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Littérature néerlandaise - Page 2

  • Le mois des papillons - Ariëlla Kornmehl

    moisdespapillons.gifLe Mois des papillons - Ariëlla Kornmehl - Traduit du néerlandais par Emmanuelle Sandron - Editions Actes Sud
    L’Afrique du Sud est le cadre de ce roman qui compose deux portraits de femmes très attachants.
    Une femme médecin, Joni, a quitté son pays à la suite d’un événement personnel très violent qui lui a fait rompre tous ses liens familiaux.
    Elle vit seule à Johannesburg et travaille dans le service d’urgences d’un hôpital, pour s’y rendre chaque jour elle fait un long trajet en voiture traversant des zones peu sûres. C’est son choix, elle vit dans une grande maison qu’elle partage avec une femme.
    En échange du logement et de la nourriture pour elle et ses enfants, Zanele qui est Zoulou s’occupe de la maison, prépare les repas, fait les achats, bref gouverne la vie de Joni. Le soir elle se retire dans sa partie de maison et joue du tambour pour Shanla sa fille.
    Elle a littéralement pris possession de Joni et des lieux. Elle veut la voir manger car elle la trouve trop maigre « Zanele voulait que je prenne un petit déjeuner, elle tentait de m’y contraindre »
    Zanele ne comprend pas le travail de Joni « Là où elle a grandit aucune ambulance ne venait jamais même quand on était gravement malade » elle est tout interdite devant les photos de Joni prise en Hollande un jour de neige.

     

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    Le pire

    Quand Shanla a trop de noeuds dans les cheveux elle les lui rase. Elle sait qu’il y a les choses que l’on peut manger et celles qui sont tabou, celles que l’on peut faire et celle qui sont dangereuses, et puis il y a les certitudes « plus on vient du nord, plus on est noir » les interdits : le pain bis, le maïs jaune, et ..parler avec sa patronne blanche.
    Ce qui pourrait être simplement une histoire d’amitié entre deux femmes prend une toute autre dimension car peu à peu le récit s’ouvre et l’on aperçoit un monde dur. Les dialogues entre les deux femmes dévoilent peu à peu l’histoire de Joni et ses rapports avec sa mère, sa souffrance, la violence au quotidien et les rêves que Zanele fait pour sa fille, la pauvreté et l’insécurité des townships, et le racisme qui n’est pas toujours où on l’attend.

     

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    Et le meilleur


    Deux femmes que tout oppose, l’une, scientifique, intellectuelle, l’autre, analphabète, superstitieuse. Elles se chamaillent et se comprennent, se soutiennent et composent une étrange famille dans ce pays où l’apartheid est encore dans toutes les têtes.
    J’ai beaucoup aimé ce roman fait de délicatesse et de rudesse, de soleil et de neige à la fois. En le lisant j’ai repensé à un roman lu il y a quelques mois Le miel d’Harar que j’ai aimé mais aussi le roman d’André Brink  Les imaginations de sable un excellent souvenir de lecture

    Découvrez cette jeune auteure en espérant que ses autres romans seront traduits chez Actes Sud


    L’auteur

    Le Mois des papillons est le second roman d’Ariëlla Kornmehl. Née en 1975, elle vit et travaille à Amsterdam, où elle a fait des études de philosophie. Elle a passé deux ans à Johannesburg.

  • Tumbas, tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom

    tumbas.gifTumbas ; Tombes de poètes et de penseurs - Cees Nooteboom - Traduit du néerlandais par Annie Kroon - Photographies de Simone Sassen - Editions Actes Sud
    Oui je suis d’accord, c’est une drôle d’idée pour une chronique, mais cette  « balade entre les tombes » pour amoureux de littérature et de poésie est magnifique et c’est là mon excuse.  
    Un texte d’introduction qui est un hommage, une dette que l’auteur paie à bon nombre de poètes et écrivains qui l’accompagnent depuis des années.
    Cees Nooteboom a 76 ans, il fait parti des nobélisables , certains collectionnent les autographes, les premières éditions, lui ce sont les photos des tombes de ses poètes et penseurs préférés.
    Il dit dans une très belle introduction  “ C’était en 1977, un jour de novembre, le jour des morts, froid et hivernal. Les vivants rendaient visite aux morts et je rendais visite aux miens.” Tout à commencer avec la tombe de Proust et s’est poursuivi avec des poètes du monde entier.
    Nous faisons une visite guidée des " Affinités électives " de Nooteboom, tantôt une citation, tantôt un souvenir personnel pour ceux qu’il a connu, parfois un poème, accompagnent les photos.

    Le Choix de l’ordre alphabétique n’a rien d’original mais offre parfois une proximité surprenante.

    Petit tour d’horizon :
    Les jumelles : Goethe et Schiller dans un même mausolée sinistre à Weimar,

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    Keats et son ami John Severn à Rome (Photo Giovanni Dall'Orto)

    La plus étonnante :  Thomas Bernardt qui partage les lieux avec des inconnus
    les plus évocatrices  : Baudelaire écrasé par le Général Aupick jusque dans la mort, Stevenson dominant la mer aux Samoa, Châteaubriand et sa croix fièrement dressée.
    Les plus émouvantes : La photo du jardin de Virginia Woolf (la tombe n’étant pas accessible) et le très beau texte qui l’accompagne, le monument hommage à Walter Benjamin à Port-Bou et la terrible citation qui y est gravée ” Il n’y a aucun témoignage de la culture qui ne soit également un témoignage de la barbarie ”

    saintebeuve.jpgEt élue la plus monstrueuse :  Sainte Beuve le mort grimaçant en haut de sa colonne au cimetière Montparnasse.

    Jouant son rôle de passeur Cees Nootebom nous fait monter dans la barque de Charron  pour approcher quelques " voleurs de feu " moins connus :  Elsschot, Lucebert, Roland Holst, Slauerhoff.
    Les photos valent par leur sujet et la variété des prises de vues, certaines tombes ont été difficiles à trouver, d’autres sont prises de très loin ou sous des angles un peu improbables.
    Vous aimerez cette promenade littéraire et géographique qui nous promène de Sète aux îles Samoa, de Weimar à Rome, de Paris au Japon ou à New-York

    L'auteur
    ceesnooteboom.jpgEcrivain voyageur, Cees Nooteboom s'est imposé depuis les années 1980 comme une des plumes néerlandaises les plus importantes sur la scène internationale. Suite à une enfance difficile marquée par la guerre, la mort de son père et les sévères pensionnats religieux, le Hollandais choisit de quitter son pays pour découvrir l'Europe, le Surinam ou encore le Japon. Ses nombreuses expéditions vont fournir la matière de ses romans, poésies et autres essais. Journaliste pour Volkskrant et le magazine Avenue, Nooteboom accède à la notoriété en tant qu'écrivain avec 'Rituels', paru en 1980.L'oeuvre inclassable de Cees Nooteboom évoque les thèmes de la mort et du souvenir, ainsi que les questions de l'identité et du destin, de la relativité du temps et de l'espace, de la frontière entre réalité et fiction. (Source Evene)

  • Là haut tout est calme - Gerbrand Bakker

    Là haut tout est calme - Gerbrand Bakker - Traduit du néerlandais par Bertrand Abraham - Editions Gallimard

    lahaut.gifNous sommes dans le Waterland, un plat pays de tourbières au nord de la Hollande. Helmer van Wonderen est un agriculteur de 55 ans, pas encore l’âge de la retraite mais atteint par une grande lassitude, il travaille sur son exploitation depuis ses vingt ans, trente-cinq ans sans vacances, sans sorties, sans amour.
    Les seules visites qu’il reçoit sont celles du ramasseur de lait, du marchand de bestiaux.

    La vie s’est arrêtée pour lui un jour de 1967 à la mort de son frère jumeau Henk. Helmer a abandonné ses études de littérature et a pris la place de son frère, depuis il travaille  sans relâche " la tête sous les vaches". Ce jumeau l’accompagne toujours, il n’a jamais oublié le temps béni de l'enfance « Nous étions l'un à l'autre, nous étions deux garçons et un seul corps. »
    Il a vécu une vie par procuration, il a vécu la vie de quelqu’un d’autre, il s’est résigné, il a rangé ses livres et plus jamais n’a soulevé le couvercle du passé.

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    Waterland, Holland  © Peter Bongers

    Un matin, sans raison, sans signes prémonitoires, Helmer va décider de changer, changer son père grabataire d’étage en l’installant "là haut" changer la couleur des murs, changer ses meubles. Une lettre reçue de l’ancienne fiancée de Henk vient réveiller les sentiments enfouis, la venue sur l’exploitation d’un autre Henk va faire resurgir le passé, les souvenirs mis sous le boisseau.Helmer va tenter de reprendre la direction de sa vie.

    J'ai beaucoup aimé cee roman qui nous fait vivre sous la protection des peintres hollandais, les canaux, le patinage sur les lacs gelés, les pâturages, les nuages à l’infini, la lumière qui baigne tout mais le calme du paysage ne peut masquer la haine longtemps retenue, le refoulement, la solitude écrasante. Helmer va tenter de casser son isolement, de combler les manques et les désirs inassouvis. A travers lui Gerbrand Bakker nous dit qu’il n’est jamais trop tard pour changer, pour aimer, pour vivre tout simplement.
    Dans vos lectures de l'automne faites une place à ce livre.

    L’auteur
    gerbrandbakker.jpgGerbrand Bakker est né en 1962. Après des études de lettres à Amsterdam, il a exercé différents métiers.
    Là-haut, tout est calme, son premier roman, a été le phénomène éditorial de l’année 2006 aux Pays-Bas.

    Foto Klaas Koppe Photo Klaas Koppe