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Rechercher : la petite lumière

  • Le Louvre entrouvert

    Puissance et réalisme

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     Les Mendiants - Pierre Brueghel - Musée du Louvre

    Un émerveillement de lumière compose en couleurs Les Mendiants (1568) de Brueghel l’Ancien. S’il y eut cour des miracles c’est bien là qu’elle se tient. Tant de misère, d’abomination d’un coup transfigurées par le pinceau en une pièce musicale verte et blanche, et brun et rouge, et le ciel est très loin dans la trouée de quelques branches, au fond d’une enfilade de mures en briques là-bas, derrière une muraille percée d’une ouverture voûtée.
    Abominable contradiction : avoir fait de ce coin d’enfer un paradis pour l’oeil.


    Maître Flamand

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     Herengracht d'Amsterdam - Jan van der Heyden - Musée du Louvre

    Et je m’arrête encore happé, face au Herengracht d’Amsterdam de Jan van der Heyden; toile petite, mais pleine comme un oeuf où la brique et le bois, le fret, la frondaison se mêlent à l’eau , s’en éclairant, empanachés de nuages voyageurs qui ont scrupule à s’emparer de tout le bleu.


    Le livre : Le Louvre entrouvert - Robert Marteau - Champ Vallon

  • Bribes arctiques

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    « Des saisons, il n’y en a que deux, au pays du froid : l’hiver, et celle qui commence maintenant. Elle dure deux semaines. Cette brièveté fait qu’à la fonte des neiges, on a l’impression d’assister à la projection d’un film en avance rapide. La toundra vire du brun au vert en vingt-quatre heures. Sous la lumière qui ne s’éteint jamais, il suffit de rester immobile et de fixer son attention sur un point précis pour voir l’herbe pousser et la végétation s’épanouir ! Et ce n’est pas une façon de parler. 

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    Du jour au lendemain, la toundra est pleine de nids, la vie pousse partout. Les petits doivent être amenés très vite à l’âge de la mue pour que leurs plumes leur permettent de voler vers le sud, quand le froid reviendra. 
    L’apprentissage de la survie se fait en accéléré : les renards sont de sortie et les guettent déjà. Les souris de la toundra pointent le bout de leur museau ; les canards et les cygnes patrouillent sur les rivières ; les oies sauvages quadrillent le ciel…

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    La végétation n’est pas en reste. Je peux désormais m’asseoir n’importe où et faire provision de champignons, me gaver de mûres… rien qu’en allongeant le bras. »

     

    Le livre : Conquérant de l’impossible - Mike Horn - Editions XO

  • Le Blanc Fouquet - Franck Herbet-Pain

    blancfouquet.gifLe Blanc Fouquet - Franck Herbet-Pain - Editions Gallimard
    Une mini biographie de Jean Fouquet peintre dont on  sait très peu de choses et qui fut pourtant en son temps le peintre officielle de la cour et du roi Louis XI.
    Un peintre né, au temps de la guerre de Cent ans, des amours illicites d’un prêtre et d’une femme du peuple. Il grandit sur les bords de Loire où il fait l’expérience pour la première fois des couleurs « le rouge des radis qu’il suçote, le jaune des champignons, l’orange des citrouilles  » puis des enluminures qui égayent le livre dans lequel son père lui apprend à lire.
    Bientôt c’est lui qui tient la plume pour dessiner le visage de son père, de sa mère et ajouter de la couleur, il « cherche le rouge des mûres aux buissons épineux, le marron de la vase, le vert des algues translucides, mais le jaune, comment faire le jaune ? »
    Il fait un long et dur apprentissage dans l’atelier de Maître Royer.  Miniaturiste, enlumineur, il devient bientôt l’égal du maître mais fils de prêtre il n’a droit à aucun salaire.
    Ses premières oeuvres attirent l’attention de l’évêque de Tours et de celui de Paris. Il va parfaire son art dans l’atelier de Van Eyck à Gand, il apprend l’art de la perspective, voyage en Italie où il rencontre Fra Angelico et découvre émerveillé les oeuvres de Masaccio « Adam et Eve en marche dans le mouvement de leur désespoir, chassés du Paradis, une lumière qui donne à leur corps et à leur visage le relief des peines et de la sueur à endurer. »

     

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    Portrait de Charles VII

    Son style est en train de naître, sa main « rallie la précision des Flandres à la légèreté italienne »
    Il travaille beaucoup et lorsqu’il se voit confier la réalisation d’un diptyque où la vierge a le visage d’Agnès Sorel, la maîtresse du roi, c’est le succès. Toute la cours commente l’oeuvre et il devient le peintre officiel.

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    Agnès Sorel

    Tout au long de sa vie il travaille les couleurs, le blanc surtout qui fera sa gloire et dont il détient le secret blanc « Il reste le soir seul dans l'atelier, dispose les coupelles des différents dosages de blancs obtenus, les applique sur des feuilles différentes, puis dans d'autres coupelles mélange les blancs premiers entre eux, les numérote comme les feuilles qu'il dispose dans tout l'atelier, enfin sort faire quelques pas dans la rue noire laver ses rétines, les lancer vers la nuit d'hiver opaque comme la suie, les plumes des corbeaux. Quand il revient, il note enfin celui qui a percé l'obscurité, le blanc royal, le blanc Fouquet, qui le fait soudain vomir dans la rue. »

    Blanc qui se révélera mortel.

    C’est un plaisir très doux de lire cette biographie dans la collection où j'avais déjà découvert Ambroise Paré
    C'est un plaisir lumineux aussi car l’auteur trace ce portrait par petites touches courtes comme un artisan attentionné, il sait décrire avec des mots très justes le travail du peintre, les couleurs, la lumière, la vie personnelle de Jean Fouquet est évoquée avec tendresse et pudeur et vient rendre ce portrait très vivant.

    Pour continuer le site magnifique de la BNF l'atelier de Fouquet

  • Les coqs et les vautours - Albert-Paul Granier

    Les coqs et les vautours - Albert-Paul Granier - Editions des Equateurs
    les coqs .gifC’est après une émission de radio que j’ai eu envie de lire les poèmes d’Albert-Paul Granier, Claude Duneton a lu plusieurs des poèmes et je suis restée abasourdie que l’on ignore ce poète jusqu’à aujourd’hui.

    L’histoire que raconte Duneton est trop jolie pour ne pas vous la livrer : un petit opuscule de poésie très vieux, dont les pages ne sont pas coupées, est trouvé par un de ses amis dans un vide-grenier....Bien sûr l’ami en question l’offre sans l’avoir lu à Claude Duneton...lecture et aussitôt recherche d’un éditeur qu’il trouve aux éditions des Equateurs

    Les poèmes ont été écrits pendant la 1ère guerre mondiale par un sous-lieutenant qui ne verra jamais la publication de ses poèmes car volontaire pour l’observation aérienne des lignes ennemies, son avion est touché par un obus en 1917.
    Cet opuscule a été envoyé juste avant à l'Académie Française pour un concours, l’ Académie Française le récompensa en 1918.

    Ce petit livre est d’une modernité étonnante et d’une émotion puissante, la folie meurtrière, la souffrance, le froid, la peur, le bruit de la mitraille, tout est là dans ces quelques pages d’une beauté sombre.


    « Et puis, voici pour ceux des guerres,
    les coqs cambrés et claironnants et les vautours,
    de haine lourds, avec leurs serres
    teintes du sang des souvenirs.... »


    Tout fait poème : l’exode des populations,  les villages pilonnés, les nuits d’attente et de peur, la mort omniprésente.


    Par les chemins gluants qui viennent
    du fond des plaines,
    les gens s’en vont, comme des fous,
    comme des fous qui seraient sages
    les gens s’en vont vers n’importe où...

     

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    Par les ravins crépus, d’horreur échevelés,
    où les obus aigus mordent à crocs avides,
    des cadavres blêmis crispent leurs poings rigides
    sur le Néant obscur près d’eux agenouillé.

     

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    La mort, soûle et joyeuse, danse,
    et gambille et se déhanche,
    la mort muette se trémousse,
    et joue et jongle avec des crânes,
    Comme avec des osselets



    Rien n’est épargné, le symbole même de la paix la cathédrale agonise

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    Vengez les saints des hauts vitraux
    dont les doux gestes de lumière
    absolvaient depuis des siècles
    vengez les anges qui n’ont plus d’ailes
    et les gargouilles de plomb gris
    dissoutes parmi l’incendie.

     

    Faite une place à ce livre dans votre bibliothèque

  • Bribes provençales

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    « Ma douce, vive, exquise Provence. La parfumée, la bondissante, même quand elle dort ; la sage et la prudente, même quand elle est folle ; si intelligente, si sensée ; rieuse même dans le sérieux, et sérieuse dans le rire »

    « Qui ne pense pas au vent ne peut penser Provence. Elle est le royaume du mistral. Et son roi a bien le nom du maître. Elle est toute à lui, et il la régit toute, corps, âme et biens. »

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    « La terre de Provence, pleine de sel et d’esprit, donne à la vie une forme si heureuse que tout excès s’en élimine ; et comme le mistral, le rire emporte les miasmes. »

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    « Avec Sienne, Avignon est la plus belle des petites villes. Sienne est plus féminine, Avignon, plus virile. Sienne a bien plus d’art, Avignon plus de vie. A l’arrivée, Avignon flambe dans le couchant. Dans les petites rues au fleuve, que de femmes belles, brûlantes, éblouissantes.
    J’aime et je redoute Avignon. »

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                                        Les Alyscamps  Van Gogh

    « Je les ai vues dans le bleu du printemps, et le chant des oiseaux. Puis, dans le temps gris d’automne, et les allées toutes pleines de feuilles mortes, toutes bruissantes. Le vent de la mer les agitait et jouait de la harpe sur ces cordes cassées. Toutes ces feuilles sont couleur de terre, grises et déjà poussière, ou déjà tavelées de brune pourriture ; rares sont les feuilles jaunes, et pas une n’est d’or. »

     

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    « Les Baux sont, au milieu, le vrai cœur de la Provence. Les Alpilles sont belles comme une ode souriante de Pindare, comme un chœur d’Eschyle.
    Les Alpilles sont les plus belles montagnes que je sache avec les monts Albains, pour moi, qui ne dois point voir l’Attique, le Pentélique ni l’Hymette.
    Les Baux tiennent les orages en suspens ; ils dispersent les pluies, et ils lancent sans cesse le mistral et la lumière. »

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    Le livre : Provence - André Suarès - Editions Edisud

  • Un jour avec Claude Monet à Giverny - Adrien Goetz

    « Mon plus beau chef d’œuvre, c’est mon jardin »

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    Qui n'aime pas Claude Monet ! J'ai un très beau livre sur l'expo qui s'est tenue à Paris et je le feuillète souvent. 

    Ici c'est pour la découverte d'un univers intime que j'ai cédé à la tentation d'acquérir ce livre. Enfin quand je dis intime …j'oublie les millions de touristes qui sont venus l'admirer, le photographier. 

    J'ai lu ce livre immédiatement après l'Herbier de Marcel Proust aussi ai-je eu l'impression de poursuivre un parcours parmi les fleurs : iris, hortensias, violettes, tulipes, capucines ……

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    Le livre alterne savamment et avec justesse les photos d'époque, celles d'aujourd'hui, les photos du jardin et celles de l'intérieur de la maison.

    Je ne connaissais pas du tout le village de Giverny mais avec ce livre on a envie de traverser ce village, d'arpenter les ruelles en espérant tomber sur un peintre chevalet sous le bras et on voudrait suivre ce chemin ombragé qui va de Vernon à Giverny.
    C'est plus qu'un charmant petit village, au gré des pages on a un peu l'impression d'entrer dans un tableau. 

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    L'entrée de Giverny en hiver

    Je connais l'oeuvre de Monet mais pas du tout sa vie, aussi ai-je beaucoup appris grâce aux photos et aux extraits de livres écrits sur lui par ses amis, de sa correspondance.

    La maison, Claude Monet s'y installe en 1883, l'ancien pressoir va petit à petit devenir une maison où la lumière est magnifique et où se retrouvaient les amis du peintre.
    J'ai souri aux photos de personnalités venues là pour honorer le peintre ou par amitié comme les photos de Monet et Clemenceau, l'art et la politique bras dessus bras dessous.

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    L'art et la politique

    Les photos de l'intérieur de la maison nous font entrer chez Monet, découvrir sa collection d'estampes japonaises qui ornent magnifiquement une belle salle à manger

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    « La pièce est ensoleillée, les murs tapissés de jaune citron sont décorés uniquement d'estampes japonaises que Monet nous dit avoir achetées autrefois en paquets pour quelques francs en Hollande » Jacques Salomon

    j'ai aimé le bleu de Delft de la cuisine et le salon atelier où des reproductions des oeuvres que Monet aimait le plus sont exposées simplement, sans ordre et sans cadre.

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    Mais le clou du spectacle c'est le jardin, le plus beau chef-d'oeuvre du maître, une invitation pleine de couleurs et de lumière

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    « Le spectateur n'est plus devant un tableau encadré, il est au centre de l'œuvre d'art. Le regard se perd non pas dans une image du réel mais dans un espace clos qui est un monde en soi, hors du temps. » 

    Claude Monet organisait le jardin et les plantations en fonction des couleurs et de la course du soleil qui venait illuminer les fleurs aux différentes heures de la journée. 

    La longue  maison aux volets verts, toute crépie de rose est assez majestueuse, on sent à travers les photos l'harmonie voulue par le peintre, la joie qui devait être la sienne mais aussi le labeur de tous ceux qui l'entouraient car l'homme avait semble t-il un caractère un rien difficile.
    Le côté japonais du jardin, l'étang et ses nymphéas  rappelle aussitôt les nymphéas de la Vivonne.

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    Je sais que parmi vous il y a des chanceuses qui font des visites régulières à ce jardin, je ne sais si j'irai un jour mais je viens de combler une de mes envies grâce à ce livre bourré d'anecdotes.

    J'aime  Adrien Goetz quand il se fait passeur comme ici ou comme dans les émissions sur Marcel Proust.
    Il a réussi là ce qu'il souhaitait : mettre en cohérence maison et jardin, fondation et musée. 

    C'est un beau livre, présenté dans un joli boîtier, les photographies de Francis Hammond sont superbes, les reproductions des oeuvres de Monet sont bien choisies.

    Découvrez vite Giverny et le plus célèbre de ses habitants.

    Pour le côté pratique tapez www.claude-monet-giverny.fr 

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    Le livre : Un jour avec Claude Monet à Giverny - Adrien Goetz - photographies Francis Hammond - Editions Flammarion