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Quand on aime on ne résiste pas au Dictionnaire amoureux d’un auteur. En plus écrit sous la houlette de Dominique Fernandez ça ne se refuse pas.
D Fernandez a lu Stendhal très jeune et depuis accumule notes et commentaires, autant dire que son dico s’est écrit presque tout seul.
Parfois dans ce genre de livre on aime certains articles et on en saute allègrement certains moins attrayants, là je dois dire que j’ai lu tout de bout en bout ETdans l’ordre, un exploit pour moi qui aime bien aller à sauts et à gambades.....
Stendahl passa par Vilnius lors de la retraite de Russie
J’ai aimé le portrait de cet homme, rougeaud, court sur pattes, laid, un rien paralysé devant les femmes qui nous a donné des portraits de jeunes hommes fringands, beaux, et faisant pâmer les femmes ! Jolie revanche.
D Fernandez nous promène dans la vie et l’oeuvre avec bonheur, humour, éloquence, passion.
On suit Henri à la suite de l’armée impériale, on est avec lui en Italie et en Russie, à l’opéra, dans les musées et les concerts, les salons et les bals.
C’est un chant d’amour pour l’Italie qu’il partage avec son auteur fétiche et que D Fernandez sait nous transmettre.
J’ai aimé qu’il me tente fortement avec la Vie d’Henry Brulard que je n’ai pas lu contrairement à Keisha, une « autobiographie extraordinaire de liberté et d’insolence » un livre sans vanité ni prétention nous dit Fernandez contrairement à Chateaubriand et Flaubert, ces deux là il ne les aime pas beaucoup.
J’ai aimé l’accent que Fernandez met sur le style de l’auteur, sur son admiration pour des peintres ou des auteurs peu reconnus à l’époque mais qu’il défend parce qu’il les apprécie.
J’ai aimé l’explication qu’il donne devant la vie amoureuse catastrophique de son héros « Il avait sans doute la passion des conquêtes, des débuts, beaucoup moins celle des relations inscrites dans la durée. Et il était trop libre pour envisager de se marier. Il ne vécut en ménage que quinze jours dans sa vie. »
J’ai découvert la passion de Stendhal pour Shakespeare que j’ignorais.
Bref à travers les articles de ce dictionnaire c’est un homme à l’intelligence étincellante, à l’humour parfois un peu lourd, à l’anticléricalisme notoire, à la liberté totale face aux conventions, à une indifférence totale aux modes de son temps que l’on découvre.
Un dictionnaire pour les amateurs de Stendhal et ceux qui veulent faire mieux connaissance
Le livre : Le Dictionnaire amoureux de Stendhal - Dominique Fernandez - Editions Plon
J’aime bien la collection des Dictionnaires amoureuxet j’attendais patiemment que quelqu’un nous propose un dictionnaire de Montaigne.
Voilà c’est fait et avec André Comte-Sponville ce qui est pour moi gage de qualité car ce talentueux philosophe est plein d’admiration et de ferveur pour le gascon.
Vous allez me dire que j’ai déjà lu des biographies, des essais sur Montaigne, oui mais voilà je ne m’en lasse pas donc hop le dictionnaire prend place sur mes étagères.
Dans son livre : Education philosophique et dans une interview, l’auteur dit : « Bizarrement je n’ai jamais eu aucun cours sur Montaigne durant toutes mes études ».
Avec ce dictionnaire André Comte-Sponville se fait un devoir et un plaisir de vous convaincre que lire Montaigne « c’est rencontrer un ami » car l’auteur des Essais est« Un type extrêmement attachant »
D'autres dictionnaires amoureux
Les Essais sont portés par une écriture éblouissante dit André Comte-Sponville même s’il reconnait que Pascal sur des sujets identiques est plus percutant, mais voilà Pascal ne possède pas le côté ondoyant, sinueux, souple de Montaigne qui l’enchante. Il révère la liberté de pensée de Montaigne, une pensée bien audacieuse pour l’époque et aujourd’hui encore bonne pour nous lecteur. « Montaigne n’appuie jamais: il dit ce qui lui vient dans l’instant, comme cela vient, dans la vivacité, la légèreté, la fragilité de l’improvisation, quitte à y revenir plus tard, à changer d’avis peut-être. »
Ce qui rend ce dictionnaire si plaisant c’est le talent avec lequel l’auteur sait rendre simplement tout la richesse de pensée de Montaigne, sait nous le faire approcher très intimementet nous propose d’en faire notre compagnon de route, un voisin et ami pour notre propre pensée.
Il ne se lasse pas de nous dire à quel point Les Essais peuvent nous apprendre à penser, à douter mais surtout que « Montaigne nous apprend à aimer la vie telle qu’elle est, imparfaite, mortelle »
Pour André Comte-sponville, Montaigne nous enseigne le bonheur avec ses limites et c'est avec obstination que Montaigne nous dit « C’est chose tendre que la vie » à condition de vivre au présent, lui qui vivait en un temps de guerres et d’épidémies, le Covid n’est pas si loin, et Montaigne enfonce le clou« Pour moi donc, j’aime la vie. ».
Ce dictionnaire montre bien que pour les lecteurs assidus du philosophe le plaisir de lecture n’est jamais émoussé et que l’on peut après bien des années y trouver encore des sujets d’étonnement.
J’ai bien entendu mes entrées préféréesdans ce dictionnaire
L’âge, oui ce n’est pas la folle gaieté mais j’aime le commentaire que l’auteur fait pour lui même et que je partage totalement, sur la vieillesse, la douleur, la proximité de la mort. « Ses protestations face au grand âge, me font plus de bien que tant de dénégations optimistes ou hypocrites, qui font aujourd’hui florès et me donnent envie de vomir. Trop de sucre, trop de mensonges. Ils font semblant de ne pas vieillir ou d’aimer ça :c’est une marque encore de la vieillesse qui se méconnaît elle-même »
L’entrée Chineun peu surprenante mais comme elle fait intervenir François Jullien le sinologue que j’ai beaucoup lu et aimé, elle m’a passionné, Montaigne le plus chinois des philosophes ?Je vous laisse découvrir pourquoi.
Plus d'une heure d'interview
J’ai aimé l’entrée Admirateurs avec les écrits des amoureux de Montaigne. Vauvenargues voit en Montaigne « un prodige dans des temps barbares »
Goethe admire son « tour d’esprit inestimable et serein »
Stendhal juge que son style est peut-être celui , dans toute la littérature française, « qui a le plus de coloris ».
Flaubertqui s’y connaissait en matière de prose, apprécie lui « le plus délectable de tous les écrivains »Il dit « lisez le d’un bout à l’autre, et quand vous aurez fini, recommencez »
Zola aime « sa fermeté, sa gaieté, son allure libre » En un mot conclut-il « je suis son disciple, son fervent admirateur »
Parlant de Montaigne Tzvetan Todorov disait « qu’il était celui qui a lu tous les Anciens et que tous les Modernes ont lu. »
Orson Wells le déclare son « auteur préféré, le plus parfait écrivain que le monde ait produit »
L’hommage qui touche le plus André Comte Sponville, « est celui en acte de Tolstoï. Lorsqu’il partit pour son dernier voyage, dont il ne devait pas revenir, l’auteur de Guerre et Paix, n’emporta que deux livres :la Bible et les Essais »
La forme du dictionnaire est très proche de la forme de lecture que Montaigne appréciait, le dictionnaire vous permettra de pilloterdans l’oeuvre et la pensée de Montaigne et vous irez « A sauts et à gambades » en compagnie d’un ami.
ce qu'était peut-être sa bibliothèque
André Comte-Sponville dit dans une interview que« c’est le plus libre des esprits libres. C’est peut-être bien le plus grand écrivain français » montrant par là la modernité de Montaigne quatre siècle après sa mort, il est sensible à un Montaigne qui reste « humain dans une époque inhumaine »
Le livre: Dictionnaire amoureux de Montaigne - André Comte-Sponville - Editions Plon
Une fois n’est pas coutume je vous livre mes impressions alors que je n’ai pas terminé le bouquin, ceci dit c’est un peu normal pour un dictionnaire.
Ici pas de guide de l’histoire romaine, pas de leçon de littérature, plutôt un ensemble varié et personnel pour « exprimer mon adhésion, mon amour, pour le monde romain, tout en gardant une grande rigueur historique. » dit Xavier Darcos.
300 entrées possibles vous comprenez que c’est pour moi l’occasion de lire « à sauts et à gambades » Je n’ai pas encore tout exploré mais ce que j’ai lu m’a plu.
La plupart des articles sont courts, ce n’est pas une leçon mais plutôt une invitation à aller ensuite en savoir plus, à fouiller les bibliothèques, à lire des BD, manifestement l’auteur connaît toutes les BD qui ont trait à Rome ! Voir ou revoir les séries télé ou les péplums incontournables.
La littérature d’abord, je suis allé jeté un oeil sur Virgile, Lucrèce et la nature. Il y a bien sûr du convenu là dedans mais aussi de jolies surprises ainsi un bel article sur les abeilles qui font passer nos ancêtres pour les premiers écolos !!
je me suis attardé sur Ovide dont l’auteur est un spécialiste, je suis fan, et là de fil en aiguille j’ai poursuivi ma quête, Virgile m’envoie voir Géorgiques et ainsi de Métamorphose en Enéïde j’ai refait un tour littéraire à Rome à coup de Carpe diem.
Xavier Darcos invite aussi à lire les historiens, là il faut que je m’y essaie je n’en connais que des extraits. Tite-Live mais surtout Tacite emportent les suffrages de l’auteur. Un article vengeur sur Cicéron que manifestement il n’aime pas et une belle réhabilitation de César en un article très complet et particulièrement intéressant. Mais on croise aussi Agrippine et Néron, Hadrien et son mur, Marc-Aurèle ou Pompée, Cléopâtre et bien sûr Hannibal et ses éléphants.
Rome en série
Dans plusieurs articles les réflexions prennent un tour plus politique et sont fort intéressantes en particulier sur l’identité du citoyen romain par exemple qui pourrait bien inspirer certains de nos candidats.
Il aime aussi tordre le cou à certaines erreurs, je vous recommande l’article sur la décadence et vous serez heureux d’apprendre que les candidats qui ne tenaient pas leurs promesses électorales étaient passibles d’une forte amende ...réjouissant non ?
Nos sommes devenus très pacifiques si l’on songe que la plupart des empereurs sont morts empoisonnés ou trucidés, attention que cela ne vous donne pas d’idées dangereuses !
Vous avez bien compris que j’ai aimé, j’ai aimé les clins d’oeil qui font mêler hier et aujourd’hui, j’ai aimé l’érudition du spécialiste mis à portée du profane, j’ai aimé la clarté, la concision et cet amour des anciens qui « nous ont donné notre lexique, notre droit, nos rites, nos canons esthétiques, nos figures légendaires. »
Vous avez peut être déjà des dictionnaires amoureux sur vos étagère, n’hésitez pas à ajouter celui-là
Le livre : Dictionnaire amoureux de la Rome antique - Xavier Darcos - Editions Plon 2011
Entre débat constitutionnel et crise paysanne avez vous remarqué que cette année est une année Shakespeare? David Cameron, après son chantage à l’Europe, a lancé les festivités et les éditions Plon nous gratifient d’un de leurs dictionnaires.
C’est l’anniversaire de sa mort : le 23 avril 1616, enfin on suppose car vous savez que tous les biographes s’accordent à peu près pour dire que l’on ne sait pas grand chose de sa vie ! On a même des doutes sur son existence...
Alors ? et bien le dictionnaire nous balade de pièce en pièce, vous pourrez participer au casting de certaines comédies et tragédies, tous les acteurs ne sont pas au top !
Au gré des pages on retrouve ses admirateurs, Hugo par exemple, mais aussi ses opposants n’est-ce pas Monsieur Voltaire ?
Déjà égrener les 38 pièces prend du temps, il y a les oubliées et celles qui sont le sommet de l’oeuvre, François Laroque vote pour Le Roi Lear, pour ma part je préfère Hamlet. Le choix est ouvert et au delà des pièces il a laissé des personnages universels : Falstaffle bouffon, Prospero, Juliette ou Desdémone.
Il y bien sûr une entrée Montaigne car « Il semble que Shakespeare en ait été un lecteur attentif, pour ne pas dire avide, tant il y fait allusion dans les pièces comme Hamlet, Mesure pour mesure, le Roi Lear ou la Tempête.»
Plus surprenant une entrée Machiavel, je n’avais jamais remarqué que Richard III parle du « sanguinaire Machiavel »
J Fiennes dans Shakespeare in love
Je vous laisse découvrir à quel point le grand Will est obsédé par les abécédaires, les miroirs, le cheval ...
Bien entendu ce dictionnaire est truffé de citations, de comparaisons et aussi pour les pauvres comme moi qui pâtissent avec la langue de Shakespeare vous avez des explications savantes par exemple sur Nothing « Cette négation est sans doute la plus riche de sens dans l’oeuvre du barde » on la trouve partout jusque dans les Sonnets.
On mesure à quel point fantômes et spectres font partie du monde shakespearien. Je note aussi un rien de misogynie « Sur les quelque mille six cents personnages dénombrés dans l’oeuvre de Shakespeare, on ne compte que deux cent femmes. » Tant pis cela ne m’empêche pas d’aimer la Mégère apprivoisée !
The Royal Shakespeare Theatre and The Swan Theatre on the River Avon.
Beaucoup de détails aussi sur le théâtre de l’époque, les acteurs, leurs liens avec la cour, leurs déboires, leurs succès. Vous vérifierez que le Barde n’était pas antisémite malgré le personnage de Shylock.
Je vous fais grâce de la liste de tous ceux qu’il a influencés, de Dickens à Goethe en passant par Leonard Bernstein, quant à Verdi il en fit son fond de commerce.
Pour les fans vous avez cela
pour des infos détaillées sur les pièces c’est chezClaudialucia qu’il faut aller, elle en a plein sa corbeille ou chezLecture/Ecriture
Et je vous recommande les chroniques d'Eeguab qui a passé une partie de l'été avec Shakespeare au cinéma
J'ai oublié de mentionner les chroniques d'Eeguab qui a passé une partie de l'été avec Shakespeare au cinéma
Le livre : Dictionnaire amoureux de Shakespeare - François Laroque - Editions Plon
Vous avez autour de vous des passionnés de la Russie, de son histoire, de ses écrivains, et de ses poètes. Pour terminer cette année dédiée à ce pays regarder fleurir l’églantier avec Anna Akhmatova.
L’églantier fleurit et autres poèmes - Anna Akhmatova - Traduits par Marion Graf et José-Flore Tappy - Editions La Dogana Une trajectoire de poète qui commence en 1912 avec son premier livre à 1966 l’année de sa mort. Elle est l’ami de Mandelstam, de Joseph Brodsky. Elle traverse deux guerres et une révolution, témoin et victime d’une histoire violente et cruelle, elle chante son pays de tilleuls et de bouleaux, son pays parfois rouge de sang. Elle chante son amour pour un absent le poète Goumiliov, son amour pour sa patrie et la liberté à jamais perdue.
Les tonalités de ses poèmes sont très variées
De l’espoir
Bien du bonheur est dévolu A qui suit librement sa route
A l’amour de la vie
Je fais des vers joyeux Sur la vie éphémère, éphémère et superbe
A l’amour de son pays
C’est le mélilot et l’abeille Poussière, ombre et canicule.
Les rivières bleues
Les saules d’argent
La merveille des tilleuls
A son bien aimé. Son amour perdu avec qui elle ne pourra plus rien partager Un amour toujours présent, amour jusqu’à la douleur, même quand vient la peur, l’horreur « dans un sanglot sans fin »
Il aimait trois choses au monde : Le chant des vêpres, les paons blancs Et les vieilles cartes d’Amérique.
Mais nous vivrons d’un seul amour
Elle est intolérable La douleur du silence amoureux Tout est fini ...Et ma chanson résonne Dans la nuit vide où tu n’es plus.
Automne triste comme une veuve Vêtue de noir, embrume tous les coeurs
La plainte parfois s'élève, cri de souffrance d’une femme et de tout un peuple
Trois ans sans fermer l’oeil Et chaque matin s’enquérir De ceux qui sont morts dans la nuit
A l'heure où s'écroulent les mondes
... ma bouche suppliciée Par laquelle crie un peuple de cent millions d’âmes.
J’étais alors avec mon peuple Là où mon peuple était pour son malheur
Et continuer d’écrire, continuer de vivre
Il faut changer mon âme en pierre, Il faut réapprendre à vivre
Une édition bilingue de neuf courts recueils, du très connu « Requiem » à celui qui donne son titre à l’ensemble « L’églantier refleurit ». Un livre qui rend un bel hommage à Anna Akhmatova, une très belle traduction et une élégante présentation font de ce livre un cadeau pour tout amateur de poésie.
« Comme on se rappelle facilement la date et le cadre de nos premières lectures ! Le souvenir de certains livres est lié à une maladie, d’autres au mauvais temps, à une punition ou à une récompense. Le monde intérieur et le monde extérieur se fondent dans ces souvenirs. Et ces lectures sont véritablement des évènements de notre vie. »
« J’avais naturellement entendu de la façon dont Montaigne s’était retiré de la vie active, dont il se consacrait aux livres , de la vie calme et rangée qu’il menait, si riche si profonde. Voilà un homme dont on pouvait dire qu’il possédait une bibliothèque ! »
Combien de fois nous arrive-t-il en feuilletant un livre lu il y a longtemps, de tomber sur des passages dont chaque mot éveille un écho brûlant, inoubliable. »
Le Livre : Les livres de ma vie - Henry Miller - Editions Gallimard