Lorsque l’on veut connaitre mieux un romancier, la voie naturelle après la lecture des romans, c’est la biographie.
Balzac et les personnages de la Comédie humaine
J’ai deux biographies de Balzac dans ma bibliothèque, en fait même trois. La plus ancienne est celle d’André Maurois, sincèrement elle m’ennuie, pas de rythme, pas vraiment d’analyse des oeuvres, bien entendu c’est bien écrit mais vraiment très daté hélas.
Le seconde de François Taillandier est un peu courte à vrai dire car si le chapitre d’ouverture est très séduisant ainsi que l’épilogue, la bio elle même est un peu fade et surtout ne procure aucune envie forte de lire Balzac c’est mon principal reproche.
Et puis il y a Stefan Zweig avec Trois maîtres, comme d’habitude c’est du bonheur de lecture, et surtout, il est celui qui donne envie de se précipiter sur les romans.
Enfin il y a les essais d’Alain sur Balzac et ce fut une jolie découverte, à la fois passeur et analyste de l’oeuvre, avec eux je me suis régalée.
Voilà ce que j’ai retenu et qui m’a donné envie de plonger tête première dans la Comédie humaine
Tout d'abord suivons Zweig.
« Balzac fut le premier romancier professionnel; Zweig dit qu’il trouve là son plein équilibre, il devient « l’historien de son temps »
Après plus de dix ans d’insuccès il publie le Colonel Chabert et Eugénie Grandet. Il a découvert la loi qui dorénavant dominera son œuvre
« représenter la réalité, mais en y introduisant un dynamisme plus vigoureux, parce qu’il est limité à un petit nombre d’individus. »
En ces années-là Balzac a découvert son grand secret :
tout est sujet ; la réalité est une mine inépuisable quand on s’entend à la fouiller. Il n’est besoin que d’observer comme il faut et chaque homme devient un acteur de La Comédie humaine.
On ne peut imaginer ce que cet homme qui, en dix semaines, fut capable de faire sortir pour ainsi dire du néant La Cousine Bette et Le Cousin Pons aurait pu créer encore.
A propos de celui qui introduisit l’argent dans le roman Zweig nous dit
« Il est à côté des prodigues, pour compter leurs dépenses ; à côté des usuriers, pour compter le taux de leurs intérêts ; à côté des marchands, pour calculer leurs bénéfices ; à côté des dandys, pour compter leurs dettes et à côté des politiciens, pour compter leurs pots-de-vin. »
Balzac ne doit pas être jugé d’après un de ses livres pris en particulier, mais d’après l’ensemble
« il doit être considéré comme un paysage avec sa montagne et sa vallée, son horizon illimité, ses crevasses traîtresses et ses torrents rapides. »
L’œuvre de Balzac est immense. Dans ses quatre-vingts volumes vit toute une époque, tout un univers, toute une génération. Jamais avant lui n’avait été méthodiquement tentée une entreprise aussi grandiose ; jamais l’audace d’une volonté surhumaine ne fut mieux récompensée.
A sa mort Victor Hugo prononça l’éloge funèbre
« Messieurs, le nom de Balzac se mêlera à la trace lumineuse que notre époque laissera dans l’avenir… »
Château de Saché
Passons aux essais maintenant que je n'avais jamais lu et qui m'ont énormément plu.
Alain démarre son livre par un brin d’histoire personnelle pour saluer son père qui l’a mené vers la lecture
« Mon père avait des dettes et des soucis : il ne voulait pas y penser ; c’est la raison peut-être pour laquelle il fut un enragé liseur. »
Mais attention pour se lancer dans la Comédie humaine il faut être lecteur
« Connaissez-vous le bruit d’une feuille que l’on tourne ? Si vous n’y entendez pas le destin et l’irrévocable, c’est que vous n’êtes pas lecteur ou disons liseur. »
Comme son père avec lui il partage avec nous ses lectures des romans de Balzac, les uns après les autres
« me voilà jeté dans un de mes livres préférés »
Il nous fait part de ses choix, de ses préférences : le Curé de Tours, un médecin de campagne des romans fort mal accueillis par la critique
Le Lys dans la vallée dont Balzac dit
« Je prépare une grande et belle œuvre, intitulée Le Lys dans la vallée, une figure de femme charmante, pleine de cœur, ayant un mari maussade, et vertueuse »
« Les illusions perdues cette somme balzacienne rassemble les thématiques essentielles et met exemplairement en place le mythe d’une jeunesse et d’une époque symbolisées par les tribulations, espérances et désillusions du héros, Lucien de Rubempré. »
L'on passe d’un récit assez sobre à une énorme fresque aux 273 personnages
C'est le moment où Balzac songe à rassembler et relier tous ses personnages pour en former une société complète.
Il y a de la part d'Alain des mises en garde, des éclaircissements, des coups de colère pour des romans trop peu lus, ses personnages préférés comme Beatrix. ou le roman qu'il préfère peut-être : un Curé de village.
Alain lit et relit avidement la Comédie humaine.
C’est un livre que je vous recommande, il vous donnera envie d’élargir vos lectures aux titres moins connus ou de relire ceux qui vous importent mais dont vous avez oublié les détails.
Les livres
Trois maîtres - Stefan Zweig - Traduit par - Editions Belfond ou Le livre de poche
Balzac - Alain - Editions Gallimard Tel 1999