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Rechercher : Le royaume

  • Les Chaussures italiennes - Henning Mankell

    Les Chaussures italiennes - Henning Mankell - Traduit du Suédois par Anna Gibson - Editions du seuil
    chaussures italiennes.gifMankell bien entendu ça vous dit quelque chose, la Suède et les enquêtes du commissaire Wallander, mais aujourd’hui ce n’est pas au royaume du polar que Mankell nous emmène.
    Non aujourd’hui c’est sur une île de la Baltique propriété de Frederik Welin que l’auteur nous transporte. Etre propriétaire d’une île ce n’est pas donné à tout le monde, et ce Frederik là est un curieux personnage.
    Il vit seul depuis dix ans, prisonnier volontaire sur cet îlot, avec pour seule compagnie un chien et un chat, les mouettes, la glace, le froid et de temps à autre le facteur qui fait sa tournée hivernale en hydrocoptère.
    Chirurgien dans une autre vie cet homme est venu se terrer ici après une bavure médicale. Il expie jour après jour, pour se sentir encore vivant il casse chaque matin la glace et saute dans l’eau glacée.

     

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    L'ile doit ressembler à ça

    Un matin rompant la monotonie des jours une femme fait son apparition sur l’île,  Harriet abandonnée par Frederik plus de trente ans auparavant vient demander des comptes. Armée de son seul déambulateur car son état de santé est bien précaire, elle va changer la vie de Frederik de façon définitive en le lançant dans une traversée de la Suède en hiver digne des meilleurs road movies américains.

    On est pas auteur de romans policiers sans que cela influence très fort l’écriture, Henning Mankell détient le secret du suspense et met ici son talent au service d’une histoire sensible, belle, sombre et mélancolique, mais pleine d’optimisme.
    C’est un très belle leçon de vie que nous donne l’auteur qui manifestement croit à la rédemption, à la force des rencontres, aux liens entre les êtres humains. L’évocation d’un pays plongé dans l’hiver, les brouillards, les froidures, est superbe.

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    A lire accompagné d’une boisson chaude pour se réchauffer après le bain sous la glace

  • Georges de La Tour - Jacques Thuillier et Pascal Quignard

     Il fit de la nuit son royaume 

     

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    Que diriez-vous de passer par la Lorraine pour un voyage artistique ? 

    Jacques Callot est lorrain, Claude Gelée aussi d’où son nom mais surtout, surtout, Georges de La Tour est lorrain.

     

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    Le Vielleur - Musée des Beaux Arts de Belgique

     

    A l’origine ce tableau comprenait aussi un violoniste, La Tour a traité plusieurs fois ce thème et l’on retrouve un Vielleur au ruban au musée du Prado

     

    Question biographie c’est assez vite résumé, on ne sait pratiquement rien de lui. Enfin j’exagère un peu, on sait qu’il est né à Vic où il a passé pas mal d’années et Jacques Thuillier insiste « on ne dira jamais assez que La Tour n’est pas un artiste français » car à l’époque c’était un territoire appartenant aux Ducs de Lorraine et son destin s’en trouva marqué.

    Il fit un apprentissage dont on ne sait rien. On suppose qu’il fit le voyage à Rome un incontournable pour les peintres de cette époque mais rien ne le confirme sauf qu’à Rome vivait une société importante de lorrains.

    Retour en Lorraine et mariage avec Diane qui lui servira parfois de modèle.

    Jacques Callot illustrera la guerre et la peste qui chassent Georges de La Tour de Vic.

     

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    Jacques Callot Les Misères de la guerre

    Il s’établit à Lunéville sous la protection des Ducs de Lorraine, le duché est terre de la contre-réforme et les sujets religieux seront à l’honneur.

    Peintre très réaliste à ses débuts il n’est pas un peintre de la nature et celle-ci est absente de ses tableaux. 

    Puis son inspiration le portera vers le travail de la lumière et les toiles nocturnes dont on pouvait croire les flamands comme seuls maîtres. 

    Mais il peint aussi des tableaux diurnes comme La Nativité ou l’adoration des bergers.

     

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    « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises.Pascal Quignard » 

     

    Il meurt à Lunéville et ....sombre dans l’oubli jusqu’en 1863 où on le « redécouvre ». C’est sans doute l’exposition de 1972 qui le fit connaitre mieux de grand public.

     

    Le livre de Jacques Thuillier est parfait pour connaitre un peu mieux le peintre et le situer dans son époque. On comprend bien son parcours et les reproductions sont de très bonne qualité. J’ai acheté ce livre d’occasion pour très peu cher et je ne regrette pas mon achat.

     

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    Saint Jacques

    Mais pour entrer dans le secret des tableaux de Georges de La Tour la compagnie de Pascal Quignard est parfaite. Il nous le montre obéissant aux leçons du Caravage.

    Il a une manière bien à lui de délivrer les secrets du peintre et d’interpréter ses tableaux. C’est lui qui dit « Il fit de la nuit son royaume » « Les oranges et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises. » 

    Ou encore « Georges de La Tour élut la vie quotidienne la plus simple, la plongea et la simplifia encore dans la nuit, pour la revêtir du reflet de grandeur qu’est la luisance, la couche de lumière. »

     

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    « c’est le maître des nuits. C’est le maître des regards tournés en dedans. C’est le maître des paupières baissées. »

     

    Pour Pascal Quignard Georges de La Tour est LE baroque janséniste, ses personnages « sont immobiles, divisés entre la nuit où ils s'élèvent et la lueur qui les éclaire en partie. Surgissant dans l'ombre, touchés par un fragment de lueur, ils tiennent en suspens un geste incompréhensible »

     

    A vous de choisir : Jacques Thuillier pour la précision et l’étude complète, Quignard pour la beauté des mots alliée à la beauté des oeuvres.

     

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    Les livres

    Georges de La Tour - Pascal Quignard - Editions Flohic 1991

     

    Georges de La Tour -  Jacques Thuillier - Editions Flammarion 2002 et 2013

  • Tour du monde : Escale en Inde et au Népal


    "Je crois qu’on devrait s’en aller quelque part cet hiver"

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    Bus indien


    Un conseil
    « Le voyage vertigineux en bus est fort honorable, certes, mais la vitre d’une fenêtre vous sépare, laisse vos sens en jachère. A ces lois de la vie qui jamais encore ne furent écrites devrait être ajouté, pour tout adulte, un an de marche à pied en pays étranger. En tant qu’exercice d’attention, de confiance, de tolérance. »

    Une rencontre : Choegyal Tulku moine dont la famille a été massacrée par les Chinois
    "L'artiste offre du thé au jasmin et des pommes. Une simple branche d'amandier en fleurs dans un verre. La propreté du plancher, les traits nets de son visage, le frôlement délicat de ses mains, la langue qui effleure le monde sans égratigner ni blesser. Au bout d'un long moment seulement, nous remarquons qu'il pleut toujours dehors car, ici, à l'intérieur, tout est lumière. La distance entre la branche en fleurs et l'odeur du thé donne de la lumière. La distance entre la pomme dans sa main et l'éclat de son vêtement rouge. La simplicité. Il est un lama tibétain, assis très immobile et qui sourit."

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    Monastère au Népal

    Les lieux
    De Delhi au Népal du Râjasthan à la Suéde.

    Les hommes
    Amateur d’oiseaux, artistes, artisans, intouchables, moines dans un monastère, dissidents politiques, journalistes ou simplement amis.

    La nature
    Grues des neiges en voie de disparition,  antilopes bleues, et " forêts hérissées de termitières et peuplées de geais bleus "

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    Tout est proximité à Göran Tunström, les hommes et femmes rencontrés « Je n’ai jamais cessé d’être fasciné par ce qui se cache sous les visages de tous les jours. Quels royaumes ! Quelle lumière ! Nous ne sommes jamais ce que nous semblons être  »

    En conclusion
    "Marcher sur terre, c'est découvrir avec quelle indécence la vie est brève "


    Le livre : Partir en hiver - Göran Tunström - Editions Actes Sud - 1988 (disponible)

  • La présence - Kathleen Raine

    La Présence - Kathleen Raine - Traduit de l’Anglais par Philippe Giraudon - Edition Verdier (édition bilingue)
    lapresence.gifUne poésie toute de spiritualité et de sagesse, Kathleen Raine a puisé largement dans les images de son enfance pour voir la beauté en toute chose.
    La plupart de ses oeuvres sont aujourd’hui indisponibles en français et c’est pourquoi ce recueil m’est particulièrement cher



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    Néanmoins ce néant est tout
    Cet inépuisable
    Trésor d’apparences,
    Le merle qui chante,
    La pluie qui commence à tomber,
    Les feuilles qui verdoient
    L’arc en ciel qui se montre,
    Réalité ou rêve
    Quelle différence ? J’ai vu




    Ancolies.JPGAncolies Bleues
    Brûlant d’un sombre
    Feu, mystère
    Allumé de graine en graine,
    De jardins en jardins, de printemps en printemps
    Indigo
    Ombre illuminée
    S’enflammant à midi, couleur de ciel nocturne
    Des sept rayons le plus intense
    Solennité de la cathédrale bleue splendeur
    D’entrailles, secrets ombrage,
    Embrasées dans mon dernier jardin, profonde
    Rumeur du lointain, de l’au-delà.

     

     

    Joie
    Ce matin sur le ciel clair
    Les brindilles du sycomore sans feuilles
    s’agitent doucement
    Dans l’air glacé

     

    L’auteur
    raine.jpgKathleen Raine est née en 1908 à Londres. Son autobiographie Adieu prairies heureuses, Le Royaume inconnu, La Gueule du Lion et ses poèmes (Isis errante, Sur un rivage désert, Le Premier Jour) lui ont valu, en France et à travers le monde, l’attention d’un vaste public. Son œuvre s’inscrit dans l’héritage spirituel de Blake et de Yeats, auxquels elle a consacré de nombreux essais, elle porte aussi l’empreinte de sa longue fréquentation des sages de l’Inde, Kathleen Raine donne avec La Présence une magistrale synthèse de son expérience poétique. Ce livre paru en Angleterre en 1987 est, à ce jour, son avant-dernier recueil de poèmes. (source l’éditeur)

    photos L'ancolie de chez Ballades photographiques et le merle est prêté par un ornithologue

  • Bribes provençales

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    « Ma douce, vive, exquise Provence. La parfumée, la bondissante, même quand elle dort ; la sage et la prudente, même quand elle est folle ; si intelligente, si sensée ; rieuse même dans le sérieux, et sérieuse dans le rire »

    « Qui ne pense pas au vent ne peut penser Provence. Elle est le royaume du mistral. Et son roi a bien le nom du maître. Elle est toute à lui, et il la régit toute, corps, âme et biens. »

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    « La terre de Provence, pleine de sel et d’esprit, donne à la vie une forme si heureuse que tout excès s’en élimine ; et comme le mistral, le rire emporte les miasmes. »

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    « Avec Sienne, Avignon est la plus belle des petites villes. Sienne est plus féminine, Avignon, plus virile. Sienne a bien plus d’art, Avignon plus de vie. A l’arrivée, Avignon flambe dans le couchant. Dans les petites rues au fleuve, que de femmes belles, brûlantes, éblouissantes.
    J’aime et je redoute Avignon. »

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                                        Les Alyscamps  Van Gogh

    « Je les ai vues dans le bleu du printemps, et le chant des oiseaux. Puis, dans le temps gris d’automne, et les allées toutes pleines de feuilles mortes, toutes bruissantes. Le vent de la mer les agitait et jouait de la harpe sur ces cordes cassées. Toutes ces feuilles sont couleur de terre, grises et déjà poussière, ou déjà tavelées de brune pourriture ; rares sont les feuilles jaunes, et pas une n’est d’or. »

     

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    « Les Baux sont, au milieu, le vrai cœur de la Provence. Les Alpilles sont belles comme une ode souriante de Pindare, comme un chœur d’Eschyle.
    Les Alpilles sont les plus belles montagnes que je sache avec les monts Albains, pour moi, qui ne dois point voir l’Attique, le Pentélique ni l’Hymette.
    Les Baux tiennent les orages en suspens ; ils dispersent les pluies, et ils lancent sans cesse le mistral et la lumière. »

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    Le livre : Provence - André Suarès - Editions Edisud

  • En la forêt de longue attente - Hella Haasse

    En remontant les siècles : an 1394...

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    Après un concile vengeur, une reine au pied trop grand, voici le prince poète.
    Comme pour la troisième fois je vous embarque dans un roman historique il est juste que je vous donne un coup de pouce. Je vais jouer le Petit Mourre

    La méchante Isabeau de Bavière qui livre la France aux anglais, les Armagnacs et les Bourguigons, Azincourt et Henry V et bien entendu la Pucelle d’Orléans...Vous y êtes ? mais si ...cent ans...la fameuse guerre ....Ah je vois votre oeil s’éclairer, suivez moi.

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                                             Isabeau entrant dans Paris parJean Fouquet

    1394 le XV ème siècle va s’ouvrir. c’est la date de naissance de Charles d’Orléans prince des poètes et roi de la mélancolie. Vous me direz que vient-il faire ici ? Et bien sa vie est totalement liée à cette fameuse guerre de cent ans.

    Par son père d’abord Louis d’Orléans, poète lui même, grand séducteur devant l’éternel et soucieux du bon état du royaume de France qui est hélas aux mains de son frère Charles VI atteint de démence, c’est de fait sa femme qui gouverne la fameuse Isabeau dont Louis fera sa maîtresse pour le bien du royaume bien entendu.

    Vous l’avez compris ce n’est pas l’enfance de tout le monde. Heureusement pour Charles d’Orléans sa mère Valentine Visconti, l’aime et le soutient, avec elle il explore le monde de la musique, des livres et des poètes.

    Cette mère toute d’amour est pourtant accusée de vouloir la mort du roi et est donc renvoyée sur ses terres loin de la cour. Lorsqu’elle meurt Charles a douze ans et le voilà propulsé à la tête de la famille d’Orléans.

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    Il partage ses jeux avec son demi frère Dunois, un rien bâtard mais promis à un bel avenir comme compagnon d’armes de Jeanne d’Arc !
    On lui trouve une épouse, elle a déjà un long parcours puisque mariée au roi d’Angleterre, Isabelle est aujourd’hui une toute jeune veuve et mourra très jeune en donnant à Charles une fille.


    Une époque difficile toute de combats perdus, de serments non tenus, de traîtrise. Les temps où la noblesse française ne luttait pas pour le bien du royaume mais pour augmenter ses possessions, enrichir ses domaines !
    Que peut faire dans ce milieu un jeune homme épris de poésie, de douceur et de calme ? Qui rêve de troubadours et de trouvères et qui doit prendre les armes contre son gré ?
    Il erre dans cette « Forêt de longue attente » qu’en son temps son père déjà avait arpentée. Un lieu imaginaire qui le tient à l’abri de la violence, des guerres civiles et de la mort.
    Mais l’histoire le rattrape et lors de la bataille d’Azincourt il est fait prisonnier. Prisonnier il le restera 25 ans ! otage attendant le paiement d’un rançon que personne n’est pressé de payer.

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    Henry V à Azincourt (Lawrence Olivier)

    Pendant toutes ces années la poésie sera sa fidèle compagne. « En regardant vers le pays de France »  une poésie qui porte le souvenir de ce prince jusqu’à aujourd’hui, une oeuvre véritable née dans les geôles anglaises.

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    La tour de Londres - British Muséum

    Si vous voulez cheminer aux côtés de ce prince poète suivez Hella Haasse, elle restitue à merveille la dureté de l’époque. Elle retrace avec un talent fou la vie de ce prince né à Amboise et mort à Blois qui dut se dépouiller de tous ses biens pour retrouver la liberté.
    Qui fut toujours du côté des plus humbles, qui croisa François Villon et ses « frères humains » et qui arpente encore cette forêt de longue attente.

    Un grand roman historique, magnifiquement écrit et traduit, un roman riche et ample qui prendra place dans votre bibliothèque.

    L'avis de ClaudiaLucia et son billet où vous trouverez une galerie de portraits

    Le livre :  En la forêt de longue attente - Hella S. Haasse - Traduit du néerlandais par Anne Marie de Both -Diez -  Editions du Seuil 1991 ou Points Seuil
    Les poèmes de Charles d’Orléans Gallimard Poésie


    Quelques poèmes de Charles d’Orléans

    En la forêt de Longue Attente
    Chevauchant par divers sentiers
    M'en vais, cette année présente,
    Au voyage de Desiriers.
    Devant sont allés mes fourriers
    Pour appareiller mon logis
    En la cité de Destinée ;
    Et pour mon coeur et moi ont pris
    L'hôtellerie de Pensée.

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    Les très riches heures du Duc de Berry



        Le temps a laissé son manteau
        De vent, de froidure et de pluie
        Et s'est vêtu de broderie,
        De soleil luisant, clair et beau.

        Il n'y a bête ni oiseau,
        Qu'en son jargon ne chante ou crie:
        "Le temps a laissé son manteau!"
        De vent, de froidure et de pluie

        Rivière, fontaine et ruisseau
        Portent en livrée jolie,
        Gouttes d'argent, d'orfèvrerie,
        Chacun s'habille de nouveau
        Le temps a laissé son manteau.