D’après Pétrarque Valle che de'lamenti miei se'piena...
Rivière qui grossis de mes larmes amères,
les oiselets des bois pourraient le narrer
et les bêtes sensibles et les poissons muets
que l'une et l'autre rive de verdure enserrent ;
La rivière de Pétrarque
Val encore murmurant de mille serments brûlants
et lacis de sentiers émaillés d'herbes folles,
blocs d'un amour fort, durcis avant le temps,
fissures de la terre sur les pentes escarpées,
Rivière russe - Tableau d'Ivan Konevskoï
ainsi sans remuer branle l'inébranlable
et je branle de même... tel au cœur du granit
sourd le chagrin, sur fond de joies anciennes
où je cherche les traces du beau et de l'honneur
évanouies, comme le faucon après la mue
abandonne sa dépouille sur la terre nue.
Le livre : Nouveaux Poèmes - Ossip Mandelstam - Traduit par Christiane Pighetti - Editions Allia
Commentaires
"Je cherche les traces du beau et de l'honneur évanouies"... Mélancolie très actuelle... Bon dimanche, Dominique.
sa mélancolie était souvent teintée de colère
Bien bien... Tu penses bien que je ne connais que le nom.
je m'en doute oui
Ah, magnifique ! Illustrations et mots enchanteurs, quelle belle énergie tu nous offres en ce matin, merci Dominique. Bises ensoleillées. brigitte
l'énergie d'un homme énergique
Combien de larmes amères pour faire une rivière?
une fontaine sans doute
Tu ne peux pas savoir comme ce "branle l'inébranlable" me touche. Splendide poème. Merci à toi !
mais parfois même l'inébranlable doit plier hélas
J'ai cru lire Pétarque et voir la fontaine du Vaucluse au début !
c'est ça : Mandelstam était amoureux de Pétrarque et de sa villégiature
Mille serments brûlant...et fissurés.
Coule l'eau sur une terre durcie, que ces parallèles ont forts et beaux, merci!
c'est une poésie magnifique
hum..."sont forts"...c'est mieux.
Je ne le connais pas mais tu me tentes encore une fois !
Merci pour ces images !