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La Perle - Douglas Smith

laperle.gifLa Perle - Douglas Smith - Traduit de l’Anglais par Geneviève Brzustowski - Editions Autrement
C’est dans la Russie de Diderot et de Voltaire que je vous propose de voyager, la Russie impériale, celle de Catherine II.
Ce livre pourrait être un grand roman historique à la Dumas et pourtant l’histoire qu’il raconte est bien réelle et le livre est le fruit du travail d’un historien.

Le 27 Février 1803 un carrosse funèbre parcours les rues de Saint Pétersbourg jusqu’ au monastère Alexandre Nevsky. Là est inhumée une jeune femme qui vient de mourir de tuberculose peu après avoir donné je jour à un enfant. 
Cet enfant est l’héritier de la famille la plus riche de Russie, son père est Nikolaï Cheremetiev et sa mère dite " La Perle" est née sur le domaine de Kouskovo, dans une isba, son père est l’un des serfs de la famille Cheremetiev.
La Perle nous conte les amours illicites et le mariage secret du Comte Nikolaï Cheremetiev , le plus riche aristocrate de son temps et de Praskovia Kovalyova la plus grande Diva d’opéra de l’époque.

Nikolaï Cheremetiev est né en 1751, quand je vous ai dit qu’il était riche j’étais en dessous de la réalité, la famille Cheremetiev possède 210000 serfs soit l'équivalent de la population de Moscou à l'époque, ses terres s'étendent sur 800 000 hectares. Comparativement à beaucoup de propriétaires sur ses domaines les serfs sont correctement traités, nourris, ne sont pas soumis à des châtiments corporels et peuvent parfois acheter leur liberté.
Parmi leurs propriétés deux domaines magnifiques : Kouskovo et Ostankino près de Moscou.
Son ami d’enfance est le Grand Duc Paul, futur Tsar, lorsqu’il donne une fête au domaine de Kouskovo toute la noblesse russe est là et parfois même l’Impératrice. Il est un des hommes les plus cultivés de sa génération, mais il est plus à l’aise sur son domaine qu’à la cour. Musicien accompli il rêve d’un palais dédié aux arts, sa fortune lui permet de réaliser certains de ces rêve.
Comme d'autres nobles  à l'époque, le comte Cheremetiev crée sa propre compagnie de théâtre, une troupe au complet : acteurs et actrices, chanteurs, danseurs et musiciens composé de ses serfs, tous formés dans sa propre école.
Toute la noblesse russe et européenne est invitée à entendre des opéras dans son théâtre. C’ est ainsi que Praskovia devint célèbre.

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Le Domaine de kouskovo au temps de La Perle

Elle n'avait que sept ans lorsqu’elle fut retirer à sa famille, un couple de serfs vivant sur le domaine, elle fut éduquée, elle appris des langues étrangères, la comédie et le chant pour former une voix prometteuse.
Elle fait ses débuts dans un opéra à l'âge de dix ans.
En Juin 1787 lorsque la Grande Catherine est en visite à Kouskovo elle très émue par La Perle nom de scène de Praskovia, elle lui fit cadeau d’une bague splendide. Célèbre ou pas elle n’en reste pas moi la « propriété » du comte une femme asservie.
Elle devient très jeune la maîtresse de Nikolaï, pratique habituelle bien éloignée d'un sentiment romantique mais la liaison va se transformer en amour véritable.

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Praskovia La Perle

Il est hors de question pour un noble à l’époque d’épouser une serve, si la liaison est parfaitement admise, le mariage ferait scandale, pendant des années Nikolaï va tergiverser, il craint la réaction de ses amis et plus encore la réaction du Tsar.
Après plusieurs années de liaison, il finit par "libérer" Praskovia, et le 6 novembre 1801 en secret le couple se marie.
Atteinte de tuberculose ce qui l’a contraint à abandonner la scène, Praskovia meurt trois semaines après avoir mis un fils au monde.
C’est seulement dans les dernières semaines que Nikolaï Cheremetiev annonce son mariage et la naissance de son fils.
On ne sait rien des sentiment de Praskovia tout au long des années fautes de traces écrites. Ce que l'on apprend est toujours par la bouche de Nikolaï.

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L'église Saint Siméon Stylite où fut célébré en secret le mariage

La Perle apporte un éclairage fascinant sur le monde de l'aristocratie russe, l’attitudes des russes envers le servage.
La vie dans la Russie de Catherine la Grande est très bien explorée et l’extraordinaire histoire des théâtres de serfs est à découvrir absolument.
Mais surtout, le livre raconte une magnifique histoire d'amour. " La perle est un livre que j'ai toujours voulu voir écrire - Le portrait de la plus grande et de la moins connue des histoires d'amour de l'histoire européenne " dit Douglas Smith
Tout au long du récit Douglas Smith s'appui sur des documents mais ceux ci sont peu nombreux car une grande partie a sans doute été détruite par la famille Cheremetiev pour effacer la trace de ce mariage, dans bien des cas Douglas Smith émet des hypothèses probables sur le déroulement des évenements.
C'est une lecture passionnante et enrichissante


Avec le temps Praskovia est entrée dans la légende, elle a inspiré des chansons chantées par des millions de paysans à travers la Russie. A la fin du XIXe siècle, tout le monde avait entendu parler de la pauvre jeune fille serve qui avait épousé un riche aristocrate.
Sous le régime soviétique, Praskovia a été transformé en héroïne socialiste, symbole de l’exploitation du peuple.

Il est possible aujourd’hui de retrouver Praskovia en visitant les domaines Cheremetiev de Kouskovo et Ostankino ouverts à la visite, vous pourrez tenter d’apercevoir dans les jardins le fantôme de  La Perle tout en récitant les vers qu' Anna Akhmatova lui a dédiés :


Que murmures tu minuit?
Paracha est morte; de toute façon,
La jeune maîtresse du palais.
La galerie reste inachevée
Extravagant cadeau nuptial,
Là où, poussée par Borée,
J’écrit tout cela pour toi



L’auteur
Douglas_Smith.jpgDouglas Smith est un spécialiste de la Russie et du XVIIIe siècle, il a notamment publié la correspondance privée de la Grande Catherine. Il enseigne à l’Université de Washington. (source l’éditeur)

Commentaires

  • Je passe parce que le monde de l'aristocratie m'ennuie un peu en général... Néamoins ton billet est superbe comme d'habitude et très agréable à lire. A bientôt pour une prochaine tentation...

  • @ L'or des chambres : c'est moins un livre sur l'aristocratie que sur le servage et une forme de servage peu connue qui est celle faite aux acteurs, musiciens, chanteurs danseurs qui fournissaient les troupes théâtrales des Théâtres privés

  • Je suis sûre que cette histoire me plairait beaucoup! Sait-on ce qu'est devenu l'enfant de La Perle par la suite?
    Un petite surprise t'attend chez moi, si tu veux!

  • Intéressant ton billet, surtout la relation serfs-théàtre. J'aime énormément le portrait de La Perle, ces plumes sont extraordinaires!

  • @ Mango : Le fils Dimitri a pris sa place dans la noblesse et la famille a tenté d'effacer les traces de cette mésalliance ce qui explique le peu de lettres, journaux qui ont échappé à cet effacement
    Je vais faire un tour chez toi

  • Dominique, j'ai eu la chance de visiter le domaine de Kouskovo en 2004 et même d'y écouter une superbe mezzo soprano dans la belle salle de concert. Ce billet convaincant me rappelle un voyage inoubliable à plus d'un titre.

    Je lirai donc cette "Perle" à la russe (j'en étais restée à "La perle" de Steinbeck - vous ne trouvez pas que de plus en plus de titres doublons circulent?)

  • @ Tania : effectivement les doublons augmentent mais peut être aussi parce qu'internet permet une connaissance plus large de tout ce qui est publié
    J'ai vu sur votre blog vos photos de Kouskovo, c'est un livre qui n'est pas extraordinairement bien écrit mais qui vaut par cette histoire particulière et par l'apport sur ce théâtre de serfs tout à hors du commun
    bonne lecture

  • Superbe billet sur un livre qui a l'air passionnant.
    Et : 210 000 serfs??? Incroyable!

  • @ Keisha : oui cela parait incroyable,évidemment c'est le plus riche propriétaire en Russie et sans doute en Europe, Douglas Smith précise que c'était la population de Moscou à cette époque
    pour établir une comparaison un riche planteur sudiste possédait 1000 esclaves !

  • Je note pour la grande histoire et la petite, assez extraordinaire. Les illustrations éclairent bien ton propos, le lieu est imposant et la femme magnifique. Si j'ai bien compris, les sentiments ont eu le dessus dans cette histoire.

  • @ Aifelle : Je ne dirais pas que l'histoire finie bien car si finalement le Comte se décide au mariage contre la société il n'empêche qu'une vie de femme a été mutilée, sans réelle liberté même si la vie matérielle était bonne
    une histoire forte et passionnante

  • Il me le faut ! Je suis totalement inculte en ce qui concerne la Russie, mais ce pays m'intrigue beaucoup.

  • Je ne suis pas fana des trucs historiques mais je suis très intriguée par ce texte !

  • Ce billet invite à lire cet ouvrage et cette Perle dont tu parles si bien à mieux se faire connaitre par ici! Je suis intriguée, je vais me procurer ce livre...
    Très belle journée

  • @ Kenza : je j'ai acheté pour ce côté très intrigant et parce que c'est sur la Russie qui me passionne, je ne le regrette

  • Je ne connaissais pas du tut et comme ça va dans le sens de mes lectures du moment (et que ton billet donne très envie) je note! Merci de m'avoir fait découvrir!

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