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  • Grossir le ciel - Franck Bouysse

    Un bon petit roman noir grâce auquel d’un seul coup je me suis sentie transportée au pays de l’Epervier de Maheux, au fin fond des Cévennes.

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    C’est un lieu dit : les Doges. Deux hommes vivent chacun dans deux fermes très proches, il a Gus qui a passé sa vie dans cette ferme isolée en compagnie de son chien Mars et il y a Abel, plus vieux que Gus et son presque ami, ils se prêtent un peu de matériel, ils boivent la goutte ensemble mais ça s’arrête là parce que leurs familles ont toujours été en bisbille et que cela ne s'efface pas si facilement.

    Les relations entre les deux hommes se mettent subitement à changer, Gus se sent un peu menacé sans savoir pourquoi, le lecteur aussi perçoit le changement et d’un seul coup la nature elle même devient angoissante.

     

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    Il y a une grande habileté dans le récit, la vie fruste de ces deux hommes est parfaitement mise en scène, l’auteur distille juste ce qu’il faut pour que le contour des personnages change peu à peu, qu’y a t-il sous la carapace de ces deux là ? 

    L’hiver est parfait dans cette contrée : froid, gel, neige, solitude, juste ce qu’il faut pour ajouter encore à l’angoisse à côtoyer ces deux taiseux.

     

    Je vous laisse jouir de ce roman que j’ai trouvé excellent, il est de la famille du Vampire de Ropraz de Chessex ou de Colline de Giono.

     

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    Le livre - Grossir le ciel - Franck Bouysse - Editions La Manufacture des livres

  • le coeur de l'hiver

    Février le coeur de l'hiver

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    je vous propose un petit roman noir dans un pays de froidure et pour ceux qui ont le goût de l'aventure, une balade dans le froid et la neige sur près de 4000 km et enfin un roman au nord du nord

    Vous êtes prêts ? 

  • Annabel - Kathleen Winter

    Après deux livres autour de l'enfance restons y pour un livre encore.

    Qu'arrive-t-il quand un enfant n'est pas comme les autres ?
    Sur un sujet difficile une vraie réussite littéraire.

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    Je ne peux pas dire mon plaisir mieux que Marine Landrot sur Télérama : 

    « Un livre cher qu'on partage avec les personnes dignes de confiance, qui auront interdiction d'exprimer la moindre déception sous peine de vous blesser déraisonnablement. Annabel fait partie de ceux-là »

     

    Dieu que le sujet était difficile pourtant ! Né(e) en 1968 au fin fond du Labrador, l'enfant n’est ni fille ni garçon, mais les deux à la fois. Relisez les Métamorphoses c'est ce qu'on appelle l'hermaphrodisme.

    Le secret n’est partagé que par trois personnes, Thomasina qui l’a aidé à venir au monde et ses parents. 

    Une décision est prise, ce sera un garçon que ses parents appellent Wayne mais que la mère en secret nomme Annabel

    Séjour à l’hôpital et traitement hormonal à vie voilà le lot de Wayne jusqu’à ce qu’à ce que la personne qui tente de s’épanouir derrière ce prénom brise conventions et tabous pour tenter de devenir une personne assumée, désirable, indépendante. 

     

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    C’est chez In Cold Blog que j’ai vu le livre et depuis je m’étais promis de le lire; rien ne pressait et je l’ai ouvert je dois le dire avec un préjugé favorable, mais mon plaisir de lecture est allé bien au-delà. 

    C’est un roman splendide et qui ne s’en tient pas à un sujet un peu hors norme, les liens familiaux, les relations parents/enfants, l’idéal que les parents rêvent pour leurs enfants, l’adolescence, tout est traité magnifiquement jusqu’à la nature de ce Labrador si dur de climat et qui fabrique des hommes et des femmes comme Treadway et Jacinta.

    Il faut un talent très sûr d’écrivain pour parvenir à toucher les lecteurs, les faire s’interroger sur leurs attentes, leurs a priori , leurs angoisses face à la différence. 

    C’est plus que réussi alors accordez lui une place dans votre bibliothèque

     

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    Le livre : Annabel - Kathleen Winter - Traduit par Claudine Vivier - Editions Christian Bourgois

  • Intempérie - Jesús Carrasco

    Il fait partie des romans de cette rentrée de janvier et répond à mon envie de me tourner un peu plus vers la littérature espagnole.

     

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    Oubliez l’hiver et sa froideur, le roman nous installe sur un plateau pelé sec et poussiéreux.

    La sécheresse prolongée a vidé les villages, sous le couvert des buissons un enfant se terre, il a fuit droit devant pour échapper aux adultes qui le poursuivent et que l’on devine immédiatement violents.

    S’il est repris la punition sera terrible « Lui revint à l’esprit l’image du père empressé et servile en compagnie de l’Alguazil »

    Dans sa fuite désespérée l’enfant croise la route du vieux chevrier.  Celui-là connait les  astuces pour survivre, les points d’eau et partage ses provisions. « Comme oreiller, le vieux avait installé sa bardelle rembourrée de paille de seigle. Le garçon y posa la tête avec précaution, et s'installa du mieux possible sur la laine râpeuse

     

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    Les liens se tissent, l’enfant reste en retrait mais pour supporter la faim, la soif et la peur il va devoir faire confiance au vieux berger. Il va apprendre à harnacher le baudet, à rassembler le maigre troupeau de chèvres, à trouver les sources.

     

    Une intrigue minimaliste et pourtant le récit est riche. On sent la chaleur, on a la bouche sèche avec un goût de poussière, on sent l’odeur du lait chaud de chèvre. Le rythme est inexorable, pas de retour en arrière possible, l’obligation d’avancer, de fuir. 

     

    J’ai tout aimé dans ce roman : le ton, le rythme, l’écriture sèche et précise, les dialogues laconiques. La violence sous jacente qui refait soudain surface. 

    Sandrine a aimé aussi ce roman par contre je n’y ai pas senti pour ma part de trace de roman un peu apocalyptique. 

    J’ai surtout pensé à ces personnages plein de dignité qui font face à l’adversité.

    J’ai pensé aux romans de Miguel Delibes 

     

     

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    Le livre : Intempérie - Jesús Carrasco - Traduit par Marie Vila Casas - Editions Robert Laffont