigilants, nous serions dominés par la menace communiste. Je protégeais mon pays de la prise de pouvoir par des organisations à idéologie communiste. Je ne faisais que ce que je croyais être le mieux » j’ai agit sur ordre, c’est aussi ce que disaient les nazis.
Ces commissions ont existé mais elles ont soulevé autant de questions qu’elles en ont résolues. Comment faire disparaitre la haine, la punition suffit-elle ? Comment apporter une réelle réparation aux victimes ?
C’est une belle fable que ce roman, mêlant passé et présent, culpabilité et pardon, haine et responsabilité. Les personnages sont loin d’être manichéens et traduisent bien les difficultés de ce pays encore vives aujourd’hui, le racisme n’est pas mort hélas.
J’ai relu ce roman cet été, je l’ai recommandé à beaucoup de personnes il semble de nouveau disponible chez l'éditeur
Gillian Slovo est la fille d’un ancien ministre de Nelson Mandela.
L’avis de Sandrine et de Cécile
Le livre : Poussière rouge - Gillian Slovo - traduit par - Editions Christian Bourgois
Commentaires
Je l'avais noté à la bibli en version 'jeunesse' mais viens de constater qu'il existe dans ton édition...
je te le recommande , un très bon roman sur ce sujet délicat
Un sujet plus que délicat, en effet, "j'ai agi sur ordres" est une phrase vraiment épouvantable. Tes illustrations nous montrent la triste réalité que des hommes mettent en place, on se demande toujours comment on peut en arriver là, la folie humaine n'a pas de limites ! Merci Dominique pour cette proposition de lecture, Kheisha nous dit, si je la comprends bien, qu'il existe une version jeunesse, cela est intéressant aussi. Bises. brigitte
je ne connais pas du tout cette version qui je pense est un peu raccourcie car le roman est lui d'une lecture si ce n'est difficile mais disons assez soutenue
Un très bon et fort souvenir de lecture ! Il existe aussi dans la collection Scripto de Gallimard Jeunesse.
je me doutais que nous étions plusieurs à l'avoir lu
J'ai des doutes sur ce genre de commissions ; il me semble que le temps humain ne va pas aussi vite, quand on voit les dégâts sur plusieurs générations. Le sujet m'intéresse, je note.
ces commissions ont sans doute été trop précoces mais en même temps elles ont sans doute aussi éviter bien des bains de sang que l'on pouvait redouter lors de la chute du système politique qui soutenait l'apartheid
Un autre titre à noter, d'accord.
bonne lecture
ah oui j'imagine que la reconstruction d'un pays qui a entretenu autant de haines doit être particulièrement difficile
on voit bien aujourd'hui encore que rien n'est totalement réglé et qu'il faudra sans doute une ou deux générations pour que s'apaise les haines et les envies de revanche
Moins pessimiste que JM Coetzee, peut-être ?
oui je pense mais je suis mauvais juge car je n'aime pas Coetzee je n'accroche pas du tout à ses romans
il étatiit passé loin de mes radars, je le note....encore!
tu peux encore te rattraper :)
je le note aussi, en partie parce que c'est un sujet universel et intemporel, hélas.
Bon week-end!
ça reste en effet d'actualité
Un livre que j'avais apprécié et qui me semble-t-il explique bien les intentions et le fonctionnement de la commission Vérité et Réconciliation.