Après quelques brindilles pour vous appâter voici le complément.
La Grèce d’autrefois, la Grèce mise en scène par la famille Durrell. Une bonne façon de retrouver les paysages, les personnages que l’on a croisé dans des livres, de jouir d’un pays magnifique assez loin des mots comme dette ou austérité
« La petite baie est d'une perfection à vous couper le souffle : c'est une sublime conspiration de lumière, de bleu et de cyprès ».
En choisissant de lire ou relire ces trois livres je savais ce que je faisais, passer de la poésie des paysages au rire de situations cocasses, au bonheur de croiser les habitants des îles de Corfou ou de Rhodes, d’y puiser un brin d’histoire mais surtout d’y sentir la chaleur du soleil, le parfum de myrtes et les divagations des frères Durrell.
Satanés frères Durrell © Loomis Dean/Time Life Pictures/Getty Images
De savants mélanges dans ces trois livres. Vous pourrez passer des mythes antiques à des bestioles bien vivantes, faire le grand écart entre la prose de Lawrence et le ton joyeux et irrévérencieux de Gerald.
Gerald au temps de Corfou
Lawrence préfère le ton journalistique, un peu sérieux, bien documenté, agrémenté des conversations avec les uns et les autres, de bouts de correspondance avec des amis, les tribulations des statues des saints locaux, de baignades au clair de lune, de tapis de fleurs sauvages, de vergers magnifiques et de vignes séculaires.
Henry Mille rendit visite à Durrell à Corfou et en fit un livre : le Colosse de Maroussi
Lawrence imagine l’île de Corfou comme le repaire de Prospéro, le Prospéro de la Tempête, vérité ou invention ? Allez donc le demander aux autres occupants, Tibère ou Homère, enfin s’ils acceptent de vous parler.
Lawrence occupe une villa à Kalami avec sa femme, havre où il espère trouver l’inspiration et être à l’abri des bestioles que son damné petit frère rapporte avec régularité dans la maison occupée par le reste de la famille.
« Là poussent de grands arbres florissants, poiriers, grenadiers, pommiers aux fruits éclatants, figuiers domestiques et luxuriants oliviers. »
Le Jardin des Dieux n’avait jamais été traduit, quel manque ! Toute la magie de Corfou est condensée dans ces pages, magie d’une île, magie de l’enfance.
Car pendant que le grand frère Lawrence s’échine à écrire, Gerald qui n’a qu’une dizaine d’années s’en donne à coeur joie grâce à Theodore Stephanides un ami de Lawrence qui va prendre Gerald sous son aile et transformer pour lui Corfou en un terrain de jeu extraordinaire et fascinant.
« Par ailleurs, j’imaginais sans mal la réaction de Larry (Lawrence Durrell) à l’idée d’un vautour dans la maison »
On peut dire que c’est ici que s’est forgée son âme de biologiste.
Je vous engage à suivre Sally l’ânesse sur les chemins, prendre place à bord de l’embarcation de Gerald avec chien et hibou. Un brin d’entomologie, un rien de biologie marine et toc voilà l’éducation du jeune boy qui prend forme d’autant que Lawrence, bien que parfois victime des facéties du gamin, scorpion et serpent sont de la partie, initie son frère aux livres important comme ceux du naturaliste Jean-Henri Fabre.
Le décor de Vénus et la mer à Rhodes
Ces diables de Durrell ont réellement la bougeotte et quelques années plus tard Lawrence va travailler à Rhodes, l’occasion pour nous d’y faire un voyage dans le temps,
Plus historique le livre est tout à fait passionnant.
Voilà une trilogie bien sympathique et si comme moi vous n’avez jamais fait le voyage en Grèce cela vous permettra au moins d’en rêver.
Les Livres
L’île de Prospero - Lawrence Durrell - Editions Le livre de poche
Vénus sur l’île - Lawrence Durrel - Editions Le livre de poche
Le Jardin des Dieux - Gerald Durrell - Editions La table ronde