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Rechercher : L AFFAIRE COLLINI

  • L'automne de John Keats

     

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    Couleurs d'automne


    Saison des brumes et de savoureuse abondance,
    Amie intime du soleil qui mûrit,
    Conspirant avec lui à charger et bénir
    De fruits les treilles qui courent le long des toits de chaume ;
    A courber sous les pommes les arbres moussus des enclos
    Et combler tous les fruits de maturité juqu’au coeur,
    A faire enfler la courge et s’arrondir la coque des noisettes
    D’une tendre amande ; à faire bourgeonner encore,
    Et encore, des fleurs tardives pour les abeilles,
    jusqu’à ce qu’elles croient que les tièdes journées ne finiront jamais
    Tant l’été a gorgé leurs humides alvéoles.

     

    Le livre :    Lettes à Fanny Brown - John Keats - Editions Belin
    la photo : le blog Ruralité

  • L'heure du roi - Boris Khazanov

    Un très grand petit livre à lire et à faire lire

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    C’est grâce à la sortie en format poche que mon attention a été attirée par ce livre. Un grand merci à l’éditeur car c’est un livre formidable que celui-là.

    Le Troisième Reich tout puissant envahit les pays d’Europe les uns après les autres. Le royaume du roi Cédric est sur sa route, " un pays désarmé et impuissant " et "guère plus vaste qu’un bec de moineau "
    La population est prise par surprise par cette invasion, le vieux roi baisse la tête, la population fait connaissance avec le rationnement, le travail obligatoire, le couvre-feu.

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    Le roi est effondré, adepte de l’ordre il craint les réactions de l’occupant et demande à son peuple la prudence et à la jeunesse de  "s'abstenir de toute action susceptible de compliquer les rapports avec les autorités occupantes ".
    Le roi est petit à petit déchu de ses fonctions, privé de son pouvoir, moqué par l’occupant , il se met à faire des cauchemards.
    Les sujets du roi subissent l’occupant " Ils s'accommodaient du nouvel état de choses comme un malade qui revient à lui après une anesthésie et qui apprend qu'on l'a déjà opéré et qu'il ne lui reste plus qu'à vivre sans les jambes " mais ils ne collaborent  pas vraiment, les délations sont insuffisantes au goût de l’occupant.
    La cavalerie royale va même tenter de s’opposer aux blindés des nazis !
    Comme dans toute l’Europe occupée des brimades, des humiliations sont imposées à la population. C’est une décision de l’occupant qui va provoquer un sursaut chez le roi, un réveil de l’honneur, une prise de conscience de sa responsabilité.

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    Le roi du Danemark, dont le livre s'inspire, en 1940

    Je vous laisse découvrir la suite de ce récit très court, écrit comme un conte philosophique ou comme une fable moderne. Ce texte d’une grande finesse, allie simplicité et puissance, en quelques pages tout est dit sur le totalitarisme, sur le courage, sur la peur, sur la dignité de l’individu.
    Les leçons de ce livre sont intemporelles. Que peut l’individu face à la suppression de la liberté,  notre impuissance nous dédouane-t-elle de toute responsabilité.
    Ce sont des thèmes universels que Khazanov présente ici, lui l’écrivain qui a passé plusieurs année au Goulag
    L’histoire de ce livre est exemplaire, publié sous le manteau dans les années 70 en Russie, il est lu par Elena Balzamo et circule par le samizdat. Elena Balzamo n’entend plus jamais parler du livre, aujourd’hui elle assure non seulement la traduction mais aussi une postface, belle revanche.

    Lors de sa parution en 2005 les critiques ont salué ce " pur bijou d’humanité "  "Un livre en dehors du temps, qui mérite de rester au chevet de toutes les consciences"

    Faites une place à ce livre dans votre bibliothèque offrez le, faites lire ce très grand petit livre

    Le livre : L’heure du roi - Boris Khazanov - Traduit du russe par Elena Balzamo - Editions Viviane Hamy Bis

  • La Cuisine de l'île de Majorque

    Colo nous avait promis il y a quelques semaines un billet sur la cuisine de son pays, comme elle sait que je suis gourmande elle m’a envoyé en plus des photos toutes pleines des parfums de son île. je lui laisse la parole............

    "Nous vous avions déjà parlé de Majorque des pirates et autres envahisseurs de l’île au cours de l’Histoire, du danger que représentaient les côtes, et du repliement des habitants à l’intérieur du pays. Ceci, ajouté au fait que tout le nord de l’île est montagneux et la mer difficile d’accès a évidemment influencé le mode de vie, de cultures et d’alimentation.

    Bien sûr il y a la production traditionnelle de la Méditerranée, -olives et huile, amandes, fruits et légumes, - mais on trouve bien moins de poisson que de porc dans la cuisine majorquine.

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    Le « porc negre » cochon noir, le meilleur, est la base de beaucoup de plats et le saindoux entre dans l’élaboration de la plupart des recettes.

     

     

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    Pour le petit déjeuner une ensaimada s’impose
    Elle existe aussi, mais là c’est un dessert pour plus de quatre personnes, fourrée à la crème, à la confiture de potiron cabellos de ángel  (cheveux d’ange), au fromage blanc.
    Les touristes en achètent souvent pour les emporter dans de jolies boîtes faites à cet usage exclusif.

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                                                       Ensaimada à  déguster  ou à emporter

    L’encas de 11h sera un Pa-amb-oli. Il existe des baguettes mais mieux vaut manger le pain majorquin, il est délicieux, blanc ou brun, sans sel. Les majorquins frottent une tranche pain avec une demi tomate, ajoutent un bon filet d’huile d’olive et du sel.
    Par-dessus fromage ou jambon et quelques olives, c’est succulent !

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    Il est 14h, nous allons déjeuner. Pour commencer un tumbet dont voici le secret :



    Recette du TUMBET de mon village.

    4 belles pommes de terre
    2-3  poivrons rouges
    4 jolies aubergines
    Tomates ou sauce tomate
    Ail, laurier, sel, poivre
    Huile d’olive

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    Donc…peler et couper en rondelles les pommes de terre, les laver et sécher.
    Couper en rondelles les aubergines, saler et laisser dégorger.
    Couper les poivrons en petits morceaux. (certains font plutôt cuire les poivrons au four et les pèlent)
    Dans une grande poêle profonde, faire chauffer beaucoup d’huile, y ajouter des gousses d’ail non pelées (ici ils les écrasent un peu d’un coup sec), des feuilles de laurier, puis les patates en rondelles, saler. Les faire cuire doucement (ne doivent pas brunir). Egoutter et placer les tranches dans un grand plat.
    Cuire de la même façon avec les tranches d’aubergines égouttées. Les placer en une couche sur les patates. Procéder ainsi avec les poivrons. A chaque fois, saler et ajouter un peu d’ail et laurier.
    Faire une bonne sauce tomates, pas trop liquide et la verser sur le dessus de la préparation.
    On peut manger le tumbet chaud, ou tiède ou froid…C’est meilleur le lendemain.

    Je vous recommande l’agneau grillé, il est excellent. Les petites côtelettes sont chères mais les morceaux cuits au four avec du citron fondent en bouche et sont très accessibles."


    Prochainement un autre rendez-vous avec Colo et Majorque

  • Les Empires de l'Indus - Alice Albinia

    Venez remonter un des plus grands fleuves du monde

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    « L'un des plus longs fleuves du monde, l'Indus, a été vénéré tel un dieu pendant des millénaires, il est celui qui arrose des déserts, des terres fertiles, qui traversent l’inde, le Tibet et pour finir le Pakistan »
    Alice Albinia  a fait seule ce long voyage du delta de l’Indus à sa source, doublant ce voyage géographique d’une remontée dans le temps, du Pakistan d’aujourd’hui à la conquête d’Alexandre.

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    Delta de l'Indus - Photo de Tariq Mamhood

    Elle ouvre ainsi son récit « Dans un pays où il pleut rarement, une rivière est aussi précieuse que l'or. L'eau est puissante: elle ruisselle à travers les rêves de l'homme, imprègne la vie, dicte l'agriculture, la religion et la guerre. »

     

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                                        Juste pour situer

     

    Le voyage dans le temps commence avec la partition en 1947 , Alice Albinia tente en interrogeant les habitants de collecter les souvenirs de cette période qui vit naître un Pakistant « mutilé et manger aux mites » qui vit dix millions de personnes être déplacées et qui vit se perpétrer des massacres opposant deux communautés religieuses, musulmans et hindouistes qui jusque là vivaient dans une paix relative.
    Remontant toujours le cours du fleuve et du temps, nous voici après avoir quitté un delta de l’Indus moribond pour cause de barrages mulitiples, nous voici dans le Sind que les anglais eurent tant de mal à conquérir, des terres devenues fertiles par le miracle de l’irrigation. Remontant toujours plus loin, elle flirte dangereusement avec la frontière de l’Afghanistan d’où sont venus d’autres conquérants tel Babur descendu d’Ouzbékistan.

     

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    Le temple d'Amritsar situé en Inde

    Elle rencontre la communauté Sikh écartelée entre deux pays, dont les traditions vieilles de cinq millénaires prévoient un pèlerinage à Amritsar dans son temple d’or surmonté de dôme et de flèches mais ...situé en Inde.
    Poussant encore le voyage plus au nord c’est la célèbre Khyber Pass, puis les Territoires du Nord fief des Talibans et le pays où Alexandre célébré par les grecs à l’égal d’un Dieu est sans doute parvenu.
    C’est l’occasion pour Alice Albinia de quelques mises au point qui détruisent un peu la légende mais qu’elle fait avec verve et érudition. Le périple se termine sur les plateaux tibétains après une marche harassante.

     

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    Aux sources du grand fleuve

    J’ai été impressionnée par le courage de cette intrépide jeune femme, n’hésitant pas à prendre des risques dans ces zones où la vie et a fortiori la vie d’une femme ont peu de prix. Revêtant la burqa pour être reçue partout, parlant couramment l’ourdou ce qui lui ouvre bien des portes. Ses rencontres très diverses : Imam, étudiants, femmes et toujours empreintes d’une grande attention et écoute.
    Elle ne fait pas silence sur les exactions, les massacres, les destructions de temples et de statues, les attentats. Ni sur le sort des populations.
    Elle prédit un avenir noir à la région, aux pêcheurs, aux cultivateurs, le fleuve Indus se réduit comme peau de chagrin, les nombreux barrages l’ont presque détruit le delta « Un jour lorsqu’il ne restera plus que des lits asséchés et de la poussière, on entendra des lamentations amères ».

    Son travail d’historienne est passionnant et fait apparaître sous un jour nouveau les conflits actuels et l’avenir politique de cette région.


    Le livre : Les Empires de l’Indus - Alice Albinia - Editions Actes Sud  2011

    L’auteur
    alice2.jpgAlice Albinia a fait des études de littérature anglaise à l'université de Cambridge, avant de présenter un Masters à la "School of Oriental and African Studies" de Londres.Elle a travaillé pendant plusieurs années comme journaliste à Delhi et réside actuellement dans le Sussex.(source l’éditeur)

  • Aux amoureux de l'Italie

     

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    " D’innombrables petits chemins entre deux murs de pierres, hauts d’un mètre environ, se croisent, montent et descendent, vont et viennent, étroits, pierreux, en ravins et en escaliers, et séparent d’innombrables champs ou plutôt des jardins d’oliviers et de figuiers qu’enguirlandent des pampres rouges.
    A travers les feuillages brûlés des vignes grimpées dans les arbres, on aperçoit à perte de vue des villages blancs."

     

    Le Livre : Guy de Maupassant - La Vie errante - Editions La Table Ronde
    La photo : linernaute

  • L'Enigme du retour - Dany Laferrière

    enigme.gifL’Enigme du retour - Dany Laferrière - Editions Grasset
    Un long récit mêlant poésie et prose comme si l’auteur ne pouvait faire le choix entre ces deux modes d’écriture, comme il ne peut faire le choix entre sa terre natale et son lieu d’exil.  C’est ainsi que Dany Laferrière met en mots l’indicible : la douleur de l’exil et  la volonté de se dire à nouveau "chez soi "
    A vingt ans d’intervalle son père et lui ont quitté Haïti, ont échangé la splendeur des couleurs pour le froid et le vide de l’exil. Vingt années durant l’auteur a été hanté par l’absence de ce père parti sans espoir de retour.
    A son tour lui aussi fait le choix du départ, laissant mère, soeur, amis.

     

     

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    Les femmes de Haïti sont celles qui restent

     

    Il n’y a plus de famille, un père aux Etats-Unis, un fils au Canada, la famille éclatée, dispersée.
    C’est son père dont " La mort expire dans une blanche mare de silence " (Aimé Césaire)  va provoquer le retour vers la terre d’origine, vers le bruit, les couleurs, les odeurs de la terre natale.
    C’est un retour difficile. Il reprend possession des lieux, il reconnait les rues, les bruits, la vitalité paradoxale de son île " Si on meurt plus vite qu’ailleurs, la vie est ici plus intense " C’est son pays et il y est comme un étranger. Sa soeur est restée, c’est sa blessure secrète :
    " Encore plus secrète que ma mère.
    A la voir toujours souriante on n’imaginerait pas
    qu’elle vit dans un pays ravagé par une dictature
    qui ressemble à un cyclone
    qui n’aurait pas quitté l’île pendant vingt ans "

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    Ce roman de l’identité est magnifique et terrible, le fantôme du père est partout présent, les changements sont profonds dans l'île mais la pauvreté, la faim, la peur sont toujours là.

    De brefs tableaux, croqués sur le vif, de la vie haïtienne, un poignant constat d’échec "Un fleuve de douleurs dans lequel on se noie en riant." et aussi " Les trois quarts des gens que j’ai connus sont déjà morts (...) Ils vont si vite vers la mort qu’on ne devrait pas parler d’espérance de vie mais plutôt d’espérance de mort."

    Un roman qui est comme un cri et qui devrait trouver place dans votre bibliothèque

    D'autres avis :    Chez AnnDeKerbu sibylline Bénédicte Luocine

    Une interview que m'a fait découvrir Colo

    Le blog Encres Noires avec une interview de Dany Laferrière