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  • L'ombre d'Hannibal - Paolo Rumiz

    Dans les pas d'Hannibal 

     

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    Une incursion, loin dans le temps et sur des chemins escarpés, que je dois à une exposition au Musée Dauphinois à Grenoble.

    Si je vous dis Guerre punique cela vous rappelle quelque chose ? Nous n’allons voyager ni en avion, ni en bateau, mais à pieds avec les 100 000 hommes et les 37 éléphants de l’armée d’Hannibal.

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    "Vinrent ensuite les carthaginois, qui étaient des Phéniciens africanisés, imprégnés de culture grecque. Eux aussi étaient des navigateurs indomptable."

    Le mythe est vieux de 2000 ans, Hannibal Barca a laissé son nom à des villages, des routes, des rues, des ponts, c’est un héros que François Ier ou Napoléon ont tenté d’imiter, que les peintres ont pris pour sujet de Claude Lorrain à J.M.W.Turner, en passant par Giambattista Tiepolo, le sujet valait bien un livre non?

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    " Avec le contenu d'un seul sac à dos je dois affronter toute une rose des vents de latitudes, dénivellations, et climats à peu près incompatibles les unes avec les autres "

    la carte n'est pas parfaite mais donne une idée du parcours, absente du livre, c'est son seul défaut)

                               

    Partir sur les traces d’un mythe n’est pas toujours chose aisée, il faut une documentation et des sources fiables. C’est précisément ce qui manque le plus pour Hannibal. Mais l’auteur a des ressources, tout d’abord ses lectures, Polybe et Tite-Live qui vont être du voyage et il a un peu partout des amis qui sont des chercheurs, des historiens, des archéologues, certains vont faire un bout de chemin avec lui.

     

     

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    La traversée du Rhône 

    C’est que le périple est considérable, après avoir quitté Carthage, Hannibal va traverser l’Espagne non sans livrer quelques batailles, perdant des hommes et en recrutant d’autres. D’un bond on franchit les Pyrénées et après un passage en Gaule nous voilà aux pieds des Alpes et là Paolo Rumiz va tenter d’imaginer, de rêver, de découvrir par quel col a bien pu passer Hannibal et son armée, sa cavalerie et ses éléphants. Le col Clapier ? un autre ? Les historiens s’en donne à coeur joie,  chacun son scénario, chacun son col favori. Après le passage des Alpes c’est la descente par la plaine du Pô.

     

     

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                  La bataille de Cannes - François Chifflart- Petit palais Paris

     

    " Soixante mille morts (...) le double d'Austerlitz. Davantage que le nombre de morts américains pendant toutes les années de guerre au Vietnam. Cannes est le plus épouvantable massacre du monde antique "

     

    Les pages de Paolo Rumiz font doucement apparaître le portrait d’un chef tout à fait hors du commun, de l’enfant jurant à son père que toute sa vie il combattra Rome, au stratège qui fit trembler l’Empire romain sur ses bases. 

    Tite-Live est un peu porté sur la caricature, le peignant comme un barbare sanguinaire, sans foi ni loi. Mais Tite-Live est de parti pris n’oublions pas qu’il est romain. 

    Nous suivons cette armée qui bizarrement évite Rome, et livre une bataille gigantesque à Cannes, une bataille qui est un modèle de stratégie, d’habileté politique au point d’être aujourd’hui encore un sujet d’étude pour les militaires.

    Hannibal est celui qui a osé s’opposer à la puissance Romaine et qui a bien failli réussir. Pendant plus de dix ans il va rester en Italie narguant les Romains et les faisant trembler.

    On va terminer le voyage au Caucase, face au Mont Ararat, l’ultime exil d’Hannibal.

     

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    J’ai énormément aimé ce livre, qui marie l’histoire d’hier et des péripéties d’aujourd’hui.  Ah la révolte des habitants de la Vallée de Suze contre le TGV /TAV !! je vous recommande cet épisode là car Paolo Rumiz en bon journaliste ne peut pas traverser une région sans avoir un oeil un peu inquisiteur. 

    Deux autres écrivains voyageurs apparaissent dans le livre, Ryszard Kapuściński, ami de Paolo Rumiz et Patrick Leigh Fermor que l’auteur admire. C’est un parrainage qui a lui seul peut vous donner envie d’ajouter ce livre à votre bibliothèque.

     

    Et si vous voulez en savoir plus sur les itinéraires possibles d'Hannibal suivez Tania qui nous guide vers les cols des Alpes 

     

    Le livre : L'ombre d'Hannibal - Paolo Rumiz - traduit de l'italien par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke

  • Aux frontières de l'Europe - Paolo Rumiz

    L'Europe l'Europe l'Europe 

     

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    Dans mon triptyque européen voici le deuxième élément. 

    Après le journaliste historien voici l'amoureux des voyages, des frontières, des grands espaces. Normal me direz-vous pour un homme né à Trieste ville chargée de la folle histoire européenne. Autrichienne du temps de l’empire austro-hongrois, flirtant avec les Balkans.

     

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                                 Trieste © Kevin Galvin/Alamy

     

    "Agrippée à l'extrémité septentrionale de la mer Méditerranée, Trieste, ma ville, est un sismographe, une balustrade vers d'autres horizons. Dans les cafés, il était normal de parler de ce qui se passait à l'étranger. Les hommes qui sont nés à mon époque ont été nourris au pain de la géopolitique."

     

    En un long périple de 6000 km de la mer de Barents à la mer Noire, il effectue une traversée verticale de l’Europe et comme il ne craint pas les zigzags, on le suit de la Norvège du Cap Nord à Odessa en passant par la Biélorussie, l’Ukraine.

    Journaliste un peu désabusé après avoir couvert la guerre des Balkans c’est pour lui l’occasion de vivre à son rythme. amoureux des confins, il a choisi de nous mener au plus proche de « l’âme slave »
    Un mois de pérégrinations, le passage des frontières de dix pays sac sur le dos, carnet et crayon en main pour satisfaire sa curiosité, son goût des rencontres. 

     

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                           Ferme de Mazurie  © Przed 

     

    Il traverse des territoires qui ont changé de nom, des contrées oubliées par l’histoire, des pays tout nouvellement créés, des villes aux noms imprononçables et magiques,« ces anciennes provinces frontalières englouties par la géopolitique »  la Carélie, la Courlande qui porte un nom de princesse, la Bucovine, la Mazurie et ses lacs...

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               Sur le lac Onega © Christine Barber

    « c'est ici que bat le coeur, à des centaines de km au-delà de l'ex-rideau de fer, entre les bouleaux et les grands fleuves méandreux, dans une terra incognita faite de périphéries oubliées.» 

    Paolo Rumiz préfère les trains bringuebalants au TGV, les horaires improbables et les correspondances impossibles qui obligent à demander l’hospitalité. Au gré des rencontres son périple nous fait prendre  « un bain d’humanité » : Un prêtre orthodoxe qui fut soldat dans les forces spéciales russes, des moines et des vieux-croyants,  l’écrivain Mariusz Wilk qui a choisi de vivre au bord du lac Oniega, Allia et ses blinis, les vieux juifs de la synagogue de Grodno.

     

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                   Synagogue de Grodno en Biélorussie © Thierry Jamard

     

    Son regard est sensible, plein de curiosité, de chaleur humaine qui s’épanouit dans les rencontres, il est à classer dans la famille des grands écrivains voyageurs, celle des Colin Thubron, des William Darymple. En le lisant on pense au Danube de Magris, à  L’usage du monde  de Bouvier. Des estampilles bien tentantes non ?

     

    A l’origine ce texte a été publié en feuilleton dans la presse italienne, et c’est bien d’un feuilleton qu’il s’agit car on attend avec impatience le passage de la prochaine frontière, si vous ne fermez pas ce livre avec du vague à l’âme ou l’envie de partir je suis prête à manger mon chapeau !!

     

    Une interview de l’auteur dans Courrier international.

     

    L'avis de miriam dans ses carnets de voyages

     

    Le livre :  Aux frontières de l’Europe - Paolo Rumiz - Traduit par - Editions Hoëbeke

     

    rumiz.jpgL’auteur

    Paolo Rumiz n’est pas un étranger pour moi car je l’ai déjà suivi sur les traces d’ Hannibal avec grand plaisir 

  • Le Fil sans fin - Paolo Rumiz

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    J’ai fait cet été quelques lectures plombantes pour le moral autour du réchauffement climatique, je n’en parlerai pas ici parce que les récits ne tenaient pas vraiment la route mais furent suffisants pour me rendre très très morose.

    Alors j’ai décidé de me faire du bien avec le dernier livre de Paolo Rumiz. Un auteur que j’aime énormément et qui est très présent sur ce blog.
    Son dernier livre est de ceux qui peuvent enclencher la polémique, et bien tant pis je me lance.

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    Amatrice Aout 2016

    Lors d’une randonnée, les pas de P Rumiz le portent à Amatrice, une des villes pratiquement rayée de la carte par un séisme le 24 août 2016.

    Il découvre des ruines laissées à l’abandon, vidées de toute vie. Un spectacle sinistre signe manifeste de l’incurie des politiques plusieurs années après le séisme.

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    Quand quelques jours plus tard il voit la statue de Benoît de Nursie, le saint patron de l'Europe, Paolo Rumiz fait un rapprochement entre ce qui s’est passé des siècles plus tôt et ce qui se passe aujourd’hui en Italie et ailleurs en Europe. L’Europe dont Rumiz nous dit qu’elle a toujours été un espace de migrations.
    Il décide de partir sur les traces de ce saint patron.

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    Saint Benoît expliquant la règle (miniature du xive siècle).

    Avec une formule restée célèbre Ora et labora et lege et une Règle difficile et exigeante, Benoît va lutter à sa façon face à l’anarchie qui a suivi la chute de l’Empire romain, face aux hordes barbares qui dévastent et qui n’ont rien à voir avec la migration des dépossédés d’aujourd’hui.

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    Il va suivre la trace du Saint et de son oeuvre à travers les abbayes et monastères d’Europe à un moment où ils incarnaient la résistance.
    L’Europe dont Rumiz nous dit qu’il a toujours été un espace de migrations.

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    Sankt Ottilien près de Fribourg en Brisgau

    L’Italie bien entendu, San Giorgio Maggiore ou Praglia,  mais aussi Marienberg au Tyrol, Sankt Ottilien en  l’Allemagne, Cîteaux et Saint Wandrille pour la France , la Suisse à Saint Gall ou Pannonhalma en Hongrie 

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    Citeau en Bourgogne

    Un réseau d'abbayes communicant entre elles, basées sur un même élan.
    Monastères où  travail manuel et intellectuel se confondent, où la richesse repose sur un travail quotidien bien fait et sur l’exceptionnel comme la copie ou la restauration de manuscrits.

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    Saint Wandrille 

    Une vie tournée vers le collectif, cuisines, jardin des simples, ruchers, ateliers, scriptorium.
    Une vie de labeur et de prières qui n’exclue pas la rigueur de la pensée, ou l’art du chant.

    Une sorte d’équilibre retrouvé après les invasions et qui permet un élan vital vers la reconstruction. 
    Faire reculer la peur, redonner de l’espoir. Des langues différentes mais une même culture .

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    Saint Gall en Suisse 

    Peut on balayer d’un revers de mains nos origines, nos racines culturelles, je ne suis pas croyante du tout mais je ne vois pas comment nier mes racines européennes de traditions chrétiennes.

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    Abbaye millénaire de Pannonhalma en Hongrie

    Pour P Rumiz c’est ce qui est à retrouver c’est un élan qui nous permet de lutter contre l’absolutisme, contre les fondamentalistes de tous bords, contre les pilleurs de la terre. Et tout cela en respectant nos identités culturelles, politiques, linguistiques ou juridiques.

     

    Paolo Rumiz met sa prose virtuose au service d’une idée.
    Il attend un  prodigieux élan de reconstruction de l'Europe, sans autres guerres, en tissant un solide réseau entre les peuples comme l’a su fait Benoît en son temps. 

    Une Europe unie, solide et solidaire sans exclusion.
    C’ est son voeu et c’est le mien. A voir ce qui se profile pour les élections en Italie on se dit que P Rumiz n’a pas été suffisamment lu.

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    Le Livre : Le fil sans fin - Paolo Rumiz - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Arthaud 

  • Le Phare Voyage immobile - Paolo Rumiz

    Après avoir cavalé derrière lui sur les routes d’Europe, sur les traces d’Hannibal, ouf je peux faire une pause avec le dernier livre de Paolo Rumiz.

    Un voyage immobile sur une île dont on devine un peu la situation au milieu de la Méditerranée sans doute du côté de la côte Dalmate.

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    Un phare peut être comme celui là

     

    Paolo Rumiz réalise un rêve vieux comme le monde, partir sur une île déserte (enfin presque), se couper du monde et vivre là sans contraintes autres que celles de la météo.

    Il va vivre trois semaines dans un phare, avec les gardiens pour seuls compagnons et porter son regard sur ce qui d’habitude nous échappe : les nuages, les étoiles, le vent.

    Le temps qui passe est ponctué de pêche parfois miraculeuse, d’incursion en cuisine lorsqu’il invite ses hôtes autour d’un risotto dont le fumet vient nous titiller les papilles. Il observe ces énormes bateaux qui croisent au loin

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     les oiseaux qui « saluent la mort de la lumière » par un concert tonitruant.

     

    Paolo Rumiz se fait ermite et épicurien à la fois et c’est l’occasion pour lui de revenir vers ses lectures, vers ses amis, de rêver et de perdre pied parfois.

     

    Même si je le préfère en voyageur, j’ai pris un grand plaisir à cette lecture.

    Un récit qui s’adresse plus aux adeptes du Taoïsme qu’à ceux de Marco Polo .

     

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    Le livre : Le phare voyage immobile - Paolo Rumiz - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke

  • La légende des montagnes qui naviguent - Paolo Rumiz

    Quand on est un peu accro à un auteur on saute sur tout ce qui parait, sans se poser trop de questions, par fidélité en somme.
    C'est ce qui m'a fait acheter ce livre et non seulement je n'ai aucun regret mais j'ai des petites étincelles dans les yeux.

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    Attention c'est un livre qui date un peu, enfin tout est relatif, mais quand même, les articles ont été écrit par P Rumiz pour les journaux dans les années 2003 à 2006. Mais qu'importe car ils mettent déjà l'accent sur les changements que connaissent les territoires de montagne, en Italie, en Suisse, en Autriche et en France. Et aujourd'hui les choses n'ont fait qu'empirer.

    Paolo Rumiz a entrepris un voyage de 7000 Km le long des Alpes et des Apennins, son voyage l'emporte du golfe de Kvarner jusqu'au bout de la botte italienne.

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    Golf et îles de Croatie

    Les Alpes pas de problème, je voyais bien les paysages, les lieux, les vallées, les sommets. Par contre les Apennins c'était plus nébuleux pour moi malgré plusieurs séjours en Italie ça ne me parlait pas vraiment.

    Mon regret ? Ne plus avoir sous la main l'équivalent du fabuleux atlas que j'avais enfant, celui du Reader Digest qui à l'époque m'a fait voyager partout, l'Europe était mon terrain de jeux et j'ai passé bien des heures penchée sur les doubles pages à la taille démesurée ( il faut dire que j'étais petite et gringalette ) je me suis vengée sur ma tablette.

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    Vous êtes prêt pour le voyage ?

    Un mot d'abord des moyens de circulation, à pied évidement, en vélo, et plus insolite en Topolino de 1954  « Sur le marché, c'est celle qui se rapproche le plus de la mule. » dit Paolo Rumiz 

    Tout commence dans les Alpes en Slovénie, surprenant voyage dans un pays qui n'attire pas l'attention et que les pages de Rumiz m'ont donné envie de découvrir même si le penchant des slovènes va plus vers les ours que vers les étrangers. 

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    On navigue, car c'est bien de navigation qu'il s'agit, entre le pays des loups, des ours et du miel, le Tessin italien, les sommets avec Walter Bonatti un guide idéal dans les Alpes ou Mario Rigoni Stern qui devait disparaitre peu après.

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    Walter Bonatti 

    Ce début de voyage m'a enchanté et a ravivé des journées en montagne, des cueillettes de fleurs, des photos de sommets, des vallées presque inconnues, des glaciers et de somptueux coups de soleil.
    Une belle randonnée dans les Alpes que j'ai parcouru au fil des années et le récit de Rumiz a réveillé bien des souvenirs pour moi.

    On croise des musiciens, des experts, des gardiens d'auberges de montagne, il est à Chamonix juste avant que ne soit décidé la réouverture aux poids lourds après la catastrophe du tunnel du Mont Blanc, entrainant la catastrophe écologique qui sévit aujourd'hui si vous avez écouté les dernières constations sanitaires sur la vallée de l'Arve.

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    Il évoque la catastrophe du Vajont en 1963 qui tua 2000 personnes et anéantit une partie de la Vénétie.
    Ces Alpes où la neige est de plus en plus rare, où les stations plongent dans un marasme économique et écologique.

    On croise Õtzi l'homme des glaciers découvert par Helmut Simon, avec autour de cette découverte un peu de ce qu'à connu chez nous la Grotte Chauvet et les enjeux médiatiques qui s'y rattachent.

     

     

    Les Apennins c'est différent, je ne me sentais pas en pays connu. Ces montagnes nécessitent la lenteur, la recherche d'une certaine harmonie. Les lieux ont été parfois saccagés, parfois épargnés, les témoignages sont là pour appuyer les propos. 
    Et puis les Apennins vivent encore dans l'ombre d'Hannibal.

    Traverser ces montagnes « sans croiser un gendarme ou une autoroute » cela tient d'une gageure. On peut lire les marques sur le paysage de la désertification, du manque d'eau, l'installation de la « grande peur climatique »

    Paolo Rumiz déniche une Topolino, datant de 1954. Un véhicule pour se faire instantanément des amis. La sienne prend l'eau, a des ratés mais avance vaille que vaille.

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    On s'enfonce dans « un labyrinthe aussi fascinant qu’infini » qui va des côtes ligures jusqu'au bout du bout de la Calabre.

    On navigue dans des villages déserts, uniquement habité de vieillards et de leurs auxiliaires de vie, Paolo Rumiz rivalise d'anecdotes pour faire oublier la tristesse des lieux.

    Vous pensez que cela va vous plomber le moral ? Et bien pas du tout, l'humour de l'auteur est là, et puis il y a ces personnages hors du temps qui enchantent le récit.
    Certains noms de lieu ne parlent pas à nos oreilles françaises et la magie d'internet est là pour combler le vide

     

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    « Vous verrez des merveilles. Des fleuves de lumière, des villages abandonnés, des maquis impénétrables, des cascades.»

    Un journal de voyage plein de surprises, sans GPS mais avec carte. Des sites hors des itinéraires touristiques, où la cuisine est savoureuse et les villages dépeuplés.

    Un livre par un écrivain de la lenteur, pour les fous de voyage, de montagne, de protection des territoires, d'écologie. 

    Pour clore ce billet je laisse la parole à Paolo Rumiz

    « Parti pour m'échapper du monde, j'ai fini, au contraire, par en trouver un autre : à ma grande surprise, mon voyage s'est transformé en révélation d'un univers vivant et secret. Je l'ai décrit avec rage et émerveillement. Émerveillé par la beauté fabuleuse du paysage humain et naturel, mis en rage par le pouvoir qui n'en tient aucun compte. »

     

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    Le Livre : La légende des montagnes qui naviguent - Paolo Rumiz - Traduit par Béatrice Vierne  - Editions Arthaud